Souvenons-nous de COP21 et du triomphe annoncé de la « transition énergétique » qui allait sauver la planète (moyennant tout de même cent milliards d’euros à faire débourser chaque année aux contribuables des pays réputés riches, ceux des pays en développement, comme la Chine, en étant exemptés.)
Se croyant assurés d’une manne financière internationale qui n’est finalement venue que très partiellement, parce que les chefs d’État rentrant chez eux et l’enthousiasme communicatif de COP21 étant retombé, ont réfléchi et compris qu’il y avait derrière tout ça une grosse arnaque qui ne profiterait qu’à ceux qui avaient déjà de solides bases industrielles dans les secteurs des énergies « renouvelables » imposés, notamment l’éolien et le solaire. Plusieurs pays ont commencé à y investir massivement, mais très vite ils ont compris que seules la Chine, les États-Unis, l’Inde, et à un moindre degré la Russie et l’Allemagne, avaient une probabilité de réussite supérieure à zéro dans la fabrication des matériels de base, éoliennes et panneaux solaires.
Le grand gagnant, c’est la Chine
Le grand gagnant a incontestablement été la Chine qui a su anticiper les besoins de base : métaux et terres rares indispensables pour les aimants sans lesquels aucun moteur électrique ne fonctionne, qu’il soit producteur d’électricité comme dans une éolienne, ou consommateur comme dans une voiture, les batteries indispensables au stockage et les cellules de transformation du rayonnement solaire en courant électrique. Elle contrôle 90% du marché mondial dans à peu près tous les secteurs des métaux et terres rares. Du coup, tous les producteurs de matériels du monde obligés de lui acheter leurs matières premières ont rapidement été mis en difficulté.
Les États-Unis avaient mis en place de grands parcs d’éoliennes et d’énormes fermes solaires. Ils ont vite cessé d’en installer (déjà sous Obama) et se sont retournés vers le pétrole et le gaz de schiste pour alimenter leurs centrales électriques. Ils ont pris à bras le corps le problème, de la pollution à l’extraction, notamment la fracturation hydraulique, et l’ont résolu. Ils sont maintenant auto-suffisants en production d’hydrocarbures et ne dépendent plus ni du Venezuela ni des pays arabes pour leurs approvisionnements. Ils étudient aussi les Small Modular Reactors (SMR). Le plus petit modèle, vendu au public par Hyperion Power Generation a un diamètre de 1,50 m pour 3 m de haut et fournit 25 Mw, soit 11.000 kWh/an de manière totalement autonome pendant des années, de quoi alimenter entre 15 et 2.000 foyers. Pour le moment, il coûte 20 millions d’euros.
La Russie a choisi une autre voie, le gaz dont elle abreuve l’Europe entière, et les microcentrales nucléaires SMR, dérivées des moteurs des sous-marins, qui, pour une surface au sol et un volume ridicules (les plus petites, de dimensions 8x3x3 m, assurent une production d’électricité permanente suffisante pour une ville de 100.000 habitants avec ses industries – métallurgie mise à part, qui consomme des quantités énormes d’énergie). Et dans des conditions de sécurité quasi absolues puisqu’elles peuvent être montées sur une barge et emmenées au loin sur un fleuve ou au large en mer en cas de problème grave.
L’Inde a pris du retard et n’est pas, pour le moment, un concurrent dangereux.
La Chine ayant l’avantage de tout avoir, y compris une main d’œuvre docile et bon marché, a inondé le monde de ses éoliennes ou moteurs d’éoliennes et de ses panneaux solaires. En même temps, elle a développé à toute allure une industrie nucléaire civile et militaire de premier plan, avec l’aide du français AREVA, en faillite dans son propre pays à cause du gouvernement qui lui a imposé des dirigeants énarques incompétents comme Anne Lauvergeon, et des normes draconiennes et surtout perpétuellement changeantes. Avec l’appui technique de 2.600 ingénieurs de chez AREVA et filiales, la Chine a construit rapidement des centrales nucléaires de troisième génération sur lesquelles nous bafouillons encore en France, et en prépare de quatrième génération (pour 2030) où le risque nucléaire sera quasiment nul.
