ÉLECTIONS EUROPÉENNES SUR FOND DE GUERRE NUCLÉAIRE (Jean Goychman)

Élections européennes 2024 - Ambassade de France en Espagne / Embajada de  Francia en España

Dans quelques jours, les peuples de l’Union Européenne vont aller voter. Jusqu’à présent, ces élections « routinières » ne faisaient guère vibrer les foules et les taux de participation restaient modestes.

La guerre qui oppose en apparence la Russie à l’Ukraine n’est qu’un masque étroit qui se craquèle de plus en plus, laissant apparaître la réalité d’une confrontation entre la Russie et l’OTAN.

Mais l’observateur avisé en élargira l’horizon à celui d’un conflit beaucoup plus universel puisque mettant en opposition deux visions d’un monde futur, celle d’un monde monopolaire sous domination occidentale ou celle d’un monde multipolaire qui conserverait les souverainetés nationales.

Cette guerre en Ukraine était à l’état latent depuis la fin de l’URSS et Zbignew Brzezinski l’avait pressenti, sinon entrevu, dans « le grand échiquier » publié en 1997. Il avait décrit l’Ukraine comme le bélier qui permettra aux États-Unis de fracturer la Russie, dont le redressement était largement amorcé, afin de rester seuls en lice pour dominer le monde.

Entièrement accaparés, voire hypnotisés par la Russie, les stratèges américains ont préféré ignorer l’évolution d’un monde qui, à leurs yeux, ne comptait pas. Pire encore, ils avaient comme seule boussole la vision de John MacKinder, sorte de leg intellectuel transmis par la diplomatie (et la finance) britanniques. On peut résumer la pensée de Mac Kinder en deux points : les puissances maritimes doivent dominer le monde et les continents ne doivent en aucun cas avoir des infrastructures qui dériveraient les marchandises de l’acheminement maritime.

Parmi les continents, il en est un qui est particulièrement visé : l’Europe.

Les Britanniques ont toujours redouté un rapprochement entre les pays de l’Europe de l’Ouest et ceux de l’Europe de l’Est et toujours fait en sorte depuis le XIXème siècle, notamment au moyen de guerres successives, que les pays européens soient toujours en guerre.

À la fin de la seconde guerre mondiale, la guerre froide a pris le relais en se matérialisant par un infranchissable « rideau de fer » et après la fin de l’URSS, c’est l’OTAN qui, en s’étendant progressivement vers l’Est, empêchait toute tentative de rapprochement, notamment entre l’Allemagne et la Russie.

ETAIT-CE DANS L’INTÉRÊT DE L’UNION EUROPÉENNE ?

Dès son retour aux affaires en 1958, de Gaulle, qui était très sincèrement européen, s’est opposé à la vassalisation de l’Europe par les Etats-Unis, car il avait parfaitement compris que le projet américain pour l’Europe était dans l’intérêt exclusif de ces derniers.

Persuadé, à juste titre, qu’ils ne poursuivaient qu’un seul objectif qui était de faire de l’Union Europe qu’un espace sans frontières intérieures ou extérieures, faisant disparaître les États-nations

et fusionnant les peuples dans une sorte de mélange où les cultures et les identités se trouveraient submergées, leur faisant perdre toute référence nationale, il s’opposa à toute intégration européenne sachant qu’elle était dictée par le seul intérêt américain. Toutes les tentatives faites pour tenter de convaincre les Allemands que l’Europe devait se construire et assurer par elle-même les secteurs « régaliens » comme sa défense et son indépendance énergétique ainsi que ses ressources industrielles se sont heurtées à un refus sans appel de la part des Allemands, qui avaient apparemment plus confiance dans les Américains que dans les Français. C’est une des raisons majeures pour lesquelles l’Union Européenne se trouve aujourd’hui prise dans un piège diabolique dont elle risque de ne jamais sortir.

