Un chaleureux merci à notre ami Guy Micaelli qui nous a signalé ce superbe post qu’on ne pouvait décidément ignorer.
Minurne Résistance s’honore de publier cet échange (et cet hommage de PdV au professeur Jérôme Lejeune) qui est à la fois un éclairage éthique sur le drame qui s’abat sur la France et l’Europe, mais aussi et surtout une lueur d’espérance qui brille au bout du tunnel ; un flambeau qui devra tenir en éveil tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs, la culture, la morale, l’histoire et les traditions de la France et du Vieux Continent. Et qui ne sont pas, comme le laisse entendre la « doxa » officielle, des vieux réactionnaires…
« Chercher les murs porteurs« , comme l’ont fait les dissidents soviétiques en leur temps. Le mot est juste. Résistants par la plume et les idées, nous ne sommes pas tous encore des combattants, mais nous sommes à coup sûr des « dissidents ».
J’aime ce mot : DISSIDENT…
Chers amis compatriotes, vous êtes, nous sommes, tous des DISSIDENTS.
L’empire soviétique a sévi 72 ans avant de s’écrouler sur lui même, ses murs porteurs réduits en poussière.
Trahie par ses dirigeants, cette Europe de la décadence et de l’abandon qui tente de s’imposer par la force et la ruse contre des peuples qui n’en veulent pas ne durera pas aussi longtemps.
Elle se fissure déja.
Même si nous sommes pourchassés, censurés et même parfois baillonnés, nous avons maintenant internet, les blogs, la réinformation, les réseaux…
Soljenitsyne n’avait pas tout celà et il a fait trembler l’empire communiste par la puissance de ses convictions et la force de ses idées.
Mes chers compatriotes, comme le rappelle Philippe de Villiers « la France est entrée en dormition, mais elle n’est pas morte ».
Chacun de vous tient en ses mains cette petite flamme, cette « luciole » qui ranimera un jour son âme et celle de l’Europe.
Veillez à ce qu’elle ne s’éteigne jamais !
Marc Le Stahler
Le nouveau livre de Philippe de Villiers, « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu », est un message d’espérance pour construire le futur. En racontant les rencontres les plus marquantes de sa vie personnelle et politique, dont celle avec Jérôme Lejeune, Philippe de Villiers livre un message profond sur les valeurs à transmettre aux générations futures. Il dresse également un bilan des transformations de notre société et des dangers qu’elle encourt.
Ces dernières années, vous avez écrit des romans historiques. Pourquoi sortir aujourd’hui un essai politique ? Quel en est son objectif ?
J’ai voulu montrer aux amoureux de la France blessée comment ont été descellés les pierres d’angles et les soubassements. J’ai écrit ce livre pour les générations nouvelles. Pour reconstruire. La France est entrée en dormition mais elle n’est pas morte. A travers le prisme très personnel de mes souvenirs, de mes rencontres, de mes combats, j’ai entrepris de raconter comment j’ai vu partir ceux qui disaient la vérité, comment j’ai vu prospérer ceux qui ne cessaient de mentir, comment j’ai assisté à l’effacement de notre pays. Mais aussi comment aller rechercher les murs porteurs.
Si j’ai écrit ce livre maintenant, c’est parce que nous sommes, me semble-t-il, entrés dans le temps où l’imposture n’a plus ni ressource, ni réserve. La classe politique va connaître le chaos.
Vous consacrez deux chapitres importants au respect de la vie et à la personne du Professeur Lejeune. Comment l’avez-vous connu ?
J’ai fait sa connaissance en 1983 lorsqu’il est venu au Puy du Fou. Nos liens se sont fortifiés au fil du temps. C’est un des hommes qui m’a le plus marqué, avec Soljenitsyne. Rarement un homme a aussi bien compris son époque. Rarement une époque a si mal compris un grand homme. Quelques jours avant sa mort, d’une voix brisée, il m’a dit avec force : « Philippe, tenez bon. La question de la vie est celle qui commande toutes les autres ».
N’est-ce pas difficile dans l’état actuel de la société de parler du respect de la vie du début à la fin ?
Bien sûr que c’est difficile. Car nous sommes entrés dans une nouvelle ère idéologique, celle du mondialisme consumériste. Avec l’avortement, on a fait sauter le principe essentiel qui tient ensemble tous les attachements vitaux. Quand on écorne un principe, très vite il meurt. De l’avortement à l’eugénisme, il n’y a qu’un pas. On l’a franchi avec le corps vénal, quand l’embryon devient un objet, au moment même où l’animal devient un sujet de droit.
Nous sommes au coeur d’un chassé-croisé où la folie prométhéenne s’accouple avec la folie faustienne. C’est l’honneur de la Fondation de lui être fidèle. Le Professeur Lejeune avait déjà perçu les défis que poserait le transhumanisme.
Comment pensez-vous que l’on puisse résister à ces évolutions de société ?
Je raconte dans mon livre une conversation inédite avec Alexandre Soljenitsyne :
« L’Europe est entrée dans une éclipse de l’intelligence. Vous êtes au bord d’un gouffre profond. Les dissidents étaient à l’est, ils vont passer à l’ouest. »
Les dissidents de la transmission se battront pour garder allumées des petites lucioles. Bientôt s’organiseront partout dans la grande catacombe les petites sociétés parallèles de résistance qui n’accepteront pas la rupture de civilisation, l’être désinstitué, nomade, désaffilié. Un jour viendra où toute la société retrouvera le tempo donné par la Fondation Jérôme Lejeune qui aura maintenu contre vents et marées l’étendard de la vie et du respect de tous les sans-voix.
Jérôme Lejeune avait tout dit, tout prévu, tout anticipé – y compris le changement de paradigme anthropologique. C’est l’honneur de la Fondation Lejeune de braver la tempête pour lui être fidèle.
Extraits sur Jerome Lejeune
On a perdu le sens de la vie. À partir d’une inversion morale : ceux qui défendent la vie comme un absolu sont regardés et traités comme des barbares, parfois des monstres. Il faut les traquer, les intimider, les faire taire. (…) Ainsi a-t-on sali la mémoire de l’ami personnel du pape Jean-Paul II, lequel a tenu à venir se recueillir sur sa tombe le 22 août 1997. Il était un grand médecin qui, en 1982, fut admis à l’Académie des sciences morales et politiques. (…)
J’allais le visiter à l’hôpital Necker, rue des Saints-Pères. Il était entouré de blouses blanches, toute son équipe savante ordonnait sous son regard aiguisé une masse de caryotypes, c’est-à-dire des photos de chromosomes.
Marie-Odile, sa précieuse collaboratrice, m’accueillait et me faisait attendre. Les enfants, eux, n’attendaient pas. La porte de son bureau restait grande ouverte, c’était une consultation permanente. Il connaissait le prénom de chacun de ses milliers de patients qui sautaient sur ses genoux ; pour eux, il était débordant d’affection, il les appelait « mes enfants ». (…)
Quand Jérôme Lejeune apporte la preuve de l’origine chromosomique de ce qu’on appelle, à l’époque, le mongolisme, les mongoliens deviennent des « trisomiques ». Jérôme Lejeune les sort de la disgrâce, les met à la lumière et exonère leurs parents de toute responsabilité. Ce n’est pas de leur faute si leur enfant est différent. Et maintenant que la science connaît l’origine de leurs difficultés, la médecine fera tout pour que les trisomiques se portent mieux. (…)
Le génie de Jérôme Lejeune a été de se situer, au tournant du siècle, à la rencontre des plaques tectoniques de la science et de la morale, et de rester fidèle, au service de l’une et de l’autre indissociablement tenues ensemble. »