« Cette extrême droite qui fut autant à Londres qu’à Vichy, et dans les maquis bien avant que les communistes n’y vinssent.
Cette extrême droite qui a eu le malheur de défendre l’intégrité de la République qui comprenait alors trois départements d’Algérie, comme jadis on défendait l’Alsace-Lorraine…
Cette extrême droite qui s’est beaucoup trompée et a essuyé moult défaites, mais qui a eu raison aussi avant tout le monde lorsqu’elle alertait sur le danger allemand (dès la fin du XIX° siècle et dans l’entre-deux-guerres) et le danger migratoire et islamique dès les années 1970.
Cette extrême droite, qui n’est que l’outil tactique utilisé par la gauche pour distinguer entre le bien et le mal, diviser ses adversaires et se maintenir au pouvoir alors qu’elle est minoritaire dans le pays. Une extrême droite imaginaire qui n’est en vérité qu’une droite patriotique en quête d’ordre et d’un légitime conservatisme, où je me sens bien… »(Eric Zemmour)
En voyage fin septembre, sans radio, sans télé, sans journaux, j’ai pu savourer le dernier opus d’Eric Zemmour « La France n’a pas dit son dernier mot ». Ce n’est pas son meilleur livre ; j’ai préféré « Le suicide français » ou « Destin français », mais, mises à part sa passion pour le football et son idolâtrie pour de Gaulle, j’adhère à sa vision de la France dégénérescente et à ses solutions pour (tenter de) la redresser. S’il se présente à la présidence en 2022, je voterai pour lui des deux mains, sans état d’âme. Enfin quelqu’un qui prône NOS valeurs ; celles défendues jadis par Jean-Marie Le Pen, avant que sa fille ne décide de « dédiaboliser » le Front National et d’en faire une composante tiédasse du panel politique de notre pauvre pays. Pour Marine Le Pen, il importait d’être un parti fréquentable, et surtout, de ne pas être taxé d’extrémisme de droite. Elle voulait, comme les autres, devenir un parti attrape-mouches et n’hésitait pas, pour ce faire, à pratiquer la démagogie racoleuse.
Cette stratégie fumeuse a été un fiasco total ; je n’en suis pas surpris.
Macron a réalisé le vieux rêve de Giscard qui voulait une « société libérale avancée de type permissive gouvernée au centre » : l’amalgame, le conglomérat (l’association de malfaiteurs ?) entre la droite molle, le centre et la gauche bobo. Le mariage de la « droite-cachemire » et de la « gauche-caviar ». Zemmour appelle ça « le parti bourgeois », moi « l’extrême centre ».
Beaucoup se satisfont de cet européisme débridé, de ce libéralisme dépravé, de cette France laïcarde que ne vénère plus que le fric. Or, l’œcuménisme et la permissivité du Concile Vatican II ont vidé les églises ; les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le centrisme flou, sans valeurs et sans âme, a fait déserter les bureaux de vote, CQFD !
On me dit assez régulièrement que l’union (au centre) fait la force et on m’invoque les grands moments de notre histoire. Ceux où des Français ont su oublier leurs dissensions, leur opposition, leurs divergences politiques pour s’unir contre l’ennemi ou contre un péril grave. Nous avons tous en mémoire l’« Union Sacrée », qui a soudé les Français de toutes tendances lors du déclenchement de la Grande Guerre. Le terme a été utilisé pour la première fois au Parlement, le 4 août 1914, par le Président Raymond Poincaré. Les organisations syndicales et politiques de gauche se rallièrent au gouvernement. Nous avons opposé aux Allemands une armée de 8 millions d’hommes ; nous en avons fait tuer 1,4 million. Et il faudra attendre le général Pétain pour que le sort du poilu préoccupe – enfin ! – les embusqués des deux chambres (1).
Il est regrettable que les Français connaissent aussi mal leur histoire, car, depuis l’« Union Sacrée » de 1914, les alliances de circonstances, les unions au centre, les comités de salut public, et autres rassemblements de gens de tous bords confondus, se sont avérés être des « couillonnades » ou des arnaques dans lesquelles la droite française a toujours laissé des plumes.
Souvenons-nous de la mémorable raclée de juin 1940. Dans la panique générale, il a fallu trouver un sauveur. Le 10 juillet 1940, les parlementaires français donnaient les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain : 670 votent (426 députés et 244 sénateurs) ; 176 parlementaires sont absents dont 27 sont à ce moment-là en mer, embarqués le 21 juin du port de Bordeaux, vers Casablanca sur le paquebot « Massilia » (26 députés et un sénateur). 61 parlementaires communistes (60 députés et un sénateur) ne peuvent siéger, et pour cause !
