LE PLAN MACRON VA-T-IL FONCTIONNER ? (Jean Goychman)

 

Dès les premiers résultats des élections européennes connus, Emmanuel Macron prononçait la dissolution de l’Assemblée Nationale.

Cette décision, qui a surpris l’ensemble de la classe « politico-médiatique » semble bien être le premier étage d’une fusée qui en comporte plusieurs.

Mécaniquement, cette dissolution implique de nouvelles élections législatives. Pour un certain nombre de raisons, statutaires et conjoncturelles, celles-ci doivent se tenir avec un délai très bref.

UNE CAMPAGNE TRÈS COURTE.

C’est un point important. La tentation de tirer les résultats probables des élections législatives de ceux des élections européennes s’est naturellement imposée à tous les commentateurs, même si, par nature, ces consultations sont très différentes.

Par le mode de scrutin, les premières sont sous forme de liste avec une proportionnelle intégrale alors que les secondes sont uninominales à deux tours.

Contrairement au premier tour ou l’électeur vote suivant son choix préférentiel, le vote du second tour est plutôt un vote d’élimination. On vote contre celui ou celle dont on ne veut pas.

Lors d’une campagne de durée réduite, les réunions publiques sont peu nombreuses et on peut penser que les électeurs verront principalement dans un candidat l’incarnation d’un mouvement politique plus que sa propre personnalité, à moins qu’il ne possède déjà une certaine notoriété qui puisse être un élément de choix avantageant les sortants.

Il n’est donc pas choquant de penser que les scores des partis politiques présenteront une certaine analogie pour ces deux élections.

C’est probablement une des clés pour comprendre la décision d’Emmanuel Macron. Il voulait être sûr que les résultats seraient en corrélation avec les sondages.

ASSURER SA POSITION À L’ELYSÉE

Notre président est conscient de sa grande impopularité. Il doit donc trouver le moyen de se « mettre en retrait » afin de moins s’exposer. Depuis deux ans, l’absence de majorité absolue l’a conduit à utiliser d’une façon récurrente des procédures dont la nature devait rester exceptionnelle.

Il en résulta un mécontentement grandissant qui s’est focalisé sur lui.

Il est temps pour lui de passer à la seconde phase du plan qui consiste à mettre entre les Français et lui une sorte de protection destinée à capter le mécontentement tout en préservant l’essentiel de son pouvoir.

Déjà utilisée par François Mitterrand en 1986 et 1993, puis par Jacques Chirac en 1997, la cohabitation entre un président qui se met, du moins en apparence, en retrait et un Premier Ministre sortant de l’opposition, mais cependant nommé par lui, apparaît comme la solution la meilleure.

L’INTÉRÊT DE LA COHABITATION POUR EMMANUEL MACRON

Tout d’abord, elle évite une crise de régime qui paralyserait toutes les institutions et forçant, à terme, le président à démissionner. Ensuite, elle rend nécessairement impopulaire le Premier Ministre qui doit gouverner en assumant seul les responsabilités et les conséquences de ses décisions. De plus, elle suppose une connivence entre l’Élysée et Matignon qui pourrait entacher la confiance de l’opinion publique d’un doute envers le Premier Ministre.

Enfin, elle permet de transférer sur les seules épaules du Premier Ministre la responsabilité de toutes les actions antérieures sans qu’il puisse s’y opposer, ayant accepté sa nomination et supposé avoir agi en toute connaissance de cause. Pourtant, les conséquences d’une dette abyssale et d’une politique entièrement centrée sur l’Union Européenne seront catastrophiques et il ne pourra pas y faire grand-chose, n’ayant guère de moyen d’action.

Pour toutes ces raisons, toutes les cohabitations sous la Cinquième République se sont faites au détriment du Premier Ministre et à l’avantage exclusif du Président qui, lorsqu’il était candidat à sa succession, à toujours été réélu, même si son impopularité battait des records avant la cohabitation.

Tout ceci, Emmanuel Macron le sait parfaitement.

UNE CONJONCTURE PARTICULIÈRE

On pourrait penser qu’Emmanuel Macron, ne pouvant se représenter en 2027, sera plutôt en « lâcher-prise » et laissera le Premier Ministre gouverner à sa guise, apportant ainsi la preuve de sa compétence et de la justesse de ses idées. C’est difficilement crédible et cela ne cadre pas avec son comportement général.

Emmanuel Macron a laissé entrevoir qu’il nommerait Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, Premier Ministre. Contrairement aux autres Premiers Ministres de cohabitation, celui-ci ne serait pas, à priori, candidat à l’Élysée en 2027 au terme de cette cohabitation. Rappelons-nous qu’Edouard Balladur avait dit en 1993 qu’il ne serait pas candidat non plus en 1995. Il est cependant des circonstances qui pourraient le conduire à réexaminer cette question, notamment si Marine Le Pen se trouvait dans l’impossibilité d’être candidate elle-même.

Si tel était le cas, Emmanuel Macron gagnerait sur tous les tableaux…

 

Jean Goychman

17/06/2024

 

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6 Commentaires

  1. Plus j’y réfléchis, plus je pense que la « réaction » du µ n’était pas – contrairement à la plupart de celles qu’il a pu avoir jusqu’ici – spontanée, mais froidement calculée, même si les apparences semblent dire le contraire …

    Comme je suis convaincu qu’il a été mis là, par fraude à mon sens, pour DETRUIRE le pays France, là, je crois qu’on y arrive !!

    Quelque soit le « 1er sinistre », une partie de la population sera – très – mécontente, et comme, à priori, ce sera le RN qui devrait s’imposer, tous les gauchos, avec leur potes nazislamistes, vont foutre un « bordel », et c’est rien de le dire …

    Mais surtout, c’est important, il ne faut surtout pas que les gens réalisent qu’il « travaille » pour les MONDIALISTES, pour les GLOBALO-NAZIS, donc, et l’article de Jean va dans ce sens, que le µ veut retrouver une « majorité », de bric & de broc pourrions-nous dire, « même si son impopularité battait des records », ce qui est le cas présentement !!

    En fait, je vois 2 choses, comme le dit également l’article, le µ va pouvoir se défausser sur le 1er ministres d’une part, et se représenter en 2027 d’autre part …

    Ce dernier point, c’est la théorie, je n’y crois pas, pour au moins 1 raison, c’est que la division parmi les français, et les français de papier en sus, est telle, que cela va entraîner la France dans l’effondrement sur tous les plans :
    économique, politique, social … regardez déjà la note des institutions financières (Standards & poors par exemple) …

    Je vous conseille de faire ce qu’il faut pour vous préparer à cet effondrement, un scénario que je vois très proche du roman de Laurent OBERTONE ; je crois que là, on y arrive !!

    Et ça, c’est dans les frontières en interne ; ajoutez qu’à l’international, comprenez à l’extérieur des frontières, il y a, au moins, 3 situations qui menacent vraiment d’exploser :
    La Russie & l’Ukraine
    Israël & les muzzs, et pas seulement le hamass & le ezbollah, mais les muzzs en général
    La Chine & Taïwan, avec derrière cette dernière, les USA

    Je pense que des frappes nucléaires, ciblées, type bombes A (à fusion), auront lieu, ne laissant que peu de radiations, et dans un laps de temps très court (rappelez-vous Hiroshima & Nagasaki au niveau du taux de radiations) …

    Ce qu’il faut, c’est juste être parfaitement conscient de tout ça, de s’y préparer psychologiquement, et mentalement (passer du mode « civilisé » au mode « survie ») …

    Je suis intéressé par les autres opinions, arguments à l’appui qui pointent sur d’autres scénarios 🙂

  2. Ce qui est surtout à craindre est que les manifestations « anti RN » animent les inconscients au « copié collé » de 2002. ce que l’ordure nationale espère et qu’il se retrouve face au diable merluche au 2d tour: il raflerait sûrement sa mise augmentée par un grand des envahisseurs francisés depuis 40 ans qui n’attendent qu’une étincelle pour créoliser notre Nation avec la complicité des cancres gauchistes qui pour beaucoup hantent légalement l’AN et polluent la France éternelle.

  3. Comparer les cohabitations des années 80/90/2000 et celle probable de 2024 , ce n’est pas possible . Aujourd’hui le pays est en «  presque «  situation de guerre civile , le curseur immigration n’est plus au même niveau qu’il y a 40 ou 30 ans , c’est le paramètre important , la variable d’ajustement qui n’a plus rien à voir avec ces périodes où l’opposition restait disons attentive , observatrice , active mais dans les limites de la légalité …aujourd’hui ,les appels au meurtre , l’antisémitisme, l’insoumission sont actés et assumés..même par un hollande et un de Villepin de part leur complicité avec l’islamogauchisme…je pense donc que la période que nous allons vivre n’a rien à voir avec les cohabitations précédentes

    • Quelles que soient les circonstances, une cohabitation dans la 5ème république se fera toujours à l’avantage de l’Elysée. Elle est totalement contraire à l’esprit même de la Constitution qui, même si cela n’est pas explicitement écrit, suppose la démission du Président s’il n’est plus soutenu par le peuple qui lui a confié cette charge.
      C’est l’essence même de l’élection au suffrage universelle.
      Si le Président n’a plus de majorité, il doit partir. Toute autre interprétation, et notamment celle de Balladur qui avait « théorisé » cette cohabitation, dénature fortement la Constitution. Elu au suffrage universel par le Peuple, le Président doit partir s’il perd la confiance du Peuple.

  4. Je suis désolé de vous dire qu’il a déjà peut-être gagné. Prendre la parole un soir d’élection et dissoudrel’Assemblée dans la foulée était un plan prévu depuis mai. Seul le Général de Gaulle l’avait appliqué en condamnant le putsch du quarteron de Généraux en 1961. Mais n’est pas de Gaulle qui veut ! Alors, je pense que la cohabitation (si cohabitation il y a entre Macron et Bardella) va être un ring de boxe et il faudra certainement de l’entraînement et du soutien à notre champion, pour jeter le Poudré de l’Elysée à terre. Mais il reste encore une semaine et on n’a peut-être pas fini de voir les coups tordus du macronisme vis-à-vis du Rassemblement National. Rappelez-vous l’affaire Fillon ! J’espère de tout coeur me tromper mais il ne faut pas oublier que Macron est un pur produit Rotschild…….

  5. De toute façon, en cas de chaos ou de guerre civile, Micron restera au pouvoir jusqu’à ce que les choses se calme, grâce à l’état d’urgence. Et on peut compter sur lui pour opprimer les patriotes. 1793 sera de retour…