QUAND MAHOMET ÉTAIT UN CHEF D’ÉTAT GUERRIER
(L’Imprécateur)

De plus en plus de personnes réfléchissant aux moyens de contrer l’islam politique à l’origine du djihadisme guerrier pensent qu’il faut non seulement prendre des mesures efficaces pour empêcher les terroristes d’agir, mais attaquer le mal à sa racine, sa dualité d’idéologie politique agressive servie par une religion. « Vaste programme », comme disait de Gaulle.

Comme point de départ, on peut chercher si quelque chose permet d’affirmer que l’islam serait supérieur à toute autre religion et notamment à celle qui est un constituant essentiel de notre civilisation occidentale, le christianisme sous ses formes catholique, protestante et orthodoxe. C’est en effet à partir de ce postulat abondamment commenté dans le Coran et la sunna, ou ensemble des règles de Dieu, que l’islam affirme sa supériorité. Le Coran dit que la sunna s’applique aussi aux « jahilites », les croyants de la période préislamique (Coran 33:38, 33:62, 48:23). Ce qui n’a évidemment aucun sens et n’a pour but que de faire croire que la parole d’Allah, la Révélation, existait antérieurement à la révélation faite à Mahomet.

Mohammed (Mahomet) Mottalib du clan Banû Hachim, fils d’Abdallah Mottalib et d’Amina Wahib, perdit, deux mois après sa naissance, son père tué d’un coup de couteau. Six ans après, sa mère, qui avait été récupérée par son oncle veuf, Abu Tâlib, mourut aussi en donnant naissance au demi-frère de Mahomet (dont personne, semble-il, ne sait ce qu’il est devenu).

Entre temps, son éducation avait été confiée à son grand-père qui s’appelait, comme son père, Abdallah Mottalib, mais c’est l’oncle Abu Tâlib qui, pour lui apprendre le métier de caravanier l’emmena à Petra, Philadelphia (aujourd’hui Ammân capitale de la Jordanie), Bosra en Syrie, et aussi au Yémen. Ces régions étaient majoritairement chrétiennes nestoriennes et Mahomet eut l’occasion d’y rencontrer des moines nestoriens, des érudits imprégnés de l’enseignement scientifique grec qu’ils transmirent aux Arabes. Nestorius était le patriarche de Constantinople. Il avait affirmé au Vème siècle la séparation des natures humaines et divines du Christ. Les nestoriens avaient été condamnés comme hérétiques par Rome, mais ils avaient su convertir à leur doctrine toute l’église chrétienne d’Orient.

C’est ainsi que Mahomet eut l’occasion de discuter longuement avec un moine nestorien nommé Bahira qui l’influença beaucoup. On trouve dans la prédication de Mahomet des thèmes rappelant les croyances nestoriennes, également dominées par la crainte de Dieu. Il y a, par exemple, dans la description du Jugement, des similitudes entre le Coran et les sermons de Saint Ephrem, un saint nestorien. Mais en quittant Bosra, Mahomet ne pensait pas encore à faire une carrière de prophète, ni de politicien chef de guerre non plus.

C’est au Yémen qu’il rencontra Meïssara, l’homme d’affaires d’une très riche veuve juive de Yathrib (aujourd’hui Médine) nommée Khadîdja. Meïssara parla de Mahomet à Khadîdja. Elle convainquit Mahomet de l’épouser malgré son âge, elle avait 40 ans et lui 25. Elle fit de Mahomet un homme riche et l’introduisit dans les milieux juifs de Médine, ce qui donna à Mahomet l’occasion de comprendre le judaïsme.

C’est à cette formation judéo-chrétienne de Mahomet que l’islam doit plusieurs de ses préceptes : le monothéisme (Dieu, Yaweh, Allah) ; le jeûne (Ramadan, Yom Kippour, Carême) ; l’interdiction du porc et l’abattage halal (le rite kasher) ; la prière ; la Création, le mythe d’Adam que l’islam transforme en premier des musulmans ; le Jugement dernier ; le diable (Satan chrétien, Sätän juif, Iblis − du grec diabolos − ou el Shaïtan musulman) ; etc.

Dix ans plus tard, Khadîdja ayant cinquante ans, ce qui en ce temps-là était très âgé pour une femme, pria son jeune et vigoureux époux de prendre de temps en temps ses distances. Mahomet prit l’habitude d’aller camper dans une grotte du mont Hira non loin de La Mecque. Il y méditait et pensait à tout ce que lui avait raconté le cousin de Khadîdja, Warka ben-Naufel, moine chrétien, premier traducteur de la Bible en arabe, grand connaisseur des Écritures, à qui il devait beaucoup de ses connaissances dans ce domaine.

Et il réfléchissait à la façon dont les ancêtres, Ismaël et son père Abraham, mais aussi les grands prophètes, comme Moïse, avaient su entraîner leurs peuples et prendre le pouvoir politique en s’appuyant sur une révélation divine et une pierre, les tables de la Loi pour Moïse, la pierre noire pieusement gardée à La Mecque dans la Ka’aba pour Ismaël et Abraham. L’abrahamisme était la religion pratiquée à La Mecque où l’on adorait un dieu unique, Allah, secondé de trois divinités plus anciennes : al-Lât, al-‘Uzza et Manât, mais le judaïsme et la chrétienté y avaient aussi leurs adeptes, leurs rabbins et leurs prêtres.

C’est à partir de ce cocktail religieux que Mahomet conçut un État dont il serait le chef, respecté grâce à l’autorité qu’il tiendrait d’un dieu unique et exigeant, où l’on pourrait avoir des esclaves et légalement plusieurs femmes et autant de maîtresses que l’on veut, où celles-ci auraient socialement un statut inférieur aux hommes. Ce dernier point probablement dû au fait que depuis dix ans il vivait sous la coupe de sa femme, l’autoritaire Khadjîdja. Elle avait exigé pour en faire l’héritier de sa grande fortune, qu’il lui soit fidèle alors qu’il souffrait de priapisme dû à une maladie neurologique et avait besoin de rapports sexuels fréquents.

Mahomet aimait  les très jeunes filles. Il en épousa une de neuf ans. Après la mort de Khadîdja, il eut jusqu’à dix-neuf femmes simultanément, plus des maitresses et des esclaves.

S’attendant à une forte opposition des religions en place en Arabie, il décida de partir des lois bédouines en y ajoutant progressivement ses lois à lui et prêcha dans ce sens. Par exemple, il mit trois ans avant de proposer aux Bédouins de passer de la monogamie abrahamiste, chrétienne et juive, plus des esclaves sexuelles gagnées au combat (comme les femmes yézidies capturées par Daesh) à la polygamie plus les femmes esclaves. Cela eut du succès. D’ailleurs, dans son roman d’anticipation Soumission, Houellebecq fait de la polygamie l’une des causes principales de la conversion à l’islam des élites mâles françaises .

Les choses se gâtèrent quand Mahomet eut des révélations mettant en cause les divinités locales dont les pèlerins de La Mecque venaient vénérer les sanctuaires. Mahomet eut bientôt tous les mecquois contre lui. Il partit se réfugier (ce fut « l’Hégire ») dans la famille juive de Khadîdja à Médine où il fut bien accueilli. Il en voulait beaucoup aux abrahamistes et aux chrétiens et le ton de ses prêches s’en ressentait. Les Juifs et les Arabes convertis au judaïsme géraient la ville. Il apprit la politique avec eux, c’est la « Constitution de Médine ».

Céramique représentant la mosquée de Médine

Le texte connu sous le nom de Constitution de Médine est « Le pacte entre les Émigrés (musulmans),  les Ansars (médinois convertis)  et  les Juifs (Ibn Ishaq) ».

Cette charte définit les droits et les devoirs des musulmans, des juifs (ou selon Tilman, Nagel, seulement des arabes convertis au judaïsme) et des autres communautés arabes (polythéistes) de Médine, dans la perspective de la guerre que Mahomet préparait contre les Quraïchites mecquois.

Mahomet, pour se concilier tout le monde, expliqua aux juifs qu’il considérait leur religion comme très proche de l’islam qu’il prêchait et que, d’ailleurs, personne, juif ou chrétien, ne devait le craindre, puisque l’islam était la religion d’Abraham qui, ayant vécu avant Moïse et Jésus et n’étant ni juif, ni chrétien, se plaçait au-dessus des deux autres religions. Une belle réappropriation de l’Histoire !

Il prit le contrôle politique de Médine et maintenant chef politique et chef de guerre commença une série de guerres contre La Mecque et les tribus bédouines chrétiennes ou polythéistes et juives d’Arabie. Seuls ceux qui se convertissaient à l’islam survivaient, les autres étaient tués, les femmes et les enfants mis en esclavage, le butin réparti entre les fidèles de Mahomet et lui qui s’en appropriait un cinquième. Un ordre politique, social et religieux nouveau s’instaura peu à peu. Cela déplut aux juifs. Il les fit exterminer (900 égorgés en une seule journée à Médine).

Mahomet maîtrisait maintenant les trois éléments qui définissent la réussite sociale d’un homme : le sexe (par lequel il s’était illustré dès son adolescence) l’argent (obtenu par son mariage avec une vieille et très riche veuve) et le pouvoir sur les hommes qu’il détenait depuis son arrivée à Médine.

