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AU DELA DES FRONTIERES, AUSSI…
Quand la Chancelière allemande entendit tout ça et en plus apprit qu’en France la police recevait carte blanche avec tirs à balles réelles et que les magistrats étaient invités à prononcer des peines décentralisées, à effectuer directement dans les pays d’origine des condamnés, elle n’y tint plus et téléphona très indignée au président français qui lui répondit dans la langue de Goethe comme sa gouvernante bavaroise le lui avait enseigné:
“ Ma chère collègue, ici en France, les Français m’ont élu pour que je remette l’église au milieu du village et il faut c’qu’il faut n’est ce pas madame… Je suis très modéré parce que nous les descendants des beni Abbes nous sommes des hommes du désert, des poètes, les chantres des ciels étoilés au dessus des oueds verdoyants et des dunes roses, mais vous en Allemagne votre prochain président sera sans doute un Turc… Nous on les connait ces Turcs, ils ont tyrannisé nos pays depuis 1519 jusqu’à ce que les Français viennent nous en délivrer en 1830… Et eux, comme le dit leur poète Zia Gokalp “Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats”… Vous avez eu les Turcs aux portes de Vienne et aux frontières de la Pologne, mais aujourd’hui vous les avez chez vous à tous les niveaux, et comme ils sont intelligents et travailleurs, vous pouvez vous attendre à ce que les Allemands les élisent pour qu’eux aussi ils remettent de l’ordre dans le bordel unioneuropéen… Sans Don Juan d’Autriche à Lépante et le Béat Marco d’Aviano a Vienne, vous seriez déjà ottomane et nous n’aurions ni les croissants, ni le café crème « cappuccino »… * D’ailleurs c’est pas par hasard que le Pape Jean-Paul II a béatifié Marco d’Aviano… Ecoutez chère Angela, venez me rendre visite dès que j’aurai pris mes marques et on en discutera devant un petit cardamome…”
Il avait failli ajouter “Tchüss schatseli” comme le lui disait sa gouvernante Brunehilde
Le roi Philippe des Belges se demanda si Harry n’allait pas devenir un bon parti pour sa fille Elisabeth qui était la future reine. Bien sûr il y avait la question de la religion mais l’œcuménisme n’était pas fait pour les pandas chinois du parc animalier Pairi Daiza… Harry se serait fait une bonne expérience comme PDG de la France, après il allait pouvoir devenir le partenaire consort idéal dans un couple multiculti, souverain d’un pays composite de flamands, wallons, bruxellois + les 190 autres nationalités présentes. Il pensa qu’il fallait demander à Mgr Leonard de faire des avances auprès du recteur Boubakeur de la mosquée de Paris.
Ce qui ne gâchait rien c’était que Harry, comme la plupart des arabes, était beau garçon tandis qu’Elisabeth en bonne descendante des Saxe-Cobourg était une belle blonde aux yeux bleus, ces deux extrêmes ne pouvaient que s’attirer et produire des descendants basanés naturels qui n’allaient pas avoir besoin de lampes UV qui provoquent le mélanome et après les siècles de consanguinité dans les mariages entre toujours les mêmes maisons royales, un apport de sang frais n’allait pas être un luxe.
Arif avait eu une longue conversation avec son ministre de la santé:
“Ca va dans ton secteur?”
“Oui, oui, sois tranquille, les miens, médicaux et paramédicaux et aussi les pompiers, protection civile, secours en montagne, samaritains, ambulanciers, etc. ce sont des idéalistes qui, avec leur serment d’Hippocrate, sont prêts à travailler jour et nuit pour un salaire de misère… Tu te souviens de Patrick Pelloux? Eh bien ils sont tous plus ou moins aussi boy scout… à part évidemment le pourcentage de requins qui ont des cliniques privées et des instituts de beauté, mais là la police des mœurs est en train de faire le ménage… Non, non, fais moi confiance, il y a sûrement plus urgent…”
Mais Arif sentait bien qu’un autre gros morceau lui pendait au nez et qu’il ne servait à rien de renvoyer à demain ce qu’il aurait déjà dû avoir entrepris hier… l’éducation
Donc, ce lundi-là il convoqua le ministre de l’éducation.
Dès que le thé fut servi, Arif passa à l’offensive :
“ Voilà, la situation est claire : dans le classement PISA, la France occupe le 29ème rang sur 34… Ici aussi : aux grands maux, les grands remèdes, donc à partir d’aujourd’hui les normes du privé seront appliquées dans l’enseignement et le salaire, l’âge de la retraite et le montant de la pension des enseignants seront calculés en fonction des connaissances acquises par leurs élèves…”
“ Ya Allah! – s’écria le ministre de l’enseignement – mais depuis des années les connaissances n’ont plus d’importance, l’école pointe sur l’empathie sociocommunautaire de la diversité du vivre ensemble…”
“Fort bien – coupa Arif en tendant une chemise qui contenait un dossier – jusqu’à aujourd’hui, mais aujourd’hui on change, alors voici les nouvelles directives :
– primo table rase de tout ce qui précède
– secundo à tous les niveaux tous les profs ont carte blanche quant aux méthodes il n’y a plus que les résultats qui comptent, la fin justifiant les moyens.
