La révision constitutionnelle en débat au Parlement prévoit en son texte l’inscription de la Corse dans un article spécial de la Constitution. L’amendement présenté par le groupe Les Républicains de l’Assemblée Nationale en vue de la suppression de cette disposition a mis le feu au maquis d’une partie de la Droite insulaire, abusée dans sa bonne foi, espérons-le.
Qu’il soit permis à un observateur assidu de la situation locale d’affirmer une nouvelle fois que cette initiative, semblant harmoniser identité et légalité, est non seulement politiquement inutile, mais contient de plus par son exclusivité le germe d’une dérive séparatiste contagieuse.
Si cette mesure avait une quelconque raison d’être, pourquoi l’avoir occultée depuis que la Corse est devenue par consentement française à part entière en 1789, avant Nice et la Savoie ? Mais, surtout, cet accroc à l’unité de la République fait remonter à contre sens l’autoroute de l’Histoire de la Corse, devenue consubstantielle à la France au cours de 229 années de partage des bonheurs et des malheurs de la Nation.
Rappelons-le au risque de nous répéter :
- Consubstantielle à la France, la Corse l’est d’abord par l’Histoire de France qu’elle a forgée à coups d’Empires, les deux napoléoniens et l’Empire colonial dans lequel elle s’est particulièrement illustrée.
- Consubstantielle à la France, la Corse l’est ensuite par le sang abondamment versé pour la Patrie sur tous les champs de bataille, au coude à coude avec tous les autres Français.
- Consubstantielle à la France, la Corse l’est encore par le sang largement mêlé dans sa fusion charnelle dans la Nation, à travers d’innombrables mariages corso-continentaux.
- Consubstantielle à la France, la Corse l’est, enfin, par l’incomparable implication de ses ressortissants dans toutes les affaires du pays, comme en témoigne, entre autres, le gotha politique.
Et, que l’on sache, les Corses n’ont pas renié leur sublime « Serment de Bastia », prononcé en 1938 en riposte aux visées annexionnistes de Mussolini : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ».
Mais, en plus d’être inutile, l’inscription de la Corse dans la Constitution est foncièrement trompeuse et perverse. Les Séparatistes corses en sont les inventeurs. Peut-on croire sérieusement qu’ils l’ont conçue pour « mieux arrimer la Corse à la France », comme semblent le croire des responsables naïfs ?
Rappelons enfin que la même mesure a été adoptée en 1998 pour la Nouvelle-Calédonie, dans l’intention ouverte de la préparer à l’indépendance.
En définitive, cette disposition constitutionnelle est à prendre pour ce qu’elle est : la recherche d’un illusoire confort politique, en échange d’une exorbitante concession constitutionnelle, néfaste non seulement à la Corse mais aussi au pays tout entier.
À bon entendeur salut !
article publié dans Boulevard Voltaire
Général (2S) Michel Franceschi
02/07/2018