ET MAINTENANT ? BILAN DE LA GRANDE MANIPULATION (Marc Le Stahler)

Voici donc venus, sans surprise, le temps des louanges. De radio en télé, des journaux aux réseaux sociaux, du PS à l’UMP, (en passant même par Bayrou, ressuscité pour l’occasion), les thuriféraires de la bien-pensance et de la Boboïe ressortent du bois où ils avaient commencé à se calfeutrer, pour aider le régime à toucher les dividendes de cette fameuse « unité nationale » si bien mobilisée ce dimanche 11 janvier.
Mobilisée, manipulée et trompée…

Nous savons, pour lire leurs commentaires et leurs courriers abondants, que les lecteurs de Minurne, dans leur grande majorité, ne se sont pas laissés piéger par cette grand-messe unanimiste de récupération politique. Ce jour restera dans l’histoire, non pas comme l’écho de la marche du 25 août 1944 du général de Gaulle et du peuple de Paris (un peu de décence, quand même !), mais comme le modèle parfaitement réussi d’une récupération politique opportuniste, rapide, organisée, et redoutablement efficace.

« Paris, capitale du monde » a même clamé Hollandescu, aux anges, se prenant pour le nouveau César ! Hélas, n »est pas de Gaulle qui veut…

Les sondages qui fleurissent ici et là montrent évidemment une nette remontée de Hollande, et une appréciation très positive de sa gestion de la crise. Il faut reconnaitre, comme à l’accoutumée, que les questions sont posées de telle sorte que les réponses mettent encore plus en valeur le concert de louanges.

Quand on demande « si le régime a bien géré la crise », la réponse est évidemment contenue dans la question ! Sur la forme, que pouvait-il faire d’autre, en effet ?

Bien sûr, l’émotion et la colère suscitées par cette attaque ont réussi à réunir des millions de personnes en France, de toutes origines et de toutes tendances politiques.
Bien sûr, l’image donnée au monde est celle d’un peuple uni et solidaire.
Bien sûr (et ce point est loin d’être négligeable) des symboles forts comme le drapeau et même la Marseillaise ont été spontanément « réhabilités » et réappropriés par le peuple (et même la représentation nationale !), après avoir été trop longtemps diabolisés et abandonnnés au FN qu’on lui saura gré d’avoir conservés contre vents et marées.
Bien sûr, on reparle de la France comme de notre maison, de notre « Patrie ».
Bien sûr, bien sûr, mais…

Mais au delà de cette union apparemment retrouvée, qu’y a t’il réellement ?
Quel fut le sens réel de cette marche ?
Pour quel idéal ces hommes et ces femmes ont-ils défilé ?
Contre quel ennemi se sont-ils insurgés ?

C’est là que se situe la grande méprise. Le bon sens eût voulu que le peuple manifeste contre la dégradation de la sécurité intérieure, contre la « multiculturalité » et la sirupeuse fiction du « vivre ensemble » dont on nous gave comme des oies. Qu’il montre son refus définitif de la construction de mosquées bidon, tenues par de dangereux imams incultes, non intégrés et auto-proclamés.

En un mot que ces millions de Français descendus dans la rue manifestent leur hostilité à une religion que, comme Charles Martel à Poitiers en 732, NOUS REJETONS CATEGORIQUEMENT.

Or, pendant cette semaine noire marquée par l’horreur et le sang, Hollande, son gouvernement et les médias, pour ne pas froisser ni attiser la colère des banlieues en effervescence, ne prononcèrent pas une seule fois le mot « islam », ne firent que du bout des lèvres (et quand il n’était plus possible d’agir autrerment) allusion aux caricatures du « prophète », interdites par l’islam, n’évoquèrent jamais les versets du coran et les hadiths qui exigent de tuer ceux qui lui manquent de respect, et qui exhortent à faire la guerre aux croisés et aux juifs, pour les soumettre.

