CENSURE ET TOTALITARISME (L’Imprécateur)

« Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs ».

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais 

 

 

La question évoquée dans cet article devrait, chers lecteurs, vous éclairer sur les différences subtiles existant entre dictature et totalitarisme. C’est important car glisser de l’une à l’autre pourrait bouleverser votre vie.

J’ai été dans ma jeunesse un étudiant assidu, mais très critique avec mes professeurs. C’est l’un d’eux, André Philip, ex-ministre socialiste dans le gouvernement de Gaulle, enseignant l’Histoire des faits économiques et sociaux à la Faculté de droit de Paris 1, qui m’a permis de découvrir les deux, dictature et totalitarisme, après que j’aie critiqué sa façon d’expliquer les différences entre socialisme, capitalisme et libéralisme.
« Une seule façon de le comprendre : trouver un stage dans trois pays qui vous semblent correspondre à ces idéologies » m’avait-il dit.

Premier été, un camp de travail agricole pour étudiants en Allemagne de l’Est. Pays communiste, dirigé par Arthur Honecker. L’ambiance correspondait exactement à celle décrite dans la citation de Beaumarchais : détestable. Au bout d’un mois, je suis expulsé pour avoir lors du cours de marxisme obligatoire tous les soirs, observé qu’il est facile de critiquer les accidents de voiture en France quant en RDA aucune famille n’a les moyens d’en acheter une et que la circulation se limite aux voitures de la police, des officiers de l’armée et des hauts fonctionnaires (que j’avais constaté en passant à Berlin Est).

Deuxième été, stage dans une entreprise forestière au Portugal, pays à l’économie libérale, dirigé par le dictateur Antonio de Oliveira Salazar. À notre arrivée, le directeur réunit les stagiaires pour leur dire : « Quand vous sortirez, soyez attentifs à ne prendre aucune position politique si vous parlez avec des Portugais ».
Pour le reste, séjour très instructif et agréable.

Troisième été, encore une entreprise forestière, mais au Canada, pays capitaliste et démocratique. Dès le premier jour, le directeur constate que j’ai de l’expérience en coupe d’arbres et me nomme chef d’équipe, salarié et syndiqué (au Canada c’est obligatoire) ; à la fin du premier mois j’ai pu acheter une Plymouth d’occasion…

J’avais bien compris la différence entre socialisme, libéralisme  et capitalisme, mais le plus important est que j’ai compris aussi la différence entre dictature et totalitarisme.

Salazar était un dictateur, Honecker un totalitariste.

Les dictateurs sont excessivement autoritaires, ils veulent un peuple obéissant, mais ils ne cherchent pas à contrôler les pensées du peuple et finissent toujours par disparaître.

Salazar parce qu’il était, comme Biden aujourd’hui, atteint de sénilité. Même Pinochet avait organisé des élections. Il avait pris le pouvoir parce qu’il ne supportait pas de voir des communistes au pouvoir, mais il respectait la démocratie.

Voir en France Emmanuel Macron glisser sournoisement de la dictature au totalitarisme m’inquiète.
Voici pourquoi…

 

MACRON A INVITÉ EN FRANCE LA GRANDE SPÉCIALISTE MONDIALE DE LA CENSURE

On connaît les grands lanceurs d’alerte, Snowden, Assange, Manning ou James Dune, on ne sait pas grand-chose de Frances Hagen (photo ci-contre). Et pourtant, c’est elle que Macron a invité à s’exprimer lundi 10 novembre devant les députés à l’Assemblée Nationale. Ancienne employée de Mark Zuckerberg, elle a tenté d’obtenir sa démission pour le remplacer à la tête de Facebook, mais a heureusement échoué car son ambition était de transformer Facebook en machine à censurer, comme s’il ne l’était pas déjà suffisamment.

Elle prêche « l’hygiénisme démocratique par un statut de l’information » pour éradiquer les lanceurs d’alerte actuels et censurer énergiquement  la presse qui ose contester ou critiquer la parole divine de l’autorité au pouvoir, qu’il s’agisse de Biden, Poutine, Xi Jinping ou Macron. 

Elle préconise en Europe un Digital Act européen (ou Digital Services Act,  DSA), une législation du numérique « qui mettra fin à l’irresponsabilité des géants du numérique« . 

Elle veut aussi « donner aux usagers des instruments juridiques efficaces pour lutter contre les diseurs de haine et leurs auteurs« .

À QUOI POURRAIT ABOUTIR CE PROGRAMME ULTRA MARXISTE AVEC MACRON ?

D’abord, en quoi est-il marxiste ?

Pour Karl Marx, il s’agissait de s’opposer au socialisme, jugé utopiste voire bourgeois ou réactionnaire, et d’expliquer l’avènement d’une société juste après la victoire du prolétariat dans la lutte des classes. Beau projet, mais qui a partout échoué, il n’y a plus guère que la Chine communiste et Cuba pour y croire et la Chine montre actuellement les signes d’un effondrement proche : restrictions alimentaires, manque de matières premières, mesures de confinement, critiques au cœur même du PCC contre Xi Jinping, etc.

Et la cause principale de l’échec du marxisme a partout été son intolérance pour toute autre pensée que communiste
.

Et cette intolérance à toute idéologie, religion, philosophie, pensée politique autre que celle qui est au pouvoir est l’axe central de la pensée de Frances Hagen. Et c’est ce qui a séduit Emmanuel Macron dans Frances Hagen (car on se doute bien que ce ne sont pas ses rondeurs).

Le 18 janvier 2019 à Souillac, minuscule commune de 3 200 habitants dans le Lot, Macron a repris presque mot pour mot dans son discours en présence du maire et sa poignée d’adjoints la phrase suivante, le leitmotiv de F. Hagen : « il faut créer en France une hygiène démocratique  du statut de l’information« .
Le principe de  base de l’hygiène est de nettoyer la saleté pour restaurer la santé, Ainsi, pour Macron comme pour Hagen, critiquer, protester, proposer une autre voie qui sont un droit élémentaire des citoyens et un devoir de l’opposition, sont des saletés.
La question est de savoir de quel côté se trouve la saleté quand Transparency International classe la France au 23ème rang de l’OCDE pour la corruption de son administration et de ses gouvernants.

QUELLES CONSÉQUENCES  PRATIQUES ?

Dans les conséquences pratiques il y en a une, politique : Macron, avec le Digital Services Act tient l’une des lois (ou règlement) dont il tentera d’imposer le vote et la mise en application à Madame Van der Leyen et au Parlement Européen dès qu’il en sera président (provisoire, le 1er janv. 2022) de l’Europe.

Avoir le pouvoir de réglementer Facebook, Google, Twitter, etc. et donc d’avoir à sa botte Zuckerberg (Facebook), Sundra Pichaï (Google), Jeff Bezos (Wikipedia) et les autres le fait jouir.

Cela lui permettra aussi d’imposer en France toute une série de lois limitant voire interdisant la liberté de penser et de publier, pourtant prévue dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :

 » Tout individu a droit a la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Mais les Droits de l’Homme, la Constitution, les Lois, Macron s’assoit dessus depuis cinq ans, alors une fois de plus…

Cela engorgera les tribunaux si le premier « usager » venu peut accuser de haine Mélenchon, Bertrand, Zemmour ou Le Pen.

Et le nombre des procès auxquels ceux-ci devront faire face pourrait les contraindre à se taire, ce qui ouvrirait une voie jupitérienne à Macron pour se faire réélire, même avec un score encore plus ridicule que celui du premier tour de la présidentielle de 2017 (19 %).

QUELLES CONSÉQUENCES THÉORIQUES ?

Théoriquement, la crise Covid a permis à Emmanuel Macron d’expérimenter le processus de manipulation des masses par la peur enseigné à l’ENA (*). Cela aide quand on a des dispositions de dictateur.

Utiliser ce processus pour imposer, comme le fait la Chine communiste, un contrôle social global de la population, signe le franchissement de la frontière séparant la dictature du totalitarisme.

Quand l’opinion privée exprimée sur les réseaux sociaux, la presse et les autres médias – que cela concerne la politique, l’économie, les arts, la culture ou quoi que ce soit d’autre – est sous contrôle étroit du gouvernement ou d’un dictateur qui impose des lois stricte et un contrôle qui n’est plus seulement exercé par des fonctionnaires (fisc, gendarmerie, police…) mais aussi par n’importe quel citoyen (restaurateur, barman, hôtesse…) et des machines dépourvues de toute capacité d’appréciation (radars routiers, lecteur de QR code…), comme déjà cela se passe en France, on entre en totalitarisme.

Macron voudrait, pour instaurer le « crédit social », y ajouter la reconnaissance faciale ; il a récemment reçu à l’Elysée le meilleur spécialiste chinois de la question et subventionné la société française Idemia, fabricant du matériel nécessaire. 

Quand  on en est arrivé à ce point on est passé en régime totalitaire. Et c’est bien ce que fait Emmanuel Macron.

L’Imprécateur
7 novembre 2021

* J’ai vérifié le programme de l’ENA, cela s’appelle « gestion d’un petit groupe », « gestion d’une assemblée », etc.