MACRON :
« BENALLA C’EST MOI ET JE VOUS EMMERDE »
(Alexis Céron et L’Imprécateur)

« Le seul responsable c’est moi » a déclaré le Président de la République devant les siens, hier, à la Maison de l’Amérique latine. De ce, personne n’a jamais douté.
« Qu’ils viennent me chercher », a-t-il poursuivi. Mais qui sont donc ces mystérieux « ils »?

Rien que du très minable de la part du chef de l’État, et du très révélateur aussi. Comme toujours avec Big Mac, on est dans la bipolarité et l’ambiguïté pour ne pas dire l’ambivalence.

Superbe l’image du capitaine qui ne dirige pas le navire que par mer calme ! Pas mal, le coup du « seul responsable », d’abord parce que c’est la vérité, ensuite parce que c’est un langage de responsabilité. Celui qu’on attend d’un chef. Mais que ne se fût-il arrêté là pour se concentrer sur le sujet, à savoir l’article 1382 du code civil, évoquant un fait, un dommage et un lien de causalité ?

Au lieu de ça, le voici jouant au caïd de cour de récréation en s’abritant derrière le bouclier d’impunité dont jouit le monarque républicain, y compris quand il est en train de couler la barque. Du grand, du beau, du vrai minable à cent lieux de la verticalité du pouvoir dont il a rappelé plus d’une fois rappelé l’essence et dont il prétend plus ou moins détenir la recette.

Cerise sur le gâteau, il s’amuse à entrer dans le vif du sujet sur le mode de la déclinaison des fake news selon les canons de la désinformation avec, malgré le sérieux de la cause, une grasse plaisanterie sur le code nucléaire ou encore en ayant recours à la technique de la rectification mensongère (exemple : cela n’a jamais été 10.000 – sans préciser que ce pourrait bien être 9.999) pour conclure sur cette stupéfiante révélation que Benalla n’a jamais été son amant, ce qui invite évidemment à se rappeler Cahuzac défendant son honneur lorsqu’il affirmait : « Je n’ai pas, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant, ni avant » ou Bill Clinton déclarant sous serment à propos de ses exploits avec une certaine Monica Lewinsky : « Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec cette femme, Mademoiselle Lewinsky ». 

Personne, pourtant, ne demandait rien au président de la République sur sa vie privée dont tout le monde sait qu’elle est conjugale, roucoulante et fusionnelle. À se demander si le Président a encore sa connaissance.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas sur « fakebook » que le président va récolter « likes » et ami : il a été minable dans sa superbe – ou superbe dans le registre du minable – comme il l’a été lors de l’Élysée pride le 21 juin dernier, événement qui porte une signature probablement beaucoup plus macronnienne qu’on ne saurait le dire. 

Dommage ! Macron incarnait une chance pour la France. Là il fédère tout ce que la France a de plus méprisable : le copinage malsain, la combine, le mensonge et la mauvaise foi érigée en rempart de l’honneur. Ce n’est pas exactement ce à quoi aspirent les Français en quête d’une « République exemplaire ». Mais comme ça fait 226 ans que ça dure (et même 227 ans si on se réfère à la Constitution issue des travaux de l’Assemblée constituante elle-même héritée des Etats-généraux de 1789*, on mesure quotidiennement à quel point les Français sont optimistes et patients.

Alexis Ceron


Le soir du mardi 24 juillet, Emmanuel Macron s’est rendu en cachette, afin d’éviter les journalistes, à la Maison de l’Amérique Latine où ses députés en déroute « fêtaient » (?) la fin de la session parlementaire. Et il leur a sorti un de ces discours dont il a le secret pour remonter leur moral tombé en-dessous du niveau de la mer à marée basse.

Comme il n’y a pas eu de communication officielle jusqu’à maintenant, on n’en sait que ce qu’en dit le compte Twitter d’Aurore Bergé et cela se résume en « Alexandre m’a trahi, je l’ai sanctionné et j’assume, il n’y aura pas de fusibles, s’ils veulent un responsable, qu’ils viennent me chercher« . Ce que le quotidien La Provence a résumé sur sa une en « Macron C’est moi ! Et alors ?« . « 79 % des Français attendent ses explications » ajoute La Provence en sous-titre, l’éditorial de Franz-Olivier Giesbert étant lui titré « Le nez de Pinocchio« . Juste pour que Macron comprenne bien qu’on attend ses mensonges de pied ferme.

Depuis que je connais Macron, j’ai toujours douté, et je l’ai écrit à plusieurs reprises, du réel niveau de son intelligence que je dis loin d’être nulle, mais pas à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’un chef d’Etat. Ce discours visiblement improvisé en dernière minute en est la preuve.

En soi, l’idée n’est pas mauvaise : ils ont peur, ils ne comprennent rien, ils doutent, j’arrive impromptu et je « cheffe » au maximum pour leur montrer que je ne me défile pas en partant comme prévu jusqu’à hier soir encore au Tour de France où en Hispanie. Mes longues dents à rayer les parquets sont encore solides et que je vais mordre ces moins que rien, ces illettrés, ces ivrognes, ces fainéants qui insinuent que je serais à l’origine du bordel actuel, et leur pisser dessus s’il le faut. Ouaiiiiis ! C’est moi le responsable, et alors ? Applaudissements nourris des godillots présents dans la salle, et aussi, et surtout, et ce sont ces derniers qui sont visés au premier chef, des journalistes qui emboîtaient le pas au Monde qui porta le premier coup de poignard en diffusant la vidéo de Benalla tabassant deux jeunes arrivés accidentellement dans une manifestation dont ils n’étaient pas partie prenante au départ.