Depuis le 16 janvier 1940, ils sont déchus de leur mandat à la suite de leur soutien au pacte germano-soviétique et du décret-loi d’Édouard Daladier du 26 septembre 1939 interdisant le Parti Communiste. Sur 649 suffrages exprimés : 80 parlementaires (57 députés et 23 sénateurs) votent contre les pleins pouvoirs. 569 approuvent soit 87,67 % des suffrages exprimés.
Sur les 569 votants en faveur des pleins pouvoirs, 286 ont une étiquette de gauche ou de centre-gauche et 46 sont sans étiquette.
L’histoire, si elle n’était pas pipée, aurait dû retenir – primo – que le Maréchal Pétain est arrivé au pouvoir de façon parfaitement légale et – secundo – qu’il a été porté au pouvoir par une majorité…de gauche.Le vieux Maréchal, dans sa grande naïveté, a voulu jouer l’union nationale en confiant des ministères à des gens venus d’horizons politiques différents, à commencer par le socialiste Pierre Laval, chef du gouvernement. On a un peu oublié que les ministres ou les collaborateurs du Maréchal les plus ouvertement partisans d’une collaboration « totale et entière » avec le régime nazi venaient souvent de la gauche : Paul Marion, Marcel Déat, Jacques Doriot, Victor Barthélémy…etc…
Les partis les plus collaborationnistes furent le « Parti Populaire Français » créé par Jacques Doriot, ancien député-maire communiste de Saint-Denis, et le « Rassemblement National Populaire » du député socialiste Marcel Déat, ministre de l’aviation en 1936, sous le « Front populaire ».
La droite nationale, favorable au Maréchal Pétain, va pourtant s’impliquer massivement dans la Résistance. Son premier martyr connu fut l’officier de la « Royale », Honoré d’Estienne d’Orves, fusillé au Mont-Valérien le 29 août 1941.
Le lecteur qui voudrait se faire une idée moins subjective ou plus honnête de cette période, doit absolument lire l’« Histoire critique de la Résistance »(2) et, l’« Histoire de la Collaboration » (3) de Dominique Venner, « La droite était au rendez-vous » (4) d’Alain Griotteray, et la série de 13 ouvrages écrits par Henri Amouroux sous l’intitulé générique de « La grande histoire des Français sous l’occupation ».
On pourra m’objecter que – même si Amouroux était gaulliste – les références précédentes émanent d’hommes de droite. Alors, citons aussi l’imposant dossier réalisé par un collectif de résistants de toutes les accointances politiques, intitulé: « Le patriotisme des Français sous l’occupation » (5). On y parle, entre autres, d’un officier proche du Maréchal Pétain, Guillaume de Tournemire, chef des « Compagnons de France » et grande figure de la résistance maréchaliste.
Et pourtant, depuis la Libération, on nous a vanté une résistance exclusivement de gauche ou gaulliste, et depuis la Libération, la droite – nationale ou nationaliste – rase les murs.
Parlons aussi du « Conseil National de la Résistance » (CNR), créé par de Gaulle en 1943 pour préparer la Libération. Le premier Président du CNR sera Jean Moulin, homme de gauche et franc-maçon (6). De Gaulle disait vouloir rassembler au sein du CNR des patriotes venus de tous les partis politiques, et la droite patriote et résistante l’a cru, or quels étaient les hommes d’influence du CNR ? Pierre Villon, du FNR (communiste), Louis Saillant (CGT), Gaston Tessier (CFTC), André Mercier (PCF), André Le Troquer (SFIO), Marc Rucart (Radicaux), Georges Bidault (Démocrates-Chrétiens : centre gauche), Joseph Laniel (Alliance Démocratique : droite modérée et laïque) et Jacques Debû-Bridel (Fédération Républicaine : droite conservatrice et catholique). Debû-Bridel, député, puis sénateur, finira chez les gaullistes de gauche, quant à Joseph Laniel, Président du Conseil en 1954, c’est Diên-Biên-Phu qui provoquera la chute de son gouvernement.
