Tout bon chef de famille connait les règles de bases de la gestion budgétaire et s’efforce de ne pas dépenser plus qu’il ne gagne.
À l’exception des gros investissements qui peuvent − et même qui doivent − être financés par l’emprunt et sous la condition expresse que l’amortissement annuel dudit emprunt puisse entrer dans ses capacités budgétaires.
Quand les charges dépassent les revenus, il n’existe généralement pas d’autres solutions qu’augmenter les revenus ou réduire les charges.
Ces notions simples échappent totalement aux technocrates qui nous gouvernent et qui, pour la plupart, sont formatés à l’ENA, qui n’est d’ailleurs pas une école de gestion, mais une école d’administrateurs – ce qui fait, hélas, toute la différence. Comme l’Imprécateur, j’en ai côtoyé quelques uns au cours de ma carrière, et j’en suis sorti, comme dirait Renaud Camus… hébété.
Mais, rassurez vous, il n’est pas absolument nécessaire de « faire l’ENA » pour obtenir un brevet d’incompétence. La preuve par Anne Hidalgo, qui s’est contentée d’un diplôme universitaire en Sciences Sociales, ce qui lui a quand même permis, la carte du PS en sus, de sévir quelques années en tant qu’inspectrice du travail, avant d’occuper le poste envié de Maire de Paris…
Tout le monde est désormais convaincu qu’elle est un peu inconsciente voire démente. Ceux qui l’accompagnaient au Salon de l’Agriculture et qui furent témoins qu’elle interprétait sifflements et quolibets des agriculteurs comme une ovation en sont désormais persuadés.
Avec beaucoup plus de retenue et de respect pour la fonction que l’auteur de ces lignes, Agnès Verdié-Molinier, directrice de la Fondation IFRAP, se borne à analyser le déficit que va laisser Anne Hidalgo aux générations futures : 5,5 milliards d’euros, excusez du peu. Évidemment, une goutte d’eau, comparé à la dette publique de la France (2250 milliards d’euros, environ un an de PIB). Mais quand même une petite somme coquette de 5500 € pour chaque foyer fiscal parisien (il y en a environ un million).
À porter évidemment au débit des générations futures, qui se demanderont avec raison ce que nous aurons pu fabriquer pour leur laisser pareille ardoise.
Ce n’était évidemment pas inéluctable ; nous n’avons pas traversé de guerre, ni subi d’effondrement économique majeur, non rien de tout ça. En revanche, on constate quand même que la dette de la ville de Paris n’était « que » d’un milliard d’euros en 2001. Comme on estime qu’elle frôlera les 6 millions à la fin de cette année, on peut retenir qu’elle aura été multipliée par 6 en 17 ans.
Quand on voit ce qu’est devenu la « Ville Lumière », avec sa crasse, ses bouchons, son insécurité, ses rats et ses quartiers paupérisés, on se demande bien où est passé l’argent…
Enfin, on a quelques idées…
Voici ce que publiait Le Parisien à ce sujet dans son édition du 4 mars.
Marc Le Stahler
04/03/2018
Agnès Verdier-Molinié, de la Fondation IFRAP, apporte un regard critique sur la politique budgétaire de la Ville.
La dette de la Ville de Paris s’élève à 5,5 Mds€ pour un budget total de 9,5 Mds€. Alors qu’Emmanuel Grégoire, adjoint aux finances de la maire (PS) de Paris, défend cette politique totalement assumée, Agnès Verdier-Molinié, qui dirige depuis 2009 la Fondation Ifrap (Fondation pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques publiques, un think-tank d’inspiration libérale), se montre quant à elle critique.
« La dette était de 1 Md€ en 2001 et elle sera, selon le prévisionnel, proche des 6 Mds€ en 2018. En 17 ans, la dette de Paris a donc été multipliée par 6. Un choix, semble-t-il, assumé par l’exécutif de la ville de repousser aux générations futures le remboursement de cette dette », souligne-t-elle.
Pour cette spécialiste des politiques publiques, « il est inquiétant que Paris continue sa politique d’endettement en misant sur les taux bas et en assumant indirectement qu’il est politiquement plus payant d’augmenter la dette que les impôts. C’est une vision à courte vue. »
Agnès Verdier-Molinié fait aussi la liste des engagements de la Ville. « On a la sensation que beaucoup d’investissements ne sont pas indispensables pour le bien-être des Parisiens. Paris s’engage pour les aménagements piétons avec des millions d’investissements ces dernières années et des millions de frais annuels de fonctionnement. Mais le tribunal administratif vient d’annuler cette piétonnisation des berges rive droite car l’étude d’impact a été jugée insuffisante. Était-ce un investissement utile ? Et il y a aussi le fiasco actuel des vélib’, le démontage des panneaux d’affichage Decaux… Rien que cela, c’est entre 20 et 40 millions de coût pour la ville, soit plusieurs centaines de places en crèches. »
Enfin, la spécialiste des comptes publics donne sa conclusion : « Ce qui compte, c’est la pente de l’endettement, exponentielle, quand les autres grandes villes ont plutôt calmé le jeu de la dette. Tous ces investissements sont-ils bien raisonnables ? Si les taux d’intérêt remontent, l’ajustement devra inévitablement intervenir via la fiscalité directe locale. Aux frais des Parisiens. »