Il y a dix ans, en septembre 2007, mourraient Pavarotti le 6 septembre (cliquez sur le lien pour écouter « Nessum Dorma » de Puccini, par Luciano Pavarotti − pour revenir au texte : “Retour Arrière”), et Jacques Martin le 12. Les médias, toujours dépourvus du sens des valeurs, accordèrent autant de place à la mort de l’amuseur public qu’à celle du ténor qui égala Caruso.
Septembre, c’est aussi le 45ème anniversaire de la mort de La Callas. Une rétrospective de sa vie sur Arte nous a rappelé il y a quelques jours la cause de sa fuite aux États-Unis en 1945, sujet par contre soigneusement évité dans le film La Callas et Onassis. Une fuite dont, vous allez comprendre pourquoi, ni Laurent du PC, ni Mélenchon des Insoumis n’aiment que l’on parle, car ils ne sont pas encore devenus adultes. Ils ne savent pas assumer leurs erreurs et n’ont pas encore fait leur révolution personnelle pour glisser intelligemment vers la droite, comme l’a fait notre ex-révolutionnaire national, Régis Debray.
Pendant la guerre, la Grèce fut successivement occupée par les Italiens, les Allemands et les Anglais. Les occupants successifs ayant réquisitionné les maigres ressources alimentaires, les habitants d’Athènes connurent une véritable famine qui fit environ 50.000 morts. Pour survivre, Maria Callas et sa meilleure amie, toutes deux chanteuses professionnelles, chantaient dans un cabaret et, quand elles avaient un contrat, comme petits rôles à l’opéra d’Athènes. Elles chantèrent donc successivement devant un public d’officiers italiens, puis allemands, puis anglais. Sans doute eurent-elles (elles avaient 19 ans en 1944) quelques aventures sentimentales avec quelques beaux et jeunes officiers. Ceux-ci payaient souvent, dit-on, en tickets d’alimentation ou directement en nourriture.
Les Anglais étaient à peine arrivés depuis quelques semaines, que le KKE, le parti communiste grec, entreprit un coup d’État pour tenter d’instaurer, comme partout en Europe de l’Est, une dictature communiste. Les troupes communistes venues du nord de la Grèce prirent Athènes et commencèrent aussitôt une épuration féroce visant à éliminer physiquement les non-communistes : procès expéditifs sous prétexte de collaboration avec l’un ou l’autre des précédents occupants étrangers suivis d’exécutions sommaires. Mais le plus souvent, les Athéniens étaient lynchés tout simplement chez eux ou dans la rue sur la dénonciation d’un voisin qui croyait ainsi sauver sa peau.
Les communistes voulaient le pouvoir. La guerre civile atroce qu’ils déclenchèrent a déchiré la Grèce pendant 5 ans, opposants communistes et pro-occidentaux jusque dans les moindres villages. Les communistes d’abord lâchés par Moscou, puis par Tito, se rendirent le 16 octobre 1949, faute de combattants. Soixante-dix ans après la reddition des communistes, les horreurs de ce conflit continuent d’endeuiller la mémoire nationale.
Un soir de 1945, Maria Callas rentre chez elle et passe, pour avoir les nouvelles de la journée, chez son amie qui habitait dans le même immeuble qu’elle. La porte est ouverte. Elle entre, inquiète, et trouve le cadavre brûlé de son amie que les communistes, après l’avoir violée et battue à mort, avaient fait rôtir comme un poulet sur un feu fait de ses propres meubles. Maria Callas alla se cacher chez des amis et prit le premier bateau pour les États-Unis où elle devint célèbre.
Autre aperçu des méthodes de prise de contrôle de l’État par les communistes dès qu’on les laisse accéder au pouvoir : « La face cachée du Che » (éd. Buchet-Chastel) du journaliste cubain Jacobo Machover. Machover cite Hubert Matos qui commandait les troupes de Castro : « Pour se faire respecter des Cubains, il (“Che” Guevara) devait leur inspirer de la terreur en fusillant et en faisant fusiller ». Che Guevara fusillait donc à tour de bras des pauvres gens qui avaient pour seul tort d’être non-communistes ou « bourgeois », c’est-à-dire petits propriétaires d’un commerce ou d’un champ, car les « gros » propriétaires s’étaient déjà ralliés à Castro ou avaient fui le pays pour se réfugier aux États-Unis.
