LE 21 JANVIER 1793 : LA FRANCE GUILLOTINE SON ROI ( Eric de Verdelhan )

                                              

« Prenons-y garde, nous aurons peut-être un jour à nous reprocher un peu trop d’indulgence pour les philosophes et pour leurs opinions. La philosophie du siècle a une arrière-pensée. »

                                                                                    (Louis XVI, lettre à Malesherbes, 13 décembre 1786).

Louis XVI - Encyclopédie de l'Histoire du Monde

« La démocratie est un Etat où le Peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut pas faire lui-même… »

(Maximilien  Robespierre).

                                                                                                          Arras : un projet de musée dédié à Robespierre, figure controversée de la Révolution Française

 

 

Le 21 janvier 1793, rompant avec presque deux millénaires de tradition monarchique, la France guillotinait son Roi, rompant ainsi le lien sacré entre Dieu et le Roi, puis entre le Roi et son peuple. C’est davantage au monarque « de droit divin » et à la religion catholique que s’attaquaient les esprits instruits en Loges maçonniques.

Les auteurs des basses œuvres, les braillards avinés, ceux qui rêvaient d’égorger « le gros Capet et sa putain », ceux qui promenaient la tête ensanglantée de la Duchesse de Lamballe sous le nez de son amie Marie-Antoinette, étaient instrumentalisés par des bourgeois, des publicistes et des avocats francs-maçons qui avaient su attiser leur haine du Trône et de l’Autel.

Tout ceci avait commencé avec la Constitution civile du clergé et ses « curés-jureurs », le 12 juillet 1790. Puis le mouvement s’est accéléré jusqu’à la mort du « gros Capet » qui n’était déjà plus monarque de droit divin depuis des mois.

Selon Michelet, « la Révolution est un tout » et ce tout est devenu le marqueur idéologique des générations d’après-guerre, bien formatées, bien intoxiquées, par des historiens, des médias et une éducation – dite « nationale » – très majoritairement de gauche voire d’extrême-gauche. 

Pour moi, l’histoire de France commence avec le baptême de Clovis, en 496, mais je respecte la pluralité d’opinions : il ne me gène pas que certains situent sa naissance en 1789, avec la victoire des Loges maçonniques sur la Monarchie ; cette Franc-maçonnerie dont la République a d’ailleurs adopté la devise « Liberté. Egalité. Fraternité. ».

Mais, en revanche, j’aimerais que les suppôts de la Révolution fassent preuve, de temps en temps, d’un minimum d’honnêteté intellectuelle et qu’ils arrêtent surtout de nous raconter des sornettes. Or, récemment, sur une chaîne de télévision, un pseudo historien dont j’ai oublié le nom déclarait qu’en fuyant à Varennes (le 20 juin 1791), le Roi Louis XVI avait signé son arrêt de mort.

 

C’est une contrevérité, car, en fait, le Roi n’avait plus d’autre issue que la fuite.

Combien de fois, en effet, faudra-t-il répéter que les révolutionnaires de 1789 voulaient d’abord, voulaient surtout, détruire le Catholicisme et la Monarchie de droit divin ?

Le Roi Louis XVI avait été contraint de quitter Versailles pour Les Tuileries, mais, dès le mois d’octobre 1790, l’application de la « Constitution civile du clergé » allait mettre le feu aux poudres.

Le 27 novembre, quand l’Assemblée obligea le clergé à prêter serment de fidélité à la Nation, une guerre religieuse éclata. La France se divisait en deux : pour ou contre les « curés-jureurs ». En Alsace, en Flandre et dans l’Ouest, les « jureurs » furent chassés à coup de fourche par les paysans.

 Ailleurs on interdit le culte aux réfractaires ; le pape en était indigné !

