BAY-ROUE…DE SECOURS…À PLAT (Cédric de Valfrancisque)

« Mauvais, intriguant, opportuniste, ambitieux, arriviste, prétentieux, carriériste, menteur, trompeur, hâbleur, esbroufeur, bluffeur, poseur, traître, factieux, séditieux, apostat, infidèle, félon, fourbe, déloyal, parjure, lâcheur, renégat. »

(Jugement sur François Bayrou attribué à Simone Veil).

Les réseaux « asociaux » se sont faits une spécialité de diffuser des « fake news » (en français dans le texte) que des tas de gens – naïfs ou complices – s’empressent de faire circuler.  L’avorteuse Simone Jacob, épouse Veil, en connaissait un sacré rayon en matière de traîtrise, de volte-face et de coups foireux mais la citation en entête de mon article du jour n’est pas d’elle. Elle date de 2010 et sort d’un article signé Trudi Kohl, journaliste et romancière allemande dont je n’ai jamais rien lu. La mère Veil, qui détestait le « crétin des Pyrénées », s’est contenté de dire de lui qu’il était « le pire choix possible » et qu’elle connaissait tout « de son passé et de ses trahisons successives ». C’est plus court mais son jugement a le mérite de la clarté. Autour de moi, certains m’expliquent que Bayrou serait un moindre mal, un provincial (et même un rural), cultivé, modéré, catholique et bon père de famille. Ainsi donc, ce vieux cheval de retour, ce transsexuel politique, aura – enfin ! – atteint le graal.

Il en rêvait, il grenouillait, il trahissait, il magouillait pour ça depuis toujours. Bayrou, avec ses grandes esgourdes et son air benêt, on l’a toujours connu ; il fait partie des vieux meubles de V° République et il y est entré avec une mentalité de notable de province de la IV° République. Il était déjà vieux à ses débuts en politique, quand, en 1978, il devenait le scribe de Jean Lecanuet. De 1979 à 1981, il était détaché au cabinet de Pierre Méhaignerie, ministre de l’Agriculture du gouvernement Barre, et dont il était également la « plume » (1), puis il deviendra chargé de mission au cabinet d’Alain Poher, président du Sénat. Élu local du Béarn, piètre ministre de l’Éducation Nationale dans les années 1990, candidat malheureux aux présidentielles de 2002, 2007 et 2012, et faiseur de roi lors de l’élection de 2017. C’est donc à ce traître – qui appelait à voter Hollande en 2012 – que l’on doit l’élection de Macron. De ce fait, c’est à lui que nous devons l’effondrement, l’effacement, l’anéantissement de la France depuis 2017. Et le voilà vingt-huitième premier ministre de la V° « Ripoux-blique ».

Macron aura été, sans conteste, le pire des présidents de la V° République mais sans Bayrou, Macron, insignifiant ministre sous François Hollande, serait sans doute redevenu banquier d’affaires chez Rothschild. Sept ans plus tard, nous apprenons que Bayrou aurait « tordu le bras » de l’avorton présidentiel pour obtenir Matignon. Macron voulait nommer Sébastien Le Cornecul, pour faire de l’ombre à Gaby Attal dont les dents rayent le parquet. Chez les LR, Laurent Veau-qui-y-est avait peur de la notoriété montante de Bruno Re-taïaut-taïaut. Et chez les Zinzins-soumis (2), Lucie Casse-Tête, qui n’a jamais été élue nulle part, tape du pied pour rappeler qu’elle existe tandis que ses supporters entonnent le « Gode save the gouine ». Dans ce foutu pays, où plus rien ne fonctionne normalement, on ne fait plus de politique, on gère des caprices de divas ou des colères d’enfants gâtés.