Mais Guevara était à sa manière légaliste. Il torturait et il fusillait, mais voulait mettre les formes. Il s’était fait nommer par Castro « commandant de la Comisión Depuradora« , la commission d’épuration. Il siégeait à la prison La Cabana où l’on amenait les prisonniers qui étaient aussitôt battus et torturés en attendant d’être jugés. Un avocat, José Vilasuso, était chargé d’instruire les dossiers. Il rapporte les instructions de Che Guevara : « Ne faites pas traîner le procès. Ceci est une révolution. N’utilisez pas les méthodes légales bourgeoises, les preuves sont secondaires. Il faut agir par conviction. » Le « tribunal » attendait pour juger que la lettre de Castro fixant les sentences arrive, la même méthode qu’utilisait Staline quand il envoyait à la Lubianka la sentence que le tribunal exécutait ensuite. « Je ne veux pas savoir si tu es coupable ou non coupable, disait Beria au prisonnier, je te demande seulement d’avouer le crime que dénonce le camarade Staline ».
Dès la lettre arrivée, le prisonnier était jugé, c’est-à-dire qu’on lui lisait un acte d’accusation bidon. « Souvenez-vous, lui disait Che Guevara, qu’il y a une possibilité d’appel ». Mais, précise Vilasuso, « aucun recours en appel ne fut jamais pris en compte ». On annonçait ensuite au prisonnier que Castro l’avait condamné à mort, et on l’exécutait aussitôt sur l’un des trois poteaux situés derrière la galerie où étaient entassés les prisonniers.
Daniel Alarcón Ramirez, dit « Benigno », l’un des plus fidèles compagnons d’armes de Guevara, raconte que Che Guevara, héros adulé par toute une partie de notre extrême-gauche française, aimait voir torturer et tuer les gens. « Il venait voir à l’improviste et donnait des conseils aux gardiens pour torturer plus cruellement… Il montait sur le mur (de la prison). Ce n’était pas difficile car il y avait un escalier. Il se couchait sur le dos en fumant un havane et il regardait les exécutions. »
Finalement, il y a une “justice” puisque Guevara a été trahi par Castro, comme tous ceux qui avaient aidé ce dernier à prendre le pouvoir et qui ont été fusillés ou emprisonnés. Staline avait fait la même chose.
Castro a envoyé Guevara en Bolivie pour y organiser la prise du pouvoir communiste, mais il a demandé en secret au Parti Communiste Bolivien de le débarrasser de Guevara. Le PCB a vendu Guevara à Felix I. Rodríguez, ancien agent de la CIA qui dirigeait un groupe de rangers boliviens. Il l’a arrêté après plusieurs mois d’errance dans la jungle des montagnes boliviennes. En fait, Guevara avait fini par comprendre qu’il avait été trahi par Castro et souhaitait se rendre car il pensait qu’il serait jugé à Camiri (une petite ville rurale de la province de Santa Cruz de la Sierra), comme Régis Debray et Ciros Bustos, deux autres ex-compagnons, eux aussi victimes de la trahison de Castro, comme Guevara capturés par l’armée bolivienne.
Rodríguez dit aujourd’hui qu’il a reçu des généraux Barrientos et Ovando l’ordre de tuer Guevara, ce qui n’offusque pas l’ignorante Ségolène Royal pour qui Castro est un génie. C’est pour sauver l’honneur du Che, dit Rodríguez, qu’il a ordonné au peloton : « Votre gouvernement a ordonné d’éliminer le prisonnier. Ne tirez pas au visage. Tirez en dessous de la poitrine. On doit croire qu’il est mort de ses blessures au combat. »
Beau sentiment, sauf qu’il n’y a pas trace de cet ordre, les deux généraux et le témoin cité par Rodríguez, le major Saucedo, étant morts depuis longtemps. On ne voit pas non plus quel aurait été l’intérêt du gouvernement bolivien de faire du Che un héros, sauf si Castro a payé pour cela, car un héros mort est sans danger et peut-être utile à la promotion d’une révolution. Enfin, les blessures au ventre n’entraînent pas une mort immédiate (de dix minutes à deux heures suivant l’importance des hémorragies). Ernesto Guevara a du beaucoup souffrir avant de mourir. C’est pourquoi je crois plutôt à une initiative personnelle de Rodríguez qui, ayant eu à souffrir du communisme quand il était jeune (ses parents ont été assassinés), haïssait les communistes.
L’Imprécateur