Pas un discours de politique générale du président et du premier ministre qui ne rappelle aux citoyens qui l’écoute que leur premier devoir est de respecter « les valeurs de la République« …
Il n’est malheureusement pas certain que cela parte d’une bonne intention. Il s’agirait plutôt d’une sorte de talisman supposé protéger du communautarisme et du nationalisme, d’un mantra relevant de la sorcellerie pour exclure de l’identité nationale et républicaine ceux des citoyens indociles que certains partis politiques voudraient pouvoir mettre à l’écart de la nation en les classant « sous-citoyens ».
Ce fut évident quand le premier ministre Valls déclara que « les valeurs de la République sont les valeurs de la gauche« . Ce qui relève du casse, du hold-up, de l’escroquerie la plus honteuse chez un homme politique et révèle qu’il y a quelques valeurs dont il ignore tout, comme l’honneur, l’honnêteté et la franchise.
Depuis le retour funeste des socialistes au pouvoir, nous demandons que les politiciens, de gauche comme de droite d’ailleurs, nous disent de quoi ils parlent : de quelles valeurs, pour quelle république ?
Aucun ne l’a fait. Manque de culture, ignorance de l’histoire, mépris des sciences sociales, manque global d’éducation, incapacité évidente à exprimer des idées claires sur quelque sujet que ce soit, absence totale d’imagination, tout cela explique la déception des Français qui les ont écoutés, les ont élus et maintenant les rejettent massivement. Par le vote ou par l’abstention.
La gauche française a toujours encensé la république et les principes républicains. Pourtant, beaucoup de républiques ont été des repaires de dictateurs, des institutions mortelles pour les peuples, des couvertures pour des régimes totalitaires et parfois fascisants.
Fallait-il admirer, comme l’intelligentsia française de gauche l’a fait, la République du Kampuchéa ? « Phnom-Penh enfin libérée ! » avait titré Le Monde enthousiaste avec son manque de clairvoyance habituel, le jour ou commença le massacre et le martyre du peuple cambodgien.
La République ne présente en soi aucun intérêt particulier : c’est un régime politique comme un autre qui ne vaut pas mieux que la monarchie et peut dans certains cas être pire que certaines dictatures avouées.
Tout dépend comment ces régimes sont utilisés par ceux qui sont au pouvoir.
Cela dit, la république est logiquement caractérisée par la démocratie. La chose publique (res-publica) est gérée par le pouvoir que détient le peuple (démos-kratos), que l’on appelle souvent « la souveraineté populaire ».
La république, c’est l’ensemble des biens, des droits, des prérogatives de la puissance publique et des services propres à l’État, en opposition à la propriété privée qui est l’affaire de ceux qui la détiennent.
La république est le bien de tous, tous y ont accès et tous la gèrent, à conditions qu’ils soient « citoyens ».
Or la citoyenneté n’est pas automatique : elle résulte d’une reconnaissance qui peut être globale ou individuelle et toujours assortie de droits « civiques » (ex : droit de se présenter à une élection) et de devoirs « civiques » (ex : service militaire, paiement de l’impôt).
Aux Etats-Unis ou en Australie, l’immigré ne devient citoyen que par un acte officiel au cours duquel il s’engage envers l’État qui l’accueille. En France la citoyenneté est automatique, mais de récentes déclarations du premier ministre montrent que la citoyenneté (qu’il est pourtant prêt à accorder sans restriction à l’immigré ne partageant aucune des valeurs républicaines car soumis par exemple à une idéologie théocratique), peut être contestée à ceux qui ne pensent pas « à gauche ».
« Les valeurs de la République sont les valeurs de la gauche« , donc qui n’est pas de gauche n’est pas républicain, c.q.f.d. C’est un magnifique exemple de perversion viciée des valeurs de la démocratie et de la république que ce même premier ministre nous jette à la tête en chaque occasion.
La démocratie est la valeur fondamentale de la république. D’autres valeurs peuvent être considérées comme essentielles à son exercice et être inscrites dans la constitution comme, aux Etats-Unis par exemple, la totale liberté d’expression ou le droit pour chaque citoyen d’être armé, qui ne sont pas partagées dans d’autres républiques, comme la France où la liberté d’expression et le port d’arme sont strictement encadrés par les lois.
Généralement, ces valeurs à géométrie variable sont en réalité celles que portent la chrétienté et la civilisation gréco-latine depuis plus de deux mille ans : liberté, égalité, fraternité, laïcité, droit de se défendre et leurs interprétations infinies, leurs ouvertures plus ou moins larges selon chaque régime politique, chaque pays, chaque peuple.
C’est pourquoi les premiers républicains français se plaçant dans la lignée de Jean-Jacques Rousseau, de Voltaire et des Lumières ne concevaient pas la démocratie autrement que directe : le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Cette démocratie directe n’existe plus aujourd’hui qu’en Suisse où n’importe quel groupe de citoyens qui atteint l’effectif minimal requis peut exiger que sa question soit posée au peuple tout entier par une « votation », ou référendum, dont le résultat s’impose de façon impérative au gouvernement.
Tous les sujets peuvent être soumis à votation, du budget de l’Etat à l’ouverture d’une route cantonale, en passant par l’effectif d’immigrés acceptable et la hauteur des minarets. Si le gouvernement veut faire passer un projet, engager une dépense nouvelle, il a intérêt à se montrer très convaincant et fournir les bonnes explications.
En Suisse, c’est le peuple qui décide, le gouvernement lui est strictement soumis. D’ailleurs, qui peut citer le nom du premier ministre et du président suisses ?
Et qui oserait prétende que la Suisse n’est pas un pays démocratique et remarquablement bien géré, sans chômage et avec un Smic deux fois plus élevé que le nôtre, prospère et pacifique ?
Rien de tel en France où dès les premiers mois de la liberté arrachée à la monarchie par la révolution, une nouvelle élite de clercs se parant des atouts volés à la noblesse s’est substituée au peuple lui imposant pour commencer une « valeur républicaine » dont il se serait volontiers passé : le terrorisme. Pas un terrorisme venu de l’extérieur comme celui que nous combattons aujourd’hui, mais un terrorisme intérieur, bien républicain et citoyen comme celui dont rêvent Valls, Hollande et Taubira, se servant de la force armée de l’État pour tenter d’éradiquer des pans entiers du peuple français jugés non conformes aux valeurs républicaines, comme les nobles, les prêtres, les scientifiques et les intellectuels « politiquement incorrects », les Vendéens et une partie des Bretons et des Angevins.
Aujourd’hui on retrouve cette tentation de l’élite politique de gauche : déclarer non républicains et mauvais citoyens à éliminer les gens du peuple qui se retrouvent dans les idées du Front National déclarées avec un mépris totalitaire « nauséabondes ».
C’est pourquoi, finalement, il est inutile de demander à Valls et aux autres de la secte socialiste en quoi les valeurs qu’ils brandissent sont « républicaines » parce que ce n’est pas à eux d’en décider.
C’est à nous.
Maurice D.