BENALLA ! BENALLA OUTRAGÉ ! BENALLA BRISÉ ! BENALLA MARTYRISÉ ! MAIS BENALLA LIBÉRÉ !
(L’Imprécateur)

Dès que j’ai vu Benalla sur TF1 apparaitre dans un beau costume bleu avec la cravate bleue adéquate, ressemblant à l’uniforme des ministres et des secrétaires d’État, de fines lunettes sur le nez, bien propre et rasé de frais, ce qu’il n’avait pas fait depuis des années, j’ai immédiatement pensé à l’une de ces opérations de « com » dont l’Élysée a le secret.

En l’entendant, dès ses premiers mots, le ton qu’il prenait du « petit garçon qui a fait une bêtise, mais qui croyait bien faire et qui demande pardon à papa qu’il aime si fort », m’a confirmé dans ma certitude que pas grand-monde ne croirait à cette mascarade. Grave erreur !

L’article de défense et illustration de l’innocent Benalla signé par Élisabeth Lévy dans Causeur m’a laissé pantois. J’ai beaucoup hésité à prendre la plume pour rétablir les choses, car je n’aime pas reprendre de front les inepties de mes collègues journalistes, tout en précisant que je l’ai été mais ne le suis plus depuis longtemps. Seulement j’ai été dans ma jeunesse rédacteur en chef adjoint d’un quotidien et chef d’un service de presse et je pense qu’il y a des choses à ne pas laisser passer, d’autant plus que jusqu’ici j’appréciais l’intelligence, l’esprit critique et le courage de Madame Lévy. « C’est pas possible », me suis-je dit, « c’est le syndrome de la cinquantaine, elle est tombée amoureuse du bellâtre cinglé, si mignon, si fort et certainement si bien membré ! ». Eh puis non, ce serait plutôt qu’elle ne connaît pas l’affaire ou n’y a rien compris ? Dans le doute, voilà ce que j’en pense.

« Je l’avoue, j’ai été convaincue par les explications de Benalla sur les événements (d’une grande banalité) de la place de la Contrescarpe ». – Non, madame, voir l’adjoint du chef de cabinet de la présidence de la République tabasser deux manifestants n’est pas « d’une grande banalité ». D’autant que nous savons aujourd’hui qu’il était coutumier du fait. En attendant que l’enquête trouve d’autres témoignages, il y a ceux de son intervention sur la place de la Contrescarpe et celle, trois heures avant, au Jardin des Plantes (Libération).

« Quand il dit qu’en voyant des manifestants agresser des policiers (ce que ne montrait pas la première vidéo, habilement montée à charge)«  Encore une erreur, madame, cette vidéo amputée de sa première partie est effectivement celle qui a été le plus exploitée par vos collègues et sur Internet, mais celle où l’on voyait un petit groupe de manifestants acculés par les CRS contre la terrasse d’un café leur lancer des bouteilles et des verres circulait déjà. Et cela n’excuse en rien le comportement de votre nouvel ami Benalla que l’on voit fendre la masse des policiers pour d’abord appréhender la jeune femme et la brutaliser, puis son compagnon et le tabasser, fussent-ils ce qu’ils étaient, des militants d’extrême-gauche. Comme l’a déclaré le commandant de la brigade, les CRS ont l’habitude de ce genre de situation, la maîtrisaient parfaitement et n’ont pas compris l’intervention subite de « l’homme du président » et de son comparse en brutalités, Vincent Crase.

« [Quand il a dit que] il a réagi instinctivement et qu’il le referait s’il n’était pas membre de la présidence, non seulement je le crois, mais je trouve ça plutôt honorable ». D’abord, s’il est toujours « membre de la présidence », il y a un problème. Mais là, vraiment, où est l’honneur ? Voilà un adepte du culturisme et des sports de combat qui aime faire le coup de poing, et au vu du nombre de ses interventions musclées, y compris contre des membres de la presse, on peut en déduire qu’il y trouve du plaisir ou qu’il veut prouver quelque chose. Si les policiers avaient été en train de reculer sous l’assaut des manifestants, l’explication de l’honorabilité était en partie recevable, mais ils avaient acculé les manifestants et n’attendaient que l’ordre de la préfecture de les appréhender. Car vous savez, je suppose, que le chef du groupe doit rendre compte seconde par seconde de l’avancement de l’opération et qu’il y a des conditions très strictes à toute épreuve de force comme appréhender un manifestant.

Vous le reconnaissez d’ailleurs dans le membre de phrase qui suit : « Il est vrai qu’en l’occurrence, on n’avait pas vraiment besoin de lui » Eh non ! Les CRS faisaient leur boulot en essayant d’éviter les bavures comme on le leur recommande et voilà que ce fouteur de merde protégé par son statut de chouchou du président (si fier de l’avoir embauché !) intervient.

« […] mais les victimes d’agression souffrent plus, dans notre pays, de la passivité des témoins que d’un interventionnisme excessif. » Un bon point pour cette phrase, mais voyez plus dans cette situation la peur d’ennuis judiciaires très probables pour les défenseurs des victimes que de la lâcheté.