Le lendemain de Noël 1790, se fut l’émeute devant les Tuileries. Pour éviter de faire couler le sang, Louis XVI, profondément chrétien, signa le décret de Constitution civile la mort dans l’âme. Puis il tomba malade. Se pensant en état de péché mortel, il n’arrivait pas à dissimuler son aversion pour les « prêtres-jureurs » et les exclut de son service, et même de son entourage.

Aussitôt, Marat, dans son journal « L’ami du peuple », écrivit que Louis XVI était un ennemi de la Révolution et qu’il jouait un double jeu, avec l’intention de s’enfuir. L’approche de Pâques allait obliger le Roi à choisir son camp. Le dimanche des Rameaux, il assista à une messe célébrée par le Cardinal de Montmorency qui avait refusé de prêter serment. Le lendemain, 18 avril, la famille royale s’apprêtait à se rendre à Saint-Cloud pour y passer l’été, comme l’année précédente. Marat et Camille Desmoulins dénoncèrent ce départ comme une tentative de fuite à l’étranger. D’autres affirmèrent que le Roi allait à Saint-Cloud pour y faire des Pâques non conformes à la Constitution civile. Dans les deux cas, on criait à la trahison.

Louis XVI en carrosse, escorté de dragons jusqu'aux Tuileries pour  comparaître devant la Convention Nationale, 11 décembre 1792. Estampe  Nº179, p.522 du Journal des Révolutions de Paris, des 8-15 décembre 1792. |  Paris MuséesDès le matin, une foule échauffée par des meneurs (souvent déguisés en femme) entoura le palais. A midi une marée humaine bloquait carrément le carrosse royal. Lafayette ordonna aux Gardes Nationaux d’intervenir mais ceux-ci refusèrent d’obéir.  

« Il serait étonnant, dit le Roi en passant la tête par la portière, qu’après avoir donné la liberté à la Nation, je ne fusse pas libre moi-même ».

Des bordées d’injures lui répondirent.

C’était la première fois qu’on faisait des offenses publiques au Roi.

Lafayette lui proposa d’employer la force mais le Roi refusa qu’on fasse couler le sang des émeutiers et des Gardes Nationaux. Après deux heures, bloqué dans son carrosse sous les injures, il se résolut à renoncer au voyage à Saint-Cloud.

« Il n’est pas possible que je sorte ? Et bien je vais rester » dit-il.

La Reine ajouta en pleurant :

« Vous avouerez que nous ne sommes plus libres ».

Et effectivement la famille royale était prisonnière. La tentative d’évasion était inéluctable.

Très mal préparée, elle prit fin à Varennes. Il ne restait plus aux révolutionnaires qu’à tuer physiquement le Roi puis la Reine, car la Monarchie de droit divin, elle, était déjà morte !

Le jour de Noël 1792, le Roi Louis XVI rédigea son testament, un texte magnifique dont je vous livre quelques extraits qui résument la grandeur d’âme du monarque :

  « Au nom de la très sainte Trinité, du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi Louis, seizième du nom, Roi de France, étant depuis quatre mois renfermé avec ma famille dans la Tour du Temple (…) n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et sentiments. » Après avoir confirmé qu’il meurt dans l’union de l’Église catholique, apostolique et romaine, il demande à Dieu de lui pardonner ses péchés et, à défaut du confesseur qu’on lui refuse, de recevoir son repentir. « Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner(…) Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang (…) je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi ; de les soutenir par sa grâce, s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable. »

Puis il s’adresse au Dauphin :

« Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu’il doit oublier toute haine tout ressentiment, et nommément ce qui à rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve ; qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en régnant suivant des lois : mais qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire; et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. »

Il fait là un retour sur son propre comportement politique et sur ses faiblesses.

Il recommande également au Dauphin de se souvenir, en cas de restauration ultérieure de la royauté, de ceux qui sont morts à son service et de leur famille, de récompenser les fidèles et de pardonner aux ingrats, voire à ceux qui ont trahi la cause de la monarchie. Parmi ceux qui lui sont restés attachés, il nomme ses trois défenseurs (Malesherbes, Tronchet et Raymond de Sèze).