L’Allemagne s’était lancée à fond dans le solaire. Elle a investi 405 millions d’euros d’aides de l’État dans l’ex-Allemagne de l’Est sinistrée par un demi-siècle de communisme, pour créer une industrie du panneau solaire qui a démarré en flèche, mais s’est effondrée tout aussi vite pour deux raisons : coût trop élevé du kilowatt produit et concurrence imparable des panneaux chinois. L’éolien est en train de prendre la même voie alors qu’il représente, en apparence, 25% de la production électrique allemande.
En Europe, il a suffi de deux mois de canicule pour couler l’éolien
C’est la canicule qui touche toute l’Europe qui en est la cause, pour une raison qui ridiculise la prétention de la transition énergétique à sauver la planète.
Le drame de l’éolien a commencé en Norvège. Son électricité nationale est à 90% hydraulique, il y a partout de l’eau en abondance, 5% éolien et 5% centrales classiques à charbon ou gaz. Un modèle d’écologie. Quatre mois de sécheresse et de températures à l’entour de 30° ont asséché l’hydraulique. Quatre mois sans vent significatif ont arrêté les éoliennes.
La Norvège s’est tournée vers la Suède sa voisine pour lui demander du courant. La Suède, 45% d’hydraulique et 49% d’un mix d’énergies dites « renouvelables » [1] dont l’éolien à l’arrêt comme partout, a répondu « non », elle était, en plus, ravagée par des incendies.
Norvège et Suède se sont tournées vers la Finlande qui a répondu qu’elle pouvait les dépanner sur quelques pointes de consommation avec ses deux centrales nucléaires, mais qu’elle ne pourra les aider massivement que l’an prochain quand sa centrale EPR (eau pressurisée), construite par AREVA et SIEMENS et actuellement en phase d’essais, sera opérationnelle.
L’Allemagne au secours des pays nordiques avec du charbon et du lignite
Tous les pays nordiques se sont alors tournés vers l’Allemagne qui a dit « oui » et fait tourner à fond ses centrales à charbon et lignite extrêmement polluantes, plus celles à gaz et fuel un peu moins polluantes ! En effet, l’Allemagne que Nicolas Hulot nous présente comme un modèle de transition énergétique a fermé son nucléaire, installé une quantité énorme et hideuse d’éoliennes [2] qui sont à l’arrêt partiel depuis quatre mois, et total depuis deux mois faute de vent, alors qu’elles sont supposées produire 25% de l’électricité consommée, ce qui ne se produit qu’environ un tiers de leur temps de fonctionnement théorique. Si bien que malgré un chiffre de Mwh installés important et à un coût élevé, la production éolienne en Gwh [3] est faible.
Mégawatts et Gigawatts-heure, ce n’est pas la même chose
C’est une notion qu’il faut toujours avoir en tête quand Nicolas Hulot et le lobby éolien présentent un projet mirifique de parc éolien dans une commune : la puissance installée correspond à la puissance maximale théorique de production d’électricité. Avant de regarder les chiffres, il est important de noter qu’un MW de puissance éolienne installée produit beaucoup moins d’électricité qu’un MW installé dans une centrale nucléaire car une éolienne ne fonctionne que si le vent est assez fort, alors que la centrale nucléaire produit tout le temps, hors périodes d’entretien. Le chiffre à regarder, c’est la production à l’heure, exprimée le plus souvent en Gigawatts/heure.
La plupart des pays n’ont pas une situation météorologique qui leur permet de produire beaucoup d’électricité avec l’éolien, même s’ils en installent beaucoup.
Le gaz russe serait-il la solution ?
