Dans son intervention télévisée, le président Macron a tenu des propos très iconoclastes. Il semblait convaincu du bien-fondé de l’Etat-providence et de la suprématie du pouvoir politique sur l’économie et la finance. Quel cachottier ! Il aurait pu le dire avant au lieu de nous laisser « mariner » depuis trois ans dans le flou artistique. Car le « en même temps », qui paraissait être la pierre angulaire de sa politique, avait fini par embrouiller tout le monde. Sans même parler de la réforme des retraites, qui faisait penser au sketch du regretté Coluche « Les technocrates, c’est des mecs que quand tu leur poses une question, une fois qu’ils ont fini de répondre, tu comprends plus la question que t’as posée »
Mais là, il faut bien le reconnaître, le discours était limpide. C’est vrai que les circonstances sont suffisamment inquiétantes pour ne pas rajouter l’incompréhension à la peur ambiante.
UN DISCOURS QUI DEVRAIT FAIRE DATE
Si les propos du président sont suivis d’effets, ce n’est plus une inflexion de la politique suivie jusqu’alors mais un véritable demi-tour ! Alors qu’on pouvait croire, notamment en matière de santé, que le conflit dit « des urgences » ne pouvait se résoudre en raison des contingences budgétaires que nous imposait le traité « de la règle d’Or » en limitant par la loi le déficit budgétaire, Emmanuel Macron nous dit maintenant que « la santé, ça n’a pas de prix » !
On ne peut qu’être d’accord avec ce principe. Mais pourquoi ne pas l’avoir appliqué avant ? Pourquoi avoir dit en 2018, interrogé sur la crise des hôpitaux : « Je n’ai pas d’argent magique ! » ?
Et la suite de son discours est à peu près du même tonneau. Pourquoi tout ce qui apparaissait comme totalement impossible hier, par le truchement d’une épidémie virale ayant pour effet immédiat une crise financière, est-il subitement devenu possible ?
Au minimum, une explication eut été la bienvenue, mais il n’y en eut pas. Cela donnait l’impression que tout ce qui avait été dit ou fait depuis l’élection n’existait pas. Le texte de la pièce avait été réécrit, le rôle avait changé, mais les acteurs étaient les mêmes.
On ne peut cependant que souscrire à l’ensemble des mesures prévues car elles sont de bon sens. Reste également un constat sans appel sur les dangers de la mondialisation, mis en lumière par les récents événements.
ADIEU LE MONDIALISME, RETOUR DE LA NATION ?
Le plus préoccupant, hormis l’aspect médical sur lequel nous n’avons que peu d’informations, est notre perte d’autonomie au niveau industriel. Nous sommes dépendants, y compris pour des fournitures stratégiques, de pays dans lesquels nous avons transféré à la fois les savoirs technologiques et les outils de production. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir effectué de nombreuses mises en garde contre ces dangers parfaitement prévisibles.
Malheureusement, le souverainisme et le patriotisme étaient considérés comme « ringards ». On nous accusait de vouloir replier « la France sur elle-même », comme un vulgaire torchon. C’était aussi l’époque du « notre pays est trop petit, nous devons nous ouvrir à la globalisation ». Ce dénigrement systématique de nos capacités à produire a été le moteur d’une désindustrialisation qui était surtout motivée par la cupidité des financiers. Le mot « liberté » étant devenu le maître-mot de l’Occident, il a été employé souvent à tort avec des sens très différents. Le libre-échange, notamment, a servi à justifier ce qui n’est qu’une colonisation économique de nos peuples, pourtant fondamentalement épris de liberté, par des multinationales qui étendaient leur pouvoir sur l’ensemble de la planète.
C’est également au nom de cette liberté de circulation des capitaux que les peuples se trouvent asservis par la dette. Depuis le début des années 1970, les dettes des nations jusqu’alors souveraines, ont littéralement explosé. Ce fut le choc pétrolier de 1973, puis tous les autres événements qui se sont succédé, y compris les crises financières périodiques, qui nous ont mené dans cette captivité. Aujourd’hui, le ton a changé et notre président semble découvrir le rôle protecteur de la nation, qu’il suggère de réindustrialiser.