Le problème, c’est que tout ce que Macron a dit hier soir est incohérent et prouve que préalablement au coup d’éclat de la soirée, la réflexion a manqué !

Alexandre-Lahcène Benalla-Benlalhia l’a trahi parait être une évidence. Mais pas si évidente, car du peu que l’on sait des déclarations qu’il a faites aux enquêteurs, Benalla n’a jamais eu l’intention de trahir son chef adoré mais a cru qu’ayant sa totale confiance, il avait tous les droits, notamment celui de prendre des initiatives.

« …Je l’ai sanctionné… » Ah bon ? Hier soir encore à C dans l’air, les intervenant expliquaient comment devant la commission parlementaire les interrogeant, le Directeur (gestion administrative) et le Chef (politique) de cabinet de l’Elysée avaient déclaré avoir pris la décision de suspendre Benalla, « une décision intérieure au cabinet… dont nous n’avons pas sur le coup informé le président occupé par un voyage difficile et délicat en Australie et en Nouvelle Calédonie« .
Qui ment ? Macron  ou son directeur et son chef de cabinet ?

« … Il n’y aura pas de fusibles… » C’est le préfet directeur du cabinet qui doit être soulagé : il venait d’assumer ce rôle devant la commission de l’Assemblée ! « Je suis en responsabilité de la gestion du cabinet, j’ai pris la décision de suspendre Benalla quinze jours sans salaire, c’était insuffisant et je l’assume« .
Il y eut à C dans l’air un intervenant pour observer « Soit ! Il accepte d’être le fusible, mais il n’a pas grand mérite puisqu’il part en retraite de toute façon » Ce que confirma le directeur politique de Paris-Match « En effet, le 1er octobre, il a 66 ans, et le décret a été signé le 9 juillet« . Donc, dont acte, il n’y aura pas de fusible ?

Je pense que le préfet était réellement décidé à sacrifier son honneur pour protéger Macron. Macron le sauve par sa déclaration et confirme qu’il fut un grand préfet, irréprochable pendant toute sa carrière, lui. Je ne pense pas que Macron ait eu la moindre intention de sauver la réputation que le préfet lui sacrifiait, il n’a eu aucune hésitation à détruire l’année dernière celles du général chef d’Etat Major des Armées et de quelques autres.
Du moment que ça rentre dans sa stratégie de sortie de crise « Je suis le chef, j’assume et je vous emm…« , c’est tout bon.

Par contre, il est bien qu’il sauve toute la chaîne des fonctionnaires policiers, gendarmes, bas et hauts fonctionnaires qui ont commis des erreurs ou n’ont pas été à la hauteur dans cette affaire, car toute l’administration va dire « Ouf, c’est un bon chef, il assume » et votera pour lui. Politiquement c’est bon. Moralement, ça ne l’est pas, car lui, Macron, peut frimer et jouer les gros bras, il ne risque aucune sanction étant protégé par son immunité présidentielle.
Et tout le monde sait que s’il fallait faire preuve de morale en politique, il n’y aurait plus de politiciens depuis longtemps.

D’autant que ce disant, il espère sauver aussi son cher ami Benalla. Quelques sous-entendus vicelards pour faire peur à la hiérarchie policière et judiciaire afin qu’elle relâche Benalla et Benalla, blanchi par le Saint Chrême présidentiel, pourra reprendre son poste.

Depuis des mois, Macron fait du charme pour obtenir par les électeurs des banlieues les voix que la droite et la gauche, dépitées par sa politique et ayant perdu confiance, vont lui refuser aux prochaines élections : invitation de tarlouzes blacks et des footeux de l’équipe de France majoritairement africains à l’Elysées, gamins des cités emmenés dans l’avion présidentiel aux matchs de la Coupe du monde, vedettes black du showbiz comme Rahiana, etc. Un gros investissement qui, il le sait, lui a coûté cher en points de popularité : -2% après ses excentricités gesticulatoires à la finale, -4% après l’annonce de l’affaire Macron-Benalla.
Sur un score déjà malmené, il ne peut pas se permettre de sanctionner durement Benalla.

Surtout  après l’incohérence dont il vient de faire preuve en annonçant que c’est lui qui avait décidé de le sanctionner en mai.
Qui alors, a décidé de donner un superbe appartement à Benalla, d’y faire entreprendre des travaux, de lui attribuer un voiture de luxe, de lui verser 10 000 €/mois (comme au coiffeur de Hollande), de le proposer comme sous-préfet, de lui confier la réorganisation de la sécurité policière et militaire de l’Elysée ? S’il le sanctionnait maintenant et ne le protégeait pas des foudres de la Justice ?

Il pourrait y avoir des émeutes à Evreux et ailleurs, annulant l’investissement effectué sur les cités des banlieues depuis des mois.

Comme le disait le Directeur de la Banque Rothschild, Macron est un « grand manipulateur » !

L’Imprécateur
25/07/2018