Macron a beau se démener en commentaires enflammés sur la guerre qui menacerait l’Europe et le monde, il y a une évidence entre toutes : ni lui ni Ursula ne sont invités aux négociations sur l’Ukraine, engagés en Arabie Saoudite.
Ils comptent pour quantité négligeable. En fait, il y a une constante depuis la signature du traité de Versailles, c’est l’effacement progressif de la France dans les grandes affaires du monde.
Faut-il parler des conférences de Yalta, de Téhéran, de Casablanca et de Potsdam, où les trois Grands se partagèrent le monde d’après-guerre ? Dès le 6 juin 1944 au soir, De Gaulle salua, dans une envolée superbe, le retour du « soleil de notre grandeur ». C’était très prématuré. Cinq ans plus tôt, il y avait bien quatre Grands et nous en faisions partie. Mais ce temps était révolu.
Le 8 mai 1945, à Berlin, lors de la signature de la capitulation allemande, un incident donna le ton, bien qu’apparemment mineur. La plupart des chroniques historiques l’ignorent. En arrivant devant l’immeuble où l’événement était prévu à l’exigence de Staline, le représentant français, le général de Lattre de Tassigny, constata que trois drapeaux seulement surmontaient la porte d’entrée : le soviétique, l’américain et l’anglais. Il manquait un drapeau français. De toute façon, De Lattre ne devait signer l’acte de capitulation qu’au titre de témoin. Il n’en piqua pas moins un coup de sang, lui qui avait libéré tout l’Est de la France, remontant depuis le Midi jusqu’à l’Alsace avec sa Première Armée.
Une couturière fut mandée d’urgence. Elle découpa une bannière nazie pour le rouge et le blanc, et un drap bleu prélevé on ne sait où. Elle les cousit ensemble, après s’être enquise de la disposition des trois couleurs. Un officier anglais railla : « Un drapeau français ! Et pourquoi pas un chinois ? »
Ce sont pourtant les Anglais qui nous aideront à retrouver une place dans le concert international. Déjà, au cours des semaines qui ont précédé le Débarquement, Churchill s’est plaint à Eisenhower des bombardements excessifs qui anéantissaient les villes du Calvados, causant la mort de plus de vingt-mille habitants. Le généralissime américain a haussé les épaules.
C’est encore Churchill qui insiste pour que la France soit pourvue d’une zone d’occupation en Allemagne (la 2ème DB de Leclerc est arrivée la première à Berchtesgaden après avoir libéré Strasbourg). Et l’une des quatre places permanentes au Conseil de sécurité de l’ONU restaure quelque peu notre façade délabrée.
Enfin, on ne serait pas complet, dans le tableau de ce que nous devons à nos alliés, sans rappeler que c’est la Royal Navy qui transporta en Indochine le corps expéditionnaire commandé par Leclerc, une fois vaincues et chassées les troupes japonaises d’occupation. Au nord, entre Hanoï et la frontière chinoise, Hô Chi Minh et Giap entraînaient déjà, bien avant le départ des Japonais, un embryon d’armée Vietminh communiste. Avec quelles armes ? Avec celles fournies par les Américains, Roosevelt n’ayant pas caché son intention de nous priver de toutes nos colonies…
Lors de son fameux discours de Phnom Pen, devant cent mille personnes, le 1er septembre 1966, en condamnant la guerre menée par les Américains au Vietnam, De Gaulle solda cette facture. Avec lui, aucun mauvais coup porté contre la France ne restait sans réplique, fût-ce à vingt ans de distance. Et sa voix portait un peu plus loin que celle de Macron.
Jean Pigeot
13/03/2025
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