(Le décor : Narcisse-Jupiter Micron, de fort méchante humeur, arpente les couloirs de l’Élysée, suivi par le chien Némo qui lui renifle l’arrière-train…)
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô la vieille chipie !
Devrais-je encore longtemps supporter ses saillies ?
Et me suis-je essayé à des travaux guerriers,
Que pour voir retomber ma popularité ?
Mes airs de Jouvenceau que les Français admirent,
Cet art du compromis, ce talent à mentir,
Qui me valent partout l’estime des médias,
Sont trahis par Brigitte qui ne fait rien pour moi.
Ô le doux souvenir d’Hollande et sa mousmée !
Celle-là qu’en scooter il aimait cocufier,
Et qu’il a répudiée, avec morgue et dédain,
Comme on se débarrasse d’une vieille catin.
Je sais gré à ma vieille de m’avoir déniaisé,
Et appris, au théâtre, les belles envolées,
Mais est-ce une raison pour se croire tout permis :
Mais pour qui se prend-elle, cette vieille harpie ?
Je lui fais grand honneur d’encore la trousser,
Car mes épanchements vont à Mathieu Gallet.
Tout le monde à Amiens, au Touquet, à Paris,
Sait que « Mémé Trogneux » me sert d’alibi :
Que je suis en tous points fidèles à mes idées,
Car je suis hétéro «et en même temps»… pédé.
J’assume sans vergogne mon goût pour les mignons :
Oui je suis inverti et j’aime le giron !
Si encore la Trogneux n’était pas si vilaine :
J’enrage de voir Trump et sa belle Slovène.
Moi, le quadragénaire, coqueluche des rombières,
Je traîne une radasse, coiffée comme un cocker.
Et bien trop court vêtue pour son âge avancé :
Espèce de momie de l’époque « yéyé ».
J’ai l’air un peu idiot affublé de ma duègne :
Car ma vieille Brigitte fait déjà « fin de règne » !
Le haut rang que j’occupe et que beaucoup m’envient,
Devrait me préserver de bien des avanies.
Je pourrais être heureux, épanoui, adulé.
Ai-je donc mérité ma playmate fripée ?
Et j’en ai plus qu’assez d’être entouré de vieux.
Il ne fait aucun doute que je mérite mieux,
Que la mère Belloubet, le sinistre Collomb,
Ce triste ramassis de vieilles et de vieux cons.
Je suis jeune après tout et, bien que freluquet,
Je n’aime que les jeunes, je hais les retraités.
Admirez mon image, mais plaignez ma jeunesse.
Même avec une jupe portée au ras des fesses
Cette pauvre Brigitte est un très vieux tableau
Qui a beaucoup de mal à grimper aux rideaux.
Et moi, petit génie, épris de romantisme,
Je me tape la vieille avec ses rhumatismes…
Or donc, je n’en puis plus, ça ne peut plus durer,
Il me faut derechef un autre os à ronger.
Je m’en vais sur le champ bombarder la Syrie ;
Certes, ça ne sert à rien, mais après tout tant pis !
Je suis « Chef des Armées » ; j’ai ici tous les droits,
Et y compris celui de faire n’importe quoi.
Je serais bien stupide de raisonner en sage :
Je vais encore gagner cinq points dans les sondages.
(Il sort en ondulant des hanches tel un mariolet de cour pour aller sur le champ téléphoner à Donald Trump. Le chien Némo en profite pour pisser sur la moquette…)
Cédric de Valfrancisque
25/04/2018