« Si je me faisais attaquer dans un RER comme ce jeune homme qui, le 15 juillet, s’est jeté par la fenêtre d’un train qui roulait pour échapper aux quatre racailles qui le rouaient de coups devant d’autres voyageurs, j’aimerais bien qu’il y ait un Benalla dans les parages. » Là, vous faites à nouveau une grosse erreur de jugement en vous fiant à la peinture à l’eau de rose que l’Élysée nous a faite de Benalla.

Vous ignorez donc que Benalla est célèbre sur le site de drague Tinder sous le pseudo de « Mars », Mars se trouve être le fils de Jupiter et de Junon dans la mythologie grecque et le père de Romulus et Remus dans la romaine. Dieu de la guerre, Mars, sur le site de drague en question, chasse la bécasse en lui montrant des photos de Mars avec Macron, Mars avec Trump, et d’autres. Les faibles femmes et filles, il les saute, il ne les protège pas. S’il ne les tape pas avant, estimons-les heureuses ! Et « en même temps », il se mariait !

« […] le gars est sympathique et franc du collier[…]«  Bon, vous êtes libre de le voir comme ça, mais moi qui pendant une période de ma vie ait été payé très cher, d’abord par un premier ministre, mais surtout par des grandes entreprises, pour évaluer la fiabilité d’énarques et de polytechniciens, je vous le dis : Benalla est une petite crapule, intelligente certes, et même très intelligente si vous voulez, mais menteuse et manipulatrice comme peu de gens le sont. En lui faisant confiance et en devenant sa victime, une femme à l’esprit critique affûté comme l’est le vôtre en fait la démonstration.

Je vous le dis sincèrement, je regrette d’avoir eu à écrire ce qui précède, mais votre article m’est resté en travers de la gorge. Surtout quand, en fin d’article, vous appelez comme témoin à décharge le général Bio-Farina connu pour avoir organisé, parce que c’est sa spécialité, sur l’ordre de Hollande, le service des écoutes clandestines de l’Élysée au cabinet du président, où le dernier en date l’a maintenu. Pour quoi faire dans une République de clarté « inaltérable » ? Croyez-moi, il existe de meilleurs témoins de moralité !

Une bien étrange perquisition…
cliquez sur l’image pour voir la vidéo (01:35)

J’allais oublier : saviez-vous aussi que le 24 mai les services du ministre des Affaires Étrangères Le Drian ont offert à Benalla un passeport diplomatique ? Quelle dure sanction ! Ce gouvernement est décidément en état de décomposition avancée. Vous allez pouvoir vous rattraper, il y a maintenant l’affaire de l’arsenal de Benalla soustrait à la Justice (3 pistolets Glock et un fusil à pompe) et la disparition du coffre-fort à armes. Que contenait-il de si important qu’il ait fallu la faire disparaître de nuit ? Enquêtez, madame Lévy, enquêtez, c’est la base de votre métier. Et surtout ne venez pas nous dire ensuite que ces armes, c’était juste pour aider Madame Hidalgo à chasser les rats dont Paris est infestée. Il est si gentil ce Benalla…

Un sondage réalisé quelques heures après le show élyséen de Benalla a fait progresser le président de deux points. Seulement tout le monde, ou presque, ayant vite compris la supercherie avec Benalla essayant de récupérer à la fourrière sa Renault Talisman de service et ne rapportant qu’une partie des armes, le sondage YouGov suivant pour Le HuffPost et CNews, enregistre une chute de 5 points pour Emmanuel Macron. Pour la première fois depuis son élection, il passe sous la barre des 30%, à 27%. Une vidéo circule depuis quelques jours sur Internet, elle montre comment beaucoup de Français voient maintenant le couple Macron-Benalla. On y voit l’empereur César expliquer à son chef de cabinet Demetrius qu’il faut punir le soldat Vénus en le mettant de garde la nuit prochaine à la porte de sa chambre. Demetrius à son tour explique au commandant de la garde qu’il faut mettre Vénus à la porte de la chambre de l’empereur, mais en prévoyant un remplaçant au cas où… ! Ça coûte cher de mentir pour protéger Benalla.

 

Et quand on lit, dans Le Figaro, il y a quelques jours, que le Président veut profiter de cette affaire pour mettre au pas la haute fonction publique en commençant par la Préfecture de Police de Paris, on se dit avec inquiétude qu’on n’en a peut-être pas fini avec les Alexandre Benalla, Vincent Crase et Jamel Debbouze dans l’administration selon Macron. Heureusement, Debbouze dit dans le JDD qu’il a refusé la « proposition qui lui était faite d’être secrétaire d’État » (sic !).

Benalla n’est peut-être qu’un gros mytho « qui voit trop de films » comme vous le dites dans votre article, Madame Levy, mais alors le petit homme d’une quarantaine d’années, bien fait de sa personne, qui l’a embauché et que l’on voit à côté de lui sur les photos de Mars publiées sur Tinder ne s’en serait pas aperçu ? Pourtant, « il m’a trompé » a-t-il déclaré devant ses fidèles. Ce serait un naïf ? Et vous… vous n’avez pas le sentiment qu’il vous a trompée aussi ?

 

L’Imprécateur
05/08/2018