CROISSANT SANS CAFE CREME (QUI A PEUR DE L’ISLAMISATION LIBREMENT CONSENTIE ?) par Anne Lauwaert (1ère partie)

0000 - Drapeau français soumission


INTRODUCTION 

Le lendemain de l’élection de Mohamed ben Abbès, qui devenait donc le premier président musulman de la France comme Michel Houellebecq l’a expliqué dans son livre « Soumission »,  la nation fut plongée dans le plus profond et le plus sincère soulagement car, enfin, c’en était fini de cette clique de politiciens ignorants, vaniteux, corrompus, magouilleurs. Finalement le changement était là, bel et bien, et tout le monde eut confiance car on savait que le nouvel homme au pouvoir était une personne sérieuse et compétente qui allait s’entourer d’une équipe de collaborateurs également intègres.

Il n’y eut pas de cortèges de voitures klaxonnantes, ni de débordements comme au foot parce qu’on était fatigué et, toutes tensions relâchées, tout le monde se dit “Ouf, enfin…” car il était grand temps.


DANS LES HAUTES SPHERES DE L’ETAT…

On s’habitua rapidement au nom du président ben Abbes. Il s’appelait Mohammed comme tous les premiers nés, et préféra se faire connaître sous son deuxième prénom “Arif”, nom prémonitoire qui signifie “habile” et qui lui avait valu le surnom de Harry pendant son cursus scolaire depuis le Collège Américain de Lugano et la fac à Harvard jusqu’au peaufinage à Oxford.

Puisque Arif avait eu des grands-parents arabophones et une nurse allemande, il connaissait l’arabe et se débrouillait en allemand. De sa petite copine tessinoise il avait appris suffisamment d’italien et pour le reste il parlait autant l’argot américain que la belle langue châtiée de Shakespeare. Comme Abdallah, qui connaissait plus d’anglais que d’arabe quand il fut nommé roi de Jordanie, Arif connaissait plus de français que d’arabe mais il jonglait autant avec les salamalecs qu’avec les protocoles occidentaux. On ne risquait donc pas qu’il parle pendant le « God save the Queen », fasse des selfies idiots aux enterrements ou s’assoie avant la reine d’Angleterre.
Il était excellent cavalier, se délectait aux excentricités genre cow boy souvenirs du Montana et aux raffinements du polo pratiqué parmi la gentry.  Bref ça faisait longtemps que la France n’avait eu un président à la hauteur d’un prince William, ce qui changeait du p’tit nerveux ou de la grosse patate.  Il ne lui manquait plus qu’une épouse du niveau de la reine Rania ou de la princesse Lalla Salma… D’ailleurs on chuchotait que non seulement les cours européennes commençaient à faire la liste de leurs héritières à marier, mais surtout que la prospection était lancée dans les meilleures universités car il lui fallait une épouse autant belle qu’intelligente, genre Laetitia d’Espagne.

Le mariage, non seulement civil mais aussi religieux, d’un président français en fonction, quelle allure cela allait avoir, surtout si ce mariage était mixte et combinait œcuméniquement les fastes musulmans et les pompes catholiques avec la présence des dignitaires religieux, des têtes couronnées occidentales et orientales et de leurs suites. Pour loger tout ce beau monde il allait falloir actualiser tous les châteaux de la Loire  et sans doute aussi les autres, ce qui allait booster l’emploi et le tourisme.  D’autant plus que tous les chefs d’état se connaissaient puisqu’ils avaient fréquenté les mêmes écoles, les mêmes pistes de ski, les mêmes îles privées, les mêmes clubs sélect et les mêmes couturiers et ainsi de pères en fils…

Du côté de l’Elysée et des autres sièges du pouvoir, outre le soulagement d’après  campagne et victoire électorales, les déménagements tournaient à plein régime: les précédents locataires s’en allaient et les nouveaux s’installaient. En attendant, le nouveau président s’était retiré au Château de Fontainebleau gracieusement mis à sa disposition par  son altesse Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane,  l’émir d’Abou Dabi et président des Émirats Arabes Unis qui, après avoir restauré le théâtre Napoléon III, avait fini par acheter tout le château.

Arif n’en avait pas encore parlé mais il comptait  bien laisser les paperasses, les embouteillages et la pollution de Paris pour s’installer définitivement à Fontainebleau, entouré de son cercle rapproché et de ses services principaux au nom de l’efficacité et même de l’économie.

