Martinique : Problème de vie chère, ou « Opération Lavichère » ? (1ère partie)
L’illustration accompagnant une précédente chronique intitulée « Panem ? ou Circenses ? » donne un éclairage incontestable de la face (à peine) cachée de la problématique du moment.
Vie chère ou pas vie chère ? Problème ou dilemme ? Colère ou peste ?
Résumons les données du problème de cette « mobilisation contre la vie chère » (à la Martinique) par un état des lieux.
Il était une fois la Martinique… Avec ses spécificités. Tout le monde, individu, endroit, marchandise, a des spécificités, les siennes.
Et la Martinique en a au moins une : une spécificité géographique qui permet de se rendre compte qu’elle bénéficie de prestations sociales appréciées et d’un niveau de vie plus de deux fois supérieur à celui de Sainte-Lucie sa voisine indépendante au sud et plus de trois fois supérieur à celui de sa voisine au nord, la Dominique.
Ce qui lui vaut d’être considérée comme un Eldorado migratoire par bon nombre de Sainte-Luciens et d’Haïtiens (venus d’encore plus loin).
En fait de spécificité, on peut également évoquer sa population, son histoire, sa démographie et même une cinquième si l’on considère qu’une partie de sa population – une partie d’une partie de sa population, en réalité – ne cesse de mettre en avant sa et ses spécificités pour se plaindre de tout. De tout, y compris des prestations sociales brandies comme un critère d’aliénation ou pour réclamer toujours plus de spécificité, jusqu’à la dérogation permanente au bon sens et aux réalités de la nature, à la raison élémentaire et à la loi – quelle qu’elle soit – jusqu’à la négation totale du caractère répréhensible de ses actes (par exemple mettre le feu au bien d’autrui ou inciter à le faire en en attribuant culpabilité et responsabilité à d’autres).
Bref… Dans la situation actuelle, il y a de l’inversion dans l’air. De l’inversion dans l’exposé de sycophantes (les accusateurs publics dans l’Antiquité) et des relais habituels de déformation de la réalité : la presse fake stream et les perroquets de Pavlov que l’on désigne historiquement sous l’appellation d’idiots utiles. La témérité du jugement de ces derniers en fait des responsables et des coupables de désinformation.
Bien canalisée, la désinformation sert à engendrer, organiser et stimuler un discrédit qui transforme la diffamation en haine et la haine en une dynamique quasi irrésistible quand… comme dans Les Animaux malades de la peste, « plus d’amour, partant plus de joie… ».
Sans la propagande, Hitler serait-il parvenu à ses fins ?
Alors, cette vie chère ? Parlons-en, et commençons par essayer d’en comprendre les raisons objectives avant d’en chercher l’explication afrocentriste, puisque la propagande – dans un travail de longue haleine et donc entrepris de longue date par une intelligentsia insatiable – a choisi sa cible.
Appelons un chat un chat : la cible ce sont les békés, même s’il est plus politiquement correct de faire semblant de ne pas s’apercevoir du travail de manipulation qui consiste à montrer du doigt lesdits békés en agitant comme dans la fable tous les grelots qui pourraient appeler à dévouer le maudit animal, ce pelé, ce galeux d’où vient tout le mal ; bref à jouer sur tous les ressorts de la haine.
Le béké ne ressemble-t-il pas en l’espèce à un arbre planté par de gros malins pour cacher la forêt ?
Békés ou pas békés, « la vie chère » s’explique rationnellement – sauf à renoncer à vivre à la française et à imposer de vivre comme Vendredi débarrassé de Robinson. Cette vie chère s’explique, sans qu’il soit besoin de bouc-émissaire, par des raisons techniques et mécaniques évidentes, comme on a pu l’entendre sur LCI. Elles peuvent être entendues en peu de temps… quand on est de bonne foi. Il suffit de bien vouloir écouter plutôt que d’accuser par intention malveillante, par besoin de dominer tout échange au prix de l’obstination ou de l’ignorance, ou encore par paresse.