Assuré de son autorité, Mahomet promut Khadîdja au rang de première épouse, c’est-à-dire chef de la maisonnée, mais écartée de son lit car elle avait maintenant soixante-huit ans et, de toute façon, elle ne lui avait donné qu’une fille, Fatima, et pas de fils. Probablement du fait de la maladie neurologique dont souffrait Mahomet qui provoque le priapisme mais aussi une impuissance génétique quasi totale.

Puis il épousa Aïcha, la très jolie fille d’Abû Bakr, le compagnon de la première heure. Il prit encore assez rapidement huit épouses de plus, sans compter les maîtresses et concubines, mais c’est Aïcha qui resta toujours sa préférée malgré ses infidélités (sourate 24 où il prend sa défense). La lapidation pour cause d’adultère est venue bien après la mort de Mahomet, « il n’y a aucune trace d’incitation à a lapidation dans le Coran » confirme Mahmoud Azab.

On peut s’étonner de ce que les musulmans n’aient tiré aucune conclusion du fait que Mahomet était le premier à transgresser les préceptes qu’il édictait pour les autres. Ni qu’ils ne se soient jamais interrogés sur la vraisemblance de ces soi-disant révélations divines qui tombaient toujours à-pic pour justifier ses entreprises de guerres et de pillages et tirer Mahomet des situations embarrassantes et de ses propres contradictions. On en trouve des dizaines d’exemples dans les détails relatifs à la vie et à la personne de Mahomet que nous ont transmis les auteurs musulmans et byzantins.

Mais non ! C’est le prophète, il est donc parfait par définition, tout ce qu’il fait est approuvé par Allah. S’il commet des erreurs, ce ne sont pas des erreurs mais des épreuves faites pour jauger la foi des fidèles, etc. C’est vraiment la foi qui sauve !

À Médine, Mahomet devint aussi plus autoritaire, passant du statut de « contribule » (prêcheur) qui discutait d’égal à égal avec ses frères, à celui de « prophète » messager de Dieu. Maintenant ce n’était plus : « Soyez gentils, écoutez ce que j’ai à vous dire et on va en parler », mais “Obéissez sans discuter à Dieu et à son messager !” (Coran 3 :32). On connaît la suite.

Les religieux musulmans préfèrent passer sous silence la jeunesse de Mohamed Mottalib, dit Mahomet, ou l’enjoliver à l’extrême. C’est en étudiant que l’on comprend qu’avant d’être prophète, Mahomet fut surtout un bon juriste, un chef d’état et un chef de guerre. L’islam est en premier lieu une idéologie politique guerrière et accessoirement une religion qui doit beaucoup à ses emprunts au judaïsme et au christianisme.

Comprenant qu’il se perdrait s’il ne s’organisait pas un peu mieux, Mahomet prit un scribe avec lui pour tout noter. Ce scribe s’appelait Zayd ben-Thâbit. Mais il y en eut d’autres : Ali (son gendre, « père » du chiisme), Othman, Saïd, Obaï, Moawia. Cela n’empêcha pas des versions nombreuses et contradictoires des révélations de circuler, car ces scribes notaient les paroles de Mahomet sur un peu tout ce qu’ils trouvaient : morceaux de peau, bouts de parchemin, omoplates de chameau même, dont il n’est rien resté. Si bien que c’est finalement une transmission orale qui a eu lieu dans la société bédouine et arabe. La première version écrite a été réalisée en 653 par le calife Uthmân. Il fit réunir les feuillets du scribe Zaïd ben-Thâbit, et l’on en tira un livre (le Khitâb). La première version complète et homogène du Coran (qûr’ân = la récitation) officialisant le condensé de sept lectures différentes du Coran n’a vu le jour qu’en 934. Plusieurs autres versions du Coran circulèrent pendant les dix siècles suivants  et c’est seulement en 1924, au Caire, qu’une version commune du Coran s’appuyant sur la version d’Asîm, un ulema (juriste et théologien) vivant dans l’oasis de Khûfa et mort en 734, a été adoptée par une majorité d’ulémas et imposée aux musulmans, c’est celle qui a cours de nos jours.

La qualité de la version d’Asim vient de ce qu’il s’est efforcé, quand il avait le choix entre plusieurs révélations qui se contredisaient ou différaient, de retenir la dernière révélée, supposée abroger les précédentes. Il se basait pour cela sur le Coran lui-même : « Nous n’abrogeons un verset, ou le faisons oublier, sans en apporter un meilleur ou semblable » (2:106). Finalement, l’islam est-il un mouvement politique agressif avant d’être une religion ? La question est posée.

L’Imprécateur