Quel pitoyable spectacle ont donné la classe politique et le corps électoral français dans cette pitrerie au sommet (de l’inversion) qu’à été le deuxième tour des élections régionales ! La postérité pourra-elle apprécier cette Iliade autrement que comme le mariage pour tous par excellence ?
Rarement on aura vu mieux comme mélange des genres. On aura, par exemple, vu le premier secrétaire du Parti socialiste inviter les électeurs à voter contre son candidat au profit du candidat RPR – eh oui ! pourquoi Martine Aubry continuerait-elle à ne porter ni son nom de jeune fille ni le nom de son mari, d’un côté, et le RPR s’affubler de toutes sortes de noms de fantaisie, de l’autre ?
Dans l’entre-deux tours, on aura vu le Parti socialiste répudier l’un de ses candidats en lui retirant son investiture au motif qu’il aura voulu hisser les couleurs de ce même parti sur un position indéfendable, un peu comme Denfert-Rochereau en d’autres temps. Son parti, sa famille politique, sa « maison » l’aura renié avec le même aplomb qu’il a pour dénier aux Français leur souveraineté pourtant gravée dans le marbre de la Constitution et avec lequel il dénie au premier parti de France le droit de représenter les Français ou d’incarner leurs aspirations. Quoi de plus « genre »?
En résumé, ce 13 décembre 2015 aura marqué du sceau de l’officialité les noces du Parti socialiste et du RPR, nom de jeune fille de l’un des mariés.
On y aura vu le troisième personnage de l’État insulter en direct, et à la télévision, le tiers du corps électoral français, non sans lui donner, comme l’aurait fait le maréchal Pétain, de paternelles consignes de collaboration avec le RPR, non sans avoir avoir désarmé ses propres troupes.
Manuel Valls pourra toujours dire à la postérité qu’il a fait don de son honneur à la France.
On y aura encore vu le quatrième personnage de l’État esquisser l’amorce d’une solution finale pour venir à bout de la race blanche, de Versailles et de Neuilly. On ne pourra cependant pas dire que Bartolone Claude a sacrifié son honneur à quelque cause que ce soit : l’honneur, il ne peut pas savoir ce que c’est.
Il y en a un cependant un qui se frotte les mains, c’est François Hollande. Sa réélection en 2017 n’a jamais parue plus certaine. Porté par la fusée COP 21 qui ne propulse rien d’autre que le rideau de fumée de son essence, le voilà propulsé par les accidents du 13 novembre et du 13 décembre 2015 au rang d’incontournable sur fond de PS défait et de RPR éviscéré. Exactement comme cet autre François qui, en 1988, montrait sur ses affiches électorales, un bébé pompeusement baptisé Génération Mitterrand et dont la mère s’appelait plus sûrement Rose-Mary que Marianne. Le temps venu, Hollande demandera à chacun Français d’adopter son petit Moi – vous vous souvenez, Moi Président de la République, celui qu’ils nous avait présenté en 2012 – en nous assurant que son petit Moi a appris, mûri et qu’il est désormais parfaitement bien élevé.
En attendant, mariés sous le régime du mariage pour tous, le PS et le RPR invitent les Français à célébrer leurs noces, leur demandent d’être les parrains-marraines des fruits de leur hymen et les assurent que la fidélité n’a rien à voir avec le mariage.
Au fait, lorsqu’il s’agit du veau d’or et les tables de la loi, sait-on qui pense et qui suit ?
Paul Valéry, qui n’avait pas sa plume dans sa poche écrivit un jour : « Tantôt je pense, tantôt je suis. » C’est sans doute l’approche la plus cartésienne de ce qu’il est convenu d’appeler l’esprit cartésien des Français, celui que l’on retrouve à la fois chez les électeurs et chez ceux qui briguent leurs suffrages.
André Derviche