Cette emprise américaine s’est trouvée relayée par un grand nombre de dirigeants européens et n’a fait que croître et embellir parce que ces dirigeants n’ont pas vu (ou pas voulu voir) le danger que cette perte totale d’autonomie allait impliquer.  l’Amérique-Empire Nikola Mircovic, dans son livre « l’Amérique-Empire » écrit « Plutôt que de coloniser les pays, les Américains ont préféré coloniser leurs élites »

Le postulat d’une Amérique dominante, sinon pour l’éternité, du moins pour les décennies à venir, s’est imposé et, avec lui, la notion d’intérêt supérieur des nations et des États a tout simplement disparu en laissant la place à la fausse sécurité de la servitude.

Encore faudrait-il préciser que le peuple américain n’a pas grand-chose à voir avec tout cela. En réalité, seule une petite élite financiaro-mondialiste qui, au fil du temps, a elle-même colonisée les États-Unis, a su imposer sa vision d’un monde global sous sa domination.

C’est ce que Donald Trump appelle le « Deep State » auquel il a déclaré une guerre qui s’annonce sans merci s’il était réélu.

C’est cette même dépendance à nos « alliés américains » qui risque de nous précipiter dans un conflit auquel nous sommes totalement étrangers et qui risque de se transformer en affrontement nucléaire entre la Russie et l’Europe, ce qui serait paradoxal…

UNE STRATÉGIE GÉOPOLITIQUE DANS LA LIGNÉE DE CELLE DES ANGLAIS

C’est cette emprise qui a également empêché toute tentative de mettre en place une « Europe des Patries » qui se serait logiquement étendue de « l’Atlantique à l’Oural », permettant de combiner le dynamisme industriel de l’Europe de l’Ouest aux immenses ressources naturelles de la Russie.

La politique américaine de l’isolement entre l’Est et l’Ouest de l’Europe devait se compléter par une stratégie d’isolement entre la Russie et la Chine, mais celle-ci a échoué.

Au lieu de cela, la Russie est train de se tourner vers l’Asie et de constituer ce qui est vraisemblablement le socle d’une nouvelle géopolitique qui regroupera autour d’elle les trois-quarts de la population mondiale.

LES ÉLECTIONS DE 2024, UN CHOIX CRUCIAL POUR LE PEUPLE FRANÇAIS.

Logiquement, le rejet du référendum de 2005 portant sur le projet de traité constitutionnel aurait dû mettre un terme au projet fédéraliste au profit d’une Europe garante des souverainetés nationales.

Mais il n’en fût rien et sous le mandat du président Sarkozy, grâce a un aménagement discutable de la Constitution, un traité reprenant mot pour mot le texte rejeté a été adopté par les parlementaires français en 2009, sous forme d’un traité européen.

Ces élections de 2024 peuvent permettre au peuple français de renouveler son hostilité à la création d’un État fédéral européen qui ruinerait la souveraineté des peuples et des nations qui constituent l’Union Européenne. Les euro-fédéralistes ont toujours avancé sous un « faux-nez » qui masquait leurs intentions réelles. Le moment est venu de leur dire « non » tout comme les Français l’ont fait en 2005.

Et peu importe le choix de telle ou telle liste, dès lors qu’elle s’inscrit dans le maintien de la souveraineté de la nation. Pour tromper les électeurs, on parle du « souverainisme européen », mais ce n’est qu’un écran de fumée qui n’a aucune réalité. Il n’y a pas de peuple européen ni de nation européenne et il n’y en a pas besoin pour construire une Europe des nations et des patries qui œuvreraient ensemble en coopérant mutuellement. C’est ce type de coopération, souhaitée par de Gaulle, au niveau des entreprises et non des États, qui a permis de réaliser l’Airbus.

L’Europe fédérale n’est qu’un leurre destiné à inventer un nouveau type de territoire qui deviendrait l’appartement-témoin de la future mondialisation monopolaire.

La majorité des peuples de la Terre semblent lui préférer la perspective d’un monde « multipolaire »

et c’est cette nouvelle architecture qui a toutes les chances de l’emporter.

