(Fable librement inspirée par Jean de la Fontaine)
Un jour sur ses longs pieds, dos vouté et corps mou,
Marchait, tel un héron, le regard un peu flou,
Le ministre de l’intérieur.
Se rendant au palais, pour tenir au courant
De quelque arrestation de droitiers militants,
Le jeune Micron, son Seigneur.
Déjà sur le perron, la commère Trogneux,
Lui lançait une œillade, un regard affectueux,
Et qui se voulait aguicheur :
On le savait partout porté sur le jupon.
Jouant les empressés, ce sinistre Collomb
Trainait réputation de solide dragueur.
De la dame Trogneux, il eut fait son profit,
Tant elle frétillait, cette vielle harpie,
(Délaissée il est vrai par le jeune Micron);
Vibrant toute à l’idée d’une ardente saillie
De ce vieil obsédé sautant comme un cabri,
Tandis que son jeunot préférait les girons.
Brigitte émoustillée, il n’avait qu’à la prendre.
D’autant que le Micron, qui se faisait attendre,
Se passionnait alors pour la Coupe du Monde :
Une équipe de nègres, tels des orangs-outangs
Qui le mettaient en joie et occupaient son temps,
Lui faisant délaisser ses devoirs en ce monde.
Mais ce pauvre Collomb était un mollasson,
Un faible, un indécis, un sinistre barbon,
Vivant en dilettante, forniquant à ses heures ;
Content de son statut de ministre important,
Faisant le minimum et en prenant son temps,
Peu vaillant à la tâche et avare de sa sueur.
On sait que le Micron aime à s’entourer
De vieilles haridelles, plus ou moins boucanées,
Pour mettre en valeur son jeune âge.
Collomb avait compris qu’au sein du poulailler
Il serait comme un coq, et les dindes… à ses pieds :
Il en avait l’humeur volage !
D’un air de la Légion s’inspirant du refrain,
On le vit fredonnant : «Tiens voila du Buzyn !»
Jetant son dévolu, n’en faisant pas mystère,
Sur cette maritorne, Diafoirus en jupon
Qui osait sans vergogne critiquer le Micron,
Qui lui avait pourtant offert un ministère.
Lorgnant la vieille Borne, ministre des transports,
Elle était migraineuse, et mal remise encore,
De ces longs mois de grève dans les chemins de fer.
La dame était au lit, lui refusant sa porte,
« Ah la vieille chipie, que le diable l’emporte ! »
Il partit la queue basse en invoquant l’enfer.
A trop perdre son temps, à jouer les difficiles,
A passer à côté de ces proies trop faciles,
Il se retrouvait comme un con.
Il fut tout heureux et tout aise de se taper la Belloubet.
Et il n’eut aucun mal : personne n’en voulait !
Maigre consolation pour le « tombeur de Lyon » !
De cette courte histoire, quelle conclusion tirer ?
Que cet homme est un con et un âne bâté,
Mais du jeune Micron il est zélé larbin.
Il s’est bien fait avoir, ce mollusque ministre,
Et c’est bien fait pour lui, ce pitoyable pitre :
Pour sauter Belloubet, faut vraiment avoir faim !
Cédric de Valfrancisque
21/07/2018