Décidément, il s’en passe des choses, en Europe ! Réunis en conclave, les ministres européens ont décidé, nonobstant le vote français, d’autoriser l’utilisation du glyphosate cinq années supplémentaires.
Ce désherbant systémique fait l’objet d’une controverse depuis une dizaine d’années. Des études le classent comme produit « cancérigène », d’autres non [1]. Bien sûr, chacun se renvoie mutuellement la balle et il est difficile, pour le pékin moyen comme moi, de faire la part des choses.
Le fameux « Principe de précaution »
En 2004, Jacques Chirac, libéré des turpitudes d’une réélection, fait inscrire dans le marbre de notre constitution le principe dit « de précaution ». Je ne vous raconte pas la mine consternée des « lobbyistes » de tout poil décidés à peser de tout leurs poids pour obtenir la mise au rancart de ce truc qui les empêchait de lobbyer tranquillement comme par le passé. De pur bon sens, ce principe qui les gêne tant s’énonce en quelques mots :
« Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités veillent, par application du principe de précaution, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées. »
Vous conviendrez que ceci n’a rien de révolutionnaire ni d’extravagant. En clair, si un truc peut présenter un danger pour la vie des gens, mieux vaut s’en passer. Mais c’était sans compter sur la puissance de certaines « multinationales » (appelons-les comme ça) qui ont toujours misé sur la supranationalité pour gagner les combats engagés contre les nations. C’est ainsi que sous Sarkozy, élu en 2007, ce principe fut remis sournoisement en question en opposant précaution et développement économique ou même le traditionnel « prix à payer pour le progrès ».
Le lobby euro-mondialiste
Partout où il y a de l’argent à prendre et d’immenses bénéfices à réaliser, on voit fleurir les lobbyistes dont la seule cible est ce qu’on appelle « les décideurs ». Le décideur idéal est celui qui ne pose pas de question et n’a pas d’état d’âme. On passe un marché avec lui et voilà tout. Quiconque y verrait une sorte de cousinage avec la corruption ne serait qu’une illusion, une sorte de coïncidence fortuite qui n’a, bien évidemment, aucun rapport avec la réalité.
Le 27 novembre fut un jour faste pour les lobbies qui avaient a priori misé sur une non-décision du Conseil des Ministres qui déplacerait la décision vers le terrain réputé plus favorable de la Commission Européenne. Ce ne fut même pas le cas car le vote favorable de l’Allemagne a permis d’emporter le morceau, ouvrant ainsi une scène tragicomique au sein même du gouvernement français dans lequel on pouvait discerner – même sans être très perspicace – un de ces « couacs » qui réjouissent les peuples un peu primaires et toujours prêts à se gausser de ce genre de comique de situation.
Envolé le discours martial et définitif du « non » victorieux, place à la défaite qu’il faut, pour ne pas perdre la face, repeindre aux couleurs de la victoire… Seuls quelques jaloux toujours prêts à réclamer ont noté que Bayer (firme allemande) a racheté en septembre 2016 Monsanto pour la modique somme de 59 milliards d’euros et qu’elle est ainsi devenue le N°1 mondial des pesticides. Le souligner serait de toute évidence pure calomnie !
Le meilleur pour la fin
Malgré tout, ces grandes multinationales ne sont pas inhumaines et se préoccupent du bien-être de leurs collaborateurs. C’est ainsi qu’on peut lire en toutes lettres sur le site web de Notre Terre [2] (sous réserve de l’authenticité de leur information) la phrase suivante qui se passe de commentaire :
« La confiance est tellement faible en ce qui concerne les OGM qu’une entreprise de restauration les a bannis de ses menus. Le comique de la situation est que cette entreprise fournit la cantine d’une usine Monsanto en Angleterre… »
Jean Goychman
28/11/2017
[1] https://www.greenpeace.fr/glyphosate-vers-fin-de-saga/?gclid=EAIaIQobChMI_5TDxcTh1wIVSRbTCh3cuQGDEAAYAyAAEgK0ofD_BwE
[2] http://www.notreterre.org/article-les-ogm-interdits-dans-une-cantine-de-monsanto-119240113.html