LA NATION, CE BIEN INESTIMABLE QUI N’APPARTIENT QU’AU PEUPLE (Jean Goychman)

Nous vivons des journées historiques en ce sens qu’elles vont être déterminantes pour le devenir de notre pays. La France a connu, au cours de sa longue histoire des jours qui ont marqué, tels des points d’inflexion, des moments où une remise en question des orientations politiques devenait nécessaire.

L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, CLÉ DE LA POLITIQUE FRANÇAISE

Depuis 2002, les présidents ne sont plus élus sur un projet proposé mais pour battre un autre candidat. Ce vote « d’élimination » permet à l’élu de rester très discret sur son éventuelle proposition.

Ne s’engageant pas réellement, il peut ensuite s’abriter sous une sorte de « qui ne dit mot consent » pour conduire une politique qui ne soit pas conforme à ce qu’en attend le peuple français.

Pour être élu, il faut une majorité et c’est une évidence. Le projet que doit proposer le candidat doit rencontrer l’assentiment majoritaire du peuple français. Les plus nombreux sont ceux qui appartiennent aux « couches populaires ». Ainsi va la démocratie.

Or, depuis plusieurs décennies, l’avis de cette classe sociale ne compte plus dans notre pays. Ils ont massivement rejeté le projet de traité constitutionnel en 2005 et pourtant l’élite dirigeante a passé outre. Depuis, il n’y a jamais eu de référendum portant sur l’organisation de l’Europe. Alors que le peuple français tenait à conserver la souveraineté de la Nation, tout à été fait insidieusement pour mettre à mal cette souveraineté. Un autre clivage s’est progressivement installé qui n’a cessé de s’amplifier entre une élite profondément euro-mondialiste et un peuple resté très attaché à la souveraineté que la Constitution lui garantit.

Or, depuis Jacques Chirac, dont l’évolution entre « l’appel de Cochin » de 1978 et le soutien du « oui » au référendum de 2005 a été particulièrement significative, tous les présidents successifs ont mené une politique « pro-européenne » qui, de fait était une politique en faveur d’une « Europe intégrée » tout en maintenant une certaine ambiguïté pour, justement, ne pas froisser les couches populaires. On leur a vendu l’euro sur une description idyllique en omettant soigneusement de parler de la perte de notre souveraineté monétaire et des risques que cela présentait à terme. Le plus urgent était de faire accepter ce saut vers le fédéralisme que ses promoteurs avaient soigneusement rendu irréversible. Or, l’état de l’Union Européenne ne permettait pas de garantir la pérennité de cette monnaie unique en raison des trop grandes disparités des pays entre eux. Seul Philippe Seguin, dans un véritable discours d’anthologie, avait tenté de décrire la réalité, mais il n’a pas été écouté.

Or, le décalage entre le président et la majorité du peuple a été longtemps masqué en raison d’une non-utilisation du référendum qui aurait permis d’en constater l’ampleur.

L’autre moyen d’exprimer la volonté populaire que sont les élections législatives a été dénaturé par la réforme du quinquennat. Elle les a réduit à une sorte de « tour de confirmation » de l’élection présidentielle par lequel la voix du peuple n’avait plus de moyen « légal » de s’exprimer sur le fond.

UNE DISSOLUTION TRÈS RÉVÉLATRICE

Emmanuel Macron était probablement conscient de tout cela, mais il en avait peut-être sous-estimé l’importance. La dissolution consécutive au résultat de l’élection européenne devait logiquement conduire à une cohabitation avec le Rassemblement National dans la dynamique des européennes mais la réalité fut toute autre. Les élections législatives de juin 2024 montrèrent d’une façon éclatante que, non seulement le Président n’avait pas, tant s’en faut, de majorité parlementaire, mais surtout que le pays était devenu ingouvernable. Il eut fallu immédiatement réagir en demandant, et c’est l’esprit même de la Constitution, au peuple de trancher. Écartant d’emblée tout référendum, il ne restait à Emmanuel Macron que la remise en jeu de son mandat, seule issue possible.

N’ayant pas voulu le faire, le fonctionnement en mode dégradé de notre Constitution ne pouvait que conduire au chaos actuel. Il est absolument nécessaire, pour le maintien de l’ordre social, que le peuple puisse s’exprimer sur les sujets fondamentaux qui peuvent remettre en jeu l’existence même de la nation. Nous sommes dans une triple crise financière, politique et sociale, non pas du fait du vote d’une motion de censure, qui est un acte prévu par la Constitution, mais par une politique continue qui consistait à détourner la Constitution de son esprit en pensant que le peuple ne le verrait pas et que l’élite qui soutenait cette politique allait seule en tirer profit.

IL FAUT REPARTIR DE LA BASE.

Aujourd’hui, il est essentiel de savoir ce que veut le peuple français concernant le devenir de notre pays. Pour cela, il faut que quelqu’un qui saurait susciter la confiance du peuple exprime les différents choix possibles sur les sujets « structurants » comme l’Union Européenne (Fédération ou Europe des nations) mais aussi sur l’euro ou encore sur l’immigration et la place de la France de ce monde en plein bouleversement géopolitique.

Cet exposé devra être impartial pour que le peuple puisse choisir librement. Bien sûr, il faut s’attendre à ce que certains esprits chagrins mettent en doute cette capacité de discernement.

C’est pourtant la base même de la démocratie.

« Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la nation et se disqualifie l’Etat, la masse immense des Français se rassemblera sur la France ».

Charles de Gaulle – Discours de Bruneval 1947

Jean Goychman

03/12/2024

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