Parlons aussi du « Gouvernement Provisoire de la République Française » (GPRF), présidé par de Gaulle à la Libération : Pour l’histoire officielle, un gouvernement de coalition. Mais il suffit de voir à qui sont confiés les grands ministères : ministre de l’Armement : Charles Tillon (PCF), ministre du Travail : Ambroise Croizat (PCF), ministre de la Production industrielle : Marcel Paul (PCF) ; Ministre de l’Économie : François Billoux (PCF). Les socialistes seront également bien lotis : ministre de l’Intérieur : Adrien Tixier (SFIO), ministre de l’Agriculture: Tanguy Prigent (SFIO), ministre des Transports et Travaux publics : Jules Moch (SFIO), ministre des PTT : Eugène Thomas (SFIO).
André Malraux aura (déjà !) le ministère de la culture. Vincent Auriol (SFIO) sera ministre d’Etat, tout comme le déserteur Maurice Thorez (PCF). Avant de le renvoyer en France, Staline aurait demandé à de Gaulle « Ne le fusillez pas tout de suite ». De Gaulle en fera un ministre d’Etat…
Et puis, quand la 4ème République s’enlise dans le conflit algérien (7), un véritable coup d’Etat ramène aux affaires « l’ermite de Colombey » après sa longue traversée du désert. Le putsch – car il s’agit bien de cela ! – du 13 mai 1958 est monté par les gaullistes mais la droite nationale s’y associe, persuadée que de Gaulle est le garant de l’Algérie française. Même l’UDCA de Pierre Poujade, qui n’est au Parlement que depuis 1956, se fait rouler dans la farine.
« De Gaulle, c’est l’Empire ! » disait-on à l’époque. On sait, depuis, ce qu’il en a fait !
En 1968, de Gaulle reviendra chercher la droite nationale pour sauver le régime. Et celle-ci marchera encore puisqu’on lui promet, en échange de son soutien, l’amnistie totale des partisans de l’Algérie française (et la libération de ceux qui sont encore en prison).
Passons à 1974. Georges Pompidou est mort. La « droite-cachemire » s’entiche de Giscard dit « d’Estaing » (8) et une partie de la droite nationale se fait encore avoir. Giscard entendait « vider le programme commun de son contenu » et prétendait que « deux Français sur trois (aspiraient) à être gouvernés au centre ».
Libéral en matière de mœurs, on lui doit entre autres :
– L’entrée au gouvernement de ministres de gauche, lesquels, fidèles à leurs convictions, ont fait une politique… de gauche.
– La légalisation de l’avortement, qui depuis 1975, à raison de 240 000 avortements annuels, aura assassiné légalement plus de 9 millions de petits Français.
– Le « regroupement familial » qui remplaçait une immigration de travail et qui est à l’origine de l’invasion afro-maghrébine incontrôlée que nous subissons aujourd’hui.
Depuis Giscard, la France n’a plus jamais connu un budget en équilibre.
C’est le même Giscard qui, en 1975, créait le G7 et expliquait aux pays industrialisés que les peuples ne supportant plus l’hyper fiscalité, il fallait les culpabiliser avec le réchauffement climatique et les taxer au nom de l’écologie. Depuis, l’écologie « punitive » fonctionne à plein régime !
On pourrait aussi parler du cataclysme de 2002, quand la France pétocharde se jetait dans les bras de Chirac par peur de la « peste brune » incarnée par Le Pen. Ou encore, de 2007 où Sarkozy se faisait élire par des voix de droite pour faire aussitôt le contraire de son programme (et confier des ministères à des socialistes qui, TOUS, lui tiraient dans le dos quelques années plus tard).
Je ne reviendrai pas sur le coup d’Etat sans violence qui a amené Macron au pouvoir, sinon pour signaler que quelques imbéciles, à droite, ont fondé des espoirs sur ce président « jupitérien ».
Pourquoi la droite française est-elle « la plus bête du monde » (9) ?
D’abord parce qu’elle est sensible aux accusations (fausses) dont on l’accable. Elle a très peur, par exemple, de s’avouer « nationaliste ». On la culpabilise à coup de formules creuses.
Romain Gary a utilisé une tirade célèbre, reprise plus tard par de Gaulle : « Le Patriotisme, c’est l’amour de sa patrie ; le Nationalisme, c’est la haine de l’autre ». Pour Mitterrand et l’ineffable BHL, la bonne conscience dépoitraillée des plateaux télé : « Le Nationalisme, c’est la guerre ! »
Dans les médias, personne ne fait remarquer que le National-socialisme et le Fascisme italien, tous deux athées, sont des émanations de gauche.