Mais l’Allemagne a vite eu un problème d’approvisionnement en charbon et lignite. Elle a donc fait appel à la Russie pour la fournir en gaz, et la Russie a dit « volontiers », mais vous êtes conscients que cela va déplaire à Trump et à Macron ? « Oui, mais c’est seulement pour un cas d’urgence » ont répondu les nordistes. « Non, non ! Je vous fournis, mais vous vous engagez à continuer à enfreindre les interdictions franco-européo-américaines d’achat de produits russes et à accepter la construction en mer Baltique d’un nouveau gazoduc qui vous garantira de ne jamais plus manquer d’électricité. »
Maintenant tous réfléchissent à ce choix cornélien et la Finlande pousse pour laisser tomber l’éolien qu’il faut acheter en Chine, ou ne le garder que de façon marginale, oublier le gaz russe et revenir à plus de nucléaire, parce que c’est une production sûre avec les nouvelles centrales, et bon marché » [4].
En France aussi l’enthousiasme pour l’éolien fléchit et la Chine mise sur le nucléaire
Le lobby des éoliennes à l’œuvre sur le terrain.
Le problème n’est pas le même en France, où nous avons encore 75% de production nucléaire qui assure notre sécurité électrique, mais on y réfléchit quand même. La preuve en est le manque d’enthousiasme des élus locaux pour les parcs éoliens marins que Hulot veut installer au large des côtes.
C’est une pollution énorme des fonds marins par l’ancrage en béton des éoliennes fixes ou flottantes (il faudra enterrer trente millions de tonnes de béton dans le sol de France d’ici 2020 si l’on suit le programme Hulot), un gros risque pour la circulation maritime. Imaginez un pétrolier ou un porte-containeurs dérivant en panne au milieu d’un champ d’éoliennes pendant une tempête, et un abcès dans les zones de pêche. Hulot se gargarise de la production éolienne déjà installée à grand prix, mais la production réelle est minime, comme partout en Europe : en 2016, l’éolien en Europe : 167 Gwh, le nucléaire 76.950 Gwh.
La Chine, premier pollueur mondial, compte bien réduire sa production de CO2 par le nucléaire uniquement ou presque, et ne s’en cache pas. Cela pose une nouvelle question : avec une population mondiale annoncée à 9 milliards en 2050, 11 milliards en 2100, est-ce une bonne idée de réduire dans l’atmosphère le CO2 qui booste la production agricole et les forêts, maintenant que l’on sait qu’il n’est pas pour grand-chose dans le réchauffement climatique ?
L’Imprécateur
13/08/2018
[1] Les énergies dites « renouvelables » sont la biomasse et les déchets, la géothermie, l’hydrométrie, le solaire, et l’éolien.
[2] Plus de 750 communes allemandes consternées par leur environnement défiguré par de gigantesques parcs d’éoliennes, ont demandé au gouvernement de cesser immédiatement toute nouvelle installation d’éoliennes.
[3] La production « installée » théorique s’exprime en Mégawatts, la production réelle en Gigawatts/heure. Un Mw = 106 (un million) de watts, un Gwh = 109 (un milliard) de watts.
[4] En 2018 il y a 72 réacteurs nucléaires en construction dans le monde et 160 en projet pour 2020 – dont une cinquantaine en Chine – c’est le grand retour du nucléaire (source : Société Française d’Énergie Nucléaire).
Très bon résumé de la situation du Nord de l’Europe en matière de production d’électricité. L’impasse de la « transition énergétique » est évidente est évidente. Ce terme n’a, du reste, aucun sens et c’est encore un faux-sens induit par nos communicants friands de ce langage flou. Il n’y a aucune transition énergétique puisque l’énergie produite est la même. Je me souviens de mon prof de physique de taupe qui nous reprenait à chaque fois que nous parlions de « forme d’énergie » en nous rappelant ad nauseam que l’énergie n’est qu’une fonction qui caractérise l’état d’un système…
Voir une transition là-dedans n’est qu’un abus de langage journalistique.
Enfin, comment alimenter en électricité les millions de véhicules qui doivent sillonner nos routes si on ne peut déjà plus assurer la consommation actuelle ?
Arrêtons toutes ces inepties, notamment sur les moulins à vent rebaptisés éoliennes…