Donc, au lendemain de son élection son « mobile-muezzin », cette fameuse invention qui avait été primée en Suisse dès 2009 et rendait obsolète la construction des minarets, avait sonné à 4h38. Il s’était levé, avait fait ses ablutions rituelles et ses prières, puis s’était fait apporter un petit déjeuner très british, copieux, substantiel et intégralement bio. Ensuite il avait fait son heure d’équitation pour tester le splendide alezan que le roi d’Arabie venait de lui envoyer. Belle bête, encore un peu effarouchée par le jet lag mais qui portait un nom de pédigrée à tellement de tiroirs qu’il le rebaptisa “Kahwa” pour les intimes puisque sa robe était sombre comme la nuit, son regard doux comme l’amour et son odeur chaude comme l’enfer, qualités du café que Arif avait apprises de sa gouvernante allemande.

Ensuite, Arif se retira dans sa salle de bains et, quand une heure plus tard, il en ressortit, il était frais comme le jasmin mais sa tenue en jeans de soie, chemise Mao en shantung et baskettes Louboutin indiquait qu’on n’allait pas chômer et tout de suite se mettre sérieusement au boulot.

Il s’installa dans un des petits appartements, fit appeler ses compagnons les plus proches et les plus fidèles et servir du thé au cardamome qu’il avait appris à apprécier lors de tournois de polo dans l’Hindou Kusch.

“Bon – dit-il – on commence par où ?” comme si dans sa tête tout n’avait pas été clair et réglé comme du papier musique…
“ Faut que tu nommes tes ministres…”
“La liste est déjà faite et tout le monde est déjà briefé…mais comme désormais chacun s’occupera de ses affaires sans mettre le bec dans les affaires des autres, et surtout que les ministres, eux aussi, seront payés comme dans le privé proportionnellement à  leurs résultats obtenus, on les verra moins parader à s’écouter parler et ils auront plus souvent leurs mains dans leur pâte…  Mais nous, le staff directeur, allons tout de suite au plus pressé, à votre avis qu’est ce qui va être notre première priorité ?”
“La sécurité !” répondirent ses conseillers à l’unanimité.
“C’est aussi mon avis, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai été élu, les gens veulent pouvoir marcher en rue sans se faire égorger.”
“Les prisons sont pleines…”
“Svp, Karim, appelez-moi Mohamed…”
“Lequel?”
“Celui du Maroc sur son numéro privé.”

“Allo, c’est toi Mo? Ici Harry…”
Suivirent les salamalecs d’usage et puis Arif entra dans le vif du sujet.
“Je t’appelle parce que je suis dans la merde à cause de tes délinquants qui remplissent mes prisons françaises au lieu que ce soit toi qui t’en occupes chez toi… Comment ça non ? Mais si mon vieux, ces types ont peut-être des papiers français mais comme l’a bien expliqué ton père le roi Hassan II à Anne Sinclair, les Marocains ne deviendront jamais des Français, ce sont des étrangers avec des papiers français qui encombrent mes prisons et ça sait pas continuer durer (dat kan niet blijven duren = expression idiomatique exotique, un peu snob, qu’il avait apprise au Keukenhof tulip festival d’Amsterdam)… comment ça tes prisons sont aussi pleines ? Ça c’est pas ma faute, c’est que tu éduques mal tes jeunes… si tu continues ainsi tu vas te trouver dans le même merdier que moi ici avec mes Français, réforme mon vieux, réforme !…  Comment ça tu sais pas m’aider? Mais si, mais si, je vais t’envoyer tes compatriotes et tu vas voir toi-même ce que tu peux en faire… Il y a encore des tas de routes à remettre en ordre et donc des années de cailloux à casser… Que tu n’aies pas assez de prisons n’est pas un problème puisque la France dépense depuis des lustres des milliards d’aides et de subventions qui finissent non pas pour les peuples mais vont tout droit dans les comptes chiffrés des îles Saint Kitts & Nevis, je vais employer ces sommes pour venir construire des prisons modèles chez toi. … mais c’est ça la coopération… d’ailleurs ça se fait déjà…Comment dis-tu ? la sharia ? Ben ici, c’est difficilement applicable car si tu coupes une main ou un pied, ce type a droit à une pension d’invalidité pour le restant de sa vie, ça coûte trop cher… Les décapiter ou les pendre ? C’est encore pire car les veuves et les orphelins ont eux aussi droit à des pensions et l’état n’en a plus les moyens… écoute dès demain je t’envoie mes ministres pour régler les paperasses… Les syndicats et les droits de l’homme ?  On s’en fout, les Français n’ont pas voté pour Amnesty International, ils ont voté pour moi pour que je mette de l’ordre dans leur bordel… olala… excuse-moi, mon mobile-muezzin sonne l’heure de la prière sur mon méridien, allez on reste comme ça je t’envoie mes ministres, mes ingénieurs et tes délinquants; allez Mo, salut et merci…” et il raccrocha…