Comme nous le rappelle avec pertinence un de nos lecteurs, ce comportement est de type munichois et – les mêmes causes entraînant les mêmes effets – risque fort d’être interprété par ceux qui ont juré notre destruction comme une preuve de faiblesse.
Bis repetita…

« Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre », avait alors lancé Winston Churchill au naïf Neville Chamberlain à son retour d’Allemagne en 1938. On pourrait dire la même chose à Hollande.
Il est vrai que ce dernier ne cherche pas à protéger la France, mais à assurer sa réélection en 2017…

Quoi qu’on puisse penser de Charlie Hebdo, c’est bien lui qui avait eu l’audace de publier en 2005 les caricatures du prophète, dans la foulée d’un journal satirique danois. Il avait alors été le seul, et l’avait fait sous une avalanche de critiques et de prises de distances de la plupart de ses confrères et des politiciens. Il dut même affronter des procès d’organisations droit-de-l’hommistes, toujours promptes à défendre l’islam et à dénigrer la France.

Aujourd’hui, nos dirigeants et les médias se sont couchés, vautrés devant l’islam en déviant habilement la colère du peuple vers un prétendu terrorisme désincarné qui serait, comme par magie, totalement déconnecté de cette religion obscurantiste.
Ils en ont même autorisés ses pires représentants à participer, voire à conduire le cortège.

La « une » de Charlie Hebdo qui vient de paraître la joue plutôt profil bas et, pour tout dire, est plus proche de la charité chrétienne que du style provocateur et libertaire des fondateurs historiques de Charlie Hebdo. Mais, même quand il est capable de pardon, Mahomet dessiné est donc une injure à l’islam, si l’on en juge par les critiques qui fusent de partout – tout au moins des pays culturellement arriérés comme l’Arabie et le Qatar – aux banlieues et aux « quartiers » français qui fourbissent tranquillement leurs armes pour une « riposte » qui ne saurait tarder.

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« Il n’est ni raisonnable ni logique, ni sage de publier les dessins et les films offensant le prophète ou attaquant l’islam », écrit dans un long communiqué l’Union mondiale des oulémas musulmans, dirigée par le prédicateur Youssef al-Qaradaoui. « Si on est d’accord que (les auteurs d’attentats) sont une minorité qui ne représente ni l’islam ni les musulmans, alors comment peut-on y répondre par des actes qui ne sont pas dirigés contre eux, mais contre le prophète vénéré par un milliard et demi de musulmans ? », s’interroge cet organisme, basé au Qatar et présidé par ce prédicateur considéré comme l’éminence grise des Frères musulmans. Et l’organisation de prévenir : « Je pense que (la publication de nouveau dessins) créera de nouveaux problèmes.»

Mercredi, l’Iran, où l’islam chiite est la religion officielle, a également condamné cette une, évoquant un « geste insultant ». Le dessin « porte atteinte aux sentiments des musulmans » et « il peut relancer un cercle vicieux de terrorisme », a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne. La veille, le site d’information iranien Tabnak (conservateur) avait aussi estimé que Charlie Hebdo «insultait de nouveau le prophète».

Al-Azhar, principale autorité de l’islam sunnite basée en Egypte, juge que ce nouveau dessin va « attiser la haine ». « Il ne sert pas la coexistence pacifique entre les peuples et entrave l’intégration des musulmans dans les sociétés européennes et occidentales », ajoute Al-Azhar dans un communiqué. L’instance représentant l’islam auprès des autorités égyptiennes, Dar al-Ifta, le qualifie de « provocation ».

Une fois de plus, de mauvais dirigeants ont fait de choix du déshonneur et de leurs intérêts électoraux.

Mais nous « n’aurons » pas la guerre… Nous l’avons déjà.

Marc Le Stahler

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Dernière minute : Al Qaïda Yemen revendique l’attentat contre Charlie Hebdo.

Cliquez sur le lien ci-dessous.

https://fr.news.yahoo.com/al-qa%C3%AFda-au-y%C3%A9men-revendique-lattentat-contre-charlie-100015848.html


(l’article ci-dessous est paru sur le site Dreuz Info le 13 janvier 2015)

La « minute de silence » pour #CharlieHebdo dans un lycée professionnel de Bondy…

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Mohamed Kacimi* a publié sur sa page Facebook le témoignage suivant :

Je suis parti tôt de chez moi. Comme tous les auteurs dramatiques je n’ai pas de permis, j’ai donc pris un RER puis deux bus pour rejoindre un lycée professionnel dans le Val de Marne où je dois rencontrer deux classes de terminale pour leur parler de théâtre.