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Pour la petite histoire, en 2009, une première tentative de manipulation ethno-centrée a déjà eu lieu à la Guadeloupe, à la Martinique et dans une moindre mesure en Guyane et à la Réunion. Celle-ci, déjà menée par des hyènes pour exciter des cancres était placée sous les augures de la pwofitasyon (profitation), avait mobilisé les deux îles. Elle a en outre révélé in situ le véritable caractère du préfet de la Guadeloupe et la véritable nature du Secrétaire d’État d’alors à l’Outre-Mer du gouvernement Fillon.
Ces troubles sérieux – paralysie de la Guadeloupe pendant 44 jours et de la Martinique quelques jours de moins – sans toutefois le moindre incendie criminel, malgré une propagande active dont le Secrétaire d’État aux DOM-TOM n’était pas le moindre animateur. Ces événements avaient même provoqué le déplacement à la Guadeloupe de l’élite de la pensée (José Bové, Daniel Mermet, Ségolène Royal – cette dernière ayant avec bravitude fait deux voyages en moins de 45 jours -, pour ne citer qu’eux).
En 2009, est né un slogan en créole « Péyi a cé ta nou cé pa ta yo » (Le pays est à nous, pas à eux) dont le « nous » et le « eux » tracent une frontière qui n’est pas sans faire penser à une vindicte raciale, fruit d’un patient travail « d’éveil des consciences », démarche connue aujourd’hui sous le nom wokisme. C’est ce même slogan que l’on retrouve jusque dans les rues de Paris, au milieu d’autres ponctués d’un « rouge-rouge-rouge » aboyés frénétiquement en hommage à la couleur vestimentaire imposée par le mouvement animateur de la colère en cours, si minutieusement orchestrée qu’il est impossible d’avoir le moindre doute sur la professionnalisation comme sur les objectifs de celle-ci.
On en revient toujours au même point : « Boire ou conduire, il faut choisir ». En d’autres mots, entre déconner ou se conduire raisonnablement, il faut se faire une raison.
Organiser la vindicte envers « les békés » n’est pas ce que l’on pourrait appeler la démarche la plus scientifique en termes de promesse de résultats, surtout en pillant ou en incendiant des supermarchés que le Père Noël ne reconstruira sûrement pas.
Le problème de la vie chère est en réalité un dilemme. Un dilemme que l’on peut résumer ainsi : comment avoir un niveau de vie européen quand toutes les données objectives qui entrent dans l’équation des lois de l’économie (ressources, démographie, marché, possibilités) devraient condamner à la vie du Tiers-Monde, une vie matériellement plus étriquée et infiniment plus pesante qui engendre, on le voit tous les jours, des multitudes migrants ? La réponse, pourtant, à ceux qui s’interrogeraient sur cette particularité, ne procède ni du hasard ni du sous-sol.
La vie à la Martinique et le niveau de consommation que l’on y observe – religieusement nié par des militants indépendantistes avoués ou non – tient au privilège de l’identité française des Martiniquais et à l’identité martiniquaise des Français-Martiniquais que leur histoire a conduit à un niveau de vie occidental, le plus élevé de l’arc antillais et d’une grande partie de l’Amérique latine.
Effectivement les prix y sont plus élevés – toutefois pas dans les proportions qu’on prétend – qu’en France hexagonale. Mais, curieusement, la consommation de champagne aussi : la Martinique et la Guadeloupe sont de loin les plus gros consommateurs de champagne per capita du périmètre français. Étonnant, non ?
Ce qui veut dire que le problème posé n’est peut-être pas celui exposé.
Personne ne peut nier qu’il y a aux Antilles des pauvres et des chômeurs. C’est pourquoi les responsables économiques et politiques font de leur mieux pour que l’accès à l’emploi ainsi qu’à la consommation s’améliore.
N’oublions pas que plus il y a de consommateurs, mieux les commerçants – békés ou non – se portent, et plus chacun y trouve son compte.
Sauf peut-être des agitateurs patentés qui ont montré leur capacité à empêcher les efforts des professionnels, de l’État et de la Collectivité territoriale, pour peser favorablement sur les prix de l’alimentation.
Simon Zémer
8 novembre 2024
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