MACRON ET « LES PAUVRES »
(Jean Goychman)

Avec une cote de popularité en chute libre, il apparaît normal que notre président tente de colmater la brèche qui vide son réservoir électoral à une vitesse croissante. Pensant, peut-être avec raison, que le qualificatif « président des riches » attribué par les médias pouvait être la cause principale de cette impopularité, il se devait de réagir.

 

Cibler les derniers de la cordée

Emmanuel Macron sort de l’ENA. C’est un fait. Philippe de Villiers disait de cette école (dont il est lui-même issu) : « on y rentre avec 300 mots et on en ressort avec 40 ! » Il va donc analyser la situation sur un plan « mécanique » Les riches ont fait l’objet de ses largesses, il est normal que les pauvres soient un peu jaloux. Il convient de « les caresser dans le sens du poil » sans perdre pour autant le gain auprès des premiers. Toujours le fameux « Et en même temps » ! Dans sa vision de l’humanité, qui s’apparente à une pyramide, il y a « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas ». Ayant pris l’image d’une cordée d’alpinistes pour en valoriser les premiers, il reprend ce thème pour montrer qu’il se préoccupe également du sort des derniers. Il sait que, électoralement parlant, le poids de « ceux qui ne sont rien » peut lui coûter cher. Le moment est venu de les cajoler.

 

Un territoire inconnu

Malheureusement pour lui, il n’a jamais réellement eu de contacts avec ces gens-là et doit supputer leurs réactions en les imaginant. Exercice périlleux s’il en est, car la plupart d’entre eux ne marchent pas « au pas » et sentent très bien la différence entre la sincérité et la flagornerie.

Giscard nous avait déjà le coup, sur un autre registre, en organisant des dîners faussement imprévus chez des français réputés moyens. Il nous avait également joué de l’accordéon en prenant le métro et partagé les croissants d’un petit déjeuner avec une équipe d’éboueurs parisiens… Or, « la populace » – terme qu’ils utilisent entre eux – n’est pas une classe sociale facile à comprendre pour nos élites. Et cela se sent bien dans les mesures annoncées par Emmanuel Macron. L’une d’entre elles me paraît très significative de cette incompréhension.

 

De vieilles idées éculées qui se veulent innovantes

La bataille contre la pauvreté est médiatique. Encore faut-il se donner les moyens de la gagner, ce qui ne semble guère être le cas. Il y a quelque temps, j’avais publié un article sur un rapport resté confidentiel et qui traitait le l’éventualité d’une période de paix prolongée. Ce rapport, publié sous un nom d’emprunt en 1967 est connu sous le nom de « Rapport de la montagne de fer » publié par la revue MÉTHODE que nous vous recommandons vivement..

Dans l’édition française de ce rapport, intitulé « La paix indésirable », on trouve, page 33, au § « pauvreté » :

« Pauvreté. Élimination authentique de la pauvreté, définie par les critères correspondant à la productivité actuelle, élimination obtenue par un revenu annuel garanti, ou par tout autre système de distribution susceptible d’accomplir cette réalisation. »

Du même tonneau venait cette proposition formulée à la fin des années 60 par Milton Friedman, considéré comme un des pères du néolibéralisme. Il s’agissait de distribuer directement à la population des billets imprimés par la Banque Centrale, qu’il appelait « la monnaie-hélicoptère » pour reprendre l’image de l’argent tombant du ciel

Mais ces propositions datent néanmoins de plus de soixante ans. Difficile donc de parler de mesures « progressistes ou novatrices ». Et ces mesures ont été appliquées, certes dans un cadre restreint, aux États-Unis dans certaines réserves indiennes, où le gouvernement fédéral payaient les indiens pour l’unique raison qu’ils étaient indiens… L’expérience, loin d’être concluante, a souvent tourné au drame, ces populations s’étant repliées sur elles-mêmes avec tout ce que cela comporte…

 

Il n’y a pas que l’argent qui compte

Emmanuel Macron, dans son discours annonce comme une mesure « phare » la création de ce revenu universel. Il est difficile de croire que cette mesure satisfasse ceux qui, écartés souvent malgré eux de la vie professionnelle, ont également besoin de cette dignité que leur confère le fait de pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Quelle que soit la façon dont on aborde ce problème, pèse sur nos épaules la culture de la responsabilité sociale. Le « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » apparaît comme une valeur essentielle. Certains se réjouiront peut-être d’être « payés pour ne rien faire », mais ce sera loin d’être la majorité. Ne vous y trompez pas, monsieur le Président, si l’absence de revenus est à l’évidence une cause de pauvreté, distribuer des billets fraîchement imprimés par la BCE ou tout autre organisme ne sera pas la solution. Cela peut régler certains problèmes immédiats, mais ne saurait perdurer.