Durant la seconde guerre mondiale, deux états ont fermement refusé d’entrer dans la guerre, et d’alourdir la facture (presque 50 millions de morts) : L’Espagne franquiste et le Portugal de Salazar. Le National-syndicalisme espagnol – hérité de Primo de Rivera – étant assez proche du Nationalisme chrétien de Salazar, c’est Franco qui a convaincu son voisin de rester neutre.
Alors, « le Nationalisme, c’est la guerre ! » ?
On pourrait aussi considérer que, pas sa volonté sourcilleuse et autarcique d’indépendance, la Suisse est un pays un brin « nationaliste », or, depuis que François 1er a sévèrement battu les Suisses à Marignan (1515), ils n’ont plus jamais fait la guerre : ils sont neutres depuis 500 ans !
La gauche, depuis toujours, accepte les voix de droite, mais uniquement pour gagner les élections et imposer ses « avancées sociétales », belle formule en langue-de-bois, qu’on pourrait traduire, en Français, par « dépravation des mœurs » (ou « délitement de la société » ?).
Quand la droite aura compris qu’il lui faut revenir à ses valeurs, se battre pour ses idées et couper les ponts avec les centristes, qui ne sont jamais que des transsexuels politiques, alors, peut-être aura-t-elle des chances de revenir au pouvoir. Eric Zemmour a compris ça, et il ose le dire !
Je conclurai par deux citations de Charles Maurras : « Tout désespoir en politique est une sottise absolue ».
Or en matière de sottise, la droite, NOTRE droite, en connaît un rayon !
Il a dit aussi : « nous devons être intellectuels et violents », donc n’ayons pas peur d’affirmer nos valeurs et de défendre nos idées. Qu’importe, après tout, qu’on nous classe à l’extrême droite !
Éric de Verdelhan
5 octobre 2021
1)- L’honnêteté m’oblige à rappeler que 17 députés sont morts au Champ d’Honneur durant la Grande Guerre (il y avait à l’époque, en France, 701 députés et sénateurs)
2)- « Histoire critique de la Résistance » de Dominique Venner; Pygmalion; 1995.
3)-« Histoire de la Collaboration » Pygmalion ; 2000.
4)- « La droite était au rendez-vous » Laffont; 1985.
5)- « Le patriotisme des Français sous l’occupation » sous la responsabilité de F-G Dreyfus; Editions de Paris; 2000.
6)- Mort en héros pendant son transport vers l’Allemagne.
7)- C’est le socialiste Guy Mollet qui enverra le contingent en Algérie.
8)- Son père, le banquier Edmond Giscard, a acheté sa particule en…1929.
9)- La formule est de Guy Mollet.
L’analyse sur la « neutralité » espagnole est tout à fait contestable : certes, Franco était neutre vis à vis des anglo-saxons, mais en guerre avec l’URSS. 40.000 soldats espagnols combattaient en Russie, c’est au-delà du symbolique. Il faudra toute l’insistance de Pie XII, excellent géopolitologue, comme tous les papes, pour persuader Franço de rapatrier ses soldats de Russie pendant l’été 42.
Tout est dit est bien dit. BRAVO et merci.
Excellente analyse. Tout est dit, notamment sur les fiottes de droite et les escrocs de gauche (elle tranche avec ce qui est écrit dans wikipédia sur 1940…)
Mais en ce qui concerne Zemmour, le doute m’étreint…Il a cependant l’avantage d’instruire les gens sur l’histoire et de faire réfléchir (sauf les poulets sans tête) sur des faits bien réels.
Mais j’ai quand même un doute vu ses origines par apport aux banquiers internationaux.
Je lui préfère Philippe de Villiers, même s’il reste pour l’instant à l’écart, et je verrai même Zemmour plutôt comme son premier ministre.
Quant à Marine Le Pen, elle fait simplement carrière et profite ou profiterait du système. Son côté têtu est l’espoir de Micron sui veut lui remettre sa raclée.
Je partage tout à fait votre analyse !
J’ai soutenu Jean-Marie Le Pen puis Marine Le Pen mais je considère qu’actuellement son évolution montre la trahison de nos engagements et la prétendue normalisation du rassemblement national est une escroquerie politique ! Médecin hospitalier et sur le plan militaire colonel de réserve, je me revendique de » l’extrême droite »qui seule lutte pour la survie de la France.