“C’est l’heure de la prière ?” demanda Abdel d’un air étonné.
“Mais non, mais avec ces arabes on n’en finit pas de palabrer dans le vide. Faut couper court… Fatima svp voulez-vous avertir le ministre de l’extérieur de se préparer à un grand tour à commencer par le Maghreb ? Merci Fatima… Karim svp voulez-vous m’appeler Mohamed sur son numéro privé ?”
“Lequel ?”
“Celui d’Algérie…”

La journée fut rude car il y avait 120 nationalités différentes dans les prisons françaises… En réalité c’est toute la semaine qui fut rude car pour téléphoner à 120 chefs d’état et en ne comptant que 30 minutes par conversation cela faisait  120 x 30 = 3600 minutes = 60 heures… et en comptant 10 heures de travail par jour, sans compter les pauses café, thé, prières, pipi, pic-nique, etc., cela faisait 6 jours en théorie mais 8 en pratique… Mais l’important fût que le message fût envoyé, reçu et compris c.-à-d.  “j’ai déjà assez d’emmerdements avec les délinquants français pour ne pas devoir supporter aussi les vôtres, donc cher ami je vous les remballe.” Offre impossible à refuser étant donné certains backgrounds que personne n’avait intérêt à faire apparaître sur le devant de la scène…

Les vols charters de la remigration commencèrent d’emblée avec des délinquants et des demandeurs d’asile en prime. On se serait cru au bon vieux temps des embarquements one way des Manon Lescaut vers Cayenne ou la Louisiane.

Heureusement qu’Arif disposait des 130 hectares de parc pour ses chevauchées relaxantes et des nombreux plans d’eau pour les baignades et bains de minuit.  Les présidents précédents avaient fait du jogging et de la bicyclette ou du scooter, Arif comptait bien rester au top pour participer aux compétitions d’avirons et autres disciplines entre seniors de ses anciennes écoles.

La question des prisons réglée il fallut bien s’attaquer aux problèmes collatéraux : police et justice… et en premier lieu la racaille des banlieues…

« Voilà – dit Arif à la commission de l’urbanisme – cherchez-vous un endroit isolé et dépeuplé genre Cévennes,  Larzac ou  Lozère et déplacez les derniers indigènes en leur offrant un change avantageux qu’ils ne pourront pas refuser. Vous mesurez 10 km2, entourez tout ça d’une clôture électrifiée munie de miradors, non vous n’appelez pas ça camp de concentration, mais « domaine de réappropriation de l’environnement spatio-temporel » ou quelque chose du genre, vous y installez des préfabriqués avec cuisines, dortoirs, salles de classes, piscines, théâtres, etc. Les « racailles » ce sont des gosses dont la testostérone dérape parce qu’ils sont privés d’activité physique et de sexe. Les incendiaires de voitures, les tagueurs, dealeurs et tous les p’tits connards qui se croient malins à ne pas aller à l’école, on les ramasse et on les envoie en colo où on va leur apprendre les joies de la survie en plein air, de l’apprentissage de la cuisine,  lessive, repassage, jardinage, élevage, études, langues et  sports… Prévoyez une aile de réappropriation du schéma corporel avec musique psychédélique, sauna, massage, guidance érotico sexuelle et méditation transcendantale conduits par des professionnelles blondes et opulentes originaires des pays de l’est. Faites-vous seconder par les pédagogues, psychologues et autres anthroposophes. »

Sitôt dit sitôt fait.

Il y eut un petit souci quand les pères vinrent rendre visite à leurs fils car nombreux furent ceux qui demandèrent, eux aussi, à pouvoir bénéficier d’un stage de reprogrammation mentale. Il allait donc falloir ouvrir de nouveaux centres. Mais tout ça c’était de la création d’emplois.