Comme dit un proverbe chinois :

« Si tu donnes un poisson à quelqu’un, tu le nourris une journée. Si tu lui apprends à pêcher, tu le nourriras toute sa vie. »

Jean Goychman
15/09/2018


J − 34



 

13 Commentaires

  1. Nos gouvernements fabriquent des chômeurs depuis le 1er choc pétrolier, auquel ils ont réagi par la hausse de la dépense publique (voir billet de Marc Le Stahler). Les producteurs dans les pays non pétroliers ont du faire face à la hausse du coût de l’énergie, mais les producteurs français ont été pénalisés par une hausse plus grande de la fiscalité. Le secteur marchand conserva sa compétitivité par la délocalisation pour les entreprises qui le pouvaient, et la limitation de la main d’œuvre pour les autres.

    La variable d’ajustement de ce régime politique dépensier, fut et et demeure le chômage depuis 45 ans ! L’idéologie socialiste et le clientélisme aggrava la dépense publique depuis 1981. L’inflation de la dépense sociale n’est jamais sérieusement mise en cause, puisque c’est le carburant électoral des politiciens clientéliste. Rien dans notre Etat n’équilibre cette tendance puisque tout dépend de lui : media, Université, grands corps et grandes écoles.

    Or dans nos sociétés urbaines et anonymes, le chômeur est peu à peu poussé hors de la vie sociale, s’il vote encore, les élites ne le voient pas.

    Il reste une chance de sortie : que le Peuple s’aperçoive enfin qu’il n’est plus depuis des décennies le 1er bénéficiaire de l’Etat-Providence, au contraire il est pillé au profit d’une Nation artificielle fondée sur la redistribution à une colonisation de créanciers.

    • Comme il n’y a pas de m. sans mouches posées dessus, il n’y a pas non plus de socialistes sans misère et donc ceux-ci, les socialistes et assimilés, cultivent allégrement la misère populaire. Et comment promouvoir la misère? ben tiens, en augmentant les prélèvements dits obligatoires et en ouvrant les frontières à tout va et donc à n’importe quel voyou délocalisé off-shore. FREXIT, retour au franc, vidange des fosses septiques étatiques et bureaucratiques, à la lanterne les parasites indument privilégiés et basta.

    • “Les producteurs dans les pays non pétroliers ont dû faire face à la hausse du coût de l’énergie.”
      C’était le plan échafaudé par le Deep State et décrit dans le livre “La guerre des monnaies” (auteur : Honk Bing Song).
      1) En 1971, la FED impose à Nixon de déconnecter le dollar de l’or, ce qui lui permet d’imprimer les dollars sans limite ;
      2) En 1972, Kissinger demande à la famille ibn’Seoud de faire grimper, au travers de l’OPEP dont elle est un des principaux membres, le prix du baril, qui passera en 1973 de 3 à 12$ et d’imposer le dollar pour les échanges internationaux (pétro-dollars) ;
      3) Les dollars ne revenant jamais aux USA, ce sont donc les autres pays qui financent la dette américaine en s’endettant à leur tour…
      On voit donc que la période 70-73 a été celle du bouleversement financier mondial et le début de la chute des pays non-producteurs.

  2. Ceci me rappelle la rencontre du Pape avec Hollande :
    – “Je suis François, le Pape des pauvres.”
    – “Moi aussi, on me nomme François ! Et je suis votre principal fournisseur.”

  3. Le revenu universel est une grosse connerie qui amènera la misère de par la destruction de la valeur de la monnaie considérée. Avant même la distribution gratuite, disons le jour d’avant, les prix des marchandises s’envoleront, ensuite et comme ils persisteront à jouer au plus con avec leur planche à billets, ce sera Weimar et la république sautera.

    • En parlant de République qui saute, le vieux sénile Collomb a “pris sa décision ” de se retirer pour revenir à Lyon pour appuyer sa rombière Carole à la mairie.
      Question : est ce sa Propre décision ou celle de Macron ? Au vu du bilan désastreux de Collomb par rapport aux crimes qui eurent lieu en France cet été récent ? Un record de meurtres au couteau sous l’ère Collombo !!!! Position intenable pour le vieux ? Macron le débarque malgré l’amitié ? Ou alors, serait ce la trouille que Benalla fasse quelques révélations, demain , devant les Sénateurs ? Collombo = “Courage, fuyons” ? Car ce cher Benalla doit en connaître des secrets sur les bidouillages en coulisse ! Beaucoup de membres du gouvernement ont le trouillomètre à zéro, on dirait ! D’où le départ de quelques uns, avant que le Titanic Micron coule…
      L’avenir nous dira la suite…
      Mais que cette décision de Collomb n’est pas nette : elle ne l’est pas ……

