ÊTRE OU NE PAS ÊTRE PATRIOTE
(Éric de Verdelhan)

« Le jour du 14 juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas… »

(Georges Brassens, « La mauvaise réputation »)


En juin dernier, j’ai sillonné durant un mois des pays magnifiques (que je connaissais déjà un peu) : le Danemark, la Suède et la Norvège. Des contrées très différentes mais qui ont en commun d’être encore des monarchies, de « battre monnaie », d’être très attachées à leurs traditions et d’afficher sans le moindre complexe leur patriotisme: on y voit des drapeaux partout, et pas seulement les soirs de matchs de foot !

Ces états, qui ont la chance d’avoir échappé à la « Zone Euro » (ce qui explique, pour partie, leur bonne santé économique) cultivent quelques valeurs qui parlent à l’homme « libre » que je me targue d’être : l’ordre, la propreté, la discipline, un réel respect de la nature et une sauvegarde des grands espaces qui n’ont rien à voir avec l’écologie punitive que ce triste crétin de Nicolas Hulot voudrait nous imposer (1) et qui fait le bonheur des « écolos-bobos » (lesquels  vivent… en ville).

Certes, il s’agit de monarchies « constitutionnelles » : leurs souverains n’ont  aucun pouvoir.

De surcroît, elles ont été affaiblies, abêties et affadies  par des années de ce socialisme tiédasse qui consiste à prendre 100 écus (2) dans la poche du contribuable pour lui en redistribuer, au mieux, 50 sous forme de protection sociale gratuite et d’aides diverses et variées. Avec un tel système, on fabrique des assistés, mais des veaux bien nourris donc contents de leur sort, qui deviendront des bœufs bien dociles, rarement des taureaux de combat.

Ceci me rappelle mes années de pensionnat : cette époque lointaine où des enseignants de gauche (pléonasme !) nous citaient en exemple la Suède car il y avait « des rideaux aux fenêtres des étables ». Ils oubliaient de nous dire qu’elle comptait aussi le plus grand nombre de suicides des pays industrialisés. Mais, c’est vrai, les suicides de bovins y étaient rares.

Depuis, la France a rejoint puis dépassé la Suède pour les suicides, mais hélas pas pour l’ordre et la propreté !

Et, je n’oublie pas qu’après avoir guillotiné son Roi, la France en a offert un à la Suède : le fils turbulent d’un aubergiste béarnais, le « sergent belle jambe »(3), devenu Maréchal d’Empire, Jean-Baptiste Bernadotte. Sa dynastie règne toujours sur la Suède.

Me voilà rentré dans la patrie « des droits-de-l’homme » forte de ses « valeurs républicaines héritées des Lumières », et je constate que rien ne change, sinon en pire :

  • Il nous est dorénavant interdit de rouler à plus de 80 Km/h sur les routes secondaires (4).
  • Notre président-dictateur dépense 500.000 € pour changer sa vaisselle, fait construire une piscine à Brégançon et reçoit des invertis et des « transgenres »  à l’Élysée juste avant la « journée des fiertés » (5). Le tout est, bien sûr, payé par NOS impôts.
  • Le mollasson Collomb, son sinistre ministre des basses polices, arrête préventivement une bande de retraités factieux… qu’on relâche aussitôt. On aimerait la même fermeté prémonitoire avec les casseurs, les voyous et les « fichés S ». Qu’on cesse donc de nous bassiner avec ces complots d’extrême-droite qui mettraient en danger notre « démo-crassie » (6). Le vrai danger s’appelle Islam radical et il a fait, chez nous, plus de 250 tués (et plus de 400 blessés) ces dernières années !
  • Madame Simone Weil, celle dont la loi légalisant l’IVG aura tué 200 à 220.000 petits Français « à naître » par an depuis 1975, fait son entrée au Panthéon où elle aura pour voisin cette crapule antisémite de Voltaire : la voilà en bonne compagnie !
  • Et que dire de ce 14 Juillet et de son carrousel de bourdes : la patrouille de France qui nous dévoile le nouveau drapeau de la Macronie : rouge, bleu, blanc, rouge (7) et des motards qui se carambolent comme des débutants lors de l’épreuve dite « du plateau » du permis moto.

Peut-être faudrait-il rappeler à nos dirigeants qu’un défilé militaire doit être emprunt d’une certaine solennité. Ce n’est pas un numéro de cirque !

L’armée n’est pas là pour amuser le gamin capricieux et sa duègne !

