Et ça continue ! Le Monde fait toujours appel à l’agence de presse Frère-François.com* pour recueillir les éléments d’information dont il nourrit ensuite ses vieux lecteurs égrotants : « La seconde boîte noire, dite « FDR » (flight data recorder, enregistreur des données de vol), est toujours recherchée. Son « enveloppe » a été retrouvée, mais pas encore la boîte noire elle-même, a précisé François Hollande mercredi après-midi. Le directeur du BEA a démenti toutes les rumeurs faisant état de son éparpillement en plusieurs petits morceaux. »
Les journalistes ne servent plus à rien dans ce canard passé en catégorie D depuis longtemps pour la qualité d’une information qu’il se fait dicter depuis la seule agence de presse française autorisée à dire la parole politiquement correcte : l’Élysée. AFP ? Reuters ? Associated Press ? Chine nouvelle ? On ne connaît pas chez les employés du milliardaire socialiste Pierre Bergé. Avec l’agence de presse Frère-François.com, c’est sûr, on ne risque pas le dérapage, l’erreur ou l’engueulade du patron. L’info élyséenne est certifiée halal.
C’est grâce au New York Times, que l’on a appris dans la nuit de mercredi à jeudi que la boite noire déclarée dans sa conférence de presse, mercredi, par le directeur du BEA, illisible et comme ne pouvant être déchiffrée avant longtemps avait parlé. Il parait qu’une plainte contre X a été déposée par la France, l’info devait demeure secrète ! C’est ça la transparence élyséenne.
Voilà le directeur du service national d’enquêtes aériennes toujours décrit comme le plus compétent au monde, l’oracle du crash aérien, le Bureau d’Enquête et d’Analyse, BEA, pris une fois de plus en flagrant délit de mensonge. Et avec un aplomb sans faille il persiste et signe dans la déclaration du Monde : « … Le directeur du BEA a démenti toutes les rumeurs faisant état de son éparpillement en plusieurs petits morceaux« . Le président de la République en personne, qui n’est pas qu’une m… « tout de même ! » comme dirait Valls, vient de dire dans la ligne précédente « Son « enveloppe » a été retrouvée, mais pas encore la boîte noire elle-même« .
Elle est donc déjà en deux morceaux, mais comment le directeur du BEA sait-il qu’elle n’est qu’en deux morceaux ? Sont ils tous les deux assez intelligents pour comprendre que soit ils ont les deux morceaux de la boite, savent avec certitude qu’elle n’est bien qu’en deux morceaux et le président ment en disant que le second morceau, le mécanisme d’enregistrement, n’a pas encore été retrouvé, soit ils n’ont pas le second morceau et le directeur du BEA ment en affirmant sa certitude que ce second morceau est entier. Qu’en sait-il, parlant d’un mécanisme complexe qui a perdu sa coque de protection dans l’explosion de l’avion ?
Le président est bien connu pour toujours mentir, pour la bonne cause cela va de soi. Mais on est surpris de constater une fois de plus que le directeur d’un service national prestigieux ment aussi, bien que tous les spécialistes de l’enquête-avion sachent depuis son rapport sur le crash du Concorde à Roissy en 2000 que le BEA ne fait que mettre en forme dans ses rapports les éléments de langage que lui dicte le pouvoir en place avec pour consigne de protéger, dans l’ordre, la responsabilité de l’État, de la compagnie nationale et des syndicats. La vérité n’est qu’une petite chose accessoire faite pour être violée, écornée, déformée, triturée, seule compte la vérité officielle politique, la parole du président, de son sous-fifre le premier ministre et de leurs collaborateurs ministres.
Le New York Times ayant révélé le pot-aux-roses, c’est le Procureur général de Marseille, Monsieur Robin qui a donné jeudi matin le contenu des informations révélées par la boite noire. Notez que si une boite noire dans l’état où on la voit dans la photo ci-dessus a pu être exploitée en quelques heures, on se demande pourquoi les deux ci-dessous, dont l’une légèrement cintrée, celles présentées comme étant celles du vol Air Algérie AH 5017 seraient inexploitables, c’est l’un des grand mystères de l’aéronautique d’État !
