« Une société sans aristocratie et où tout se ferait par le vœu de la majorité retournerait à la grossièreté. »
(Robert Poulet)
Pourquoi cette citation en tête de mon article ? Juste pour rappeler que la majorité n’a pas toujours raison, que le poncif « un homme, une voix » est une ineptie et que la démocratie grecque, celle de Solon entre autres, était basée sur un scrutin censitaire. Avec le dossier des retraites, notre « démo-crassie » digne d’une république bananière, est en train de montrer ses limites : on s’insulte au Parlement, on bafouille au Gouvernement, on cafouille au Sénat, et les syndicats – rouges ou roses – prennent les travailleurs en otage. Quant à l’avorton présidentiel, il promet des milliards à quelques états africains « et en même temps », il explique aux Français qu’il va manquer quelques milliards pour financier nos retraites (1). Macron méprise le peuple et ne s’en cache même pas !
Nous assistons à un spectacle pitoyable : les gens qui ont réélu Macron par peur de Marine Le Pen sont ceux qui défilent aujourd’hui dans les rues, alors que le projet de réforme des retraites était annoncé durant la campagne présidentielle. Si ces gens avaient un minimum de dignité et d’honnêteté intellectuelle, ils devraient adopter un profil bas et assumer leur vote. Et que penser des « Républicains », qui étaient favorables à la retraite à 65 ans avec Fillon et sont contre la retraite à 64 ans avec Macron ? Ne cherchez pas de logique, de cohérence, de bon sens, de maturité politique, de sens des responsabilités, d’intérêt de la nation, dans tout ça, il n’y en a pas !
Les gauches « bordélisent » le pays, pour reprendre l’expression du ministricule Darmanin, et la droite molle fait le grand écart pour assurer sa survie. De son côté, Marine Le Pen se présente en bonne élève du Parlement et racole en tenant des propos démagogiques en vue de 2027.
La classe politique, dans son ensemble, donne une image lamentable du fonctionnement des institutions de la V° « Ripoux-blique » qu’on ne cessait pourtant de citer en exemple (2).
Ce fichu pays n’a plus aucune tenue, plus de tripes, plus de courage, plus de « burnes ». Il est devenu un conglomérat d’enfants trop gâtés et de lopes émasculées. Bien sûr, il existe encore des gens dignes, honnêtes, travailleurs, des gens droits tout simplement. Ils sont encore majoritaires dans le pays mais ils subissent le diktat des minorités et sont attaqués et parfois trainés devant les tribunaux quand ils osent dénoncer les abus du système ou sortir de la doxa officielle.
Comme je m’y attendais, mon précédent article sur la retraite m’a valu des critiques acerbes mais je dois avouer que ça m’amuse : j’aime bien afficher un « non-conformisme » revendiqué et totalement assumé. L’écrivain Michel de Saint-Pierre a écrit (au sujet de Léon Daudet) :
« Il existe une tournure d’esprit que l’on nomme le « non-conformisme » et qui se résume à recevoir toutes les influences, sans en subir aucune – ne pas lever le doigt mouillé de la prudence, pour savoir d’où vient le vent – à traverser les fleuves de la vie sans jamais se préoccuper du sens du courant – à traiter les gens en place, les gens au pouvoir, les gens titrés, décorés, cravatés, le percepteur et le chef d’état, exactement de la même manière qu’on traite les autres humains… A ne jamais renoncer à l’orgueil savoureux d’être sincère; au plaisir délicat et profond d’être juste ; à la volupté de plomber les cuistres et de saluer les héros. Et surtout… à choisir jusqu’au bout l’air que l’on respire, les mots que l’on dit et les mains que l’on serre… »
Sans fausse modestie, cette tirade définit assez bien mon mode de fonctionnement.
Un lecteur me déclare que :
« c’est facile de vanter le travail quand on a une bonne situation et qu’on est son propre patron ; pour le salarié, c’est autre chose… ».
Et bien, je m’inscris en faux contre cette allégation mais je conviens que se comporter en homme libre est plus difficile quand on est salarié. Pour ma part, durant toute ma carrière, je me suis comporté en électron libre. Ce n’est pas, je l’avoue, le meilleur moyen de devenir riche mais :
a) – On évite, au pire, de se prostituer, au mieux de se renier. On garde une certaine intégrité morale.
b) – On est jugé uniquement sur son travail, pas sur sa capacité à flagorner ou à « cirer les pompes ».
c) – On se fait une réputation d’« incorruptible » qui, si elle se double d’un franc-parler et d’un sale caractère, vous assure une relative tranquillité. On vous apprécie ou… on vous craint.
