« LA TOLÉRANCE, IL Y A DES MAISONS POUR ÇA ! » (Eric de Verdelhan)

« La tolérance, il y a des maisons pour ça ! ». 

« Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence. »

(Mahatma Gandhi).

Mes lecteurs, et même mes amis, me reprochent de trop parler de l’Algérie française et ils ont sans doute raison. Quatre de mes livres traitent du drame algérien. On pourrait donc penser que j’ai épuisé le sujet mais, plus le temps passe et plus je suis convaincu que la perte de l’Algérie aura été le point de départ de nos malheurs. En 1974, le premier choc pétrolier est venu nous rappeler que nous avions bradé notre autosuffisance énergétique en abandonnant le Sahara (1). Puis, en 1976, le « regroupement familial » a fait affluer des immigrés de notre ancien Empire colonial, très majoritairement des afro-maghrébins musulmans. Ceux venus d’Algérie estimaient qu’ils avaient une revanche à prendre. Ils n’étaient pas les seuls car, à l’instar des USA, la communauté noire de nos anciennes colonies s’est mise, elle aussi, à nous reprocher la colonisation, qui aurait exploité les richesses de leurs pays, et l’esclavage que nous avons pourtant été les premiers à abolir (alors que des pays musulmans le pratiquent encore aujourd’hui, sous diverses formes).

De notre côté, nous n’avons pas su (ou pas voulu) intégrer les Harkis qui avaient été fidèles à la France et que leur pays d’origine considérait, et considère encore aujourd’hui, comme des traîtres. Très naturellement, beaucoup de fils et petits-fils de Harkis se sont mis eux aussi à détester la France.

Avec la montée du « Wokisme », toutes les minorités – raciales, religieuses ou sexuelles – ont clamé leur haine du « mâle blanc » et lui ont demandé de battre sa coulpe et de payer pour avoir usé et abusé de son prétendu suprématisme. Accusé de tous les vices, de toutes les misères du monde, de toutes les tares –  y compris son hétérosexualité – ce dernier a accepté les coups sans les rendre.

 Et depuis des décennies, nous pratiquons l’auto-flagellation et une repentance honteuse qui ne font que renforcer la haine vindicative de nos adversaires. Nous nous comportons, soit comme des lopes émasculés qui acceptent tout, soit comme l’autruche qui, ne voulant rien voir, se cache la tête dans le sable. Beaucoup de nos concitoyens – citoyen étant parfois en trop ! – ont perdu toute dignité, toute fierté, tout honneur, toute combativité. Ils pleurent d’être né blancs. Pour eux, être français est une tare et ils sont prêts à aller à Canossa implorer le pardon.

Comment en est-on arrivé là ? Répondre à cette question mériterait un long développement socio-philosophique que je vous épargnerai, mais j’ai envie de vous dire, pour faire court, que nous sommes en train de crever – je pèse mes mots – de tolérance, de laxisme, de permissivité, car on a réussi à nous culpabiliser, or un coupable cherche, d’abord et avant tout, à se faire pardonner.

Je ne sais plus qui a dit « la tolérance, il y a des maisons pour ça ! » ? Certains attribuent cette citation à Clémenceau, d’autres à Paul Claudel. Il semble qu’elle soit de Léon Daudet, le trublion de « l’Action française », un des meilleurs polémistes de son temps. Mais peu importe d’auteur ; Entre légende et réalité,   Marthe Richard s’est construit un personnage hors-norme.  DRles « maisons de tolérance » ont été fermées par la loi – scélérate ! – du 13 avril 1946, que l’on doit à  Marthe Richard et qui lui valut le surnom de « la veuve qui clôt ». Notre tolérance coupable remonte au début des années 1960, comme notre décolonisation, comme la perte de l’Algérie. Et ces années 60 se sont terminées avec la pantalonnade de mai 1968. C’est en gros à cette époque que toutes les digues ont cédé. Nous étions presque à la fin des « 30 glorieuses » et l’édifice craquait de partout !

J’attribue (une partie de) la responsabilité de notre tolérance et de notre servilité reptilienne aux catholiques progressistes et à leur interprétation socialisante du Nouveau Testament.

Jusqu’aux années 1960, notre pays était très majoritairement catholique. Il résistait tant bien que mal aux attaques féroces de la Franc-maçonnerie qui, ayant tué « le Trône », voulait aussi tuer « l’Autel ». Tout avait commencé, le 4 novembre 1789, par la confiscation des biens du clergé, puis la Terreur avait détruit les temples et tué bon nombre de curés « non-jureurs ».

Emile Combes, un des héros de la laïcité française - 450.fm - Journal de la Franc-maçonnerie

L’œuvre de déchristianisation était en marche ; elle n’allait plus s’arrêter. D’abord avec Émile Combes, franc-maçon qui, par la loi du 7 juillet 1904, interdit aux congrégations d’enseigner. Il fait fermer 2500 écoles religieuses. La suite est une longue litanie de coups bas contre les catholiques.

C’est le général André, qui, le 4 novembre 1904, est giflé à la chambre par le député Syveton; point d’orgue de l’ « affaire des fiches », dans cette « République des Francs-maçons » (2).

