On l’attendait, c’est fait. De peu, mais dans une épreuve sportive on ne discute pas pour savoir si le cycliste qui n’a que l’épaisseur d’un boyau d’avance sur le second a mérité sa première place, il est devant, il a gagné, il est premier. RN est le premier parti de France.
Nathalie Loiseau n’a séduit qu’un cinquième des Français
Après, on peut discuter de tout. On peut se demander comment Loiseau peut se féliciter de son score devant les caméras, parce que n’avoir qu’un Français sur cinq pour vous soutenir signifie tout de même que quatre sur cinq n’approuvent pas votre politique.
Aux Etats-Unis et en Hongrie, c’est au moins la moitié des citoyens qui soutient la politique de leur chef d’État.
On comprend leur satisfaction :
- Taux de chômage sous Obama 9 %, sous Trump 3,5 % !
- Taux de chômage sous le prédécesseur de Victor Orban 12 %, avec Orban, 4,5 % !
- Des progrès obtenus en quelques mois et des taux de croissance nationaux supérieurs à 3 % avec des baisses d’impôts. La paysannerie américaine avait fait élire Trump, les Afro-américains et les Hispaniques la rejoignent, contents en plus que Trump freine la concurrence sur le marché du travail et les aides sociales des nouveaux migrants arrivant d’Amérique centrale.
Avec Hollande et Macron comme ministre des Finances, taux de chômage à 10 %. Avec Macron seul aux commandes, deux ans pour passer de 9% à 8,7 %, un taux de croissance résolument et durablement inférieur à 1,5 %, des hausses d’impôts abracadabrantesques et une dette qui continue à augmenter malgré toutes les astuces comptables et transferts de charges du ministère des Finances pour le dissimuler !
Ils ratent tout mais disent « on est sur la bonne voie » !
Le premier ministre s’en félicite en disant « nous sommes sur la bonne voie, donc on continue ».
Le proverbe « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » trouve ici sa justification !
Et de plus, ce sont des imbéciles heureux puisqu’ils sont contents d’eux-mêmes, persuadés qu’étant la crème de l’intelligence française, personne ne saurait faire mieux.
Ne sont-ils pas sortis de la plus prestigieuse des écoles ?
Si parfaits que le dernier des présidents qu’elle a produits depuis Giscard d’Estaing envisage de la fermer pour arrêter les dégâts ?
Le constat est facile à établir : jusque dans les années 1970, taux de croissance de la France à 5 %, chômage insignifiant, fiscalité douce, peuple heureux.
Les énarques arrivent au pouvoir : croissance atteignant péniblement 1,5 %, chômage en compétition avec les taux les plus élevés d’Europe, fiscalité écrasante, Gilets jaunes dans les rues en permanence, 75 % des Français mécontents de la gestion du pays…
Et les Charlots nous disent, « on est sur la bonne voie, ça ne va pas tarder à aller mieux très prochainement, enfin… bientôt, enfin… peut-être si la croissance mondiale reprend et nous tire un peu vers le haut ».
Il ne faut pas fermer l’ENA mais moderniser les programmes
Il ne faut pas fermer l’ENA, Sciences Po peut-être qui depuis quelques années, depuis Richard Descoings pour être précis, est devenue encore pire. Mais dans tous les cas, avant de fermer ou de refondre complètement l’enseignement et les programmes, s’interroger sur les chemins qui aujourd’hui mènent les cadres au pouvoir, que ce soit dans les multinationales, les banques ou les États et dont Emmanuel Macron est le plus représentatif d’entre eux.
Ces écoles, par ailleurs en dégringolade permanente dans les classements internationaux, portent la responsabilité de l’échec patent de l’élite gestionnaire française qui en est sortie. L’enseignement autrefois excellent qui y était professé est aujourd’hui dégradé.
Ce sont les directeurs et le corps enseignant mal choisi qui en sont responsables.
Les quatre chemins qui mènent au pouvoir
Le premier des chemins menant au pouvoir, c’est la technique. Le directeur d’une usine peut-il devenir le PDG de l’entreprise ou du groupe ? Oui, il le peut.
La deuxième voie, c’est la finance. Le directeur financier d’une grande entreprise ou d’une banque peut-il y prendre le pouvoir ? Oui, il le peut.
La troisième voie, c’est le commerce que l’on a transformé en marketing. Là encore, le directeur du marketing qui a augmenté le chiffre d’affaires le peut aussi.
Et puis est arrivée des États-Unis une quatrième voie, la gestion rebaptisée « management » (à prononcer à l’américaine). Le gestionnaire n’est ni technicien, ni financier ni commerçant, il est un peu compétent dans tout. Donc très compétent en rien, ce que l’on reproche aux énarques. C’est ce que les écoles américaines ont été les premières à enseigner, ce à quoi les écoles françaises se sont converties et ont fini par supplanter les autres grandes écoles.
Le management consiste à dépouiller toutes les décisions techniques, financières et autres, les plans, les programmes, les organisations et les chiffres, de leurs facteurs émotionnels pour les analyser à froid et en tirer les conséquences.
Le « bon » manager ne tient compte ni des religions, ni des partis politiques, ni des syndicats. Il ne fait aucune différence entre F.O., la CFDT ou la CGT, entre le catholicisme, le bouddhisme et l’islam, il n’est ni de droite, ni de gauche.
C’est pourquoi tous les managers du monde se ressemblent, parlent le même anglais gestionnaire mais ne sauraient pas lire Shakespeare. Ils sont mondialistes mais ignorent l’histoire et la géographie des peuples, ou n’en possèdent que des rudiments, et surtout ils sont parfaitement interchangeables, comme on le voit dans les conseils et directions des multinationales.
Les énarques ne sont pas les meilleurs managers
Ceux qui sortent de l’ENA ne sont pas les plus brillants. Un rapport d’évaluation des compétences des énarques de son cabinet, rédigé en 1964 à la demande de Pierre Messmer, soulignait déjà la faiblesse de leur culture générale, leur conformisme intellectuel, leur manque d’imagination et leur difficulté voire incapacité à décider.
Le suivant, publié en 2015 par l’énarque Mme Baldacchino, souligne lui aussi le manque de culture et d’esprit critique, le manque de compétences de haut niveau, la méconnaissance du terrain et demande une réforme complète du contenu de leur formation.
Le Directeur de l’ENA, Patrick Girard, déclarait en 2017 « ils sont en dessous de la moyenne« .
Il s’ensuit dans « l’élite » un nivellement général des comportements et des idées, les antagonismes politiques et nationaux cèdent le pas à la circulation pacifique des capitaux, des marchandises et des hommes, ce qui, selon nos élites, conduira inéluctablement à l’harmonie, à la fraternité et à la paix mondiales.
Malheureusement ce beau rêve se heurte à la dure réalité de la finance. La gestion managériale des entreprises et des services provoque la hausse des prix pour financer les investissements toujours plus lourds et la rémunération toujours plus exigeante du capital.
Les cadres supérieurs ont beau avoir des salaires élevés, ils doivent emprunter pour acheter le bel appartement d’un quartier chic, un SUV familial et la petite voiture pour Madame, ils sont vite esclaves de dettes étalées sur parfois des dizaines d’années et à la merci d’un licenciement ou d’un accident de la vie qui leur fera tout perdre avec leurs illusions.
Ils découvrent alors une évidence : les seuls qui s’enrichissent beaucoup sont ceux d’entre eux qui jouent avec l’argent de la finance, spéculent en bourse, s’occupent de fusions ou d’acquisitions d’entreprises, travaillent pour des banques d’affaires. Une prime d’un millième du montant d’une grosse transaction de quelques milliard d’euros réussie, une action achetée 18 € à Rothschild Bank & Co et qui rapporte chaque année des centaines de milliers d’euros …
Voyez E. Macron…
Et comme ils sont malins et connaissent tous les circuits officiels et clandestins de la finance, une grande partie de cet argent s’évapore en circulant à la vitesse de l’informatique entre les centres financiers mondiaux qui gèrent, en grande partie à l’abri des impôts, les transactions, les placements, les opérations financières.
Les imprécateurs ne sont pas écoutés
Il y a bien des gens plus intelligents que ceux-là pour tirer de temps en temps le signal d’alarme d’une crise qui se prépare, mais voilà ! L’histoire des peuples, des entreprises et des États montre qu’il est pratiquement impossible de tenir des raisonnements ou des propos prémonitoires. Ils apparaissent toujours aux contemporains comme fantaisistes, déplacés ou même carrément fous ! Relisez les rubriques boursières des mois précédant la crise financière de 2008.
Mais d’autres gens tout aussi intelligents dans les grandes banques d’affaires en tiennent compte et discrètement se préparent à spéculer sur l’effondrement des cours des actions ou des monnaies. Ceux-là sortent de la crise encore plus riches !
Les Gilets jaunes et les cadres moyens, la bourgeoisie et les artisans, les commerçants et les paysans voient leurs impôts augmenter parce que les administrations et leurs fonctionnaires disent avoir besoin de plus d’argent pour redresser le pays, n’envisageant pas une seule seconde de réduire le train de vie de l’État, des provinces, des départements, des métropoles, des communautés de communes, des communes, de tout cet empilement des strates administratives coûteuses et souvent incohérentes et mal gérées.
On arrose les râleurs pour les calmer
Au pire, si les Gilets jaunes étranglés se révoltent et bloquent les ronds-points, saccagent les centres villes, on leur distribue quelques milliards que l’on couvre par l’emprunt sur les marchés financiers internationaux.
« Un cadeau de 17 milliards ! Voyez l’énormité de la somme distribuée par la générosité du président qui vous a compris« , leur dit-on pour les calmer, sachant qu’aucun ne fera le rapprochement avec les deux mille trois cents milliards de la dette publique dont les seuls intérêts coûtent chaque année une cinquantaine de milliards !
Qui fera le calcul que 17 milliards ce ne sont que 0,74 % de 2 300 milliards ?
Qui ira protester parce que 600 inspecteurs des finances du ministère du même nom gagnent par mois deux fois plus que leur ministre en salaires et primes dont ils fixent entre eux les montants et ne déclarent qu’une partie au fisc ?
Ils sont Inspecteurs des Finances, appartiennent à la caste énarque des intouchables.
Alors comprenez la terreur qui les prend à la gorge quand ils voient la marée populiste arriver partout au pouvoir, les Trump, les Orban, les Farrage, les Kaczynski et les Salvini.
Peut-être bientôt les Le Pen et les Dupont-Aignan, reprendre le pouvoir qu’ils croyaient leur être acquis à vie.
L’Imprécateur
4 juin 2019
Addendum :
Concernant le problème de l’ENA, j’ajouterais à cet article de l’Imprécateur la question de la « mise en disponibilité » des hauts fonctionnaires. A peine nommé (Inspecteur des Finances, Conseiller Référendaire à la Cour des Comptes, ou ailleurs), le jeune énarque peut demander sa « mise en disponibilité », c’est à dire la « mise au chaud » de son statut, pour faire un bout de carrière dans le privé ou, bien pire, se faire élire sur un mandat national. Il conserve alors son poste et son statut, pendant toute sa « carrière » (qu’il ne fait pas !), bénéficiant même des augmentations indiciaires ! Chirac, Fabius et Juppé sont experts en la matière, ayant passé la majeure partie de leur « carrière » de haut fonctionnaires à des postes électifs (députés) ou exécutifs (ministre, premier ministre, président). Ce qui ne leur a pas interdit de demander, à l’âge requis, de faire valoir leur « droit à la retraite ».
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen rappelle, en son article 1, le fameux principe d’égalité : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Ils y naissent peut-être, mais le demeurer ?
Dans certains pays vraiment démocratiques, les fonctionnaires élus doivent démissionner de leur poste, ou ne peuvent bénéficier que d’un seul mandat. Voilà une réforme aisée qui ne coûterait pas grand-chose, et qui ouvrirait le Parlement à d’autres types de travailleurs.
Hélas, demander une telle réforme à des assemblées d’énarques, c’est leur demander de scier la branche sur laquelle ils sont confortablement assis !
Pour plus d’information à ce sujet, lire le Projet pour la France de Minurne.
Marc Le Stahler
J’aime bien le dessin ci-dessus de la député Loiseau : une parfaite tête de benêt ravi d’elle-même avec cette tranquillité qui relève de l’inconscience et de l’inconsistance. Tout un programme. Extra !