Je suis convaincu qu’on peut parfaitement s’épanouir dans son travail, y trouver une certaine liberté, même en étant salarié, mais il faut pour cela adopter quelques règles indispensables à sa survie. En premier lieu, faire sienne la devise du « Roi Jean » de Lattre de Tassigny « ne pas subir » ; ensuite accepter de prendre des risques, fuir la routine ; et si nécessaire, accepter la mobilité.
La vie n’est pas « un long fleuve tranquille » et ceux qui n’ont pas compris ça adoptent ce que Charles Maurras appelait « la politique du chien crevé qui suit le fil de l’eau ». Ceci ne veut pas dire qu’il faut systématiquement coller aux modes et aux tendances du moment, car comme disait le philosophe Gustave Thibon « être dans le vent c’est une ambition de feuille morte ». Le départ en retraite est une étape de la vie qu’il faut prendre avec philosophie, car, comme la mort, elle est inéluctable.
A en croire certains commentateurs, le travail serait une sorte d’esclavage et la retraite un accès au paradis terrestre. Je sais bien qu’il existe des métiers pénibles, des patrons sans cœur, des gens qui exploitent leurs salariés et les paient au lance-pierre, mais de grâce, ne généralisons pas !
Notre système de retraite est foncièrement injuste car il est boiteux depuis sa création.
Je rappelle que notre « retraite par répartition » n’est pas une invention française. On la doit à un Prussien, Otto Van Bismarck. Ce dernier aurait, dit-on, demandé à ses conseillers l’âge moyen des décès dans son pays. Il était, à l’époque, inférieur à 65 ans ; Bismarck fixa donc l’âge de la retraite à… 65 ans pour que ça ne lui coûte rien. En France, la retraite par répartition a été mise en place à la Libération. Elle émanait, comme tant d’autres mesures sociales, du « Gouvernement Provisoire de la République Française » (GPRF), présidé par de Gaulle. Depuis, on s’ingénie à nous vendre que le GPRF était « un gouvernement de coalition ». En réalité, il suffit de voir à qui furent confiés les grands ministères : ministre de l’Armement : Charles Tillon (PCF), ministre du Travail : Ambroise Croizat (PCF), ministre de la Production industrielle : Marcel Paul (PCF) ; Ministre de l’Économie : François Billoux (PCF). Les socialistes seront également bien lotis avec six ministères. Vincent Auriol (SFIO) sera ministre d’État, tout comme le déserteur Maurice Thorez (PCF). Avant de le renvoyer en France, Staline aurait demandé à de Gaulle « Si possible, ne le fusillez pas tout de suite ». De Gaulle lui confiera un ministère régalien car, par peur de la guerre civile, il était l’otage des communistes. Les anciens maquis FTP (3) étaient encore armés jusqu’aux dents.
C’est également à la Libération qu’on autorisera les centrales syndicales « représentatives au niveau national » – dont la CGT communiste – en raison de « leur attitude sous l’Occupation »
1946, c’est le début des nationalisations, la création des comités d’entreprise, la mise en place de la Sécurité Sociale, etc…Et c’est aussi une période bénie pour les organisations syndicales, ouvrières et patronales, qui vont être chargées de la « gestion paritaire » des caisses de retraite, doux euphémisme pour dire que les rats vont se partager le fromage. Il y a, je crois, 42 caisses de retraite en France. La « Sécu », l’assurance chômage et la retraite sont gérées paritairement.
En fait, aujourd’hui, les rats se battent pour la croute du fromage !
Je ne suis pas convaincu que la retraite par répartition soit le meilleur des systèmes et je pense – bêtement sans doute – que sans la démagogie socialiste de 1981, nous serions restés à une retraite à 65 ans mais, pour ce faire, encore eut-il fallu que les entreprises ne fassent pas tout pour pousser dehors les séniors, car le vrai problème est là, pas ailleurs !
Je suis totalement contre la réforme actuelle mais je ne descendrai pas dans la rue pour défiler avec des syndicats de gauche, responsables, eux aussi, de cette situation. D’ailleurs, la plupart des syndicats sont européistes forcenés, or on sait pertinemment que Bruxelles œuvre pour une retraite « européenne » uniforme à 65 ou 67 ans. « L’Europe sociale » les fait rêver !
Sandrine Rousseau invoque « le droit à la paresse » pour plaire à une partie de la génération montante qui a totalement perdu le goût du travail (et du travail bien fait). Combien de fois faudra-t-il dire et répéter que c’est le travail qui crée de la richesse et que l’assistanat à des limites ?
A votre avis, qui va payer le « quoi qu’il en coûte » de Macron ?
Éric de Verdelhan
12 mars 2023
1) Et ne parlons pas, ou plutôt parlons-en, des milliards donnés à l’Ukraine… à fonds perdus.
2) Alors que la Constitution de la V° République a été faite sur mesure par Debré pour de Gaulle. J’ai eu l’occasion, jadis, dans un mémoire de 3ème cycle, de dénoncer ses faiblesses, qui sont nombreuses.
3) FTP : Franc Tireur Partisan, maquis d’obédience communiste.
Toujours aussi excellent, cher Monsieur Eric de Verdehlan !
Je vous ferai cependant remarquer, sans le moindre sentiment négatif à votre égard, que la Couronne, style galette des rois et champagne pour les nantis, mousseux pour la plèbe et gueux, n’a pas sa place sur le crâne du bonimenteur Macron, car les Rois de la France avaient pour devoir en tant que seuls Rois Chrétiens d’Europe à être oints prêtre le jour de leur Sacre – étant donné le statut de Fille Aînée de l’ Église qu’ avait institué le Vatican à notre Belle France, et de perpétuer le « mystère des écrouelles » par imposition des mains, comme le Christ l’avait fait en son temps terrestre, qu’en conséquence Sa Majesté devait lors exécuter sur les malades massés en son palais à chaque anniversaire de son accession au Trône Royal, afin de soulager, voir guérir, les gens du petit peuple atteints de cette maladie, une imposition des mains sur leurs « scrofules » localisées au cou, mortelles à la longue puisque nommées aujourd’hui symptômes de la « tuberculose »…
Je sais très bien cher Monsieur Verdelhan, que de par votre culture étendue, je ne vous apprends rien, mais mon petit commentaire didactique devrait pouvoir intéresser certains lecteurs, tandis que vous ne pouvez pas ignorer mon penchant pour la Couronne Royale puisque je ne concède plus crédit en la Démocratie Républicaine, par trop décevante et je me fais l’honneur, tel un prophète, de déniaiser les électeurs quant au sujet de l’Amour Paternel Chrétien qu’un Roi représentant de Dieu se devait et se devra de nouveau comme je l’espère, de témoigner à ses sujets, sous peine de foudres divines !
Rien à voir avec le mépris du » Foutriquet Macron » envers les électeurs,
et ses félonies anti-France, même s’il se permet – l’ avorton-
de tutoyer le Pape, tout en lui tenant irrespectueusement le coude !
Combien je vous approuve, Cher Monsieur ! Cette République est née e 1789 après que Louis XVI ait convoqué les Etats Généraux en août 1788. Et la Révolution est née de la formation de la République comme l’inverse est aussi vrai. De même, l’Assemblée Nationale est née le jour où chacun des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) se réunissait dans des salles séparées en juin 1789. C’est alors que le tiers état – à l’instigation de Syeès – se constitue en Assemblée Nationale. Et volà comment ce nouvel ordre est né.
Mais on était loin de se douter de ce que cette Assemblée dite nationale était capable de faire. S’autodétruire … car je pense que c’est ce qui se fait en cemoment. Quand on voit la tenue de nos parlementaires (quand ils sont présents) ou de nos ministres, nous avons beaucoup de soucis à nous faire. Et notre Patrie, qui faisait partie des Grands de ce monde, est en train de s’effondrer à cause de ces gens qui traînent des batteries de casseroles derrière eux. Ca devient les jeux du cirque. Et si ma mémoire ne me fait pas défaut, c’est ainsi que s’est éteinte la civilisation romaine : dans le sang et les jeux du cirque ! Nous avons, en ce moment et depuis un certain nombre d’années, les deux en France.
Merci du fond du cœur pour votre soutien et approbation et bravo pour votre partage de connaissances sur la survenue dans l’Histoire de ce système Républicain complètement irréaliste puisque basé sur des conceptions que l’on peut appliquer seulement lorsque l’on est une Nation hyper-puissante et que l’on peut l’imposer militairement à des peuples plus fragiles au plan scientifique et en terme de quantitatif d’habitants mobilisables
Ce qui était le cas en 1789, puisque la France avait le même nombre de citoyens que l’immense Russie, presque deux fois celui des Allemands et des îles Britanniques réunis ! Quant,à l’Afrique du Nord elle n’existait même pas encore, mis à part géographiquement, restée empêtrée selon ses croyances et style de vie datant de la période antérieure au Moyen-Âge du Continent Europe, avec un taux de natalité arrivant à l’âge adulte de 1 à 2 sur dix …
Ainsi, il n’y a aucune difficulté à imposer, puis faire respecter un système de pensées philosophiques et économiques, à des peuples faibles et de « civilisations moins techniques », tandis que cette doctrine Républicaine dominante recèle en ses fondements les armes juridiques et constitutionnelles qui permettront de l’égorger une fois ses vassaux devenus plus nombreux que leurs conquérants, s’ils refusent d’ abandonner ou veulent reprendre leurs cultures initiales et ancestrales…
C’est simple comme bonjour et vérifiable depuis la nuit des temps ! .
Chaque fois que les énarques ont décidé de réformer les retraites, le chômage ou la Sécu, ça s’est terminé de la même façon : les bénéficiaires potentiels malgré eux l’on eu dans le baba. Je dis » malgré eux » car personne ne fait exprès de vieillir, les 2600 chômeurs de Camaïeu (1) n’ont pas fait exprès de faire couler leurs magasins (merci les confinements imbéciles) et personne non plus ne fait exprès d’attraper le cancer ou le Mal de Pott. Cette nouvelle réforme ne fera exception. Il suffirait juste de faire en sorte que seuls ceux qui ont cotisé puisse taper dans la gamelle, que ceux qui gèrent ne parasitent pas et que les dirigeants de notre pays, Macron en tête, cessent de déverser par pleines brouettes en Afrique, l’argent que nous n’avons plus.
(1) Suite aux deux confinements du crétin en chef, Camaïeu se retrouve avec une dette de 426 millions d’euro. LeMaire, le crétin en second, refuse d’aider Camaïeu qui met la clé sous la porte. Bercy annonce » en même temps » le déblocage de 2,1 milliards d’€ pour créer 2500 places d’accueil de Mineurs Non Accompagnés.
L’écrivain Michel de Saint-Pierre paraphrasait le général DE GAULLE dans le chapitre « du caractère » de son ouvrage « vers l’armée de métier » !
Je pense que ce qui va être mis en place va être une usine à gaz comme d’habitude car en France on ne peut pas faire simple. Or que faut-il pour que les caisses restent en équilibre? Pour moi une chose simple mettre tout le monde à 44 annuités avec un principe une annuité de bonus tous les dix années de cotisations. CAD,vous cotisez 40 ans et vous avez 44 annuités. Si vous voulez partir avant vous perdez 5% par an, si vous cotisez plus vous avez 5% par an de bonus supplémentaire. Inclure comme cotisants les jeunes qui vont en apprentissage. Ceux qui ont un métier pénible, pas des intellos donc, qui commencent à travailler à 17-18 ans, qui ont pour la plupart un métier dur physiquement pourront partir à taux plein à 57-58 ans, les autres qui commencent plus tard à 22-23 voire plus partiront à 62-63 ans, etc. C’est sans doute trop simple pour être compris par un énarque et un député car reconstituer la carrière de quelqu’un pour savoir s’il avait un métier dur ou pas et combien de temps, c’est vraiment une usine à gaz.. Imposer un âge de départ à 64 ans pour tout le monde sans tenir compte que certains ne vont pas tous cotiser tout le temps(année sabbatique, artisanat, etc) est à mon avis un peu idiot mais bon, ce n’est que mon avis et je ne suis pas énarque ni député.
Merci pour la mise en page
Merci surtout pour ce brillant réquisitoire contre le délitement des valeurs, initié et soutenu par l’idéologie ambiante, les médias et l’éducation… Le dernier avatar à la mode – la dévalorisation du travail – annonce, si besoin était, la fin proche d’un régime en perdition.