Le général André, pour favoriser l’avancement des officiers républicains ET anticléricaux, fait ficher les officiers catholiques. 20 000 fiches sont transmises au « Grand Orient », fer de lance de la lutte contre l’Église. Le scandale sera énorme. Beaucoup d’officiers indûment promus (dont presque la moitié des 425 généraux) seront limogés. Le général André fut contraint à la démission et, après lui, le gouvernement d’Émile Combes. Mais, c’est bien à la Franc-maçonnerie que l’on peut imputer nos déboires militaires au tout début de la guerre de 14-18. On avait écarté des officiers généraux compétents, parce qu’ils étaient catholiques, au profit de laïcards forcenés.

C’est la « Loi de séparation de l’Église et de l’État », d’Aristide Briand, le 9 décembre 1905 et le scandale des inventaires qui se dérouleront dans un climat détestable de guerre civile.

Topical Press Agency/Getty Images

C’est la condamnation de « l’Action Française » par le pape Pie XI, le 25 décembre 1926 ou, plus exactement, l’interdiction faite en 1927 aux maurrassiens de recevoir les sacrements de l’Église. Ce drame va déchirer des familles, il va troubler les consciences, mais il était voulu puisque, en dissociant le Trône de l’Autel, il interdisait toute possibilité d’un retour de la monarchie en France (3).

C’est, enfin, pour revenir aux années 1960, le Concile Vatican II, commencé sous Jean XXIII en 1962 et clôturé sous Paul VI en 1965, qui va prôner l’œcuménisme, abandonner le rite tridentin et le latin – langue universelle de l’Église – provoquant une forte crise des vocations et une désertification des séminaires, des couvents et des églises. C’est à cette époque, et avec la complicité de ses clercs, qu’on est passé d’une religion forte, solide dans ses dogmes, à une sorte de fourre-tout capable, en théorie, d’attirer tout le monde. Mais, ce catholicisme rénové, plus tolérant, plus « ouvert au monde moderne », sans contraintes, avec ses temples d’une sobriété monacale, où le prêtre officiait non plus vers Dieu mais tourné vers ses ouailles, où on ne parlait plus que d’œcuménisme, de tolérance, et d’ouverture aux autres religions, était en fait devenu…le protestantisme. Robert Beauvais a fort bien décrit le phénomène dans un livre plein d’humour : « Nous serons tous des protestants » (4).

Avec la suppression du latin, on a aussi remplacé le chant grégorien par des chansonnettes – qui font penser à « Travadja la moukère » – à la gloire de « Christ » qu’on s’autorise à tutoyer comme si c’était un copain de bistrot ou de régiment. Comme cette religion modernisée, qui place les droits de l’homme avant Dieu, se prend très au sérieux, on s’est même mis à faire de la sémantique. C’est ainsi que, dans le « Pater noster », on a remplacé « ne nous laisser pas succomber à la tentation » par « ne nous laissez pas entrer en tentation ». À une époque où les églises se vident, au lieu de chercher à comprendre pourquoi et d’endiguer cette désaffection, on préfère sodomiser les coléoptères…      

Dès la fin des années 60, ce sont les abus, les excès, les abandons liturgiques d’après Vatican II, qui sont à l’origine de la rupture entre les « traditionalistes », sous l’égide de monseigneur Marcel Lefebvre, et le courant progressiste de l’Église. À ce stade, je ne peux que vous conseiller la lecture de sa « Lettre ouverte aux catholiques perplexes » (5) qui est un modèle de lucidité, de clairvoyance et de foi chrétienne. Ce prélat avait tout compris du mal qui rongeait l’Église (et la société). Le 29 août 1976, lors d’un sermon à Lille, il déclarait : « on ne peut dialoguer ni avec les francs-maçons, ni avec les communistes, car on ne dialogue pas avec le diable ! ». Plus tard, le 14 novembre 1989, lors d’une conférence de presse, il dira : « le mieux, pour les musulmans, serait qu’ils rentrent chez eux car ils vont sinon petit à petit imposer leurs lois…». Ceci a incontestablement le mérite de la clarté !

En quelques années, notre pays est passé d’une religion exigeante, dans laquelle le mal était clairement défini (entre autres, par le décalogue), où le péché mortel pouvait vous conduire en enfer, à une religion de « Bisounours » qui tolère tout, qui excuse tout, qui pardonne tout. Une religion qui a adopté la même philosophie que la CIMADE (6) protestante qui stipule dans ses statuts : 

La Cimade

« La CIMADE a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités…quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position religieuse… » 

 L’Ancien Testament prêchait la Loi du Talion « Œil pour œil, dent pour dent !». Quelquefois, pour s’imposer, il fallait adopter des méthodes plus expéditives : « Pour un œil, les deux yeux ; pour une dent, toute la gueule ! » Mais ça, comme dit la publicité, « c’était avant ».