La boite bavarde est le CVR, Cockpit Voice Recorder, celle qui enregistre les bruits, les conversations et les alarmes dans le cockpit de pilotage. Elle dit que pendant la montée en altitude de l’avion le commandant de bord Patrick Sonderheimer et le co-pilote Andréas Lüditz ont des échanges verbaux « normaux » plutôt enjoués. Approche de Toulon, le commandant prépare le briefing d’atterrissage à Düsseldorf, Andréas répond très brièvement. Patrick dit « Tu prends les commandes« . Bruit du siège électrique qui recule et pivote. Bruit presqu’immédiat de la porte qui claque en se refermant automatiquement. L’avion est au-dessus de Toulon. Aussitôt Andréas bloque la fermeture sur « lock » et actionne le FMS Flight Monitoring System pour enclencher la descente de l’avion. Action volontaire. Il reste dans le couloir aérien, n’en dévie pas. Patrick revenu presqu’aussitôt demande l’ouverture. Andréas ne répond pas, il ne dira plus un mot. On entend sa respiration, calme et régulière. Une seule respiration, il n’y a personne avec lui.
Patrick tape sur la porte en appelant « ouvre, Andréas« . Coups violents (poing ?). La tour de contrôle de Marseille appelle. Andréas ne répond pas. La tour de contrôle déclenche le code 7700 de détresse, prévient les avions dans le secteur, leur demande d’observer et de tenter des contacts radio. Aucun résultat. L’alarme de proximité de sol se déclenche à 6 000 pieds après 30 000 pieds de descente à 3 000 pieds minute. Andréas prend une position de vol horizontale qui se maintiendra « presque trois minutes« . Les coups sur la porte sont plus violents. Vitesse 700 km/h Alt 1 700 m. Cris dans la cabine des passagers, premier bruit violent d’impact, Second bruit violent presqu’immédiat. Silence.
Quelles conclusions en tirer ? Le changement de ton d’Andréas montre peut-être qu’il a pris une décision, il ne reste plus beaucoup de temps avant d’amorcer la descente vers Düsseldorf, pas le temps de prolonger la discussion avec le commandant. Le commandant se lève et sort, (toilettes ?) Andréas passe aussitôt à l’action. Personne n’a pu en profiter pour pénétrer dans le cockpit, il est seul. Une seule respiration est enregistrée. Il bloque la fermeture de sécurité de la porte et amorce aussitôt la descente. Sans précipitation à une vitesse un peu rapide, mais sans excès, après 9 000 m de descente en 8 minutes environ, il rétablit le vol horizontal. Il est donc conscient de ce qu’il fait, sans dévier du couloir aérien il fonce vers le fond d’une vallée, à hauteur des sommets avoisinants de part et d’autre (1 500 à 2 500 m).
Point important non signalé par les autorités (ne pas donner de grain à moudre à EELV ou d’idées à Greenpeace ?) : il passe à ce moment-là à quelques kilomètres à l’Est du centre nucléaire de Cadarache à Saint-Paul-les-Durance. Il ne cherche pas à dévier dans cette direction. Donc, a priori, pas de tentative d’attentat. On peut néanmoins noter que si, comme cela a été dit, un Mirage a décollé dès l’alerte donnée par Marseille, il n’avait semble-t-il pas le temps d’intercepter et détruire l’A320 pour éviter une catastrophe plus grande encore, même si Cadarache n’est pas une centrale nucléaire mais essentiellement un centre de recherche et de bureaux. Tant mieux ! mais cela devra donner à réfléchir à la sécurité sur Cadarache.
Soudain, les passagers doivent voir les arbres sur les crêtes défiler par les hublots, cris de panique, premier bruit de choc, suivi presqu’aussitôt d’un grand bruit. Fin.
Ce premier bruit confirme ce que j’ai dit dans mon article précédent, l’avion n’est pas entré de plein fouet dans la paroi du fond de la vallée, il a touché le sol au flanc de la vallée, ce qui a du provoquer sa dislocation et son explosion quasi immédiate, il a explosé en l’air et la pluie de débris est retombée sur les flancs ravinés, quelques centaines ou dizaines de mètres plus loin, s’éparpillant sur 2 hectares environ et glissant par gravité, la pente est forte, vers le fond des micro-canyons. S’il avait explosé à l’impact au sol, il y aurait dans la paroi à pente très forte un cratère dont le bord supérieur serait éboulé, une dispersion différente des débris et des traces de brûlures du kérosène sur la rare végétation, les débris de métal, de bagages et de corps.
Les débris sont au fond de la vallée dans les ravines grisâtres, un « indigène » a qui j’ai soumis cette photo me dit qu’il lui semble voir deux endroits abîmés qui ne l’étaient pas à la fin de l’été dernier : sur la gauche à mi-hauteur, comme un trou (presque rectangulaire) d’arbustes fraîchement arrachés ayant mis le sol à nu et, de l’autre côté du faux plat où il semble qu’l y’a ait trois tentes de gendarmes, un autre « trou » plus petit.
Reste le comportement de Andréas Lüditz décrit d’abord comme le garçon parfait, joyeux, heureux de vivre, content d’être passé pilote professionnel en septembre 2013, bien payé, vivant à temps partiel chez ses parents et dans son appartement de Düsseldorf où il retrouvait sa copine de lit. Sa « copine » justement, interrogée par le magazine norvégien VG Nyheter, dit qu’il était très calme, très détendu, aussi « normal » que notre président. Seul bémol un copain à lui trouve qu’il était super sympa, mais « komplekt egoistik » (très égoïste).
Tous ses tests psychologiques étaient bons, et puis on apprend qu’il a interrompu ses quatre ans d’études de pilote entre Brême et Phoenix aux Etats-Unis pendant quelques semaines pour soigner une dépression. Ça arrive, mais indique néanmoins une faiblesse psychologique quelque part. Qu’a-t-il fait pendant cette interruption ? Il a voyagé comme steward, pratique courante des élèves pilotes pour avoir le voyage gratuit. Bon, mais où est-il allé, on ne sait pas encore.
Le magazine allemand Bild utilise à son sujet ce matin le mot « amok ». « Amok » est un mot malais qui signifie « folie furieuse ». C’est une maladie psychiatrique qui ne touche que les éléphants et les hommes mâles, ne sévit en principe que dans le Sud-Est asiatique, bien que des cas aient été signalés dans certaines tribus asiatiques de Sibérie orientale. Rarissime en occident, elle est mal connue, on ne sait pas en particulier ce qui chez un homme qui a été toujours calme, pondéré, souriant, surmontant sans grosse difficulté toutes les vicissitudes de la vie, se met tout d’un coup à sourire un peu crispé, le regard devient fixe comme s’il était subitement détaché de tout, il reprend un air très calme, saisit la première arme à portée de sa main, presque toujours une arme blanche, massacre tous ceux qui sont à l’entour et se donne la mort. C’est l’amok.
S’il survit, il se rend sans résister, la crise est passée et il attend sa condamnation sans réagir. J’ai connu un thaïlandais qui avait eu une crise, avait été maitrisé à temps, mais on m’avait prévenu : « s’il te sourit en te regardant fixement, ne lui tourne surtout plus le dos« .
Il est possible qu’Andréas ait eu une crise d’amok, mais il faudrait savoir si il a eu un ancêtre proche d’origine asiatique. J’ai rencontré un professeur de la Faculté de médecine de Paris, le professeur M. Ansel, spécialiste des parasites tropicaux qui pensait qu’il pourrait s’agir d’un minuscule parasite du cerveau arrivé par le sang probablement et qui attaquerait certains neurones. Il n’a jamais eu le temps de vérifier l’exactitude de sa thèse, il est mort avant.
À droite, clair, net, précis, ne brodant pas, s’en tenant aux faits, excellent.
Comme le procureur de Marseille, Monsieur Robin, qui a eu le mérite dans sa conférence de presse d’être clair, précis (et patient) je n’en sais pas plus pour le moment. À l’heure où je signe, on apprend qu’Andréas était en arrêt maladie, mais n’avait pas signalé le fait à sa compagnie. Il faut savoir pour quel motif. A-t-il appris qu’il était atteint d’une maladie incurable ? Les Allemands enquêtent, ils finiront pas trouver.
* Allusion à Sœur-Thérèse.com, la série télévisée où la sœur qui enquête en cornette trouve toujours l’explication au crime commis.
Maurice D.
Addendum…
Merci à Jean G. qui nous a procuré ce document de l’ESISC (European Strategic Intelligence and Security Center), utile complément d’information à l’article de Maurice. Cliquez sur le document puis sur « next » pour accéder aux 4 pages).
esisc-germany-fr