      • Le « dessous des cartes » est complexe et (volontairement) obscur.
        En « démocratie », le Pouvoir se sert de son carburant électoral, se gardant d’informer les électeurs mais surtout d’œuvrer dans leur intérêt réel.
        Acculée par le FRONT POPULISTE, l’Union Européenne chancelle (pour notre plus grande satisfaction certes, mais ne nous faisons pas trop d’illusions ; la bataille semble en voie d’être gagnée mais la guerre n’est pas finie). La crise allemande, mise en lumière par le conflit entre Groβ Merkel et le patron allemand des Services – soutenu par le ministre de l’Intérieur – induit un CHANGEMENT DE « TACTIQUE » DES MONDIALISTES. Non de leurs « buts » finaux. Il s’agit simplement d’une manœuvre de « stratégie » géopolitique adaptée à la situation. C’est en somme une sorte de reculé pour mieux sauter.
        Bruxelles durcit le ton à l’endroit des pseudo-réfugiés. Bien. Les reconduites aux frontières vont s’accélérer et, tout comme FRONTEX, les Administrations (encore) nationales recevront des consignes bien plus strictes qu’au cours des dernières décennies. Très bien. De même, l’État Profond – qui n’est ni américain ni européen puisque mondialiste – envisage la succession de Macron dans le sens du poil. Ça n’est pas par hasard que (au cas où…) Marion Maréchal — ex-Le Pen comme par hasard — a été adoubée par une partie de cet État Profond, celle qui nous est le moins défavorable, d’où le financement de son école de Lyon. Excellent !
        Je parie donc que le successeur du vieillard de la place Beauvau sera… un homme qui n’attirera pas (de notre part) les mêmes critiques de laxisme qu’auparavant.
        Nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais ne nous y trompons pas :
        LA GUERRE N’EST PAS GAGNÉE.

  4. Notre temps se veut exotérique, cartésien, au sens où toute réflexion sur la symbolique européenne, est évacuée. Elle devient même risible dans les dîners en ville. Poussée à ce point, la logique matérialiste est une diablerie.
    Et pourtant, lorsque les preuves s’accumulent, en aparté, les mêmes qui riaient, s’inquiètent de l’aveuglement général. La manipulation est mise à jour peu à peu.
    Cela peut paraître énorme parce c’est justement à la vue de tous. La ruse se pare des attraits de l’innocence.
    Un décryptage sur ce lien mais il y en a d’autres, il suffit de saisir sur le moteur de recherche : “Symbolique spirituelle du parlement européen” ou “Le parlement européen et la tour de Babel”.
    http://bistrobarblog.blogspot.com/2010/11/le-parlement-europeen-et-la-tour-de.html

  5. La totalité de l’humanité fonctionne avec le “fric”. Celui ci se concentre de plus en plus en grande quantité dans de moins en moins de mains: répartition qui crée une fracture. Il suffit de permettre à tout le monde de travailler: au niveau local: entretien des chemins, ruisseaux,….., repassage,….. et on revient aux années bonheur. Seulement cela ne fera pas les affaires de la nomenklatura dirigeante: leur but est d’asservir le peuple.

    • Donc, d’établir le « NOUVEL ORDRE MONDIAL » avec gouvernement unique.
      Une dictature à l’échelon planétaire fondée sur les fantasmes mystiques et pervers des héritiers directs de Sem, fils de Noé. Ça n’est pas par hasard qu’ils ont fait allusion à la Tour de Babel (dite מגדל בבל pour les uns, برج بابل pour les autres, construite par Nemrod, petit-fils de Noé) dans le tracé architectural du Parlement Européen de Strasbourg et plus particulièrement dans celui de la Tour Louise Weiss.
      Le Diable montre le bout de l’oreille.
      Comprenne qui pourra.

    • Macron qui parle des pauvres ? Lui qui avait fait évacuer les camps de roms sous les tremis lors de sa visite à Lyon !!!
      Cachez cette misère qui me gêne !
      Comme le bourge de Valls qui, en son temps, avait fait dégager des Sdf de sa rue car la vue de ces pauvres hères qui frustrait les yeux de Madame la Bourge !!!!????
      Enfin : re-Macron , hier ! “Vous traversez la rue et vous trouvez un emploi” !!!???
      Un emploi à combien par mois , Macron ?
      1.200, 1.300€/mois à Paris ou ailleurs ?
      Un emploi pour vivre tel un sdf des temps modernes ?
      Les new Sdf’s !!!! Tu bosses pour Rien ! Que pour caguer et bouffer .
      Macron ! Tu gagnes combien par mois ?
      Tu partages combien avec les pauvres ? Combien ?
      Allez : ne parles pas de travail, Macron : tu ne sais même pas ce qu’est une goutte de sueur , et serrer la ceinture , à mi- mois , pour le finir , ce mois !!!!

    • Bonjour, à vous lire, Il me suffit, donc, de traverser le gué pour trouver un poste de “cadre” dans mon domaine, l’informatique, spécialiste des réseaux, avec une rétribution plus que correcte, au vu de mon âge et de mon expérience… Ben, là, je surnage depuis 3 ans et l’autre rive me semble s’éloigner très vite… Pour un peu, je repasserai ! je vous tiendrai au courant…

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