Comme à chaque fois je me suis perdu, et bien sûr comme à chaque fois les rues étaient désertes au moment de mon égarement. J’ai fini par trouver l’établissement en question, planté dans une zone pavillonnaire plutôt jolie. J’ai poireauté un moment devant le portail cadenassé en raison du plan Vigipirate avant d’être reçu par le proviseur. Celui-ci est habillé comme tous les proviseurs, il a un costume bleu pétrole et une cravate rouge. C’est à croire que tous les proviseurs se fournissent dans le même magasin. Il m’a introduit dans son bureau qui ressemble à tous les bureaux de tous les proviseurs, une table Conforama en agglo et une cafetière Moulinex. L’ambiance est tendue mais mon hôte est affable:

– Vous savez, c’est un peu tendu en ce moment, mais moi je m’en suis bien sorti. On a fait la minute de silence, j’ai baissé la tête, certains ont rigolé, mais tout le monde a applaudi. Je respire. A Bondy, il y a des profs qui ont refusé d’observer la minute de silence…. Vous allez rencontrer nos classe, ils sont très gentils, vous verrez, je crois qu’ils vont parler de ce qui s’est passé, des… évènements… Il faut juste faire attention au mot, il faut bien choisir les mots, ils sont gentils les élèves, mais il faut faire attention..
– C’est à dire ?
– N’utilisez pas le mot terroristes, terrorisme, ils ne comprennent pas..
– Pourquoi?
– C’est des ados, pour eux terroriste, c’est positif, c’est guerrier, dites plutôt attaquants….
– Je vois…
– Oui, il y a un autre mot qu’il ne faut pas utiliser c’est attentat
– Ah bon?
– Oui, c’est la même chose, c’est quelque chose de héroïque, vaut mieux dire opération….
– Je comprends
– Une dernière chose, monsieur Kacimi, j’ai lu ce que vous écrivez, ne parlez pas d’Islam, d’islamistes, ils trouvent ça stigmatisant..
– Qu’est ce que je dois dire?
– Religieux, fondamentaliste, et si vous parlez d’Islam n’oubliez pas de citer les deux autres religions, c’est ce que je fais à chaque fois, quand je parle de l’Islam je cite obligatoirement les deux autres religions, le christianisme et le judaïsme.

Je m’installe au CDI où je suis reçu par la prof de français qui ressemble à toutes les profs de français du public, car elle a des cernes qui tombent jusqu’aux chevilles.

Entre la première classe de terminale qui ressemble à toutes les classes de terminale des lycées professionnels, dans la mesure où elle compte 22 blacks et deux blancs que l’on dirait égarés. Les 22 blacks sont habillés comme tous les blacks, Nike, jeans et doudoune avec capuche. Et les deux blancs égarés sont habillés comme les blacks sauf qu’ils portent de lourdes chaînes en argent.

Entre la deuxième classe des filles, pareille à toutes les classes de lycée professionnels de France, car elle compte 16 blacks et 6 arabes, toutes habillées en Gap. La prof se lance dans de grandes questions sur Beckett, le théâtre de l’absurde et l’incarnation. Les garçons regardent leurs baskets et les filles leurs ongles. Comme dans tous les lycées de ce genre il n’ y a aucun contact entre les deux sexes et les deux « races. Les filles d’un côté les garçons de l’autre, les arabes d’un côté, les blacks de l’autre. . Il y a une thèse à rédiger sur ce phénomène  » Ce que cachent aux adultes les ongles des jeunes filles ». Il faudrait que je revende ce titre à Yasmina Khadra.

Sentant mon auditoire peu passionné par la dramaturgie, j’ai décidé de mettre les pieds dans le plat:

– Bon je vois que le théâtre ne vous passionne pas beaucoup, pouvez vous me dire comment vous avez vécu les…. évènements du journal… satirique

Un frisson parcourt les deux classes:

– Vous parlez de Charlie?
– Oui c’est ça.
– Vous l’avez vécu comment, vous monsieur
– Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de peine
– Ah, s’esclaffent certains, pas nous
– Pourquoi?
– Ils l’ont bien cherché
– Ils l’ont voulu
– Ils ont eu ce qu’ils voulaient
– On n’insulte pas les gens comme ça
– Surtout notre Prophète, personne ne l’a vu, personne ne lui a serré la main, comment peuvent-ils le dessiner

J’essaye de calmer le jeu:

– Croyez vous que l’assassinat soit la meilleure réponse ? Ne vaut-il pas mieux répondre à la critique par la critique
– Vous rigolez, si on critique, ils risquent de recommencer
– Comme ça on en parle plus

Je calme un peu le brouhaha:

– Vous vous rendez compte que vous vivez dans un pays démocratique et qui a une longue tradition anticléricale qu’il faut connaître et respecter.

Le propos loin d’apaiser les élèves jette de l’huile sur le feu:

– Oui démocratique pour les uns pas pour les autres
– Tu fais une quenelle tu te retrouves en garde à vue
– Tu dis Allah Akbar tu te reçois une balle dans la tête
– Et Dieudonné lui n’a pas le droit de déconner comme vous dites
– Y que les juifs qui ont droit à l’humour?
– Oui, nous comme on a pas le droit de rigoler on tire dans le tas.
– On se marre comme on peut.

Au fond de la salle un grand black lève la main

– Monsieur, faut que je vous dise une chose, c’est la guerre, ça va être la guerre nous les musulmans et les autres, les juifs et les chrétiens, la guerre à mort
– Tu es musulman
– Non, je suis chrétien
– Pourquoi tu dis que tu es musulman
– Je dis ça parce que j’aime Anelka, il est musulman, tout le monde le déteste, lui déteste tout le monde, et nous on l’aime…Je vais me convertir juste pour Anelka, monsieur. Ce sera la guerre, monsieur, comme avec Anelka.

© Mohamed Kacimi

*Mohamed Kacimi est né en 1955 à El Hamel, ville des hauts plateaux d’Algérie dans une famille de théologiens.
Adolescent, il découvre Rimbaud et les surréalistes.
Après des études de littérature française à l’Université d’Alger, l’auteur quitte l’Algérie en 1982 pour s’installer à Paris. Là, il rencontre les poètes Bernard Noël et Eugène Guillevic avec qui il publie plusieurs traductions. En 1987, il publie son premier roman  » Le Mouchoir « . Deux années plus tard, il co-signe avec Chantal Dagron,  » Arabe vous avez dit arabe ? « un florilège des regards que les écrivains d’Occident ont posé sur le monde arabe et l’Islam.
Lauréat du prix Afaa-Beaumarchais ; il écrit  » la Confession d’Abraham  » éditions Gallimard. le spectacle est sélectionné pour la clôture des journées Beaumarchais au Studio de la Comédie française et programmé à l’ouverture du théâtre au Rond-Point en septembre 2002 . Il a conçu pour la Comédie Française, le spectacle » Présences de Kateb » mis en scène par Marcel Bozonnet en 2002, et assuré l’adaptation du roman Nedjma de Kateb Yacine mis en scène au studio de la Comédie française la même année. En 2003, il écrit Babel taxi, éditions Lansman, mis en scène par Alain Timar à Knoxville, Usa et à Avignon.
Lauréat en 2004 des missions Stendhal, l’auteur a reçu le prix de la Francophonie de la SACD en 2005 et obtenu la bourse année sabbatique du CNL. Sa dernière pièce « Terre sainte «  a obtenu la mention du jury du grand prix de littérature dramatique. Elle s’est créée à Paris, Hambourg, Stokhlom, Vienne, Minsk, Jérusalem. Des créations sont en cours à New York, Rio de Janeiro et Helsinky.

PS: Je ne sais pas si Mohamed Kacimi est antisioniste et anti-israélien. Là n’est pas le propos. Son témoignage a une portée sociologique qui ne peut être ignorée.