PAROLES DE FRANCAIS
(il y a 65 ans… Diên Biên Phu)
(Christian Piquemal)

 

 

Il y a 65 ans, Dien Bien Phu tombait…                 

Dien Bien Phu, 7 mai 1954.
Dien Bien Phu, 7 mai 2019.

Soixante-cinq ans séparent ces deux dates. Et pourtant c’était hier…

Dien Bien Phu fut la plus furieuse, la plus gigantesque, la plus longue bataille du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. 170 jours d’un affrontement meurtrier, dont 57 jours d’enfer.

Aujourd’hui, 65 ans après, presque tous ces soldats de l’Union française, ont disparu ; les autres, de l’ordre d’une petite centaine, sont très âgés.

 


 

Aujourd’hui, ces survivants commémorent dans leur cœur et leur esprit le dernier grand combat du XXème siècle, devenu une épopée, en ayant une pensée émue pour tous ceux qui se sont sacrifiés, pour ceux et celles qui souffrent encore, pour tous les Anciens des pays associés toujours en servitude.

Il y a maintenant juste 65 ans, le 7 mai 1954, après cinquante-sept jours d’épouvantable vacarme, de sang, de fureur, de fracas des armes, de combats au corps à corps dans un décor devenu dantesque, un silence incroyable, irréel, un silence pétrifiant s’abat brutalement sur la cuvette de Dien Bien Phu.

La mort dans l’âme, le commandant de la garnison,  le général Christian de Castries, promu au cours du siège, a donné l’ordre de cessez-le-feu à 17 h 30 avec consigne de détruire auparavant le maximum de matériel. Après 57 jours de combats acharnés, de souffrances inhumaines, de courage, d’héroïsme, les combattants de l’Union française cessaient le combat du camp retranché.

Dans les tranchées noyées par les pluies de mousson, les soldats épuisés, hagards, à court de munitions, assaillis par l’odeur des cadavres qui gisent autour d’eux, attendent que les petits hommes verts aux casques de latanier viennent les faire prisonniers. Beaucoup sont blessés, soignés par des pansements de fortune. Ils ne savent pas encore qu’un autre calvaire les attend : celui des camps inhumains, des lavages de cerveau, de la mort à petit feu sous la férule de commissaires politiques qui, avec une méticulosité bureaucratique, voudront obtenir l’expiation de leurs péchés capitalistes.

Parachutistes, légionnaires, artilleurs, fantassins, transmetteurs, aviateurs, marins de l’aéronavale, tirailleurs nord-africains, soldats vietnamiens et vous les tribus montagnardes, vous les maquis disséminés dans la jungle à l’écoute de l’agonie de vos camarades, vous tous qui de près ou de loin avez vécu cette tragique épopée, soyez  tous honorés par la France.

Durant 57 jours de combat impitoyables, de souffrances indescriptibles, ce n’est pas le courage qui vous fit défaut mais la vie et le monde qui vous abandonnèrent.

Vous aviez cru avoir connu les horreurs les plus atroces, la boue, le sang, la mort horrible des combats en un mot l’enfer, et que rien de pire ne pouvait vous arriver et pourtant… submergés par une marée fanatisée, politisée, ivre de revanche, vous deviez durement payer le prix de votre abnégation et de votre magnifique courage au combat par l’humiliation des camps Viets et singulièrement celui de l’infâme, du sinistre et funeste Boudarel, le camp 113.

Dans ces camps abominables, 7600 de vos camarades, victimes d’une barbarie idéologique d’un autre âge que l’on croyait pourtant révolue, ont sombré et péri corps et âme dans cet effroyable tourbillon. Cette hécatombe, ces crimes seront soigneusement occultés pendant plus de 30 ans. Nous avons donc, au nom de l’histoire et pour cet anniversaire, l’impérieux devoir  d’en témoigner.

Mais au-delà de l’aveuglement passionnel du choc des combats et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces huit années de conflit ont permis à une Nation d’Occident, la France, d’approfondir avec ce pays d’Orient une compréhension culturelle mutuelle. Par le bol de riz partagé, par le plaisir de vivre en commun, par de réelles amitiés, liées souvent au hasard de fugitives rencontres, l’Armée française a donné de l’Occident une image qui ne se limitait pas au Coca Cola et à l’argent facile. Elle a laissé de notre pays un souvenir dont la qualité se révèle dans le temps.

Les Français sont aujourd’hui chaleureusement accueillis au Vietnam, quand leur retour n’est pas espéré. Ils le doivent à tous ces combattants admirables dont la rage de vaincre et le courage émurent le monde entier.

