LE MULTILATÉRALISME D’EMMANUEL MACRON N’EST PAS CELUI DES BRICS (Jean Goychman)

Avec son devenu célèbre « En même temps », notre président aime visiblement entretenir l’ambiguïté dans ses propos.

En 2018, durant l’Assemblée Générale de l’ONU, il répondait a Donald Trump qui venait de terminer un vibrant plaidoyer pour « la souveraineté des nations » qui s’opposait au « globalisme » d’un futur gouvernement mondial.

Cette réponse mettait l’accent sur la nécessité du « multilatéralisme » qui, pour le président français, est justement la mise en place d’une autorité mondiale qui permettrait à tous d’échanger avec tous.

Si tel n’était pas le cas, il brandissait le spectre du « repli sur soi » tant honni par les mondialistes.

L’ARROSEUR ARROSÉ

Depuis 2018, la géopolitique de la planète a beaucoup évolué. La guerre en Ukraine devait mettre, au travers de sanctions occidentales décrétées par « Uncle Sam », mais auxquelles tous les pays du monde « civilisé » étaient gentiment priés de s’associer, l’économie russe « à genoux ».

Ce résultat, loin d’être atteint, a plutôt mis en évidence un environnement beaucoup plus fracturé que certains ne voulaient le voir. Un voile se levait, découvrant un nouveau monde. Lassés de subir la tutelle trop envahissante des États-Unis devenus depuis l’éclatement de l’Union Soviétique, la puissance hégémonique, un certain nombre de pays ont décidé de s’organiser pour que le mondialisme ne triomphe pas. Leur axe commun est celui du maintien de la souveraineté des nations, lequel est totalement antinomique avec ce projet mondialiste.

Mais souveraineté ne signifie pas le « repli sur soi » désignant pour Emmanuel Macron le retour aux nationalismes.

LA MONTÉE EN PUISSANCE DES « MULTIPOLAIRES »

Les BRICS sont appelés à jouer un rôle moteur dans cette nouvelle géopolitique mondiale. Les pivots de celle-ci seront très probablement les continents. Les BRICS sont déjà présents dans 4 d’entre-eux : La Chine et l’Inde pour l’Asie, l’Afrique du Sud pour le continent africain, le Brésil pour l’Amérique du Sud et la Russie, qui est européenne. Associés à l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) et l’ANASE (Association des pays d’Asie du Sud Est), le poids économique de cet ensemble dépasse déjà celui du G7. De ce monde multi-polaire

Le multilatéralisme vers lequel nous allons d’une manière irréversible est le corollaire de ce monde multipolaire qui se met en place. Mais il n’a rien à voir avec celui auquel Emmanuel Macron faisait référence devant l’ONU en 2018. Loin de s’isoler les uns des autres, les continents multiplieront, les échanges commerciaux, mais ils le feront d’une manière différente de celle que nous connaissons. Jusqu’à un passé récent, les échanges commerciaux se faisaient en utilisant le dollar.

Monnaie domestique américaine, mais également monnaie internationale, il régnait sans partage et procurait aux Etats-Unis un avantage « exorbitant » puisqu’il n’appartenait qu’à eux de l’émettre dans des quantités dont ils décidaient seuls. Cela leur a permis d’exporter leurs dettes publiques dans le monde entier, au détriment du reste du monde.

LE DOLLAR EST CIBLÉ

Pour éviter cet écueil d’une monnaie de double nature, les BRICS ont décidé d’utiliser leurs monnaies nationales pour leurs échanges commerciaux internes. Ils seront très prochainement suivis par les autres associations internationales. L’effet risque d’être dévastateur pour le dollar, et ceci non seulement pour lui en tant que monnaie internationale, mais également pour l’extra-territorialité du droit américain dont il était la justification. Cet abus, car c’en est un, permettait aux États-Unis de se livrer à un véritable chantage afin de faire main-basse sur les entreprises étrangères qu’ils convoitaient. Le retour aux souverainetés nationales interdira cette extension du droit américain.

Jusqu’à un passé récent, aucun pays n’aurait délibérément attaqué le dollar, symbole de la toute-puissance américaine. La puissance militaire des États-Unis, qui a fait d’eux le « gendarme du monde » avait également un effet « dissuasif » et les quelques 800 bases américaines réparties à la surface de la planète leur permettaient une intervention rapide et « musclée »

Mais les temps changent et la situation évolue vite. Plus vite même que certains esprits qui veulent continuer à croire que les recettes d’hier continueront à s’appliquer au monde d’aujourd’hui. Le monde « global » est en train de s’estomper tandis que se dessine le monde « multipolaire », malgré tous les efforts déployés par ceux qui croient encore pouvoir maintenir les choses en l’état.

LES « ÉLITES » DÉMASQUÉES

Trop d’erreurs ont été commises, et notamment celle de ne pas vouloir dire clairement quels étaient les objectifs alors qu’ils étaient clairement opposés aux valeurs de liberté et de démocratie toujours mises en avant pour justifier un interventionnisme devenu quasi permanent. Pour avoir mis en œuvre une politique qui consistait à mettre en place des élites « pré-formatées » en les faisant élire par le système médiatique dont ils avaient pris le contrôle, un fossé s’est creusé entre elles et les peuples qui se sont progressivement rendu compte que quelque chose « ne tournait pas rond ».

Bien qu’en apparence leur souveraineté soit toujours mise en avant, démocratie oblige, ils étaient de moins en moins écoutés.

Voici ce qu’écrit Stanislas Berton sur ce sujet dans son essai « L’Homme et la Cité » sur l’infiltration de nos gouvernements occidentaux et des médias :

« Le mondialisme a compris qu’il était plus efficace et moins coûteux, pour contrôler un pays, de l’infiltrer et de le subvertir plutôt que de l’occuper militairement. Ce processus, systématisé depuis lea fin du XIXème siècle en Angleterre par le groupe de Milner et la Table Ronde ainsi que par la création des bourses Rhodes, se poursuit aujourd’hui avec des programmes comme ceux des « Young Global Leaders » du forum économique mondial ou celui des Young Leaders de la French-American Foundation.

Biberonnés à l’idéologie mondialiste, les membres de ces programmes seront ensuite appelés à exercer des fonctionsimportantes au niveau politique, économique, médiatique, culturel ou dans l’apparei d’État, où ils contribueront à la mise en œuvre de l’agenda mondialiste. Comme le disait Klaus Schwab avec beaucoup de candeur lors d’une conférence à Harvard en2017 : Avec nos young leaders, nous avons pénétré tous les gouvernements de la planète »

Or, ceci apparaît maintenant en pleine lumière. Ceci constitue le plus grave danger pour les élites mondialistes qui devaient rester invisibles. Elles savent maintenant que leur plan va échouer et que leurs jours sont comptés. Pour tenter une ultime manœuvre, elles vont probablement tenter de plonger le monde dans le chaos d’une 3ème guerre mondiale pour inverser les choses.

La guerre en Ukraine, qui aurait dû s’achever rapidement par une victoire de l’OTAN par Ukraine interposée semble tourner à l’avantage de la Russie. Certains pensent même que la guerre au moyen Orient qui se précise de plus en plus, serait une sorte de continuité de celle d’Ukraine de façon à faire vivre l’humanité sous une menace permanente d’un embrasement mondial dont le « vieux monde » pourrait encore sortir vainqueur.

Pour le moment, les partisans du monde multipolaire n’ont pas voulu entrer dans ce jeu. Ils savent qu’ils ont derrière eux près de 90 % de l’humanité et tous les atouts nécessaires pour gagner pacifiquement. Ils vont donc regarder patiemment l’Occident s’auto-détruire.

Le multilatéralisme d’Emmanuel Macron n’est vraiment pas celui des BRICS.

 

Jean Goychman

02/10/2024

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