Il y eut une petite anicroche autour du ramadan. Arif convoqua les responsables religieux et leur expliqua que la syncope le jour et la grande bouffe la nuit c’était terminé et que d’ores en avant on allait mettre de l’ordre car si le ramadan était salutaire, certaines conséquences qui ne l’étaient pas devaient être ajustées.

« Vous n’allez quand même pas nous expliquer la religion ! » s’écria un des dignitaires.
« Mais si, mais si, car il est écrit dans le coran qu’à l’impossible nul n’est tenu ! »
« Ca, ça n’est pas vrai, ça n’est pas écrit dans le coran ! »
« Mais si, mais si, il ne suffit pas de lire les mots il faut aussi lire ce qui est écrit « entre les lignes » comme dit Aymeric Caron et il est temps d’appliquer « l’esprit des lois »
« Mais le coran… »
« Ecoutez cher ami, Paris vaut bien une mosquée, mais faut pas pousser bobonne dans les orties et comme le dit si bien monsieur Juppé, « le coran c’est illisible » contentons-nous des faits ! Vous croyez en Dieu ? Oui ? Alors si le peuple m’a élu, c’est que Dieu l’a voulu, il n’y a plus qu’à se soumettre, amen, que sa volonté soit faite… et retournons à nos moutons.

Donc à partir de maintenant le mois du ramadan, qui est celui de la disette avant les nouvelles récoltes, sera aussi celui des grandes vacances pour tous. On ne peut pas risquer d’accidents causés par l’hypoglycémie,  par conséquent à part le minimum indispensable comme les pompiers, la police ou les ambulances il sera interdit de conduire quelque véhicule que ce soit : pas de moto, auto, métro, camion, train, bus, avion, car c’est trop dangereux et cela mettra fin à la pollution. A la limite on pourra circuler à vélo. Toutes les activités fonctionneront donc au ralenti. Ce sera le mois de la santé avec interdiction de consommer des protéines animales et par contre obligation de consommer des céréales, fruits et légumes du terroir à km zéro ce qui sera bon pour nos maraichers et surtout de boire des tisanes dépuratives tout en pratiquant la prière, le yoga, le tai chi ou la méditation transcendantale… »

« Pas de transports ! et comment on va faire pour le tourisme ? et les longs week-ends ? et les sports d’hiver ? »
« Ben non, tout ça c’est fini car contraire à la santé donc anti-islamique. En plus nos caisses sont vides et les soins de santé au bord de l’implosion, donc c’en est fini des centaines de kilomètres de bouchons qui polluent, provoquent des cancers et des crises de nerfs. Plus non plus de jambes et bras cassés à la neige. Plus de soi-disant vacances dont on revient encore plus fatigués qu’au départ. D’ailleurs le Prophète n’allait pas aux sports d’hiver, ni au club med, donc tout ça c’est haram. »

Argument auquel il était difficile de faire objection…

« Mais, hasarda un des participants, que vont devenir les stations, téléphériques, domaines skiables et dérivés ?… »
« On recycle, on réoriente, on renaturalise les pentes herbeuses, on ramasse toutes les crasses abandonnées par les skieurs et on relance l’économie alpestre avec des vaches, des moutons et des chèvres et on produit de l’excellent fromage. Avec notre taux de chômage il est inadmissible d’importer du gruyère suisse ou du parmesan italien alors que nos alpages sont à l’abandon. »
« Et les hôtels ? et les touristes étrangers ? »
« N’y a-t-il pas de crise du logement ? on recycle les hôtels et les touristes étrangers seront ravis de voir le pays sous un autre angle… »
« Et nos belles autoroutes alors ? »
« Ah, les autoroutes, les bretelles et les ronds points, ça mes amis, ça va être le chantier du siècle : on arrache le béton, macadam, tarmac et autres bitumes, on renaturalise et on plante de la patate bio, car on va en avoir besoin et le ciment ça ne se mange pas… »

Décidément ce nouveau président avait réponse à tout et manifestement il avait tout mijoté depuis longtemps…

« Ben oui, conclut-il en se levant pour signifier que l’audience était terminée, aux grands maux, les grands remèdes… et quand on n’a pas ce qu’on aime, on aime ce qu’on a … »

(Fin de la 1ère partie… CLIQUEZ ICI pour lire la 2ème partie)