Dans un article précédent (Edito 724 « Que faire » ?), nous préconisions d’obliger par tous les moyens les pays de l’Union Européenne de remettre sur la table de négociation l’ensemble des accords et règlements de l’Union dans l’objectif d’actualiser ceux qui étaient devenus manifestement défavorables voire nuisibles à la France. Notons que cette renégociation serait sans doute utile et souhaitée par plusieurs autres pays de l’Union (*).
Le triple objectif présidant à cette renégociation pourrait être celui opportunément rappelé par Philippe de Villiers : « Produire, Protéger, Exporter« .
Certains dirigeants politiques vont plus loin encore, et préconisent même clairement une solution radicale (le fameux « Frexit« ), considérant que toute réforme est vouée à l’échec sinon impossible, et qu’il est désormais préférable, ainsi que l’a fait le Royaume Uni, de sortir la France de l’Union.
En ce sens, l’analyse de notre contributeur et ami Jean Goychman est excellente. Il exprime brillamment la réalité, les dessous et les objectifs du projet européen en 3 articles que nous publions ici. Et surtout, enfin, comment le contrer.
La première partie de son analyse expose la situation actuelle, et s’adresse à ceux qui croient et espèrent encore à l’Union…
La seconde partie dévoile l’objectif final inavoué du fédéralisme européen.
La dernière partie appelle le peuple français à refuser clairement ce fédéralisme et lui offre une voie pour s’y opposer.
– A ceux qui croient encore que l’Europe est européenne (1ère partie)
– La nécessaire alliance contre le fédéralisme européen (2ème partie)
– Pourquoi une liste « NON… aux élections européennes ? (3ème partie)
(*) Rappelons que cette exigence de renégociation, restée dans l’Histoire sous la dénomination de « politique de la chaise vide » avait été déjà pratiquée avec succès par le général de Gaulle pendant quelques mois, en 1965 / 1966. Elle visait alors (déjà) la PAC (Politique Agricole Commune).
Marc Le Stahler
24 février 2024
À ceux qui croient encore que l’Europe est européenne
(Jean Goychman)
Au fil du temps et des recherches, certains aspects, jusque là maintenus dans l’ombre, de ce qu’il est convenu d’appeler la « construction européenne » apparaissent progressivement dans la lumière.
Il est par ailleurs curieux de constater que plus la vérité apparaît et plus les « européistes » inconditionnels semblent pressés d’arriver à une situation qui rendrait impossible tout retour à une Union Européenne plus conforme à ce qu’en attendent les peuples des pays européens.
UN ÉTAT-PROFOND AMÉRICAIN OMNI-PRÉSENT
Voici ce qu’écrit Nikola Mirkovic dans son livre « le chaos ukrainien » (p 84) :
« La participation de Washington dans la construction de l’Union européenne n’est plus à démontrer. Les fonds secrets de l’American Committee for United Europe (ACUE) au plan Marshall, jusqu’aux opérations sous faux drapeau des réseaux Gladio, les traces de la main de Washington, sont présentes à tous les étages du projet européen. L’objectif de Washington après la deuxième guerre mondiale n’a jamais été altruiste mais la domination d’une des régions les plus riches de la planète.
Les États-Unis veulent éviter deux écueils : qu’un rival puisse naître sur le sol européen et que le territoire européen échappe à ses exportations et à sa domination technologique.
Un des politologues les plus influents des Etats-Unis, l’ex-conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbignew Brzezinski, dévoile à la fin des années 90 la finalité du projet européen :
« Aujourd’hui, l’Europe est engagée dans une expérience novatrice : l’intégration – économique tout d’abord et, à terme, politique – des Etats-nations dans une union supranationale.
Brzezinski précise sa pensée en disant : « l’Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l’Amérique. (…) pour le dire sans détour ; l’Europe de l’Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses États rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux des anciens empires ».
On mesure alors toute la duplicité dont ont fait preuve la plupart des dirigeants européens depuis les années 50 et on comprend pourquoi l’Union Européenne ne pouvait s’apparenter à une démocratie.
Les objectifs de paix, de prospérité et d’amitié des peuples n’étaient que des excipients sucrés destinés à « faire passer la pilule ».
TOUJOURS RAMER À CONTRE – COURANT DES PEUPLES
Il paraît évident aujourd’hui que, s’ils avaient annoncé la couleur dès le départ, ce projet n’aurait pas eu la moindre chance d’aboutir.
Il fallait agir uniquement « en souterrain » pour que personne, à l’exception des initiés, ne puisse réaliser l’ampleur du mensonge. C’était une opération de longue haleine dans laquelle ce qu’on appelle aujourd’hui la « communication » avait une importance considérable, afin de montrer uniquement les bienfaits potentiels en occultant toute réalité qui pouvait desservir la cause.
Beaucoup de médias ont également respecté cette « loi du silence » et rares sont ceux qui se sont aventurés à faire du « hors-piste » de la pensée commune, montrant ainsi une certaine « dépendance » vis à vis de l’élite financière internationale, partie prenante dans ce projet. Car il faut être conscient que, lorsque Zbignew Brezenski parle d’une tête de pont européenne, il y a l’idée d’étendre progressivement ce « protectorat américain » au reste du monde, d’abord par l’Europe de l’Est puis progressivement au reste du monde.
Dans ce projet, l’Union européenne est, en quelque sorte, l’appartement témoin. Mais cet aspect n’a jamais été évoqué.
