Preuve, s’il en était besoin, qu’on peut être à la fois un économiste talentueux et un homme de bon sens, Thomas Piketti vient de refuser la Légion d’honneur, une décoration inventée par Napoléon Bonaparte pour récompenser les braves, mais dévoyée et galvaudée depuis des décennies, car octroyée à n’importe qui pour n’importe quoi.
«Je viens d’apprendre que j’étais proposé pour la Légion d’honneur. Je refuse cette nomination car je ne pense pas que ce soit le rôle d’un gouvernement de décider qui est honorable», a déclaré Thomas Piketty, ajoutant: «Ils feraient bien de se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe.»
Cà c’est bien envoyé Thomas !
Auteur de l’ouvrage « Le Capital au XXI° siècle » (vendu à ce jour à 1,5 million d’exemplaires, excusez du peu !), Piketti tend à démontrer la tendance récente à la concentration croissante du capital, c’est à dire à l’enrichisssement croissant des investisseurs les plus riches. Il a fondé sous Villepin l’Ecole d’Economie de Paris, dont l’objectif annoncé est de concurrencer la célèbre London School of Economics.
Un temps proche du courant socialiste, Piketti milite pour une profonde réforme fiscale fondée sur une plus forte progressivité de l’impôt et la fusion de la CSG avec l’IRPP (*). On n’est pas forcé d’être d’accord sur ses analyses, parfois contestables, mais il ne fait pas doute que ses écrits constituent des apports intéressants à la science économique.
Côté cour, le personnage a aussi une face obscure, mais n’étant pas sectaires, nous lui pardonnerons volontiers ses errements, qu’il vient de laver par cette décision flamboyante !
En effet, indélicatesse ou faute de goût, Piketti collabore au quotidien Libération et fut le conseiller de Ségolène Royal lors de la campagne de 2007. Personne n’est parfait. Pour la petite histoire,il fut aussi un temps le compagnon orageux d’Aurélie Filippetti, qui l’a accusé en 2009 de violences conjugales. Quand on connait les propos hystériques de l’intéressée sur « la France moisie », les féministes nous pardonneront de lui accorder les circonstances atténuantes…
(*) Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques
