Nous sommes le 30 février 2027. Il est très exactement 19h57 et dans 3 minutes le sort de la France en sera jeté. Les deux candidats en lice qui sont, rappelons-le, Amal Enchon et Marine Élla, sont dans leurs QG respectifs et relisent les déclarations qu’ils vont prononcer à l’issue de l’annonce des premières estimations du scrutin.
Comme tout le monde l’imagine, chacun a deux textes : un en cas de victoire et un en cas de défaite. La tension est à son comble dans les studios des chaines publiques et on peut apercevoir certains journalistes s’essuyer nerveusement les mains car ils connaissent déjà les premiers résultats. On me signale dans l’oreillette que les pompiers viennent d’emporter le présentateur Jean-Michel Laplati qui semblerait avoir fait une syncope.
Dans les bureaux de vote en France métropolitaine, l’ambiance est tout aussi électrique. C’est par exemple le cas à Blondy, petite ville du département de Seine-Denis (l’adjectif « Saint » a récemment été interdit par un collectif de maires musulmans affiliés au mouvement révolutionnaire LFI (Les Factieux Musulmans), considérant qu’il ne faut pas insulter celui qu’ils considèrent comme l’être suprême, Robert Spierre, qui a accepté de convertir toutes les églises du département en mosquées avec le seul financement du Hamas). Notre envoyé spécial Sadiq Boyard, habilité à pénétrer ce territoire gagné par la oumma banlieusarde, nous rapporte les propos des habitants sortis en masse avec leurs keffiehs sur la tête :
Sadiq Boyard – Salam aleykoum, mon frère. Que veux-tu dire au peuple français en ce jour d’élection cruciale pour élire notre futur khalife Président ?
Ahmed Alor – Dealer Di leurre ke si cé pas nautre mètre à tousse, Amal Enchon, ki ai élu, on fra la révolussion partou en frensse et on prendra leu pouvoire par lé zarmes.
Petite anecdote pendant le reportage de notre envoyé très spécial Sadiq Boyard : Il avait pris soin de s’habiller comme un gauchiste le ferait à l’Assemblée Nationale ; c’est-à-dire de façon totalement dépenaillée, dans le seul but d’entrer incognito dans le quartier et d’éviter de ressembler à un journaliste de la télé Cégnouse, très mal vue dans tout le département, au risque de se faire agresser. Il avait donc choisi de porter une vieille pelisse qui sentait la naphtaline ou la transpiration… ou le shit… ou les trois. Quoi qu’il en soit, son collègue caméraman n’avait pu s’empêcher de lui en faire la remarque et lui lança assez vertement : « La pelisse pue ». Sadiq Boyard qui, dans le brouhaha ambiant avait mal compris la remarque s’exclama : « comment ? la police tue ? » et cette phrase fut reprise comme un slogan par les copains d’Ahmed Alor.
Cela me rappelle une histoire drôle qu’on se plaisait à raconter en 1968 (période que les jeunes appelaient, avec bien peu de conscience, « leur 3ème guerre mondiale ») : dans le quartier de la Villette, se trouvait un bar mythique où se réunissaient des travailleurs qui se disaient révolutionnaires (Le bar s’appelait CGT : Chez Georgette et Théophile). Lors d’une manifestation qui commençait dans la rue de ce bar, rue longue et étroite, le début du cortège qui devait mener la troupe jusqu’à République, criait à tue-tête « À bas les patrons, vive la classe ouvrière ». Au milieu du cortège, le message arrivait déjà en mauvais état et se traduisait par un vague « À bas les plastrons, vive la glace et la bière ». Tout cela pour que, en queue de cortège, nos braves militants hurlent, sous le regard ébahi des tenanciers du bar CGT : « À bas les boutons pression, vive les fermetures éclaires !! ».
Mais revenons à nos boutons, et plus particulièrement à ceux qui poussent sur l’épiderme des adeptes du wokisme, de la cancel-culture et de toutes autres déviances ; déviances dues à une consommation excessive de psychotropes délivrés sans ordonnance par des gourous qui enseignent dans des universités pour futurs dirigeants despotiques. Ces derniers viennent d’inaugurer deux nouveaux sites de rééducation agréés par LFI à Seine-Denis : Sciences Pol et Sciences Pot.
19h58 : Omar Sy, invité exceptionnel de France Rose, la nouvelle radio Trans du groupe Radio France, vient de prévenir qu’il avait quitté Los Angeles parce qu’il ne pouvait plus supporter de vivre dans un pays géré par Donald Trompe, réélu en 2024 avec 85% de voix. Mais que si Marine Élla était élue, deux minutes plus tard, il partirait habiter au Sénégal pour retrouver ses racines paternelles. Il n’a pas précisé s’il paierait moins d’impôts qu’en Californie, mais on peut l’imaginer.
On vient de me dire dans l’oreillette que Jean-Michel Laplati était finalement sorti du service d’urgence mais qu’il a été transféré, semble-t-il pour des symptômes de dépression, au service de psychiatrie de l’Hôpital Hôtel-Mahomet (anciennement Hôtel-Dieu mais rebaptisé il y a 6 mois suite à une plainte de la LDH pour discrimination raciale).
Devant le QG d’Amal Enchon, le service de désordre est en ébullition. Chaque membre portant d’un torchon quadrillé noir et blanc sur la tête s’échauffe pour mettre en œuvre, à 19h61 précises, les actions déjà prévues par leur gourou, en cas de défaite, dans le seul but de bordéliser la capitale puis, par capillarité, toute l’Île de France et enfin la totalité du pays. Le personnel de cette unité d’élite a été trié sur le volet suite à de nombreux castings effectués dans les quartiers nord d’Amiens, de Marseille, du 9.3. Les lauréats ont été ensuite envoyés en formation accélérée en Belgique à Jemenbalenbeek où l’on apprend un sport de combat redoutable, le « Grav Mongua ». On ne connait pas bien l’origine du nom de ce sport plutôt violent. On suppose que c’est une variété de thé connue pour ses propriétés analgésiques qui a été importée en Israel pour soulager les militaires : le Thé Grav Mongua.
Cette petite précision apportée, revenons au QG d’Amal Enchon. Entrons dans la salle réservée aux médias, eux aussi triés sur le volet. On sait déjà que les journalistes de Cégnouse ont été refoulés, considérés comme d’affreux fascistes à la solde d’un industriel d’extrême-drouatte milliardaire.
Grâce à notre envoyé spécial Sadiq Boyard , nous avons pu entrer dans le local avec une bonnette de micro estampillée BFMTV, la nouvelle chaine TV de Beur FM crée grâce à un partenariat avec la chaine « Le Merdia TV », une télévision pour gauchistes de quartiers chics de Paris.
Pour être totalement admis dans le cercle très [mais vraiment très fermé] du candidat Enchon, il faut montrer patte blanche ; je dirais même plus « poudre blanche ». Et notre Sadiq Boyard s’y entend bien en sucre en poudre. Il a distribué quelques sachets aux militants qui se sont empressé de les consommer d’une façon très particulière puisqu’ils ne se sont pas essuyé la bouche, mais le nez après absorption complète ! Étrange, non ?
19h59 : Amal Enchon entre dans la salle les traits tendus. Sophie Kichiroux , sa compagne quasi non-officielle mais quand même peut-être un peu, est auprès de lui. Son copain Adriel Quatre-En-ince, arrive en courant, juste un peu retardé par l’enregistrement de son futur film « La Gifle 2 » avec son documentariste dépité, Francis Rufion.
Le silence règne dans la salle, car seul le tribun de la tribu (comme on le nomme ici) a le droit de s’exprimer. Et gare à celui qui ne respecte pas la règle proposée et votée par lui, et lui seul : « Y’en a qui ont essayé… ils ont eu des problèmes » comme le diraient Chevalier et Laspales.
Tout le monde s’attend au pire. Il pleut depuis trois jours sans discontinuer et un proverbe palestinien dit que :
« Pluie un 30 février,
LFI sans keffieh »
C’est un mauvais présage qui semble leur annoncer une lourde défaite.
19h60 : Les premières estimations tombent et le mauvais présage s’est révélé vrai : On annonce une large victoire pour Marine Élla avec 65 % des voix.
On me signale à nouveau dans l’oreillette que les pompiers viennent d’emporter une nouvelle fois Jean-Michel Laplati aux urgences ; il aurait eu la mauvaise idée d’allumer la télé de sa chambre d’hôpital psy à 19h60 précise et a finalement refait une syncope.
19h61 : Amal est mal ! c’est sûr ! Il est furieux, il a les yeux révolver, il a le regard qui tue. Il ne rêve que d’une seule chose, c’est qu’on lui casse les urnes, et principalement celles qui portent à droite et renferment les bulletins de ce qu’il considère comme étant « la lie de la société » : le RN (Révolution Nocturne), le parti de Marine Élla.
Il hurle à qui veut l’entendre : « La révolution c’est moi ! », « Le bordel, c’est moi ! », « Le casse-urnes, c’est moi ! ».
Mathilde Panneaux, chargée de préparer des soirées bordélisées avec le service de désordre, vient d’entrer dans le local, appelée à la rescousse, habituée à calmer Amal partout, surtout quand il semble perdre ses nerfs (ce qui est très fréquent). Mais rien n’y fait. Elle confie à Sadiq, dans un français approximatif, son inquiétude pour le discours que leur Lider Maximo doit prononcer dans la soirée :
« Amal, i bout ».
Ce à quoi Sadiq a répondu sans conviction :
« Tu as raison ! Il ne faut pas qu’Amal gâche tout ».
19h64 : Un journaliste d’Europe 1 demande à l’interviewer
19h68 : Un pompier arrive pour embarquer sur une civière, le journaliste d’Europe 1
19h69 : Amal sourit de nouveau, après s’être défoulé.
Pendant ce temps, à l’Élysée, Brizitte, une amie intime du Président fait tout pour consoler le petit Manu qui pleure à chaudes larmes.
Place Bellevache, Dark Malin, le chef de la sécurité intérieure vient de demander à toutes les forces de l’ordre, à l’armée, aux réservistes même en déambulateurs, de se déployer sur le territoire pour contrer les troupes de désordre entrainées par LFI depuis des mois. La grande inquiétude du patron de la sécurité, c’est la nouvelle arme redoutable utilisée par LFI dans les manifestations : le Gaza Lacrymogène. Ses effets sont ravageurs et on sait qu’ils peuvent rendre fous ceux qui l’inhalent. On se souvient d’un début mai 2024 et de l’hécatombe dans les universités française suite à l’utilisation , par quelques nervis, de ce produit hautement toxique.
31 février 2027, 20h72 :
La France est totalement paralysée : Amal Enchon a fini par déclarer que l’élection avait été pipée et que le vote avait donc été truqué partout en France sauf en Seine-Denis. Il appelle à la révolte et soutient à demi-mots ceux qui auraient la velléité de prendre d’assaut l’Assemblée Nationale.
Il voulait le Chaos. Il l’a eu.
32 mars 2027, 05h85 :
Le pays est à feu et à sang. Amal Enchon a demandé à ses troupes d’exécuter sur place tous ses opposants suivant le rite Halal.
32 mars 2027, 15h92 :
Amal Enchon se déclare « Nouvel être suprême », instaure un nouveau KalifAmal dont il devient le maître absolu. Il instaure le culte de Robert Spierre et le déclare comme seul Dieu reconnut dans son royaume.
Je décide de mettre fin à mes jours en me jetant dans la Seine et me laisser dévorer par les bactéries , ce qui ne devrait pas durer très longtemps, vu la concentration de ces petites bêtes dans le fleuve.
MAIS
Je me réveille brusquement
Nous sommes le 03 mai 2024 à 07h02
Mon cauchemar vient enfin de s’arrêter.
Xavier Jésu
03/05/2024
Alors là, SUPER,je me suis régalé à la lecture de ce texte.J’ai profité de chaque mot,de chaque allusion et jouissances complète lors de la chute.
Merci infiniment !!!Amitiés
Bel exercice de style…!!! Chapeau ! ( ou plutôt « chéchia »..?)
Merci infiniment !!!Amitiés