L’HÔPITAL PUBLIC, IMAGE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE :
EN PERDITION
(Dr Jean-Ph. de La Ribausière)

La médecine est un bon révélateur de l’état de santé d’une société

 

Il n’est donc pas étonnant de constater que la médecine en France soit actuellement aussi malade. Étant moi-même médecin, je porte un regard souvent critique sur mes confrères (mais avec toujours beaucoup d’ambivalence, étant bien content de disposer de leurs services lorsque je tombe malade !). C’est que beaucoup contribuent à la pérennité d’un système de santé qui se dégrade d’année en année, en particulier dans le secteur des hôpitaux publics. Certes, les décideurs en matière de politique de santé ont une responsabilité énorme et font subir aux médecins des difficultés contre lesquelles ils ont souvent bien du mal à lutter. Mais à mon sens, j’ai l’impression que bon nombre de médecins finissent un jour ou l’autre par trahir leur vocation première, celle de se consacrer corps et âme aux soins des personnes qui souffrent, et ce au mépris de leur confort personnel.

Jeune médecin, on déborde d’enthousiasme, d’idéaux, qui finissent par s’éroder au fil du temps, d’autant plus vite que l’on découvre l’envers du décor, notamment dans le milieu hospitalo-universitaire qui n’est pas épargné, bien au contraire, des tendances néfastes qui minent notre société. On y retrouve en effet cet individualisme forcené, propice à l’émergence de médecins opportunistes, qui n’œuvrent que pour leurs intérêts ou dans le meilleur des cas pour ceux de leur discipline et qui n’ont guère de considération, voire pas du tout, pour le personnel de soins, infirmières, aides-soignantes et agents hospitaliers. Les doyens, obnubilés par le taux de publications scientifiques de leurs CHU (alors que certains font une faute d’orthographe toutes les deux lignes…), mettent de plus en plus la pression pour que le système sélectionne à chaque révision annuelle des effectifs des médecins hospitalo-universitaires totalement investis dans des activités de recherche, quitte à ce que ces dernières se fassent au détriment le plus complet de la prise en charge des patients. Cette frénésie de publications pousse certains à la rédaction d’articles dont les études sont volontairement embellies (il suffit de bidouiller les statistiques des données), ce qui leur permet de publier dans des revues prestigieuses qui n’y voient que du feu ! On est à des années-lumière d’une des qualités les plus essentielles du chercheur scientifique, à savoir l’intégrité… Dans le même temps sont nommés à des chefferies de service des médecins scandaleusement absentéistes. Un professeur de médecine à Angers travaille physiquement à… Singapour. Un autre professeur, affecté dans un hôpital de l’ouest parisien, est maire d’une commune des Hauts-de-Seine. Tout cela se sait, à commencer par le directeur de l’hôpital, mais aucune sanction n’est prise, alors que cela dure depuis des années. Mais qu’importe, puisque seul semble compter le paraître, en permanence valorisé, et décuplé par la puissance des réseaux sociaux. Des médecins aux compétences douteuses peuvent ainsi faire illusion, surtout s’ils portent le titre de professeur et passent à la télé. On est parfois pas loin de la véritable imposture ! À l’inverse, un médecin hospitalier qui dérange par ses critiques justifiés du système de soins peut se voir harcelé par l’administration hospitalière avec la complicité de collègues (l’organisation actuelle par pôle de services et non en service par spécialité favorise cette complicité sournoise), comme dans l’affaire tragique du Professeur Jean-Louis Mégnien à l’HEGP.

Un autre motif de dégoût pour un jeune médecin est de découvrir cette compétitivité malsaine qui règne dans la profession médicale hospitalière, source inépuisable de querelles d’égos stériles où tous les coups malhonnêtes sont permis, le tout étant aggravé par l’affairisme de certains, et l’usage à des fins personnelles de réseaux qui aident à la promotion universitaire, qu’ils soient politiques, maçonniques ou tribaux. Des médecins hospitaliers, complexés de ne pas gagner assez d’argent, favorisent l’installation d’une médecine à deux vitesses, leur clientèle du secteur privé étant traitée en priorité alors que les autres patients doivent parfois attendre des mois avant d’obtenir un rendez-vous de consultation. Les études de médecine ont maintenant tendance à sélectionner des profils de médecins bien éloignés de l’image d’autrefois, à savoir celle du « médecin de campagne » dévoué à sa tâche jour et nuit. Ce sont désormais au mieux de bons techniciens dans leur domaine d’activité, de plus en plus fonctionnarisés dans leur tête et terriblement conformistes, se soumettant avec complaisance aux diktats de la Haute Autorité de Santé, et pouvant aller jusqu’à s’enthousiasmer pour Emmanuel Macron. Ils semblent se plaire dans cette médecine aux relents soviétiques. Hélas, je doute que cette médecine n’accouche d’un chef d’œuvre littéraire comme « Le Pavillon des Cancéreux » d’Alexandre Soljenitsyne…

Certains médecins se rebellent, le plus souvent hélas sous la houlette de syndicats gauchistes qui organisent des manifestations alors qu’ils ont voté en masse pour Macron aux dernières élections. Certes, leurs critiques sont tout à fait justifiées quand ils dénoncent les réductions de moyens décidées sous couvert d’un énième plan d’économies ainsi qu’un management destructeur et contre-productif. Mais ils seront les derniers à se mobiliser contre la babelouedisation des hôpitaux publics, avec ses femmes de ménage voilées, ses médecins mahométans faisant ramadan en pleine chaleur et mettant en danger la sécurité des patients sans que l’administration hospitalière qui se gargarise de critères de qualité des soins dans le cadre de la certification des hôpitaux n’y trouve rien à redire. Un médecin urgentiste de la CGT est allé même plus loin en justifiant les agressions des pompiers par les islamo-racailles. Mais qu’espérer de ces syndicats dont certains commencent à délivrer des tracts en « écriture inclusive », véritable traîtrise à la langue française (et à la France tout court) ?

Ainsi se poursuit la politique gouvernementale de démantèlement des hôpitaux publics, dans le cadre de Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), responsables de la fermeture de lits par centaines, alors que nous sommes à la merci de gigantesques crises sanitaires à venir (qui sait une épidémie de peste ?) et d’une partition du territoire d’où pourraient affluer massivement des blessés dans un contexte de guérilla urbaine. Ainsi se poursuit la fuite des médecins d’origine européenne (du moins lorsqu’ils en ont la possibilité) de ces établissements de santé où les patients mahométans et leur entourage exigent le respect de la charia. Le nettoyage ethnique n’épargne hélas aucun lieu.

J’ose espérer que subsistent encore des médecins dévoués à leurs patients, à la compassion aussi inépuisable que celle d’un Bodhisattva et capable de ne s’enrichir que des seuls trésors spirituels. Je fais aussi le vœu optimiste qu’il y ait encore de nombreux médecins conscients de la nécessité de hiérarchiser les soins et de rétablir d’urgence des frontières sanitaires dans une France chaque jour agressée et sous la menace de disparaître. Pour les autres, qu’ils ne viennent pas se plaindre au conseil de l’ordre des médecins quand ils seront convoqués pour couper la main d’un voleur !

Dr Jean-Phlippe de La Ribausière