Plusieurs déclarations gouvernementales françaises du mois d’août, relativement bellicistes, ont laissé supposer que la France pourrait s’impliquer militairement au Niger afin d’y « ramener l’ordre constitutionnel ».
L’analyse de Yann Bizien.
Le problème est qu’une intervention militaire française au Niger, en soutien de forces africaines, serait une pure folie.
Les USA et l’Union africaine semblent s’y opposer et c’est un nouveau revers pour l’Elysée. La cause est donc déjà perdue pour la France du fait de l’impéritie de la politique étrangère d’Emmanuel Macron. Les américains ont aujourd’hui comme demain d’autres priorités que la lutte contre le djihadisme au Sahel.
Si Emmanuel Macron s’agenouille devant l’Amérique de Joe Biden, les Etats-Unis se moquent bien des intérêts français. Nous savions que les USA n’étaient pas des partenaires fiables sur le temps long. Macron en fait aujourd’hui l’expérience.
Car une intervention militaire en coalition au Niger pourrait déboucher sur un désastre humanitaire, sur un grand bain de sang et causer finalement plus de dégâts qu’il n’en existe à présent. Il n’y a donc pas de solution militaire acceptable actuellement. Il faut privilégier la diplomatie, le dialogue, la concertation et la paix.
Je ne sais pas comment la macronie s’implique dans la réflexion sur l’opportunité de la guerre. Je ne sais pas si elle regarde dans le « rétroviseur de l’histoire » et si elle s’attache à inscrire sa pensée dans la perspective du temps long à l’échelle du continent africain. Et je ne sais pas comment elle travaille pour élaborer une justification morale d’une guerre au Niger.
La mise en jeu de nos intérêts, le principe de précaution, la guerre préventive, ni même un changement de régime en dehors du champ Constitutionnel (une affaire intérieure) ne peuvent être les seules conditions pour justifier une entrée en guerre.
Voici les réflexions qu’il faut toujours s’imposer avant de s’engager de façon autonome et souveraine dans un engagement militaire :
- Une évaluation précise et juste des menaces à la paix et à la sécurité avec une appréciation nationale autonome et indépendante mais aussi collective ;
- Toutes les autres options, dialogue, diplomatie, doivent avoir été auparavant exploitées avant d’envisager un recours à la force militaire ;
- Toute intervention militaire doit s’inscrire dans un cadre de proportionnalité et de légalité internationale (légitime défense, accords de défense…) avec un mandat voté à l’unanimité par le Conseil de Sécurité de l’ONU ; en l’occurrence, la Russie se serait probablement vivement opposée à ce mandat s’il avait été recherché ;
- Le besoin de légitimité démocratique avec le soutien massif de la nation ; avec la guerre déjà coûteuse en Ukraine, l’ouverture d’un autre front en Afrique serait difficile à faire avaler aux contribuables français ; il est évident que dans un souci indispensable d’économie des forces, il importe de tenir compte des autres interventions en cours ;
- La guerre doit avoir des buts politiques clairs et précis ainsi qu’une cause juste, dans l’espace et dans le temps, avec des chances raisonnables de succès ; elle doit viser le règlement durable d’une crise, avec des capacités militaires suffisantes, une industrie de défense efficace en soutien ; or une opération militaire internationale montée pour agir sur un problème politique intérieur n’engendre pas nécessairement une cause juste ;
- L’engagement militaire doit pouvoir s’appuyer sur des alliés et des coalitions solides ; or, aujourd’hui, c’est la division qui domine face à la junte en place au Niger.
L’usage de la force militaire comme « moyen » engage le politique. Il doit répondre à des impératifs. Et il doit être un dernier recours « non condamnable ».
La guerre, c’est faire le mal pour aboutir au bien. Au Niger, indépendant depuis 63 ans, je doute de la pertinence d’une guerre avec une contribution française. Elle aurait trop vite le goût amer de l’ingérence et le mauvais parfum de la colonisation. Ses effets seraient délétères.
Toutes les expéditions militaires occidentales d’ingérence dans le monde arabo-musulman, entreprises au nom de la démocratie ces 20 dernières années, se sont toutes soldées par des désastres.
Je trouve que la macronie, toujours emportée par son élan idéologique, est souvent dénuée de raison et de bon sens.
« Si vous voulez comprendre la guerre, étudiez le cœur humain » disait Maurice de Saxe.
La grandeur du sacrifice du soldat tient toujours à la grandeur de la cause que le pouvoir lui demande de défendre. Je me demande aujourd’hui pourquoi des soldats français iraient mourir pour le Président déchu du Niger.
N’oublions jamais que la mémoire des guerres est avant tout celle de héros qui se sont battus pour des causes justes.
Yann Bizien
16/8/2023
au triste palmarès de Jupiter , il ne manque que la guerre .
ça doit le démanger !
Aller faire la guerre au Niger ? De quel droit ? L’Allemagne aurait-été fondée à venir guerroyer chez nous pour rétablir l’ordre républicain quand Macron faisait estropier les Gilets Jaunes qui protestaient contre le prix du gasoil ? En outre, aller faire la guerre au Niger, avec quel matériel ? On va demander à l’Ukraine de nous en rendre un peu ? Il y a dix ans que nos militaires s’y font tuer pour quels résultat ? Daech a reculé ?