  Puis il conclue :

« Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur cœur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser ! (…) Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »

Ce testament royal devrait figurer dans les manuels d’histoire mais on préfère laisser croire aux jeunes générations que Louis XVI affamait son peuple et qu’il méritait la mort.

Dans notre vision binaire des choses – d’un côté le bien, de l’autre le mal absolu – qui pourrait, par exemple, contester la citation de Robespierre en entête de cet article ? Assurément personne ! Elle est suffisamment démagogique pour rallier tous les suffrages. 

Mais que disait le même Robespierre, ce fou-furieux, en septembre 1793 ?

« Le ressort du gouvernement populaire est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ».

La Terreur fut mise à l’ordre du jour le 5 septembre 1793. Le 17, la Convention vota la « loi des suspects » pour mettre hors d’état de nuire les « ennemis de la Révolution » ou supposés tels.

Cette loi infâme permettait de poursuivre « tous ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs écrits, se montrent partisans du fédéralisme et des ennemis de la liberté. » Autant dire que n’importe qui pouvait être suspecté. En quelques semaines les prisons étaient pleines. La guillotine – le « rasoir national » – se mit à fonctionner en permanence.

Le tribunal révolutionnaire fut vite débordé ; on fit appel à une justice plus expéditive et à un accusateur public tristement célèbre : Antoine Fouquier-Tinville.

« Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

dira Manon Roland en montant sur l’échafaud, le 8 novembre 1793.                                                                                 

La seule morale de cette période funeste c’est que la plupart de ces salopards : Desmoulins, Danton, Westermann, Carrier, Fabre d’Eglantine, Olympe de Gouges, Robespierre, et quelques autres dont Fouquier-Tinville, finiront eux-aussi sur le « rasoir national ».

Marat, lui, sera poignardé dans sa baignoire où il barbotait dans sa pourriture (1).

Notre époque est – fort heureusement ! – moins violente. Souhaitons qu’elle le reste mais je n’en suis pas certain, hélas ! Macron, à force d’attiser la haine de nos anciens colonisés en nous accusant de  « crimes contre l’humanité »; en affirmant que nous aurions pillé et appauvri l’Afrique ; en jouant la carte d’une population issue de la « diversité », devenue française par le regroupement familial et/ou le « jus soli »(2), au détriment des Français de souche ; en affichant ouvertement, comme il l’a fait lors de la « fête de la musique » en 2018, sa préférence pour l’allogène sur le « mâle blanc », joue un jeu dangereux, celui du pompier-pyromane.

Marionnette du Nouvel Ordre Mondial, il utilise l’immigration comme troupe de manœuvre en vue d’un « remplacement de population » qu’il pense irréversible, mais cette troupe – de plus en plus nombreuse, de plus en plus agressive, de plus en plus incontrôlée (car incontrôlable !) – pourrait un jour se retourner contre son pouvoir.

En ce 21 janvier, ayons une pensée, ou mieux une prière, pour le bon Roi Louis XVI, victime de la furie révolutionnaire. Et puis rien ne nous interdit de lever notre verre, de chanter « La Royale » ou de pousser un retentissant « Mort à la Gueuse et vive le Roi ».

In memoriam.

Éric de Verdelhan

25 décembre 2022

           

1)- Il souffrait d’une maladie de peau : il était donc aussi pourri physiquement que moralement.

2)- Le droit du sol, cette ineptie qui voudrait nous faire croire qu’une vache née dans une écurie serait un cheval.   

  

 

2 Commentaires

  1. Et pourquoi Olympe de Gouges fait-elle partie de la liste des »salopards » ? N’avait-elle pas défendu le roi ? A moins que je ne me trompe sur la construction de la phrase …

  2. Ah oui ça tombe bien ..la date….. mais aujourd’hui ce n’est que par virtuel.C’est symbolique. Le jeudi cependant ce n’était que le 19.Le roi a eu de la chance à deux jours prés.

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