À l’heure où j’écris, nous ne connaissons pas encore la liste des ministres du gouvernement Bayrou. Je ne sais pas encore comment réagiront les oppositions mais je sais déjà que nous risquons de vivre quelques psychodrames pas piqués des hannetons entre les deux caractériels à la tête du pays, car contrairement à ceux qui ont obtenu des maroquins ministériels sous Macron, le « crétin des Pyrénées » ne lui doit politiquement rien et on le dit têtu comme un âne rouge. Il se croit chef du gouvernement mais la réalité de son poste est doublement biaisée par la volonté du narcissique chef de l’État et par la lecture toute personnelle des institutions de ce dernier (3).

Sixième premier ministre depuis 2017, Bayrou a entre les mains des cartes biseautées, des dés pipés. En effet, Macron a volé aux français le résultat des Européennes et des Législatives. Aux Européennes, c’est la droite que l’on qualifie d’extrême qui a emporté le morceau ; aux Législatives de sordide magouilles, destinées à faire barrage au RN, ont donné la victoire au « Nouveau Front Populaire ». Une majorité de Français a donc exprimé sa volonté d’une alternance aux politiques désastreuses conduites par l’extrême-centre macroniste depuis sept ans. Selon son bord politique, il y a deux façons d’interpréter le résultat des Législatives.  À gauche on estime que la coalition arrivée en tête est le « Nouveau Front populaire », association de la carpe et du lapin soumise à Mélenchon et LFI. À droite c’est indéniablement le RN qui est devenu le premier parti de France.

Pourtant, au mépris de la logique institutionnelle (et malgré les leçons qu’il aurait dû tirer d’une censure), Macron décrète qui est dans « l’arc républicain » et qui est en dehors. Nous vivons un déni de démocratie. Et les rares insatisfactions exprimées par le « crétin des Pyrénées » à l’égard de certaines décisions de l’avorton présidentiel ne doivent pas masquer une évidence : Bayrou n’est pas qu’un prolongement du macronisme, il en est l’origine. Dès le début des années 2000, il a repris le vieux rêve de Giscard d’Estaing qui voulait n’être «ni de droite, ni de gauche » et affirmait que deux Français sur trois voulaient être gouvernés au centre. Il en avait même fait un (mauvais) livre (4).

Emmanuel Macron, qui n’avait pas de programme, aucune véritable ambition pour le pays, et pas de réelles convictions puisque, européiste forcené, il rêve aux États-Unis d’Europe, a théorisé sur cette base totalement déconnectée des réalités, un progressisme qui plaît aux urbains-écolos-bobos mais qui disqualifie tous les choix contraires à sa propre ligne. Il a fait des procès en sorcellerie à tous les projets politiques défendant, entre autres, nos frontières, le contrôle de l’immigration, une justice fiscale, le renforcement des services publics ou encore le modèle social français. Autant dire que Bayrou, qui a placé des membres de son parti de ventres mous dans tous les gouvernements depuis 2017, ne peut pas incarner l’alternance. En fait, Bayrou premier ministre ne tire pas sa légitimité des urnes. On dénature nos institutions avec un chef de gouvernement qui n’est pas légitime !

De surcroît – et je ne peux m’empêcher de me gausser – non content d’être un traître, Bayrou sera peut-être, très bientôt, un repris de justice. J’avoue qu’un chef de gouvernement sous bracelet électronique serait une première dans l’histoire chaotique de nos républiques, mais sait-on jamais ? Sous Macron tout est possible ! Le « crétin des Pyrénées » est toujours sous la menace d’un procès dans l’affaire des assistants parlementaires du « MoDem ». Il a été jugé en première instance à l’automne 2023, pour « complicité par instigation de détournements de fonds publics » entre 2005 et 2017. A l’issue du procès, le tribunal correctionnel de Paris a annoncé, le 5 février dernier, sa décision de le relaxer, « au bénéfice du doute ». Mais trois jours après, le parquet a fait appel, estimant « que les faits caractérisent les infractions reprochées et que les preuves de ces délits sont réunies contre tous les prévenus ». Il doit donc être jugé une seconde fois mais la date du procès en appel n’est pas fixée. C’est donc une épée de Damoclès qui pèse sur sa tête et ses grandes oreilles !

