En avril 2017, Macron déclarait : « J’ai dit et rappelé qu’il y a eu une consultation publique de type référendaire, qu’elle s’est exprimée et qu’elle a dit oui au projet. Donc, je ne peux pas, aujourd’hui, être dans une situation où je déchire, j’arrive et je dis “avec moi, il n’y aura pas Notre-Dame-des-Landes”, parce qu’à la fin des fins, ça envoie deux messages qui sont très négatifs : le premier, on ne respecte pas les consultations publiques quand elles ne nous arrangent pas, ça va pas, et le deuxième, ça veut dire qu’on ne peut plus avoir quelque projet que ce soit dans le pays parce que vouloir le bloquer suffit, en quelque sorte, à tout empêcher de manière durable. »
Le 17 décembre dernier, le chef de l’État l’assurait : « Je fais ce que j’ai dit. Ça étonne peut-être, ça en contrarie d’autres, ça fait peut-être longtemps que ce n’était pas arrivé. »
Finalement, il est « arrivé », a « déchiré » et laissé au naïf et obéissant Philippe le soin d’annoncer qu’il y a eu bien « deux messages envoyés », que Notre-Dame-des-Landes ne se fera pas, mais que les zadistes seront évacués à la fin de la fameuse trêve hivernale, le 31 mars, histoire de faire croire qu’il a encore un semblant d’autorité.
Mais qu’en est-il réellement « côté zadistes » ?
Ils se sont réunis une première fois le 17 janvier pour fêter bruyamment leur « victoire », et viennent de récidiver le 9 février dans une grande fête « Collomb au bûcher », illuminée de feux de joie ultra-polluants, allumés au départ avec des pneus arrosés au gas-oil, pour réclamer la propriété des 1.650 ha de terres dont il fallait protéger les espèces rares et les bocages. Mais qu’ils entendent maintenant s’approprier gratuitement pour les cultiver (?) dans la saleté qui leur est consubstantielle. Les toilettes publiques de la ZAD : un puisard, par-dessus une palette en plastique percée d’un trou, un peu de paille pour se torcher !
« Le moment le plus enthousiasmant et exaltant, il commence aujourd’hui. Il faut qu’on montre qu’on reste complètement déterminés à continuer à prendre soin de ce bocage » (dit une zadiste femelle citée par La Voix du Nord), pour « réaffirmer le refus des expulsions » après le 31 mars.
Pour bien montrer leur détermination, ils ont élégamment accueilli la préfète de la région Pays-de-la-Loire, Nicole Klein, par une rangée de zadistes pantalons baissés pour lui montrer leurs culs. Réaction gouvernementale à cette insulte à l’autorité publique ? – Nulle, rien, nada… Ce que les zadistes ont aussitôt interprété comme la certitude qu’il n’y aura pas d’expulsions, comme au Larzac autrefois.
L’ineffable José Bové a, pour quelques heures, abandonné ses hôtels cinq étoiles, ses costumes de tailleurs chics et sa luxueuse voiture de grand bourgeois enrichi par son élection comme député européen pour, ayant ressorti son blouson, sa chemise à carreaux sa vieille pipe, venir plaider leur cause. Il veut que l’État réitère ce qu’il a fait au Larzac en 1970 : donner aux zadistes de l’époque (la Confédération Paysanne de Bové) les terres squattées en toute illégalité. Ce que Bové ne dit pas à ses nouveaux amis d’aujourd’hui (qui sont d’ailleurs loin de l’avoir accueilli avec enthousiasme à NDDL) c’est que les militaires ont eu le dernier mot. Un camp de légionnaires est installé au Larzac, sur 3.000 ha, pour qu’ils s’y entraînent au tir et rétablissent les services publics, abandonnés par l’État depuis 40 ans, pour la plus grande joie des habitants de La Cavalerie, village voisin du camp.
« C’est plutôt l’enthousiasme. Certains voient dans cette arrivée des Légionnaires une façon de « remettre de la vie dans le village » (France Info 20 h, 12/07/2016) [1].
La presse gouvernementale a peu et rarement relayé les plaintes et difficultés des riverains et des agriculteurs de la ZAD de NDDL, ces riverains qui « racontent leur réalité à eux : des vols, des agressions, des effractions, du squat et des menaces subies dans un climat de relative impunité » (Presse-Océan).
Elle a à peine mentionné que ce même jour de la fête « Collomb au bûcher ». Des riverains de l’aéroport de Nantes manifestaient à Bouguenais, commune voisine de l’aéroport, pour protester contre son extension et une augmentation du bruit à attendre de plus d’avions gros-porteurs.
Pas plus qu’elle n’a signalé l’installation des premiers zadistes transférés de Notre-Dame-des-Landes à Saint-Aignan-de-Grand Lieu pour organiser le futur blocage de l’extension de l’aéroport de Nantes.
L’annonce faite à la France par Édouard Philippe à l’issue d’un Conseil des Ministres en janvier, a tout d’une opération de com’ soigneusement montée, conçue surtout pour délivrer un message qui vienne conforter le slogan publicitaire de ce gouvernement et de son chef (« nous, on décide ») sans préciser que ce qui a été décidé par le président, c’est de faire comme l’ont fait les zadistes devant la préfète Nicole Klein, baisser son slip pour montrer à l’opinion locale que le président et le gouvernement se tamponnent du referendum et que les habitants de Loire-Atlantique avaient gagné en faveur de la création de l’aéroport.
Mais dans ce cas, c’est raté. Le peuple français a compris deux choses : la première (la décision d’abandonner NDDL) était la moins mauvaise des solutions étant donné les circonstances. La seconde, est que « en même temps », c’était la plus mauvaise des solutions parce qu’elle acte un recul de l’État face à une poignée de trublions d’extrême-gauche qui n’ont d’écolos que l’étiquette…
La bonne solution était d’abord, d’expulser manu militari les pseudo-écolos-djihadistes, ensuite d’annoncer soit la fin du rêve aéroportuaire de NDDL, soit (et ça c’était la vraiment bonne solution) d’annoncer la poursuite du chantier et qu’ »en même temps » que sitôt celui-ci terminé, les aéroports de Nantes et de Rennes seraient fermés et déconstruits. L’État aurait donné satisfaction aux habitants des villages voisins de la ZAD en construisant l’aéroport qu’ils souhaitent pour développer leur région, et « en même temps » aux Nantais inquiets et fatigués du passage des avions au ras des toits de leur ville et aux riverains des aéroports de Nantes et Rennes.
« En même temps », il aurait montré qu’en France, ce ne sont pas les casseurs d’extrême-gauche hébergés dans la ZAD qui saccagent épisodiquement les centres ville de Nantes et Rennes, qui font la loi en toute impunité.
Il a choisi la faiblesse. Il le paiera très cher dans toutes les ZAD de France et verra compromis tous les projets de grands chantiers nationaux qui auraient pu aider au redressement social et économique de la France en créant des milliers d’emplois dans des activités modernisées ou nouvelles.
L’Imprécateur
11/02/2018
[1] https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/dans-le-larzac-les-legionnaires-s-installent_1544041.html