N’oublions jamais que ces soldats se sont battus pour la France, sur ordre de son gouvernement, pour défendre la liberté de pays amis face à l’agression marxiste.

N’oublions jamais encore que si la plupart des Français restèrent indifférents, certains prirent ouvertement parti pour nos adversaires, sabotant nos armes dans les usines, agressant nos blessés dans les ports et, comble de l’ignominie, participant à l’encadrement de nos prisonniers dans les camps Viets au taux de mortalité record.

N’oublions pas non plus – amère ironie de l’histoire –  que  très rapidement des événements douloureux confortèrent a posteriori nos raisons de combattre : l’exode éperdu de centaines de milliers d’êtres humains fuyant le paradis de l’oncle HO, puis l’effroyable génocide cambodgien, enfin le rejet quasi unanime par la population de cette funeste idéologie marxiste, la plus grande imposture du XXème siècle. Tous ces drames donnent aujourd’hui toute leur valeur aux sacrifices consentis en Indochine et tout son sens à la phrase du général De Lattre de Tassigny s’adressant aux combattants de l’Union Française :

« Nos adversaires se battent vaillamment pour une mauvaise cause,
Et nous nous battons à vos côtés pour une juste cause et un Vietnam libre et indépendant.. »

Rappelons enfin combien notre armée de professionnels a donné sur ce théâtre du bout du monde, dans l’indifférence de la Nation, la mesure de sa valeur militaire. Elle s’est là-bas magnifiquement bien battue, et combien de Bazeilles, de Sidi-Brahim, de Camerone resteront inconnus, mais qui comptent au capital des gloires de nos armées. Notre Armée peut être fière de cette page de son histoire, une des plus belles qu’elle a écrite. Elle a su trouver en elle, et en elle seule, la force de faire valoir les plus fortes vertus militaires : le courage, l’abnégation, le sacrifice.

Nous le devons à tous ces  prestigieux soldats qui sont tombés là bas en terre indochinoise. Ils s’en sont allés en pleine jeunesse et le souvenir que la France garde d’eux est celui de leur héroïsme d’alors. Ils ne connaîtront pas le lent naufrage auquel personne n’échappe lorsque le temps est venu.

Dormez en paix, chers frères d’armes, la mémoire de ceux qui ont eu l’honneur de vous succéder vous conserve en vie pour l’éternité.

Nous gardons de vous l’image de la force et de la jeunesse, de cette jeunesse dont vous avez fait don à la France.

L’héroïsme et le courage démontrés par les soldats de Diên Biên Phu ont frappé le monde libre tout entier. L’esprit de sacrifice et la qualité exceptionnelle de résistance que cette garnison a manifestés furent si grands que cette bataille restera toujours le symbole de la volonté de ce monde libre de lutter pour la liberté et d’affirmer son droit de disposer de son destin et sa foi en la dignité de l’être humain.

Ceux qui ont combattu, qui sont morts et qui ont souffert à Diên Biên Phu, doivent savoir qu’aucun de leurs sacrifices n’a été vain et que la France restera fidèle aux causes pour lesquelles ils se sont battus si noblement. Ils méritent  notre admiration, la fierté, la gratitude et la reconnaissance de la France. Leur courage est à jamais exemplaire. 

Aujourd’hui, soixante cinq ans après, le devoir de mémoire et du souvenir s’impose. Le 7 mai 2019, la Nation et les Français se devaient de saluer et de rendre un hommage vibrant et solennel au sacrifice de ces héros.
C’est un honneur que les soldats de DBP ont bien mérité.

Aujourd’hui, nous tous Français, de quelques origines que nous soyons, en union et communion  avec tous ceux qui se recueillent et se souviennent de par le monde, nous inclinons devant la mémoire de tous ces héros et  rendons un hommage solennel aux 3420 tués ou disparus dans la cuvette, aux 7600 prisonniers qui moururent dans les camps et aux 3290 survivants de Diên Biên Phu dont quelques uns sont encore vivants.

J’associe à cet hommage, tous les combattants d’Indochine qui pendant huit ans de 1946 à 1954, au service de la France, ont défendu le monde libre. Honneur à eux!

Que gloire et paix leur soient rendues ! Que le devoir de mémoire fasse que la France ne les oublie jamais !

