Dans un essai politique qui eut un franc succès en 1977, (il y a 44 ans !), Alain Peyrefitte, l’un des « barons » du gaullisme, comme on disait alors, avait (déjà) formulé avec pertinence ce qui lui apparaissait comme « le Mal Français », qu’on pourrait caractériser par un administration pléthorique et centralisée et le développement de son cancer inévitable, la technocratie et son cortège d’incompétences.
Dix ans plus tôt, Georges Pompidou sermonnait un de ses ministres, un certain Jacques Chirac, par une formule cassante : « arrêtez d’emmerder les Français ».Peyrefitte et Pompidou avaient raison.
Nous sommes en 2021, et la France va mourir, si un coup d’arrêt sérieux n’est pas mis à ce mal endémique dans les plus brefs délais.
Tout commence avec la dérive de l’ENA…
LA DÉRIVE DE L’ENA (Ecole Nationale d’Administration)
C’est sans doute l’une des principales racines du mal.
L’ENA fut créée en 1945 par le général de Gaulle pour répondre à un besoin précis : « former les élites » (on disait alors « les grands commis de l’Etat »).
Le projet n’était pas mauvais en soi, mais il a rapidement pêché et dérivé, atteint par un phénomène pervers : la porosité entre les hauts fonctionnaires et les élus, c’est à dire entre les fonctionnaires – théoriquement exécutants – et les décideurs politiques.
Pour simplifier, disons que la vocation de l’ENA est de former les hauts fonctionnaires, pas les dirigeants politiques.
D’ailleurs, former les décideurs ne s’improvise pas, surtout dans le domaine politique. Ce sont l’expérience et surtout des qualités personnelles comme l’intelligence, le patriotisme, le sens de l’Histoire, le pragmatisme, qui font les grands politiques. Et ces qualités, par définition, souvent innées, ne s’enseignent pas. Et surtout pas à l’ENA.
On peut avoir été Conseiller Référendaire à la Cour des Comptes comme Hollande, (avec l’intérêt qu’il avait manifesté pour cette fonction comme le montre la vidéo ci-dessous), ou Inspecteur des Finances, comme Giscard et Macron, cela prépare éventuellement à la gestion de l’Etat mais pas à la conduite de la France.
J’ai un jour entendu Chirac répondre, à un jeune garçon qui lui demandait comment on devient président : « c’est très difficile, il faut faire beaucoup d’études ». J’aurais grandement préféré qu’il réponde : « il faut d’abord aimer son pays, avoir envie de le défendre et de le faire grandir ».
Mais l’amour du pays, le patriotisme, n’étaient déjà plus des valeurs sûres en ce temps-là.
Il se trouve donc que les jeunes « énarques » cèdent souvent aux sirènes de la politique et à l’attrait du pouvoir. En fréquentant les élus et les ministres, certains jeunes diplômés finissent par se retrouver dans des cabinets ministériels, l’antichambre du pouvoir, puis à l’Assemblée Nationale, et même parfois au gouvernement, voire même à l’Elysée. Comme Macron, qui se présenta pour la première fois aux suffrages des Français pour la magistrature suprême ! Avec une bien courte expérience de l’Etat et un projet présidentiel fumeux, suscitant un doute sérieux sur sa volonté et surtout ses capacités de défendre les intérêts de la France.
En période stable, normale, calme, on ne perçoit rien, ou pas grand-chose. Mais quand on entre en situation de crise, c’est le drame. Une épidémie s’abat sur la France et c’est la catastrophe. Rien n’est prêt : pas de masques, pas de tests, pas assez de lits de réanimation, et maintenant en queue de peloton pour le vaccin… Le tout ponctué de mensonges répétés et dans une ambiance anxiogène.
Cette porosité anormale entre haute administration et pouvoir a été favorisée par le droit de « mise en disponibilité » qui permet aux hauts fonctionnaires de quitter leur poste pour un mandat électif ou un poste au gouvernement. Voire même pour un poste de direction dans le privé, tout en gardant au chaud leur statut administratif, ce qui leur permet de faire un bout de carrière ailleurs, en toute sécurité, avec la possibilité de réintégrer leur corps d’origine quand ils le souhaitent.
