LES VŒUX VIDES DE MACRON
(L’Imprécateur)

J’avais décidé de ne pas écouter les vœux du président, mais alors que je cherchais une chaîne pour avoir les informations de 20 heures, je suis tombé sur lui sur TF1. Bon, me suis-je dit, de toute façon toutes les chaînes vont en parler toute la soirée… autant me faire une idée moi-même. Il était 20:08. Il parlait de l’Europe.

La première chose qui m’a frappé fut le ton linéaire qu’il employait, d’une monotonie exemplaire. En fixant ses yeux, j’ai compris qu’il lisait son discours sur un prompteur. L’Élysée prétend que “non” et qu’il parlait spontanément ! En réalité, ledit prompteur était situé juste au-dessus et dans l’axe de la caméra pour donner l’impression qu’il fixait droit dans les yeux “celles et ceux” qui le regardaient. Une astuce de communicant, mais qui impose de respecter la vitesse de défilement du texte sur le prompteur, d’où cette linéarité dans l’expression. Réécoutez « du de Gaulle » ou « du Mitterrand », écoutez « du Mélenchon » ou « du Dupont-Aignan » et vous verrez la différence.

Le risque de somnolence qu’entraîne cette façon de s’exprimer était d’autant plus grand qu’il n’y a rien eu d’autre qu’un enfilage de lieux communs. À C dans l’air, lundi, Christophe Barbier l’a remarqué aussi sur le début du discours, que je n’ai pas entendu. Il dit à propos du travail et de la fraternité, deux sujets évoqués par Macron « Que de généralités ! » et Brice Teinturier ajoute que Macron ne se pose plus en Jupiter mais « en prophète » ! Et Mélenchon l’a trouvé amphigourique, autrement dit obscur, inintelligible, limite grotesque. Il est vrai, je l’ai ressenti aussi, que c’était décousu, manquant de rigueur, naviguant dans l’à-peu-près. Barbier est plus dur encore, « sur l’immigration, c’était l’encéphalogramme plat » dit-il.

Ce qui m’a frappé, c’est qu’il n’a pas dit un mot sur son gouvernement. Lui qui annonçait qu’il allait tout faire tout seul, a-t-il compris qu’il est mal entouré ? Voilà qu’il dit aux Français, dans ce message (que l’on sent bien léché mais strictement vertical) « Je ne peux pas tout faire, à vous de m’aider ».

« La France a besoin de l’Europe » dit Macron. Bien sûr, l’Europe a aidé la France dans son développement, mais surtout dans le domaine agricole qu’elle finance largement, et surtout à ses débuts, avant qu’elle ne devienne obèse de trop de fonctionnaires – en grand nombre marxistes – et de trop de réglementations qui paralysent l’activité économique en Europe.

En revanche, l’Europe a été nulle pour ce qui est de l’harmonisation fiscale qui aurait évité que certains pays deviennent des paradis fiscaux prospères, comme le Luxembourg ou l’Irlande, et d’autres, comme la France, des enfers fiscaux avec des secteurs entiers, comme l’industrie en ruine. Nulle aussi dans l’harmonisation des règles sociales et dans la création d’une armée européenne de défense qui aurait permis de sortir de la tutelle américaine.

Et puis… être dans l’Europe n’est pas une garantie de succès économique et social. Il n’y a qu’à comparer la déchéance actuelle de la France après quarante années de social-faux-libéralisme et la prospérité de la Suisse qui n’est pas dans l’Europe tout en étant au cœur de l’Europe, qui a un SMIC trois fois supérieur au nôtre, pratiquement pas de chômage, une immigration contrôlée et une industrie de pointe qui exporte, lui donnant des excédents commerciaux substantiels.

