Je viens de voir sur Tweeter/X, grâce à #elonmusk, la vidéo du tir russe d’un missile balistique intercontinental, sans tête nucléaire, de type IBCM RS-26, sur une cible en Ukraine (probablement un site industriel de stockage et/ou d’assemblage d’armements à Dnipropetrovsk).
Il s’agit à ce stade d’une opération d’intimidation du régime ukrainien et des occidentaux. Le message russe est dans la vocation intercontinentale, la capacité de dissuasion stratégique et de pénétration des défenses adverses de ce missile, avec sa portée (plus de 5000 km), sa précision (environ 150 mètres) et sa vitesse. Le RS-26 Rubezhal atteint en effet des vitesses hypersoniques allant jusqu’à Mach 20 (24 500 km/h) lors de sa rentrée atmosphérique.
Conçu pour rendre les interceptions difficiles, il fait partie des ICBM les plus avancés, renforçant la puissance stratégique de la Russie. Il peut emporter 6 ogives nucléaires ou conventionnelles. Chaque ogive conventionnelle contient des sous-munitions.
N’importe quelle installation militaire en Europe peut être ciblée. Le RS-26 est conçu et considéré comme menace stratégique pour les capitales européennes. Il a la capacité de cibler les forces de l’OTAN en Europe.
En dévoilant le RS-26 à armement conventionnel, la Russie change la nature qualitative du conflit, ce qu’avait promis le président Vladimir Poutine.
L’Ukraine et ses alliés occidentaux doivent désormais évaluer le potentiel destructeur de cette arme et considérer que la Russie peut lancer cet engin sur n’importe quelle cible en Ukraine ou en Europe, sachant qu’il n’existe aucune défense efficace contre cette menace balistique conventionnelle.
Il y a clairement une accélération, une escalade et une montée aux extrêmes dans cette guerre. Il faut relier ce processus au séisme provoqué par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Chaque partie cherche un maximum de gains pour peser au mieux dans les futures négociations qui auront lieu début 2025, grâce, il faut le rappeler, aux électeurs américains. Sans eux, sans leur vote, massif, il n’y aurait pas aujourd’hui la moindre perspective de paix à l’est de notre continent.
Je pense à tous les bellicistes qui, en France, fanfaronnent et poussent tous les jours à la guerre sans la faire, considérant qu’ils en sont à jamais exonérés. Ils n’ont d’ailleurs aucune conscience du quotidien des soldats engagés sur le champ de bataille. Ils n’éprouvent pas la peur du combattant. Ils ne ressentent pas ses angoisses dans les tranchées, entre éclats d’obus, survol d’un drone, balles qui sifflent, sang qui coule. Ils n’ont absolument aucune idée de la perspective de donner la mort, ou de la recevoir.
Pour beaucoup, ils n’ont d’ailleurs aucune idée de la vocation singulière du métier des armes. Ils n’ont souvent aucune culture de la défense nationale, ni aucune connaissance des enseignements de la guerre. Enfin, ils ne connaissent pas le fait nucléaire ni le but de la Dissuasion.
Pendant très longtemps, ces esprits aujourd’hui bellicistes n’imaginaient même pas l’éventualité du recours à la force et de la guerre. Ils n’ont pas vu que nos dirigeants occidentaux laissaient petit à petit, à force de négligences, d’excès, d’erreurs géopolitiques, les conditions du retour de la guerre se mettre en place à l’est de notre continent.
Les mêmes bellicistes ne savaient pas qu’un effort de préparation à notre défense nationale s’inscrivait dans la durée et la constance. Ils ne comprenaient pas que nos armées ne devaient plus être les variables d’ajustement accommodantes des confrontations budgétaires d’octobre.
Il y a à la fois de l’arrogance et de l’inconscience chez ces bellicistes.
« Celui qui tue de loin, ignore tout ce que signifie tuer » (Arturo Perez).
Olivier Patio
21/11/2024
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