Jadis, chez les paras, j’ai défilé pour le 14 Juillet. C’était un hommage à nos soldats tombés au Champ d’Honneur. Aujourd’hui, je ne défile plus. Je trouve tout à fait normal que l’on défile pour le 11 Novembre qui marque l’armistice de la grande saignée de 14-18. Mais on devrait s’en tenir là !

On ne défile pas (ou peu) pour le 8 Mai, date de notre libération par les Anglo-américains et l’Armée d’Afrique (8). Certains traîtres et quelques imbéciles, encouragés par d’anciens « porteurs de valises » du FLN, défilent pour le 19 mars. On commémore tout de nos jours, même l’infamie !   

Certains − des amis parfois − m’accusent de manquer de patriotisme. Aussi, un bref rappel s’impose : le 14 juillet, malgré une croyance bien établie, ne commémore pas la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Le massacre, honteux, du gouverneur de Launay et de la petite garnison de la Bastille par une populace avinée (qui leur avait promis la vie sauve s’ils ne tiraient pas sur la foule) est un non-évènement peu glorieux : la forteresse ne comptait que sept prisonniers : quatre faussaires, deux dingues (Auguste Tavernier et Francis Xavier Whyte) et le comte de Solages, un aristo criminel, enfermé à la demande de sa famille pour inceste. On le voit : rien que du beau linge !

Notre fête nationale a été instituée par la loi du 6 juillet 1880, pour commémorer la « Fête de la Fédération » de 1790. Un grand moment « d’unité nationale retrouvée ».

Il s’agissait, en fait, de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d’une capacité de 100.000 spectateurs, au centre duquel s’élevait « l’autel de la patrie ». Louis XVI vint de Saint-Cloud donner un coup de pioche. On a chanté le « Ah ! Ça ira ». Les soldats se mêlaient aux gardes nationaux. On hébergeait les fédérés venus de la province : ils seront au moins 50.000. Et le bon roi Louis XVI n’a pas compris que ce jour-là symbolisait la victoire des Loges maçonniques sur « le Trône et l’Autel » et que son coup de pioche signait l’arrêt de mort de la Monarchie.

L’article unique de la loi du 6 juillet 1880 stipule : « La République adopte le 14 Juillet comme jour de fête nationale annuelle ». Le site Internet du gouvernement rajoute : « Si le 14 juillet est généralement associé à la prise de la Bastille en 1789, c’est dans les faits le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, qui est officiellement commémoré… »

Pour les aristocrates (ou les patriotes catholiques et/ou royalistes) le “14 juillet” c’est un peu de 19 mars des « Pieds noirs » et des  Harkis… 

Si je devais commémorer une date proche, je choisirais le 13, en référence au 13 juillet 1793.

Ce jour-là, Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, une jeune aristocrate « acquise aux idéaux de la révolution » et se rendant compte qu’elle avait été l’« idiote utile » d’une monstruosité, a poignardé Jean-Paul Marat dans sa baignoire où il soignait sa purulence physique (9).

Charlotte Corday est tombée sous le « rasoir national » dès le 17 juillet. Quant à Marat, il entrait au Panthéon le 21 septembre 1794, mais le 8 février 1795, un décret le « dépanthéonisait ».

« Le Moniteur » du 16 pluviôse an III (4 février 1795) relate comment, deux jours plus tôt, « des enfants ont promené » un buste de Marat « en l’accablant de reproches… l’ont jeté dans l’égout, en criant : “Marat, voilà ton Panthéon !”… » . La vérité sort souvent de la bouche des enfants !

Le 10 février 1795, le monument élevé à sa mémoire sur la place du Carrousel était détruit.

Certains critiquent aussi mon manque de patriotisme quand je fustige les abrutis qui, peints comme des peaux-rouges, brandissent des drapeaux tricolores en massacrant « La Marseillaise » parce que « notre » équipe, composée de millionnaires allogènes et bigarrés, gagne la coupe du monde de « balle au pied » (10). Eh bien oui, ma préférence allait à l’équipe nationale de Croatie. Ce petit pays catholique dont les  joueurs ont des noms en « ic » bien de chez eux (et dont la présidente a pris un congé sans solde et payé son billet d’avion pour venir soutenir son équipe).

Yassine Belattar, conseiller de notre président-dictateur s’est illustré en déclarant : « Merci à Valéry Giscard d’Estaing d’avoir permis le regroupement familial et permis la naissance des trois quarts de cette équipe de France ». Comme disait Michel Audiard : « Les cons ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnait ».