FAIRE DISPARAITRE LES ÉTATS – NATIONS EST LE « POINT DE BASCULE »
Après la chute des empires monarchiques consécutive à la première guerre mondiale, puis celle des empires coloniaux après la seconde, il ne restait à la surface de la planète que les nations, dont de Gaulle disait qu’elles étaient « les seules réalités internationales » et que vouloir les faire disparaître en les « agglomérant comme les marrons dans la purée » n’avait aucun sens. Pourtant, c’est bien de cela dont il est question aujourd’hui.
Dans un article récent publié sur le Courrier des Stratèges, on peut lire cette déclaration commune de plusieurs « européistes » :
« Le temps est venu de reconnaître que le nationalisme est contraire à l’intérêt national, que la souveraineté des États membres est inefficace si elle n’est pas redéfinie en termes de souveraineté européenne, et que la fourniture de biens publics européens est cruciale pour satisfaire les demandes nationales en matière de sécurité économique, sociale et politique ».
Ainsi donc, un tout petit nombre de personnes sont en train de décider d’imposer à près de 450 millions d’êtres humains un changement fondamental dans leur vie.
Et ils n’y vont pas de main morte : la souveraineté des États membres serait inefficace et doit être étendue en devenant européenne !
Que sont donc les peuples pour ces gens-là ? La souveraineté européenne, dont ils se gargarisent, n’a strictement aucun sens car il n’y a pas de peuple européen. Et ce n’est pas nouveau. En employant ce terme de souveraineté européenne, ils pensent peut-être que les gens qui constituent les peuples allemand, français, italien, polonais ou hongrois n’y verront que du feu ?
C’est là tout le problème de cette Union européenne qui se fait en dehors des peuples, dont les traditions et les particularités ne comptent pas.
Et ce projet fou va plus loin puisqu’il entend donner le pouvoir exécutif à des personnes non élues par ces peuples. Comment cela s’appelle-t-il et que reste-il de la démocratie, devenue mot-valise à laquelle ceux qui veulent la faire disparaître se réfèrent en permanence ?
Encore une fois, de Gaulle avait raison (voir à partir de la 30ème minute de la vidéo) et on comprend que « l’ami américain » l’ait combattu en permanence.
Tout ce mensonge entourant la construction européenne est, depuis le débarquement de Normandie, le travail de gens ayant choisi de rester dans l’ombre, mais dont le but réel est d’imposer la domination américaine à toute la planète en prétendant le faire sous le couvert de la Démocratie et de la Liberté en réduisant à la servitude tous les peuples en instaurant un gouvernement mondial qui – et c’est le moins qu’on puisse dire – n’aura rien de démocratique.
Jean Goychman
24/2/2024
=> Accéder à la 2ème partie : La nécessaire alliance contre le fédéralisme européen (2)
=> Accéder à la 3ème partie : Pourquoi une liste « NON… aux élections européennes ? (3)
Oui de Gaulle avait vu juste !
Mais, cette immense intelligence que possédait de Gaulle ne l’empêchait pas de régulièrement se rendre à la messe et ne pouvait pas être ignorant de l’histoire de la « Tour de Babel » qui figure dans la Bible que me rappelle cette Europe néfaste en son état et dispositions actuels…
De Gaulle, homme cultivé et d’une plume rarement égalée était un lecteur qui avait entre autres dans sa bibliothèque tous les écrits de Charles Maurras (comme Mitterrand).
De Gaulle était un homme d’honneur d’un grand courage qui fit largement ses preuves durant 14/18
et qui Colonel de Cavalerie remporta la seule victoire française de toute la guerre 39/40 à la tête de sa division de chars qui battit à plat de couture nombre des Panzers teutons qui lui étaient opposés.
De Gaulle était un homme réservé et d’une probité monastique – Rien à voir avec les guignols élus après lui, dont « le menteur -girouette Présidentiel » de ces dernières années, qui en restera probablement le parangon dans nos mémoires !
De Gaulle savait que l’Europe tenterait formation d’une Nation Commune, si l’on y prenait garde car c’est une illusion utopique, un » tigre de papier », une incongruité maladive voulue par les » USA » qui se veut vassaliser économiquement et militairement l’Europe de l’Ouest par le truchement de la Finance Bancaire et Fiduciaire, la captation des minerais et l’ OTAN.
Quand on sait (hélas depuis longtemps mais on en parlait pas) que Jean MONNET père de l’Europe qui, je crois a passé la guerre de 40 aux USA était appointé par la CIA pour travailler à ce vaste projet !….L’Europe est donc devenu un marché captif des USA d’où la peur de ces derniers que l’Europe, d’une manière ou d’une autre , ne se tourne vers l’Est !
TOUJOURS ramer à contre courant des peuples :oh comme je reconnais là l’élève Macron et je le reconnais aussi dans » faire disparaitre les etats »: iI l’a dit je crois sous l’expression » deconstruire l’histoire » .Evidemment il n’a pas dit DEMOLIR car pour un hableur ça ne le faisait pas..
Votre texte me donne presque une preuve par 9 de mes impressions.
Merci et c’est toujours un plaisir de lire non pas l’histoire mais les mecanismes de l’histoire et des decisions politiques.Le mécanisme est une demarche logique en s’appuyant sur des realites concrêtes et rien à voir avec le sophisme ,moyen didactique cher à ce president vaniteux qui consiste à enfoncer les portes ouvertes.
Grace à votre raisonnement on comprend la guerre en ukraine et les autres oubliés permanents.qui n’interressent personne.La politique n’est decidemment pas de l’altruisme.