Les cathos de gauche dégoulinent de bonté pour les gens venus d’ailleurs, mais ils battent leur coulpe et condamnent les horreurs commises par leurs aïeux comme les croisades, l’inquisition, l’esclavage, ou encore le colonialisme…

Ils aiment tout le monde, le migrant illégal, le mineur isolé, surtout s’il vient de loin. On leur a appris : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » et comme beaucoup sont narcissiques, ils aiment l’allogène… comme eux-mêmes. Pour ma part, je serais plutôt adepte de la formule de Jean-Marie Le Pen : « Ma religion m’oblige à aimer mon prochain, pas forcément mon lointain ! » 

L’Église postconciliaire veut avoir son mot à dire sur la place des gays ou des divorcés dans l’Église, le mariage des prêtres, l’ordination de femmes (au nom de la parité ?), etc…etc…

Elle s’intéresse d’avantage au temporel qu’au spirituel. Mais cette adhésion de prélats mitrés ou de curaillons de gauche au progressisme débridé a vidé les églises. Jadis les ouailles suivaient leurs curés, quand ces derniers étaient exemplaires et croyaient encore en Dieu. Aujourd’hui, la France compte moins de 3% de catholiques pratiquants et les mosquées sont pleines.

Une religion ne s’impose et ne survit que si elle est forte ; l’Islam l’a bien compris !

Pourtant, les cathos de gauche – et Bergoglio le premier ! – ont quand même UN ennemi, un seul : le catholique traditionaliste. Nous venons d’en avoir une démonstration tout récemment.

En annonçant la participation du « Groupe Bayard » – qui regroupe entre autres les journaux catholiques « La Croix » et « Le Pèlerin » – pour relancer l’école de journalisme « ESJ Paris » et le recrutement d’Alban du Rostu (7), son président, François Morinière, a déclenché un débrayage des salariés du groupe. Le 28 novembre, plus de 200 salariés ont braillé devant le siège social du groupe : « Pas de réacs dans nos rédacs, pas de fachos dans nos locaux ! ». Face aux « inquiétudes » de son personnel, le groupe a fait machine arrière. Il a préféré « baisser son froc ». C’est lamentable !

Pour conclure – et même si je les combats depuis toujours ! – je peux comprendre la volonté des francs-maçons de nous imposer leur GADLU(8) puisqu’il fait partie de leur projet de gouvernance mondiale ; je peux comprendre le matérialisme athée des communistes (et de la gauche en général) qui, ne croyant pas à la vie éternelle, espèrent des « lendemains qui chantent » (« l’Internationale ») ; je peux comprendre l’Islam qui entend imposer la Charia au monde entier et veut, pour ce faire, nous jouer la « Reconquista » à l’envers. En revanche, je ne comprends pas l’attitude suicidaire des cathos de gauche ; cette capacité à jouer contre leur camp, contre NOTRE camp. Ils sont les « idiots-utiles » – parfois les idiots tout courts ! – et les « collabos » des ennemis de l’Occident chrétien.

 Je n’en veux pas aux fidèles qui, trop souvent hélas, suivent comme des moutons de Panurge leurs (mauvais) bergers. Mais j’en veux beaucoup à cette hiérarchie progressiste ouverte à toutes les « avancées sociétales » de gauche et qui fait le jeu des mondialistes, consciemment ou non.

Ceux à qui je dois ma formation intellectuelle et mes convictions sont Charles Maurras (qui était agnostique), Maurice Barrès (revenu au catholicisme), Dominique Venner (qui était athée), Gustave Thibon (philosophe catholique), Mgr Marcel Lefebvre, et beaucoup d’autres dont Patrick Buisson, François Brigneau ou Jean-Marie Le Pen.  Tous, sans exception, étaient (ou sont) attachés à nos racines judéo-chrétiennes. Le catho de gauche est universaliste, nous pas !   

Eric de Verdelhan.

09/12/2024

1) Sahara que l’Algérie ne revendiquait pas avant les Accords d’Evian.

2) On évaluait à 30 000 le nombre des « Frères » dans les instances politiques, dont 250 députés et 200 sénateurs. J’ai m’impression que la V° République est, elle aussi, celle des francs-maçons.

3) Cette condamnation inique a été levée par S.S.Pie XII en 1939.

4) « Nous serons tous des protestants » de Robert Beauvais ; Plon ; 1985.

5) « Lettre ouverte aux catholiques perplexes », de Mgr Marcel Lefebvre ; Albin Michel ; 1985.

6) La CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués) est une association « de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d’asile et aux étrangers en situation irrégulière ». Ces gens-là aidaient le FLN pendant la guerre d’Algérie.

7) Ancien collaborateur de l’entrepreneur catholique Pierre-Édouard Stérin.

8)- GADLU : Grand Architecte De L’Univers, le dieu des francs-maçons. Il a inspiré l’œcuménisme. 


FAIRE UN DON ?

Minurne fonctionne depuis sa création en 2011 sans recettes publicitaires.
Si nos articles vous plaisent, vous pouvez nous aider en faisant un don de 5 €,10 € ou 20 € (ou plus, bien sûr) via Paypal.
Cliquez ci-dessous (paiement totalement sécurisé).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Soyez le premier à commenter