Opter aujourd’hui pour un fédéralisme européen reviendrait à nous mettre sur une « voie de garage » en faisant disparaître nos nations avec tout ce que cela implique.

L’analyse du scrutin devra avant tout s’interpréter comme un nouveau référendum pour ou contre le fédéralisme européen.

Jean Goychman 

4 juin 2024

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3 Commentaires

  1. Mr Goychman, j’aime bien votre conclusion. Les Français (les vrais) réclament ce référendum depuis des années mais , à Paris, ils n’en tiennent jamais compte. ON ne voulait pas de l’Europe qu’ils fabriquaient ; le peuple l’avait dit ; mais elle est bien là. De plus cette Europe n’était pas celle du Général. Alors, y aura-t-il des tripotages dans les résultats pour faie passer leurs idées ? Les dés sont pipés, nous le savons tous. Et Jupiter veut nous entraîner dans une guerre « nucléaire » alors que nous ne sommes que des nains face à l’immense Russie. Poutine a prévenu : attention à quel jeu vous jouez ! Ce qui veut dire qu’il ne se laissera pas faire …. La suite ? Tout dépendra des élections de dimanche.

  2. Je pense que les attentes de ces scrutins seront toujours décevantes , je vote depuis mes 21 ans ( a l’époque c’était l’âge de la majorité) mais depuis Sarko je me rends à l’isoloir comme certains se traînent chez le dentiste … »menteur comme un arracheur de dents « disait feue ma grand-mère en évoquant les politicards , elle qui avait connu 14/18-39/45-l’indochine – l’Algérie …et tous les gouvernements correspondant à ces périodes des 3eme , 4eme et 5eme République …malgré tout elle avait encore ( et pour la dernière fois de sa longue vie ) voté pour VGE en 74 , mais «  avec des pieds de plomb » . Elle savait « de quoi elle causait » car si elle avait pu voir pour quel «  triste Sir » elle venait de voter , ça l’aurait conforté dans ses désillusions , elle n’en aura pas eu l’occasion

  3. J’ai apprécié votre regard sur l’évolution du monde politico financier guidé par des elites (connes) meprisant le monde des peuples. PLutot inquiétant, angoissant .Cependant ces élites ne pourront s’opposer à la liberté de penser même s’il ne s’agit que de 1% .1% c’est le grain de sable . La roue tournera toujours. Si l’on veut une vraie democratie ,il faut toujours un jour couper les pattes aux loups afin qu’ils ne grossissent pas ,dominent et deviennent féroces.Le mieux est de les tuer dans l’oeuf .Ne pas envier ,ne pas admirer ces opportunistes mais qu’on a laissé grossir croyant naivement à leur bonté et leur service.
    L’instinct de l’homme est dominateur et plus il est riche plus il devient dangereux .Moi non plus je n’aime pas les riches car ils sont tentés par l’exclavagisme et l’administratisme excessif qu’ils dirigent bien sur.Ce que l’on vit est le juste retour de manivelle.Je ne sais plus pour qui je suis mais ce dont je suis sur c’est que l’opprimé un jour se venge.Je ne suis pas etonné de la tournure que prennent les choses et je me dis que pour vivre dans une société pareille soit on préfere mourir ,
    soit on tue.Ce monde occidental qu’on a fait miroiter est un monde fragile de supercialités: On y a fait venir des gens forcement inadaptés à ce monde, volontairement par cupidité ,par manoeuvres sordides.Donc Ils tuent car ils sont pleins de haine qui germe naturellement dans un pays ou la seule morale est le fric.Et puisque vous parlez d’independance , il ne peut pas y avoir d’independance quand des groupes ont l’exclusivité notamment dans le monde numérique.Je souhaite aussi l’independance et la souvenaineté mais la seule solution en dehors de la guerre sans merci c’est l’inertie,le refus ou le NON contre lequel on ne peut rien quand il est bien affirmé.