UNE DISSOLUTION PRÉMÉDITÉE… (Gilles La-Carbona)

C’est, les urnes encore fumantes du résultat prévu depuis de longues semaines, que Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. On a du mal à penser que cette réaction soit le simple fait de la soudaineté de l’annonce. Macron nous a habitués à contourner la réalité, l’ignorer, voire la transformer. Personnellement impliqué, comme son Premier ministre, il était logique qu’il en tire une conclusion. Pour autant, il aurait pu attendre le lendemain, faire au moins semblant qu’il prenait le temps de la réflexion. Mais l’homme est un impulsif, il a voulu réagir tout de suite, pour frapper l’opinion, montrer qu’il était dans l’action. On ne peut s’empêcher de penser que cette dissolution n’est pas que le résultat de la déroute de sa chouchoute Hayer. Il cherchait une porte de sortie face aux bourbiers interne et externe dans lequel il s’est mis. Incapable de redresser la barre au niveau national, désavoué à l’international, Stoltenberg le Norvégien, secrétaire général de l’OTAN, vient de récuser l’idée d’une menace russe sur une des frontières d’un pays européen, signant quasiment la fin de la partie, en complétant le tout par son refus d’envoyer des F16 US, et condamnant les tirs en profondeur. Macron est donc tout seul dorénavant à vouloir faire la guerre en Ukraine.

DEUX BOURBIERS D’OÙ SE SORTIR

Une dissolution avec une période de flottement, permettra à Macron de sauver les apparences en interne, mais aussi avec Zelensky son grand ami, qui de fait, devra comprendre que la France, pardon, Macron tout seul, ne peut plus rien décider avant de savoir qui gouvernera. Tout semble bien un calcul, voire un coup de poker, qui peut se transformer en crise politique majeure. Si l’on regarde les pourcentages de chacun et même en imaginant que la gauche parvienne à s’unir, elle ne peut obtenir la majorité. Idem dans le camp présidentiel qui apparaît comme dévasté. 15 % de suffrages avec 50 % d’abstention, ça fait 7,5 % de légitimité, c’est à dire, pour un président : rien. Qu’en est-il à droite ? Le RN peut-il gouverner seul ? C’est un cas de figure qui est plausible, on sait qu’il y a un effet amplificateur dû à une première victoire, c’est du moins ce qui arrive toujours après une élection présidentielle. En sera-t-il de même le 30 juin ? Si tel n’est pas le cas, nous aurons certainement un RN devant, mais incapable de trouver une majorité et en face aucun parti en position de prendre le relai. Les institutions seraient bloquées, il ne resterait qu’une seule issue, la démission de Macron. Certains l’envisagent, mais pas aussi vite et dans le but de pouvoir se représenter. Macron jouerait sur le fait qu’il n’a pas terminé son second mandat et qu’il n’est donc pas soumis à la règle constitutionnelle qui lui interdirait de se présenter. Tout sera laissé à l’appréciation de son ami Fabius, dont on peut, sans trop se tromper, donner sa conclusion dès à présent.

Pour autant rien ne serait réglé, et le pays retomberait très vite dans les travers que nous connaissons et subissons aujourd’hui. Dans le cas où le RN aurait la majorité absolue, comme un sondage l’envisageait en décembre, Macron espère son échec pour démontrer que ce parti est inapte à gouverner. Il doit bien savoir que l’état dans lequel est notre pays par sa faute n’augure rien de bon et que la France est déjà ingérable. Mais faire pire que la macronie n’est-il pas un exploit impossible à réaliser ? Il est clair que des alliances à droite seraient nécessaires pour consolider le résultat du 9 juin. Comme le soulignait le socialiste Faure,

« Il vaut mieux gagner ensemble que perdre séparément »,

mais cette sage maxime n’est pas encore entrée dans la tête des responsables de droite. Il faut bien le reconnaître, la stratégie de l’isolement est une réussite, et on peut féliciter ceux qui s’y sont employés. La palme revient aux souverainistes prônant le Frexit. Asselineau, Philippot, Nous le peuple et consorts, n’existent pas, ils n’ont pas été invités au débat. Auront-ils compris qu’à batailler seuls ils n’arriveront à rien ? Pas certain, on sait qu’Asselineau, par ailleurs brillant, est obtus, il n’y a rien à attendre de lui. Que vont faire les autres, si ce n’est se regarder le nombril ? Pas grand-chose, arc-boutés sur ce qui les sépare au lieu de se concentrer sur ce qui les réunit. Vont-ils enfin chercher des figures emblématiques capables de les rendre audibles ? Tendre la main à des Guaino, De Villiers, est nécessaire s’ils veulent se faire entendre. Pour le moment ils sont simplement majors sur Telegram et quelques chaînes alternatives connues seulement des initiés. Ils doivent à présent passer à l’étape suivante et pour y parvenir constituer une grande coalition.

UNE AMBIANCE FÉBRILE…

Qu’en est-il des autres ? Quasiment tous, tremblent à l’idée de revenir devant le peuple. D’abord les LR. À entendre Ciotti dimanche soir sur TF1, clamer son appartenance à l’opposition et sa ferme volonté de ne jamais s’allier avec la macronie, on en aurait presque oublié toutes les motions de censure qu’il a refusé de voter, dont la dernière en date le 3 juin. On se demande s’il est conscient de ce qu’il dit ? Bon nombre d’électeurs se souviendront de ces trahisons à répétition, et la défaite du 9 juin pourrait devenir Bérézina le 30. À peine réalisé le pas trop mauvais score de Bellamy que les LR explosent entre ceux qui se voient travailler avec le RN et les autres. Côté majorité présidentielle ce n’est pas mieux, nous avons eu droit à une Dati totalement anesthésiée, qui tentait de partager la déculottée avec tout le monde, refusant d’y voir un rejet de Macron et de sa politique, incapable de faire une phrase complète, bredouillant des mots qui transpiraient la panique et la peur. Darmanin, lui, a semblé un poil plus intègre dans la défaite, mais rapidement, la suffisance qui le caractérise a repris le dessus, allant même jusqu’à accuser le RN d’être le responsable du déclassement de la France et de la baisse du pouvoir d’achat. Personne sur le plateau pour lui rappeler qu’ils ne sont pas encore aux commandes et qu’il faudra attendre un peu pour les créditer de mauvais résultats qui sont le simple fait de la politique suivie depuis 7 ans par la macronie et dont il fait partie. Nous avons eu Glucksmann, accablé d’apprendre la nouvelle, sans doute conscient que son escroquerie ne marcherait pas une seconde fois, dans le cadre de législatives. Il se serait bien contenté de la situation actuelle, faisant fi du résultat qui ne correspond plus au visage de l’hémicycle. Cela en dit long sur sa conception du pouvoir. Sandrine Rousseau, au bord des larmes, appelant ses protégées des banlieues à se mobiliser pour sauver… sa peau… Seule Aubry était ravie de ces futures élections, les LFI commençant à reprocher au socialiste Faure l’absence d’alliance. Bref c’était la panique.

Le RN quant à lui, satisfait de cette annonce, se contentait d’écouter. Mais cela sera insuffisant pour s’assurer une victoire dans trois semaines. Sans un programme clair qui ne se base pas uniquement sur le traitement de l’immigration, il y a peu de chance que nombre d’électeurs se retrouvent dans ce parti. Le thème est important mais celui de la sortie du marché de l’énergie pour faire redescendre les factures est primordial. L’instauration d’un RIC par référendum, de même que la refonte du Conseil Constitutionnel, qui fera barrage contre toutes les initiatives référendaires, sont des préalables nécessaires. Un audit des finances publiques est indispensable avant d’aborder l’épineux problème du futur budget, pour faire des économies sur des postes inutiles, s’ils ne veulent pas être contraints à des hausses d’impôts forcément impopulaires et éviter le piège tendu par Macron, qui souhaite les griller sur ce terrain-là. Les Français ont besoin de clarté et d’actes forts pour se projeter dans un avenir qui aujourd’hui est volontairement obéré par toutes les peurs que la macronie n’a cessé de distiller. Il faut en finir avec cette politique de la terreur, qu’elle soit énergétique, climatique, sanitaire, etc. L’enjeu est de taille, seront-ils capables de réellement changer les choses, du moins d’amorcer un vrai renouveau ? Nous l’espérons évidemment.

http://rassemblementdupeuplefrancaiscom.wordpress.com

https://t.me/R_P_France

Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire

11/06/2024

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