GRAND ABSENT DU DISCOURS : LE FINANCEMENT DE CES MESURES
Il va pourtant bien falloir s’en préoccuper. Toutes ces mesures, comme aurait dit notre président à une autre époque, vont coûter « un pognon monstre ». Eh bien, ce pognon monstre, il va falloir le trouver !
Toujours à une autre époque, où les gens gardaient une certaine confiance dans l’avenir, on lançait de grands emprunts auprès du public. Aujourd’hui, on n’emprunte plus qu’auprès de certaines banques privées, rebaptisées « marchés financiers ». On pourrait penser que celles-ci nous prêtent de l’argent qu’elles ont en dépôts sur leurs comptes, mais ce n’est pas la réalité ! L’argent qui va nous être prêté viendra de nulle part. Il sera créé pour la circonstance par un procédé d’une simplicité biblique. Les banques font des prêts contre des reconnaissances de dettes, qu’elles appellent des actifs. Ces actifs sont ensuite « revendus » à la banque centrale – en l’espèce la BCE – qui crée une quantité équivalente d’argent sous forme de billets ou de lignes de crédit, qu’elle redonne ensuite aux banques. Vous remarquerez qu’aucune valeur n’a été crée en contre-partie. Par contre, le stock de notre dettes, comme disent les financiers, augmente d’autant. Devinez qui est le payeur en dernier ressort ? Vous et moi, en tant que contribuables, naturellement. Et ceci est soigneusement caché car la finance mondiale tient sur ce système de dettes.
CHAQUE CRISE AUGMENTE LES DETTES. JUSQU’A QUAND ?
Et c’est la vraie question que personne ne veut aborder. Car le véritable objectif est avant tout de sauver les banques, beaucoup plus que les intérêts des peuples qui, eux, ne peuvent que subir. La réglementation impose aux banques de maintenir une certaine proportion entre leurs encours de prêts et ce qu’on appelle leurs « fonds propres », (dans lesquels rentrent les dépôts que nous faisons sur nos comptes bancaires).
Petit à petit, certaines banques se sont affranchies de toute limite, et sont devenues des colosses au pied d’argile. C’est à dire qu’une baisse relativement peu importante de leur titre de bourse les met en danger de faillite. Il faut alors les recapitaliser d’urgence en créant de nouvelles dettes. Ces banques « systémiques » constituent la préoccupation majeure des banques centrales. C’est ainsi qu’est né le concept du « too big to fail »
Or, à de très rares exceptions près, ces dettes contractées par les Etats ne sont jamais remboursées, mais génèrent des intérêts année après année. Même si, en ce moment, ces intérêts sont pratiquement nuls, les taux des emprunts précédents grèvent notre budget. Notre dette va faire un bond en avant sans que nous ayons réellement une contre-partie en création de valeur, puisqu’il ne s’agit pas d’investissements mais essentiellement d’aides financières. C’est en quelque sorte de « l’argent hélicoptère »
On estime le montant cumulé des dettes dites « souveraines » (peut-on réellement les appeler ainsi ?) actuelles à plus de 250.000 milliards de dollars, et ceci ne comprend pas les dettes privées ni les dettes dites « hors bilan » qui ne peuvent, par définition, être comptabilisées.
Combien de temps un tel système pourra-t-il tenir ?
C’est la grande question qui reste sans vraie réponse…
Jean Goychman
14/03/2020
Cet accroissement rapide et spectaculaire de l’endettement me parait être un argument largement suffisant pour lancer un virus quel qu’il soit, pourvu que cela marche… De toute manière, on est un peu trop nombreux sur la planêt et on ne fait pas de macrommelette sans casser des oeufs…
a propos de la crise des hôpitaux, il n’y a personne pour dire ou même s’apercevoir que notre politique d’immigration met l’hôpital sous tension alors que l’on a réduit ses moyens, allez dans n’importe quel hôpital et vous verrez que la nouvelle population importée représente 30 à 40 % des malades quand elle ne représente que 15 à 20% de la population totale. Les « nouveaux » Français consomment 2 fois plus d’hôpital que les Français de souche, je n’ai pas les compétences pour expliquer cela mais j’en vois parfaitement les conséquences