UNE GUERRE PAR PROCURATION (Yann Bizien)

Depuis trois ans, nous assistons en direct à « une guerre par procuration » avec son « maître d’œuvre, ses « maîtres d’ouvrage », ses financeurs, nous, contribuables, ses centres de formation militaires et ses industries.
Dans une guerre dite « par procuration », il y a normalement deux belligérants qui se font face et qui se combattent sur le champ de bataille. Ce sont les « maîtres d’œuvre ». Ils font la guerre. Ce sont eux qui ont des blessés, des mutilés, des morts et des familles endeuillées. Ce sont leurs infrastructures qui sont ravagées par les effets des armes. Autrement dit, ils subissent tous les traumatismes de la guerre.
La « guerre par procuration » est normalement conduite, « managée » et pilotée à « distance » par des « maîtres d’ouvrage » associés. Ils « font faire la guerre » par le régime, le peuple et les armées d’une autre nation. Les « maîtres d’ouvrage » de cette guerre sont les commanditaires de l’OTAN qui s’est étendue, au fil des années, jusqu’aux portes de la Russie, jusqu’à provoquer son régime.
La guerre par procuration, c’est que nous observons depuis trois ans. Certes, nous en avons pris l’habitude. Mais je me permets une petite explication aujourd’hui pour souligner combien la guerre dite par procuration est absolument honteuse.
Que peut ont trouver de moral, en effet, dans une guerre par procuration ? C’est-à-dire une guerre dont on partage la cause, une guerre que l’on veut, que l’on soutien et que l’on finance, sans la faire, sans perdre un soldat, en regardant les autres tomber sur le champ de bataille ?
Il est parfaitement établi que l’OTAN ne pouvait pas entrer directement en conflit avec la Russie à cause et/ou grâce au pouvoir suprême de l’atome, c’est-à-dire de la Dissuasion nucléaire émanant des arsenaux nucléaires réciproques. Nous avons donc, à l’est de notre continent, une guerre par procuration entre l’Alliance Atlantique et la Russie, dont une des victimes, au centre, est l’Ukraine et surtout son peuple.
La guerre par procuration permet d’intervenir indirectement dans un environnement complexe ou une présence militaire occidentale n’est pas souhaitable et se révélerait inopérante dans la durée. L’absence de présence militaire des maîtres d’ouvrage est alors assumée. Elle permet de garantir l’absence de pertes humaines, un soutien relatif de l’opinion et de limiter les responsabilités.
Le succès d’une guerre par procuration repose en grande partie sur la qualité et la motivation du partenaire qui agit sur le plan militaire, ici l’Ukraine, son président, son régime corrompu et ses armées supplétives dopées par l’OTAN, c’est-à-dire les Etats-Unis, jusqu’à l’investiture de Donald Trump, une majorité de pays membres de l’Union Européenne et nous, peuple, contribuables.
Dans une « guerre par procuration », le combat se caractérise par l’absence de nos forces au sol ou par l’invisibilité des ressources militaires mises à la disposition du « maître d’œuvre ». Les maîtres d’ouvrage fournissent au maître d’œuvre financements, armements, artillerie, chars, avions de combat, capacités logistiques, formations, renseignements, ciblages, conseils stratégiques et tactiques, munitions, obus et missiles.
La guerre par procuration suppose aussi un « contrat de confiance » total entre le maître d’œuvre et les maîtres d’ouvrage. Or, aujourd’hui, la rupture stratégique annoncée et provoquée par Donald Trump est venue altérer ce contrat.
En d’autres termes, nous sommes directement impliqués dans ce conflit depuis février 2022 en tant que maître d’ouvrage associé à d’autres. Nous avons un rôle évident d’assistance, de soutien et d’appui.
Nos dirigeants occidentaux ne veulent évidemment pas assumer les conséquences de la « guerre par procuration », alors qu’ils en portent aussi une grande part de responsabilité politique.
Ce qui se passe à l’est de notre continent est la plus grande guerre par procuration de tous les temps, celle qui en mis en jeu les plus grandes masses d’argent, sans transparence, et sans contrôle démocratique, celle, aussi qui a fait le plus grand nombre de morts et blessés.
Je n’oublie pas les acteurs non gouvernementaux. Ils sont nombreux.
Le processus de guerre par procuration n’est pas nouveau. Des exemples de ce type de guerre ont conduit des pays occidentaux à assister un mouvement révolutionnaire (en Libye), des milices locales (1ère guerre d’Afghanistan), l’intervention d’un État (en Côte d’Ivoire) et une coalition sous mandat international (CDEAO pour le Mali, AMISOM en Somalie).
Je souhaite ardemment un cessez-le-feu et la paix à l’est de notre continent, mais les conditions voulues par Emmanuel Macron et la plupart des dirigeants européens, parasitent fortement ce processus, de sommet en sommet, sauf, à ce stade Viktor Orban et Giorgia Meloni.
Car ce processus engagé à l’initiative de Donald Trump est fortement impacté par la stratégie belliciste et orgueilleuse des européens. Ironie de l’histoire, en voulant la paix avec leurs exigences (troupes européennes au sol et réarmement de l’Ukraine), ils pourraient prolonger cette guerre, autrement, en sortant du cadre de la « procuration », alors que des solutions de paix sont pourtant sur la table des négociateurs qui disposent des cartes essentielles en main dans le rapport de forces et de puissance.
Quand les français auront enfin compris que le président Zelensky cherche à nous entrainer depuis trois ans physiquement dans cette guerre par procuration, nous aurons tous fait un grand pas en avant dans la compréhension de ce qui arrive et nous pouvons le constater avec les difficultés rencontrées pour parvenir à un cessez-le-feu et à une paix qui apparaissent aujourd’hui très éloignés de notre horizon tellement la haine, la rancune, l’orgueil, l’absurdité, les intérêts, les idéologies, le narcissisme, le cynisme et l’hypocrisie des hommes et des femmes (oui, avec Mme Von der Leyen, et oui avec le narcissisme d’Emmanuel Macron) dominent ce processus mental, diplomatique et politique.
Dans toutes les guerres, il y a un élément fondamental qui est celui du soutien, toujours fragile, de l’opinion. C’est sur l’opinion qu’Emmanuel Macron est en train d’agir aujourd’hui avec son activisme, de sommet en sommet, de point presse en point presse, avec ses fidèles, et cette fameuse « coalition des volontaires » dont on ne sait pas si elle va durer faute de moyens financiers, d’armements, de ressources combattantes et de forces morales nationales.
Je précise que la guerre par procuration a été conceptualisée par l’OTAN et qu’elle figure en bonne place dans sa doctrine, que j’ai étudiée il y a quelques années dans ses écoles.
Yann Bizien
22/03/2025

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1 Commentaire

  1. une guerre par procuration /c’est une excellente synthèse qui se résume à l’argent et des peuples qu’on détruit sans s’embarrasser de la moindre compassion pour Toujours l’intêret suprême et froid:
    Des guerres fabriquées par des OVNI qu’on catapulte :zelensky macron.
    Ne pensez pas que L’atome soit pleinement laissé de coté: il suffit d’un seul FOU manipulé dans son delire pour lacher le Monstre.