L’IRRÉSISTIBLE MONTÉE DES BRICS (Jean Goychman)

La scission qui partage l’humanité entre l’Occident et le reste du monde s’accroît jour après jour.

Les BRICS : l'avenir du monde sera basé sur la multipolarité et le bénéfice mutuel - AgoraVox le média citoyen

 

Le 21 novembre, les BRICS en formation élargie ont tenu, à l’initiative de l’Afrique du Sud, un sommet virtuel consacré aux combats qui se déroulent dans Gaza.

PLUS DE LA MOITIÉ DE LA POPULATION MONDIALE

Ainsi que l’a fait remarquer Vladimir Poutine, ce sommet réunissait plus de moitié de la population mondiale et cela pose à l’Occident un vrai problème. L’élite financiaro-mondialiste qui a entrepris depuis près de deux siècles de dominer le monde afin d’installer une autorité mondiale a choisi comme moyen pour y parvenir de prendre le contrôle de l’émission monétaire mondiale.

Dans ce système de monnaie-dette, l’enrichissement des uns implique l’endettement des autres et il arrive un moment où ces autres rejettent ce système. Le rapport des forces est en train de s’inverser, ce qui donne tout son sens à la remarque du président russe.

Cela peut également justifier sa proposition d’adopter le format des BRICS en parallèle à celui du conseil de sécurité de l’ONU pour les prochaines crises internationales.

LES BRICS VEULENT PESER SUR LES ACTIONS INTERNATIONALES

Un autre signe de l’inexorable montée de l’influence de ces pays sur les affaires internationales est la déclaration du président chinois. Il soumet ainsi une triple proposition visant à imposer un « cessez-le-feu » immédiat, un arrêt des opérations militaires contre les civils et à mettre fin aux châtiments collectifs visant la population de Gaza. Et il rappelle à la face de l’Occident qu’un certain nombre d’accords et de résolution, pris dans le cadre d’instances internationales organisées elles-mêmes par cet Occident, n’ont jamais été appliquées. Il cite notamment les « accords d’Oslo » de 1993 et la « résolution 194 de l’ONU » en 1948, plaçant l’Occident face à ses propres contradictions.

La conclusion de Xi Jinping est difficilement contestable dans sa logique lorsqu’il demande l’organisation d’une conférence internationale.

Il met ainsi la diplomatie américaine au pied du mur. Comme de Gaulle l’avait fait remarquer de son temps à maintes reprises, l’ONU était certes un organisme international, mais dans lequel l’influence du Département d’État était prépondérante. Et il faut bien reconnaître que, jusqu’à présent, l’ONU a surtout été un instrument de la politique hégémonique américaine, dont ceux familièrement appelés « les faucons américains » n’ont guère hésité à s’affranchir lorsqu’ils en éprouvaient le besoin.

Tout-ceci, les leaders des BRICS le savent. Si le département d’État accepte le principe de cette conférence internationale, il reconnaît implicitement une seconde organisation internationale différente de l’ONU. S’il le refuse, il prend le risque d’augmenter le fossé déjà profond entre un Occident déjà vacillant et le reste du monde.

Illustration.

Ce n’est donc pas sans une certaine habileté (ni sans arrière-pensées) qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, avait été conviée à ce sommet des BRICS.

UN TOURNANT DANS LA GRANDE TRANSITION PLANÉTAIRE

Bien que paraissant assez « secondaire » ce sommet fera probablement date dans l’histoire car dorénavant, chaque camp – celui du mondialisme monopolaire comme celui du monde multipolaire- risque d’avoir sa propre représentation internationale. C’est la première fois qu’une telle initiative est proposée et ses promoteurs s’appuient sur les carences démontrées du système actuel. Devant ce choix « cornélien », que va faire la diplomatie américaine ?

Accepter que l’ONU devienne une véritable organisation internationale dont la représentativité soit conforme à la population des État-membres ?

Dans ce cas, l’Occident dont le leader est, à l’évidence, américain, ne représente que 700 millions d’êtres humains contre environ 7 milliards pour le reste de la planète, ne pourra plus imposer sa politique à ce monde qui ne pourra plus se prétendre « monopolaire »

Ou bien refuser cette proposition des BRICS et voir le reste du monde organiser par lui-même sa propre instance internationale dans le cadre d’un monde multipolaire ?

On constate que dans les deux cas, le rôle jusqu’alors primordial de la diplomatie américaine est appelé à disparaître et c’est là où le danger du piège de ThucydidePiège de Thucydide ou oscillation endogène ? Quelle grille de lecture pour les relations sino-américaines ? - SKEMA ThinkForward apparaît dans toute sa dimension.

L’élite financiaro-mondialiste peut-elle accepter de renoncer à son projet de gouvernement mondial afin de préserver la paix sur la planète ou préfèrera-t-elle faire le choix du « jusqu’au boutisme » si elle pense que les forces qu’elle contrôle encore sont capables de tenir tête au reste du monde dans un conflit qui ne pourra être que planétaire ?

Voici pourquoi ce sommet des BRICS, peu relaté dans nos médias « mainstream » peut faire date dans la grande histoire de l’humanité.

Jean Goychman 

04 décembre 2023

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6 Commentaires

  1. C’est un texte que vais lire et relire jusqu’à ce que je comprenne bien qui a ou ont les cartes de ce monde financiaro mondialiste et surtout si ce monde là sait ce qu’il pourra lui tomber sur la gueule.
    La vie ne se passe pas toujours comme on voudrait qu’elle se passe.

  2. Les choses sont un peu floues et incertaines dans le monde en ce moment.

    Après la seconde guerre mondiale, on a vu le monde se diviser en deux polarités, USA vs. URSS/Chine.
    Maintenant, une nouvelle polarisation de type multiple se met en place. Qui dit qu’elle sera meilleure pour les peuples ? La Russie prend sa revanche et la Chine aussi. Vont-ils remplacer l’hégémonie US par la leur ? Nous serons toujours sous une hégémonie, alors…

    Aux USA se met en place le QFS : « Quantum financial system » qui abolie la dette et son principe (interdite dans la bible, le Coran et la Torah). La loi GESARA-NESARA en découle, fort profitable aux simples citoyens. Pourquoi personne n’en parle ?

    Merci Monsieur Goychman de nous faire un article explicatif sur ce sujet qui me semble majeur.

    • Ce passage d’un monde monopolaire à un monde multipolaire est surtout dû au fait que les 9/10ème de l’humanité ne veulent plus du dollar. Cette monnaie possède tous les critères de la fausse-monnaie. Elle est créée à partir de rien par une petite oligarchie qui s’en est appropriée le droit en généralisant ce que ses ancêtres orfèvres avaient fait sur une beaucoup plus petite échelle et avec beaucoup plus de prudence.
      La prise de contrôle de la livre, puis du dollar entre 1694 et 1913 par les « banquiers internationaux (on dirait aujourd’hui mondialistes) leur a permis de dominer le monde depuis 1945, et surtout 1971, qui leur a permis de créer de la dette américaine sans limite et de la revendre à la collectivité mondiale. Ce qui anime les BRICS est avant tout de mettre un terme à cette escroquerie qui a ruiné tant de peuple et tué tant de gens.
      Tous les évènements actuels sont en rapport avec ce combat de Titans.
      Pour ma part, je préfère un monde multipolaire Westphalien au monde de Klaus Schwab.

      • Je suis d’accord avec vous. Mais pourriez-vous nous faire un topo sur le QFS et la loi Gesara/Nesara en donnant votre avis.
        Je regarde parfois les explications d’un scientifique américain, le Dr Scott Young.
        https://www.youtube.com/@DrScottYoung

        Ses explications sur l’économie et le QFS sont intéressantes mais personne n’explique ça en français. Beaucoup de nos concitoyens aimeraient sûrement comprendre.