 

 

Christian  PIQUEMAL
Président du Cercle de Citoyens Patriotes
7 mai 2019

 

 

11 Commentaires

  1. Mon Général, je me permets la copie d’une lettre de Laurent Fabius, alors chef de la diplomatie française, 5 Octobre 2013 :
    « J’ai appris avec émotion le décès du général Giap. Ce fut un grand patriote vietnamien, aimé et respecté par tout son peuple pour le rôle éminent et fondateur qu’il a joué dans l’indépendance de son pays (…) Alors que la France et le Vietnam sont devenus désormais des partenaires stratégiques, je salue aujourd’hui la mémoire d’un homme exceptionnel et présente mes profondes condoléances à sa famille et au peuple vietnamien »

  2. mon général ayant servit sous vos ordre , moi le petit gradé de la légion , qui n’est pas bardé de medailles , mais qui dans l’ombre a fait partir nombre de ses camarades OM ou en stage pour leurs carrieres de s/off
    oui j en’ai que (Hernue cross) mais fier de la porter et fier encorr que des cadre que jai cotoyers se rappelle de moi , on nontre a juste raison nos freres dans leurs missions mais il faut rendre grace a leurs colegues qui comme moi oeuvres dans lombre pour que la mission soit memer j’usqu a sont but final ,
    on est une famille , et dans une famille il y a celui qui vas au combat et celui qui lui permet de pouvoir memer a bien se combat l un sans l’autre on ne peut vaincre
    si nos soldat avais ete soutenus epaulé tant pars le poliques qui pour ceratin on saborder ce qui faisait notre image de france , et par certains de nos géneraux qu’il eu courrage de taper du poing ,
    nous aurions put eviter ce desatre , on le savais ona vais toutes les infos mais certain on mis le bandeaux pour ne voir que leur intéret et carriere , tout comme aujourd’hui helas

  3. J’avais 15 ans et je revois mes parents pleurant à côté d’une vieille radio, au cours de la bataille… Pour moi Béatrice, Isabelle, Eliane sont des noms que je n’ai jamais oubliés. Erwan Bergot, Pierre Schoendoerffer étaient des amis. Ma bibliothèque est riche de leurs livres. Merci, Général.

  4. Honneur et Patrie, c’est une devise de la Marine ! Merci mon Général pour votre Parole de Français !

    Ancien commando marine ( Algérie), je pleure de voir dans quel abêtissement sont nos concitoyens !

    Mes devoirs mon Général.

  5. Je suis né en 1964,je n ai donc pas connu cette époque et pourtant j ai toujours une pensée pour nos soldats qui .sont mort pour l amour de leur patrie.ceux sont des exemples,des hommes courageux .merci pour votre article.

  6. « N’oublions jamais encore que si la plupart des Français restèrent indifférents, certains prirent ouvertement parti pour nos adversaires, sabotant nos armes dans les usines, agressant nos blessés dans les ports et, comble de l’ignominie, participant à l’encadrement de nos prisonniers dans les camps Viets au taux de mortalité record. »

    Je n’ai jamais compris pourquoi personne ne s’est occupé de Boudarel à son retour en France qui repris l’enseignement à la fac. Il mourut de sa belle mort naturelle, bien paisible et satisfait. Ce qui prouve qu’il y a eu quelque part acceptation, soumission mentale de ces forfaits inhumains. L’esprit gauchiste est bel est bien intégré dans l’ADN de notre pays, force est de le constater aussi chaque jour. Le PC existe toujours avec ses petits partis satellites, dont les antifas…

  7. D’après Pierre Sergent, Giap aurait pu être pris entre l’enclume de DBP et le marteau que représentait les (je cite de mémoire) dizaines de milliers de guérilleros des minorités qui fonçaient sur ses arrières. Les cadres Français de ces dites minorités avaient réclamés avec insistance mais en vain des parachutages d’armes. C’était des Mans et des Méos au moins, je crois, qui, sur leurs pistes secrètes, fonçaient à marche forcée sur DBP. Leur aurait on parachuté des armes plus lourdes que celles qu’ils possédaient, les politicards parisiens auraient-ils eu la volonté de secourir l’armée que Giap aurait pu être pris à revers et sévèrement étrillé…selon Sergent. Mais voilà, le PCF était puissant, la vie belle à Paris, une quelconque élection toujours au coin de la rue, la décolonisation à la mode et les français fatigués des bruits de bottes, alors l’armée qui coutait trop des sous, n’est-ce pas, rien à foutre.

    • Les montagnards Mongs ont combattu avec les Français. Aujourd’hui certains ayant fui sur des « boat-people » ont été accueillis durement en Guyane (menacés entre autres au fusil par les guyanais). Ils participent depuis à l’alimentation en fruits et légumes des villes de la côte comme le village de Saül situé au centre et isolé.
      J’ai connu.

Les commentaires sont fermés.