S’il est toujours à Matignon lors du procès, ce sera une première sous la « Ripoux-blique » que l’avorton présidentiel voulait exemplaire. Il est reproché à Bayrou, jugé aux côtés de dix autres cadres et élus centristes, d’avoir détourné des fonds européens afin de les utiliser pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour l’UDF puis pour le « MoDem ». C’est à partir de témoignages, de documents des instances européennes, de mails et de notes trouvés lors de perquisitions, que deux juges ont mis au jour, après six années d’instruction, un « mécanisme frauduleux ». Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu le « détournement de fonds publics » mais il a souligné qu’« aucun élément ne permet d’affirmer que le président du parti avait connaissance de la non-exécution des contrats d’assistants parlementaires ». Une enquête préliminaire avait été ouverte début juin 2017, peu après la nomination de Bayrou comme Garde-des-Sceaux. Celui qui devait porter le projet de loi sur la « moralisation de la vie publique », un des chantiers prioritaires de Macron, après une campagne présidentielle entachée par les affaires, avait dû démissionner le 21 juin, comme d’autres ministres du « MoDem ». Juste après sa relaxe, en février dernier, le parquet avait interjeté appel. La justice n’en a donc pas totalement fini avec Bayrou. Lors du premier procès, le parquet avait requis contre lui 30 mois de prison avec sursis, 70 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité avec sursis. Deux autres prévenus – Stéphane Thérou et Pierre-Emmanuel Portheret – avaient été relaxés, tandis que les huit autres, parmi lesquels figuraient cinq ex-eurodéputés, avaient été condamnés à des peines de 10 à 18 mois de prison avec sursis, des amendes de 10 000 à 50 000 euros et à deux ans d’inéligibilité avec sursis. L’UDF avait été condamnée à 150 000 euros d’amende dont 100 000 euros fermes, et le « MoDem » à 350 000 euros dont 300 000 fermes. Cette affaire avait conduit Bayrou à quitter précipitamment le ministère de la Justice, le 21 juin 2017, soit un mois seulement après sa nomination. Le 8 février 2024, soit quelques jours après la relaxe, le parquet faisait appel.

Attendons la suite car, pour l’instant, Bayrou est présumé innocent mais on aura du mal à me convaincre que cette vieille bête politique, dont les grandes oreilles trainent partout, n’était pas au courant de ce que faisait le directeur financier de son parti. De plus, il sera difficile aux juges de blanchir Bayrou et de condamner Marine Le Pen pour les mêmes motifs. Encore qu’en Macronie, il faut s’attendre à tout ! Je ne sais toujours pas ce qu’est « l’arc républicain » mais je sais, en revanche, que ceux qui prétendent nous gouverner ne sont pas des flèches.

 

Cédric de Valfrancisque.

19/12/2024

 

1) Avant on appelait ça « le nègre » mais depuis des années on n’ose plus utiliser ce mot.

2) Soumis en effet, et même totalement soumis, à Rachid Méchantkon.

3) Macron n’est pas le premier président à triturer et maltraiter les institutions de la V° République, mais lui s’assoit carrément sur la Constitution.

4) « Deux Français sur trois » (essai) ; de Valéry Giscard d’estaing ; éditions Compagnie 12 ; 1984.


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1 Commentaire

  1. On retrouve le descriptif de Hollande par Pasqua, un modèle de clarté que je conseille à tous ceux qui doutent.
    Pour Bèèèèèèrou le fourbe, je pense qu’il n’aurait pas dû dépasser la fonction de président du club de collectionneurs de tracteurs du Bas-Béarn.
    Mais avec le µcron fossoyeur de la France, on peut s’attendre à le voir creuser encore plus profond. Un trou de 3500 milliards d’euros ce n’est qu’un échauffement, il peut faire pire (c’est dans ce registre qu’il doit être le meilleur).