Le bilan de « l’élan patriotique » du 14 juillet et de la coupe du monde de foot est éloquent : « 845 voitures ont été brulées et 508 personnes ont été placées en garde à vue » a annoncé le ministère de l’Intérieur dès le dimanche 15 juillet.

Et le porte-parole du ministère, un certain Frédéric de Lanouvelle (bonne ou mauvaise ?) souligne qu’« aucun incident majeur n’a été à déplorer ». Il rajoute : « Le ministre de l’Intérieur félicite les forces de l’ordre… Leur mobilisation massive a permis d’éviter tout incident majeur ».

Quelque 110.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés dans l’Hexagone…

Des commerces pillés ou incendiés, des scènes de guérilla urbaine, 29 policiers blessés, des voitures en flamme et l’arrestation de plus de 500 casseurs sont des incidents mineurs, voire une explosion de ferveur patriotique. Disons, alors, que ce n’est pas ma conception du patriotisme.

D’ailleurs je n’ai jamais eu le patriotisme cocardier et vociférant des imbéciles. Je suis avant tout un « nationaliste » au sens où l’entendait Barrès. Cette appellation sent le souffre depuis que Romain Gary a écrit : « Le patriotisme c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres ». Cette formule, aussi catégorique que péremptoire, est une ineptie mais elle a été plus ou moins reprise par d’autres depuis (11).

Pour vous convaincre du contraire, lisez (ou relisez) « Scènes et doctrines du nationalisme » de Maurice Barrès. Barrès  (1862-1923) est le père du nationalisme français. Romancier, il a fait un premier passage à l’Assemblée Nationale comme député boulangiste. Écrivain engagé, il dirigeait la revue « La Cocarde ». Il a rejoint  la « Ligue des Patriotes » de Paul Déroulède.

Il a publié de nombreux livres marqués par le souci de l’enracinement, l’attachement à la famille, à l’armée, à la terre et aux églises de France. Membre de l’Académie Française, il est réélu député en 1906 et siègera à la Chambre jusqu’à sa mort. C’est à lui que l’on doit la proposition de loi, votée le 24 juin 1920, faisant de la fête de Jeanne d’Arc une fête nationale.

« Scènes et doctrines du nationalisme » paru en 1902, est un recueil d’articles consacrés à ce que Maurice Barrès considérait comme son champ d’étude : l’idée de patrie, à savoir la terre et les morts. En appendice, Maurice Barrès y joignait  son programme électoral de 1898 : ses idées sur le nationalisme. Il y rappelait, entre autres, qu’un nationaliste doit combattre l’insécurité économique et être soucieux de justice sociale. Déjà en 1898, il soulignait que « les salaires sont avilis par la concurrence de l’étranger » et pointait du doigt « la finance internationale ».

Le style de Barrès a vieilli, pas ses idées qui restent d’une brûlante actualité !

Les vociférations de braillards peinturlurés en bleu-blanc-rouge, ce n’est pas du patriotisme, c’est l’étalage bruyant  de la dégénérescence d’un peuple ! 

 

Éric de Verdelhan
18 juillet 2018

 

1)- Ou, avant lui, la folledingue Ségolène Royal.

2)- En l’occurrence, des couronnes danoises, suédoises ou norvégiennes.

3)- Car il était, dit-on, fort bel homme et il dansait bien.

4)- Dans le même temps, le Danemark, qui était limité à 80 km/h, va repasser à 90 km/h : vive la cohérence européenne !

5)- Il n’y a pas de honte à avoir d’être « gay » mais faut-il en faire une «fierté» ?

6)- Il faut remonter au 6 février 1934 pour trouver un semblant de putsch  imputable à la droite.

7)- A moins que ce ne soit qu’un avant-gout du drapeau « arc-en-ciel » des LGBT ?

8)- Et la 2ème DB soit… une division. Nous avons été libérés par 90 divisions américaines, 20 divisions britanniques et l’armée d’Afrique qui représentait 75% des effectifs de l’armée française de 1944.

9)- Il était aussi « pourri » physiquement que moralement et mentalement.

10)- Deux Togolais, un Camerounais, un Guinéen, un Angolais, un Malien etc., etc. « Et tout ça ça fait/ d’excellents Français » comme dit la chanson.

11)- De Gaulle, par exemple, a dit : « Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres ».