LES ÉLUS GOUVERNENT-ILS POUR SATISFAIRE LEURS ÉLECTEURS ? (Jean Goychman)


Depuis des décennies, un fossé d’incompréhension se creuse entre les électeurs et les élus. Nous nous étonnons après chaque élection que les choses n’aillent pas mieux dans notre pays. Alors, nous pensons que peut-être, nous n’avons pas élu les bonnes personnes, ou du moins pas mis celles-ci au bon endroit.

Cette situation rappelle curieusement une petite histoire racontée dans un dessin animé. Présentée sous forme d’une parabole très amusante, elle pose cependant une question fondamentale :

QUI ÉLISONS-NOUS VRAIMENT ?

Car nous avons essayé, au fil du temps, beaucoup de « sensibilités » différentes. Depuis la Gauche issue des législatives de 1997, le RPR, devenu UMP de Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy jusqu’en 2012, auquel a succédé un retour de la Gauche avec François Hollande, à son tour supplanté en 2017 un Emmanuel Macron qui se plaisait à incarner les deux « en même temps », il n’y a guère eu d’inflexion notable dans la politique française.

Référendum du 29 mai 2005 - Lumni | Enseignement

Toute cette période a été marquée par un abandon progressif de tous les attributs de la souveraineté nationale et un recul sans précédent de la démocratie consécutif au référendum de 2005 portant sur le projet de traité constitutionnel pour l’Europe. Bien que refusé par 55 % des Français le 29 mai 2005, il a été imposé par l’intermédiaire du traité de Lisbonne en 2008 après avoir littéralement « tordu le bras » à notre Constitution.

LE FACTEUR « DÉCLENCHANT »

Cet évènement sans précédent dans la Cinquième République du général de Gaulle, que les Français ont mis du temps à réaliser, est certainement celui qui a le plus contribué a instaurer cette défiance à l’égard du monde politique qui atteint aujourd’hui une sorte de paroxysme. Et plus les Français prenaient conscience de la volonté des dirigeants politiques de les conduire dans une direction dont ils ne voulaient pas, moins leur volonté était prise en compte. Cela fait maintenant près de 18 ans que nous n’avons pas eu de référendum car nos élites dirigeantes sont pleinement conscientes de cette suspicion dont elles font l’objet.

OÙ VA L’EUROPE ?

Nos dirigeants continuent d’imposer leur chemin, qui est celui de la mondialisation visant à instaurer un monde monopolaire au moyen d’un gouvernement d’experts qui le régirait par les règles de droit qu’eux seuls établissent. Or, de nombreux Français constatent qu’ils se sont « fait avoir » et que l’Union Européenne telle qu’elle a été construite n’est pas conforme à ce qu’on leur a dit. Année après année, ils en découvrent un par un les effets néfastes, tels que le marché européen de l’énergie, et le manque de clarté des systèmes de prise de décision, bien éloignés des principes démocratiques pourtant mis en avant dans chaque étape de cette construction.

La dette publique, socle de l'hégémonie américaine – COSPOL

Il apparaît clairement aujourd’hui que cette Europe n’est qu’une sorte « d’appartement témoin » d’une mondialisation sous hégémonie américaine. Cette vassalisation est évidente quand on mesure la façon dont l’OTAN a servi d’antichambre à pratiquement tous les pays qui ont rejoint l’Union Européenne ces dernières décennies.
Comment envisager ensuite sérieusement la création d’une défense européenne ?

VERS UNE CONTESTATION DES PEUPLES ?

Ce qui est appelé par les médias « mainstream » des mouvements populistes n’est, en fait, que l’expression de ce doute croissant exprimé par les peuples européens qui s’estiment mis à l’écart des processus qui engagent pourtant leur propre avenir. La guerre en Ukraine fait partie de leurs préoccupations. Un article récent paru dans le « réseau international » montrait que cela concernait de nombreux pays de l’Union Européenne, bien que cela n’y soit pas circonscrit.
On peut y lire notamment :

« Des manifestations de protestation ont eu lieu en Allemagne, en France, en République tchèque, en Grèce, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Autriche, en Italie, en Albanie, en Moldavie et dans d’autres pays. Les manifestations européennes organisées à l’occasion de l’anniversaire du début du conflit s’inscrivent dans l’éventail gauche-droite en s’opposant à l’impérialisme de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) dirigé par les États-Unis, ainsi qu’aux difficultés économiques que connaissent les Européens ordinaires dans le contexte des sanctions contre la Russie et du financement de l’Ukraine »

Force est de constater que, notamment en France, cette question n’a jamais fait l’objet du moindre débat, fut-il parlementaire. Nous nous sommes trouvés de facto impliqués dans cette guerre qui, comme le disait Pierre de Villiers, ancien Chef d’Etat-Major des Armées, n’est pas la nôtre, avec toutes les conséquences que cela peut avoir.

Une tendance de plus en plus exprimée par la majorité présidentielle (qui est de fait une minorité) des députés de l’Assemblée Nationale est de considérer que l’élection d’un candidat lui confère en elle-même un « sceau démocratique » qui rend inutile toute prise en compte ultérieure de l’opinion publique.

Ce qui est regrettable, c’est qu’aucune des formations politiques, en particulier celles qui se disent « d’opposition » ne dénonce cette dérive illustrée par l’affaire ukrainienne, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’a rien de démocratique, alors même que c’est le principe même de cette démocratie qui sert d’étendard à ce conflit qui oppose la Russie en apparence à l’Ukraine, mais en réalité à l’OTAN.

Jean Goychman

08 avril 2023

3 Commentaires

  1. Les elus dorment et n’ont pas le sens de la contre partie :ils idolatrent trop , ont trop confiance
    en des gens qui se croient arrivé à un statut mais qui n’en font rien : Il y a peu de gens qui contestent les decideurs qui décident en vertu de quoi et de quel droit..Ces ecideurs proftent qu’on ne peut pas être sur tous les fronts correctement : on ne peu courir plusieurs lievres à la fois: On leur a fait confiance mais ils n’en sont pas dignes : ILS ont bousille notre medecine ,notre justice et surtout son etat d’esprit déontologique : Ce sont des gens que je ne respecte plus.Non je n’ai pas envie d’être ce qu’ils veulent..

    •  » il y a des fautes de frappe certes ,mais elles ne retracent que les éclats d’une profonde colère envers des salopards.qui décident de tout ;

  2. Tout à fait juste. La France va devenir un land de l’UE et l’UE, dans son ensemble une colonie new look des USA. C’est peut-être d’ailleurs ce que l’Angleterre avait compris avant les autres membres, et cela lui permet de discuter librement aussi bien avec les USA qu’avec le reste du monde. Toutefois il ne faut pas oublier non plus le ras le bol des Français qui, sur les plans économiques, santé, services publiques et impôts sont de plus en plus maltraités au cours des dernières années. Tous ces facteurs s’additionnent pour que les citoyens soient de moins enclins à accepter l’empilement des lois , ordonnances et règlements qui font de plus en plus ressembler la France à ce qu’on commence appeler une dictature.Tout cela ne les incline pas à aller voter, et finalement donner un blanc-seing à des gens qui, une fois élus, ne respectent leurs engagements!

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