Pour ne prendre que deux exemples : Fabius et Juppé ont pu mener toute leur carrière politique avec la sécurité de pouvoir à tout moment, en cas de besoin, récupérer leur poste dans l’administration. Sans perte de pouvoir d’achat, les augmentations indiciaires ayant continué de s’appliquer normalement, pendant toute la durée de leur mise en disponibilité.
Qui, dans le secteur privé, peut se vanter de bénéficier d’un tel avantage, qui ressemble étonnamment aux privilèges de l’Ancien Régime ?
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », proclame la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948… Pas en France, manifestement !
LE VIRUS MORTEL DE LA TECHNOCRATIE
Inamovibilité, irresponsabilité, porosité avec l’exécutif
Inamovibles (en France, « on ne nomme pas les fonctionnaires, on les adopte »), irresponsables (le pire, en cas de faute, est la mutation en province), influents (par proximité avec les pouvoirs exécutif et législatif), les hauts fonctionnaires ne sont plus les « grands commis » du début mais souvent des décideurs. La France est entre leurs griffes.
« Les ministres passent, les hauts fonctionnaires restent« , dit-on dans les couloirs feutrés des ministères. C’est à peine une plaisanterie, en tous cas un rappel à la réalité. Tout projet de réforme, toute nouvelle politique, toute décision ministérielle n’ayant pas l’heur de plaire à ces messieurs ont de fortes chances de ne pas aboutir, et ce pour une raison simple : la durée de vie d’un haut fonctionnaire à son poste est largement supérieure à celle de son ministre.
Le pouvoir est donc partagé de fait entre le ministre et ses fonctionnaires, rendant particulièrement complexe le système de décision.
En théorie l’exécutif est supposé décider et son administration obéir. Dans la pratique, l’administration attend certes des instructions précises, mais ne les applique qu’en fonction de ses propres appréciations et à son rythme. Allonger les délais d’exécution permet souvent d’attendre le prochain gouvernement et le classement vertical du projet initial !
Facteur aggravant : les hauts fonctionnaires se cachent souvent derrière leur poste en évitant soigneusement de prendre toute initiative susceptible d’être justifiée par les événements. Toutes les précautions administratives, légales, réglementaires sont évoquées afin de se protéger de toute décision qui aurait des conséquences néfastes sur leur carrière. Ils appliquent à la lettre des réglementations tatillonnes, sans aucun intelligence des situations. On l’a vu un peu avant le début de la crise sanitaire, quand des millions de masques ont été détruits pour cause de péremption – sans être remplacés -.
Centralisme
Le centralisme est l’ADN principal de l’administration. Paris doit tout décider. On a bien fait semblant de régionaliser l’action de l’Etat en inventant un terme ambigu dont la signification est douteuse : « déconcentration ». En faisant croire qu’il s’agissait de décentralisation, mais qui n’a en vérité rien à voir.
La décentralisation consiste à déléguer aux élus régionaux ou locaux des pouvoirs de décision et les crédits correspondants ; la déconcentration ne consiste qu’à implanter régionalement des succursales de l’administration centrale et à leur octroyer les financements nécessaires.
Dans les faits, on trouve même assez souvent les deux cas de figures, ce qui ne fait qu’augmenter encore le nombre de fonctionnaires, compliquer les procédures de décision et de contrôle, et surtout diminue l’efficacité des services comme chacun de vous a pu le remarquer.
C’est la fabrication du millefeuilles administratif avec toujours la même rengaine : inamovibilité et irresponsabilité.
On sait que la France brille par le nombre de ses fonctionnaires. En comparant notre pays à l’Allemagne, l’IREF observe que nous avons 3 millions de fonctionnaires en surnombre par rapport à notre voisin (proportionnellement aux populations respectives des deux pays). Pour de meilleurs résultats ? Je vous laisse apprécier…
TECHNOCRATIE : les conséquences économiques et financières
Pour les fonctionnaires formés à l’ENA, la petite ou moyenne entreprise n’a pas grande importance. Seules comptent les grandes entreprises, si possibles publiques. On l’a vu sous Mitterrand où le sport national consistait au début de son double septennat à nationaliser tous les joyaux de l’économie française. Avec le succès que l’on sait.
