Il y a toujours un moment dans les affaires politiques où, la Justice les ayant prises en main – la Justice française n’étant pas renommée pour sa rapidité – la « suite et fin » se fait attendre. C’est le cas de l’affaire Macron–Benalla. Quoi que… Police, Gendarmerie, Armée et Haute Fonction Publique sont si mécontentes du Président et de LREM que le feu pourrait couver sous la cendre jusqu’en septembre pour repartir de plus belle.
En même temps, naît une nouvelle « affaire » : celle du Chef de cabinet de Macron, Alexis Kohler, fortement soupçonné de délit d’initié et de conflit d’intérêt dans une opération où sa mère et ses cousins sont directement impliqués. Quand on a déclaré s’être écarté des affaires pour embrasser le destin du Chef de l’État, il faut cesser de participer à tout conseil d’administration et autres réunions professionnelles.
Lorsqu’un lieutenant-colonel de la Gendarmerie publie un message comme celui-là, avec tous les risques que cela comporte pour sa situation militaire, c’est qu’il y a beaucoup d’eau dans le gaz de l’Élysée !
Le Point a rapporté l’information savoureuse qui suit et vous donne une bonne idée de l’ambiance qui règne en ce moment : quand Benalla s’est rendu à la fourrière pour récupérer sa Renault Talisman avec gyrophares bleus et radio-police, les fonctionnaires de la Préfecture de Police ont refusé de la lui rendre !
Le général Bio-Farina commandant militaire de l’Élysée (le fameux créateur du bureau des écoutes illégales sous Hollande, gestionnaire du parc automobile de la Présidence) n’a pas été content. En conséquence, on apprend maintenant que Macron veut réformer la Préfecture de Police.
Faut pas toucher à ses chouchous !
Les policiers de garde au tribunal du XVIIème art. où Benalla était convoqué, le voyant se garer en infraction, avaient aussitôt appelé une dépanneuse pour enlever sa voiture. La police organisant rapidement l’enlèvement d’une fausse-voiture de police appartenant à la Présidence, on tombe dans le ridicule absolu.
Police, Gendarmerie, Armée et hauts fonctionnaires sont furieux
Si nous étions dans une situation normale, Macron devrait commencer par révoquer le préfet Michel Delpuech, coupable d’avoir (comme Gégé Collomb) menti sous serment devant la commission d’enquête parlementaire. Mais Macron peut voir les choses sous un autre angle : si Delpuech a menti c’est qu’il lui est fidèle. Il lui rajoutera donc une étoile !
Macron a tout fait pour diviser Gendarmerie et Police au sein du service de protection de la Présidence en donnant. Pour exemple, des primes de 500 € aux Gendarmes et en les refusant aux policiers « qui n’y ont pas droit » selon l’explication du service « com » de l’Élysée, dirigé par… Sibeth n’Diaye. Aujourd’hui, Gendarmerie, Police, Armée et un grand nombre de Hauts Fonctionnaires de la Préfectorale et des Services diplomatiques (après le licenciement sec de l’ambassadeur en Hongrie qui, dans une note, avait fait valoir qu’avec Orban – détesté par Macron – la situation en Hongrie est meilleure qu’avant), sont furieux contre Macron et En-Marche.
La presse qui l’encensât se retourne contre Macron
Mais, gros problème, Macron a en même temps contre lui une grande partie de la presse mainstream qui va semble-t-il continuer à diffuser au compte-gouttes de nouvelles infos. Et pas seulement sur Benalla ! Certains, y compris dans les syndicats de police (qui ont porté plainte), n’admettent pas la perquisition bâclée dans l’appartement de Benalla à Levallois-Perret et la mystérieuse disparition du coffre-fort qui contenait les armes et très probablement d’autres choses comme des documents, ainsi que le refus de la Justice d’élargir l’enquête ce qui leur permettrait d’aller perquisitionner dans l’appartement de fonction de Benalla, quai Branly, où, semble-t-il, se trouvait sa maîtresse, soi-disant partie en vacances (ce qui s’est avéré depuis peu exact puisqu’elle roucoule maintenant avec lui au Maroc où il l’a emmenée).
En août la Justice travaille au ralenti. Attendons septembre, en espérant que d’ici-là la Garde des sceaux n’aura pas trouvé une combine pour écarter les juges pour le moment en charge de l’enquête et en nommer d’autres.
Alexis Kohler, un homme décidé à faire faire de bonnes affaires… à sa famille
Depuis quelques jours, le Secrétaire Général de l’Élysée – bras droit d’Emmanuel Macron – est visé par une enquête du PNF (le Parquet National Financier) sur un possible conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec l’armateur italo-suisse MSC.
Alexis Kohler a-t-il favorisé un armateur privé impliqué dans des discussions avec l’État et auquel il est étroitement lié ? – C’est, notamment, pour répondre à cette question que des perquisitions ont été menées mercredi dernier à Bercy dans le cadre d’une enquête sur soupçons de prise d’intérêt. Ces perquisitions ont été menées dans des bureaux du ministère de l’Économie et des Finances, où Alexis Kohler a travaillé entre 2012 et 2016.
Ex-directeur adjoint de cabinet de Pierre Moscovici, puis directeur de cabinet de Macron aux Finances, Kohler s’y connaît en matière de gestion d’affaires. Aussi est-il normal (pas légal, mais humain dans un sens) qu’il ait voulu faire profiter sa petite maman chérie de ses compétences.
MSC est un client important de STX France, les chantiers navals de Saint-Nazaire. De loin le plus grand pourvoyeur de commandes de ces chantiers, l’armateur a joué un rôle essentiel dans les discussions sur leur avenir, menées avec l’État français. Il est reproché à Alexis Kohler d’avoir siégé comme représentant de l’État au conseil d’administration de STX France à partir de 2010 alors qu’il « ne pouvait ignorer qu’il existait un conflit d’intérêts », l’armateur MSC ayant été fondé et dirigé par les cousins de sa mère qui en est actionnaire.
De même, en 2010 et 2011 il avait voté pour des contrats entre l’armateur MSC, acteur majeur du développement du port du Havre et le port du Havre, dont il était alors membre du conseil de surveillance au titre de l’Agence des participations de l’État, avec Édouard Philippe (ancien Maire du Havre), et en même temps toujours membre du conseil d’administration de STX France.
L’affaire Kohler sera probablement sans suite…
En août 2016, quand Emmanuel Macron avait quitté Bercy, Alexis Kohler avait obtenu le feu vert pour rejoindre MSC CROISIÈRES comme directeur financier. Mais en même temps, il était devenu un membre actif de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. L’association ANTICOR soupçonne Alexis Kohler d’être intervenu comme cadre de MSC dans une réunion à Bercy en mars 2017 sur la reprise de STX France (alors menacé de faillite) ce que personne ne comprend sachant que STX a plusieurs gros navires en commande et plusieurs années de travail assurées. Et MSC qui souhaitait racheter STX avait été coiffé au poteau par l’italien FINCANTIERI dans un accord assez curieux où l’État prête à FINCANTIERI en empruntant à STX le capital qui lui manque pour racheter les 50% de STX qu’il convoite ! – Comment cela a-t-il été possible ? FINCANTIERI prend la main parce que l’État français prêtera à long terme 1% du capital de STX France à FINCANTIERI, « tout en gardant la possibilité de mettre fin à ce prêt pendant une période de trois mois au terme d’une durée de deux ans, cinq ans, huit ans et douze ans suivant la transaction » [1]. En même temps, neuf mois après son arrivée chez MSC, M. Kohler avait rejoint Emmanuel Macron pour devenir son Secrétaire Général de l’Élysée.
Vous comprenez bien qu’un homme qui sait tout sur les erreurs nombreuses de Moscovici et de Macron à Bercy et sur les manœuvres pas toujours claires de l’État dans ses transactions industrielles, ne sera pas lâché par le pouvoir. Son « nuisance power » comme disent les anglo-saxons est trop grand. Il restera donc à l’Élysée au poste d’observation exceptionnel qu’est le Secrétariat du Président, et il aura toujours la possibilité de raconter les coups intéressants à sa môman le soir au coin du feu. Le seul danger qui le menace est que Castaner a décidé de prendre sa défense pour plaire à Macron, et là… ça craint !
Laissons le mot de la fin à François Asselineau, candidat de droite malheureux aux dernières élections présidentielles : « Caligula a nommé son cheval Consul – Macron a nommé son garde-du-corps Lieutenant-colonel ».
L’Imprécateur
08/08/2018
[1] Il faut avoir l’esprit torturé d’un énarque pour imaginer une combine où soi-disant pour sauver une entreprise française qui croule sous les commandes et le travail, on tape dans son capital pour prêter à l’acheteur et concurrent étranger l’argent qu’il n’a pas pour prendre la majorité et devenir le patron. Autre affaire du même genre, MANHURIN, fabriquant d’armes et de munitions, premier exportateur mondial de machines à faire des munitions vient ainsi d’être vendu par la France au Qatar. Si bien que la France n’a plus la maîtrise de ses armes et munitions : elle les achètera désormais aux étrangers !