Nous avons 90 fonctionnaires pour 1.000 habitants contre 50 en Allemagne !
Emmanuel Macron est-il un mouton noir libéral au milieu des brebis socialistes, un gaffeur impénitent ou un ballon-sonde destiné à tâter les risques d’orage provoqué par les réformes dans le ciel de la gauche ? Le temps de travail, le statut de la fonction publique : il a osé toucher aux idoles !
C’est le jeune homme brillant qui, mine de rien, renverse les statues des exceptions républicaines dans la chapelle du socialisme rédempteur. Déboulonner les statuts y est plus difficile. C’est pourquoi les têtes de l’exécutif ont morigéné le novice.
Hollande nous a livré un morceau d’anthologie. Décorant un fonctionnaire dans un département-phare de l’immobilisme national, il a déclaré en s’adressant au récipiendaire : « Un fonctionnaire d’État, attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut ». Le ton inspiré avec lequel le Président a prononcé « État » révélait la place de ce mot dans la religion républicaine, celle de Dieu chez les monothéistes.
Au lieu d’un État régalien musclé et efficace pour assurer notre sécurité intérieure et extérieure, et pour exercer sa justice, nous étouffons sous une administration centrale tentaculaire et touche-à-tout. L’État, obèse et impuissant, déficitaire depuis 40 ans pour couvrir son seul fonctionnement, surendetté à près de 100 % du PIB, ne mérite pourtant pas qu’on lui chante un hymne.
Avec plus de 20 % de fonctionnaires chez les actifs, la France se distingue. L’Espagne est à 15 %, l’Allemagne à 14 % et les Pays-Bas à 12 %.
Nous avons 90 fonctionnaires pour 1.000 habitants contre 50 en Allemagne.
La France est en tête pour la dépense publique (57 %), quasiment au même niveau que le Danemark.
Il est probable que l’économie issue de la réforme territoriale sera négligeable, tant les intérêts privés l’emportent dans notre pays sur le sens du bien commun.
Aujourd’hui, les élus locaux de droite protestent contre la réduction des dotations de l’État de « gauche » comme ceux de gauche se plaignaient du retrait de l’État « de droite ».
Pas un pour dire que l’intérêt général exige des économies et une diminution des dépenses et des impôts.
Le mot du Président le plus lourd est celui de « statut ».
Au pays des droits de l’homme, qui, un certain 4 août 1789, a aboli les privilèges, où la gauche a fait préférer l’égalité à la liberté, le statut, légitime lorsque la fonction est soumise à des dangers ou à des contraintes exceptionnelles, garantit à tous les fonctionnaires ainsi qu’à d’autres agents publics une sécurité de l’emploi, un accès meilleur à la retraite, des avantages sociaux et salariaux que la pénibilité et l’utilité du travail ne justifient pas ou plus.
La gauche française est paradoxale. Les mêmes, qui ne veulent plus qu’on distingue les Français et les étrangers, s’étranglent lorsqu’on désire l’égalité des Français devant le travail.
François Hollande est le Président rêvé de cette gauche. Son attachement au statut est personnel. Sur les 15.000 euros de retraite que percevra le retraité Hollande, Marianne nous apprenait que notre Président de gauche et haut fonctionnaire, conseiller référendaire à la Cour des comptes pendant trois ans, allait percevoir 3.473 euros par mois à ce titre parce qu’il a eu l’astuce de se placer en détachement et non en disponibilité : un placement rentable sans lien avec le travail…
M. Macron, vous avez raison : la fonction publique française est bien le dernier dinosaure !
Gérard Gelé
Sources IREF / Boulevard Voltaire