Ce mépris congénital de l’entreprise privée, pourtant source de création, d’imagination, et susceptible de réagir le plus efficacement en période de crise ou de changement, est lui aussi inscrit dans les gènes des dirigeants issus de l’ENA. Qui n’hésitent pourtant pas, parfois, à se faire « détacher » sur des postes prestigieux d’entreprises publiques (bien que n’en ayant généralement pas les compétences), tout en conservant bien au chaud leur poste initial comme on vient de le voir (on ne sait jamais !).
Le mépris des hauts fonctionnaires pour l’entreprise est tel que se faire détacher dans l’entreprise une porte un joli nom : « pantoufler ».
Cette méconnaissance de l’entreprise est responsable d’une grande partie des malheurs de la France.
Tous les spécialistes savent depuis longtemps que notre pays n’est pas « géré », au sens réel du terme.
Pour traiter un problème, les décideurs – tant politiques et administratifs – ne connaissent en effet qu’un seul moyen : AUGMENTER LES IMPOTS !
Un bon ministre est souvent considéré comme un ministre qui obtient un budget supérieur à celui de l’exercice précédent. Budgets souvent alloués pour des motivations politiques et idéologiques, sans réel souci d’efficacité et d’opérationnalité.
Exemple concret de schizophrénie politique : tout le monde sait que le gouvernement pratique allègrement les opérations militaires extérieures (OPEX)… en serrant les budgets militaires ! On se rappelle la démission du général de Villiers, CEMA(*) du début de de quinquennat, qui a eu le courage de ne pas cautionner ce délire.
Dans une entreprise, on veille à maintenir un certain équilibre d’exploitation et à décider de nouvelles charges et investissements en fonction des ressources existantes. Car on ne peut pas augmenter le chiffre d’affaires d’un coup de plume. L’Etat énarque, lui le peut ! Le déficit budgétaire étant l’excédent de dépenses sur les revenus (impôts, taxes et charges diverses), la variable d’ajustement est facile : la pression fiscale.
C’est d’ailleurs ce que vous allez comprendre prochainement quand il faudra assumer et financer le coût de la pandémie…
A moins que Macron décide de laisser filer l’endettement (alors qu’on vient d’exploser la limite d’un an de PIB, approchant maintenant les 120 % !)** en prenant le risque de faire de la France un pays non solvable avec tous les malheurs que ça risque d’engendrer.
Conséquence directe de cette gestion déplorable de l’Etat : la France plastronne au hit parade mondial du taux de prélèvements obligatoires, qui tournait autour de 47 % avant la crise sanitaire. Aujourd’hui, personne n’ose annoncer de chiffre. Ce sera la bonne surprise de 2021-2022. En tous cas au-dessus de 50 %.
source : Eurostat
QUE FAIRE POUR SAUVER LA FRANCE ?
Rappelons que c’est sous Margaret Thatcher et Ronald Reagan, dans les années 1980, que la Grande Bretagne et les USA ont décidé d’assainir leurs finances publiques. L’Allemagne du chancelier Gerhard Schröder a réagi un peu plus tard, au début des années 2000.
En France, le dernier budget en équilibre fut celui de 1974, année d’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing et du premier choc pétrolier ! Et tout n’a fait qu’empirer depuis, mortellement aggravé par le double septennat de Mitterrand.
Nous n’avons pas su mettre de l’ordre dans nos affaires quand il en était encore temps. Aujourd’hui, plongés dans la crise sanitaire et la crise économique qui se prépare, ce sera d’autant plus difficile. Il reste à Macron un peu plus d’un an pour terminer son mandat et il y a gros à parier qu’il va occuper son temps à préparer le suivant. Donc, aucun espoir de ce côté, tout va continuer de partir à vau-l’eau…
Il va falloir que le prochain président de la république construise un « projet » et le mène à bien. Ne parlons pas de « programme », ça n’a aucun sens, surtout dans les années catastrophe que nous vivons.
Quel que soit le titre qu’il donnera à son projet, il tournera autour de quelque chose du genre « sauver la France ».
J’ai voulu mettre l’accent sur l’ENA comme étant la racine du mal. Ce mode de gestion de l’Etat est en effet largement responsable de toutes les dérives, et pas seulement économiques. L’idéologie professée dans les grandes écoles depuis 1968 ont en effet induit tout le reste : immigration sauvage aux frontières, ensauvagement à l’intérieur de l’Hexagone, partialité et incompétence de la Justice, mépris de l’Histoire de la France, destruction de l’Education Nationale, multiplication des actes de repentance, et tout le reste, que je ne citerai pas dans cet article, notre ami Eric Zemmour le faisant avec beaucoup plus de talent que moi chaque soir sur CBNews.
Mais, concernant le projet dont la France a besoin, je vous propose une base de réflexion à partir de celui que nous avons conçu et publié sur Minurne l’année dernière et que vous trouverez en cliquant ici => PROJET POUR LA FRANCE
Ce projet s’articule en 3 parties :
• A : Stopper la Submersion Migratoire
• B : Optimiser la Gestion de l’Etat
• C : Réformer les Institutions
CONCLUSION
Une dernière chose. Il me semble utile de préciser qu’il est peut-être injuste de tout imputer aux dirigeants de la V° République, successeurs du général de Gaulle et de Pompidou. Ils ont certes tous, peu ou prou, une responsabilité certaine dans la descente vertigineuse de la France. Mais les racines du déclin et de l’abandon étaient déjà depuis longtemps dans l’ADN de la France et des Français. Entre les deux guerres mondiales, le pays s’est vautré dans le pacifisme bêlant et a laissé, sans réagir, l’Allemagne réarmer, réoccuper la Rhénanie, et faire bien pire encore, jusqu’à l’Anschluss de l’Autriche. Pendant ce temps, les sirènes du pacifisme des successeurs d’Aristide Briand chantaient avec les socialo-communistes la musique doucereuse « nous sommes tous frères » et on préparait le Front Populaire et les congés payés…
Beau programme, à condition qu’il soit partagé avec les prétendus pays supposés « frères ».
Cet angélisme endémique ne vous rappelle rien ?
Marc Le Stahler
17 janvier 2021
* CEMA = Chef d’Etat Major des Armées
** Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes vient d’annoncer que la dette publique restera supérieure à 100 % du PIB « pendant au moins 10 ans » ! Fort bien, tant que les taux d’intérêts resteront autour de 0%. Mais s’ils se mettent à repartir à la hausse, voire à flamber, ce sera ingérable !
Tout celà a été archi dénoncé depuis des années, mais personne ne bouge.
Le seul vrai problème est le silence des agneaux. La passivité lâche des Français fait qu’ils baignent dans un pays devenu un boxon qui les ruine un à un. Et ils laissent faire, coyant que celà va s’améliorer par l’opération du St Esprit…
Tous autant que nous sommes, pris isolément, ne pouvons faire qu’un minimum.
Seul l’union fait la force.
Allez face à la gestapo du pouvoir seul.?
Vous avez pu voir cette gestapo à l’œuvre face à la bonne volonté du Général Picquemal.
Allez y si vous pouvez faire mieux !
Pourtant nous sommes plus nombreux qu’eux et ceci ferait la différence
Il faudra y aller unis mais nous n’aurons pas d’autre choix car il faudra y aller.
Recouvrer notre liberté sera à ce prix.
Rappelez vous les déportés dans les camps étaient bien plus nombreux que leurs bourreaux et pourtant !
Alors fédérez, regroupez, organisez et agissons, virons tous ces traitres qui musèlent le peuple sans respecter ses droits les plus élémentaires car quand notre tour viendra…………………..nous serons, vous serez………….. SEULS
L’administration francaise est devenue un mille feuille inextricable, un echeveau d’Ariane que seul un glaive pourrait denouer, qui le portera …. Seule une grande purge pourrait resoudre nos problemes, nous avons trop de hauts fonctionnaires accroches a leurs prerogatives et pas assez de services publics efficients : ecole, hopital, police, justice tout va a la derive…..