Macron a terminé son éloge de l’Europe en disant qu’il aura à l’œil les nationalistes et « ne leur cèdera rien », non plus qu’aux « contestataires ». C’est logique quand on est un ex-employé de banque européiste et mondialiste convaincu comme lui. Mais alors pourquoi embrayer aussitôt sur les vertus du nationalisme, vertus qu’il a développées pendant six minutes, parlant de « notre culture », cette culture française dont il niait l’existence il y a six mois encore, de « notre fraternité nationale » qu’il niait tout autant quand il encensait « ceux qui réussissent », qui veulent devenir « milliardaires » et « premiers de cordée » et qu’il opposait à « ceux qui ne sont rien », « fainéants », « alcooliques », « illettrés », etc. ? Le voilà maintenant qui dit que ce n’est pas bien et appelle à la fraternité, terminant par « Vous appartenez à la nation », « Vous avez quelque chose à faire pour la nation », « N’oubliez jamais que nous sommes la nation française ».

Croit-il à ce qu’il a dit dans ses vœux 2018 ? – Rien n’est moins sûr. Il n’avait pas le ton convaincu et c’est trop en contradiction avec de qu’il dit tous les jours et avec ce qu’il fait. À mon avis, c’est juste une manipulation entreprise pour tenter de séduire les nationalistes et les patriotes dont les sondages lui disent que le nombre grandit de jour en jour. Ou alors il sent qu’il court à l’échec car il y avait dans ces vœux un petit parfum d’appel au secours.

C’est gentil de dire qu’il va faire le nécessaire pour loger les SDF. Il l’avait déjà promis en début d’année 2017 « je ne veux plus voir personne dans la rue avant la fin de l’année » et n’a rien fait pour eux : 376 SDF morts dans la rue l’an dernier, dont 17 en décembre.

Par contre, beaucoup a été fait pour les migrants de plus en plus fréquemment logés dans des hôtels, nourris, habillés, blanchis, éduqués, formés, qu’ils soient déclarés ou illégaux, la prise en charge étant faite par les régions. Libération dit qu’il est faux que l’État, via la Caisse des Dépôts et Consignations, ait racheté à Accor 61 hôtels Formule1 pour y loger des migrants. Libé a raison, mais joue sur les mots car s’ils ont bien été rachetés officiellement non pour les migrants, mais pour le SAMU Social, le fait est que ce sont des migrants que l’on y trouve, pendant que, comme à Angers (enquête Valeurs Actuelles), les SDF dorment dans la rue. Coût pour les contribuables, 280 millions.

80% de jeunes hommes, et, comme l’a dit Valls, « ça manque de blancs, de whites ».

Macron n’est pas crédible non plus quand il entame le couplet sur la rigueur du contrôle des migrants qui ne sont pas des réfugiés de guerre, car ces derniers sont moins de 5% et même si l’on y ajoute les migrants politiques ou ceux des zones de grande misère, ils sont environ 80% qui viennent dans l’espoir d’améliorer leur niveau de vie, par confort, en avion, billets payés par les familles qui se sont cotisées en espérant que leurs rejetons réussiront rapidement en Europe et pourront leur envoyer une partie de leurs aides sociales et éventuellement de leurs salaires, quand ce n’est pas tout simplement en les faisant venir, pour accéder directement aux aides par le miracle du regroupement familial.

Or, à chacune de ses tournées au Maghreb ou en Afrique subsaharienne, Macron promet toujours plus de visas. Le plaidoyer moralisateur sur l’accueil a donc un tout autre objectif : introduire des communautés allogènes en France pour détruire la nation française et abaisser le coût du travail pour les employeurs.

Quant à l’international, oui, on a vu l’Américain, le Russe, le Chinois et l’Indien à Paris et il leur a fait son cinéma à Versailles et aux Champs Élysées. Ils l’ont écouté poliment, sont repartis et continuent à faire exactement ce qu’ils ont décidé de faire. Avec Erdoğan, ce sera pareil, Erdoğan n’est pas non plus du genre à se laisser influencer par un débutant qui a fait du vent, mais n’a pas su peser dans les conflits au Moyen-Orient. Espérons seulement qu’il ne lui proposera pas, à lui aussi, plus de visas pour les migrants turcs. Et remarquez qu’il n’a pas parlé de la Corée du Nord, ni de la Russie.

Bref, nous avons eu du Macron ordinaire, lassant par ses contradictions et sa mièvrerie. Les deux minutes qu’il a données sur Tweeter pour résumer ce qu’il a dit en 18 minutes à la télévision auraient été largement suffisantes dans les vœux.

L’Imprécateur