– tertio à la fin de chaque année scolaire, des objectifs doivent être atteints par exemple à la fin de la première année primaire tous les gosses doivent être capables de lire et d’écrire et à la fin du primaire tous les gosses doivent être capables de lire et écrire sans faute et de jongler avec les quatre opérations arithmétiques de base en plus des connaissances fondamentales de géographie et d’histoire.”
“ Mais c’est le retour à la préhistoire de la pédagogie…”
“Ben oui, les premiers seront les derniers… Vous trouverez les programmes avec les objectifs pour l’enseignement secondaire en annexe.”
“Oui mais, nous sommes tributaires des capacités des enfants…”
“C’est prévu: après évaluation du QI des élèves ceux-ci seront scolarisés dans des établissements adaptés à leurs possibilités de façon à tirer un max des moins doués pour qu’ils aient quand même une formation qui les valorise et qu’en même temps ils ne retardent pas les plus doués dont il faudra tirer le max possible à leur niveau.
Dès les premiers jours d’école dans chaque classe la compétition sera lancée entre les élèves pour repérer les premiers en maths ou en gym ou en n’importe quoi pour qu’on puisse les orienter vers les domaines dans lesquels ils seront les plus efficaces, comme dans la vraie vie : c’est celui qui marque le plus de goals qui est champion du monde, celui qui arrive en tête qui a le maillot jaune, celui qui saute le plus haut qui a la médaille olympique… C’est même une question de millièmes de seconde… Eh bien, les meilleurs ça se prépare dès le berceau, chefs d’entreprises compris… »
“Ces enfants vont être traumatisés…”
“Ils seront encore plus traumatisés quand à l’âge adulte ils seront au chômage… ah, j’oubliais, évidemment chaque semaine : interrogations écrites avec des notes chiffrées et des bulletins mensuels pour que tout le monde sache clairement où on en est, des examens trimestriels, des examens de fin d’année, des examens de passage pour les échecs et des redoublements de classes ou des réorientations … J’exige un enseignement de l’excellence démocratiquement accessible à tous les enfants sans distinction de race, couleur, religion e tutti quanti…”
“Et la ministre du numérique ?…”
“Ne vous inquiétez pas, tous les ordinateurs, tablettes et téléphones portables vont passer au recyclage et à l’école uniquement des cahiers, des bics et des livres. Quand nos gosses auront une formation solide, maitriser les nouvelles techniques sera un jeu d’enfant. Dans les écoles de la République on ne joue pas, on apprend. Vous allez voir, cela va vous enthousiasmer surtout avec des salaires proportionnés aux performances à tous les niveaux, du primaire au ministériel…Allez mon vieux, un vent de rajeunissement nous fera du bien…”
Le ministre décontenancé comprit que l’entretien était terminé et qu’il ne lui restait plus qu’à consulter les nouvelles directives qu’il allait devoir communiquer à ses collaborateurs, inspecteurs, directeurs d’écoles, enseignants, élèves, parents d’élèves… Ben oui, tant pis pour eux puisqu’ils allaient avoir ce pour quoi ils avaient voté…
Les affaires sociales allaient être un autre gros morceau…
“Mon cher ami je vous ai nommé ministre des affaires sociales parce que je connais votre pragmatisme… Notre dénominateur commun, à nous tous, c’est qu’on est dans la merde et que les caisses sont vides. Donc toutes les allocations, participations, subventions et aides en tous genres sont supprimées.”
“Même les allocations familiales ?”
“Les allocations familiales en premier lieu ! Quand on fait des gosses on sait ce que ça coûte et plus on en fait plus on doit travailler pour les entretenir. Même le Pape des cathos a dit qu’on n’a pas à procréer comme des lapins.”
“Et le droit au logement?”
“Le logement n’est pas un droit. C’est le travail qui doit être un droit. Mais puisque sur tout le territoire il y a des villages abandonnés et des structures vides comme les abbayes, les monastères, couvents et autres usines désaffectées, les familles y seront logées et elles seront chargées non seulement de l’entretien des bâtiments mais aussi de la production alimentaire nécessaire à leur survie. La France a toujours été un pays agricole, nous devons arrêter l’importation qui nous ruine et nous empoisonne avec des pesticides, insecticides et autres OGM et nous devons acquérir l’autosuffisance et l’indépendance. Comme le Fonds Koweitien, nous allons « aider les gens à s’aider eux-mêmes ». Pour combattre la surpopulation, à partir de maintenant, au delà de deux enfants il faudra payer un impôt car plus d’enfants signifie plus de dépenses en eau, électricité, gaz, pipelines, routes, écoles, hôpitaux, etc. Plus il y a de gens plus ça coûte à l’état, il est donc logique que ceux qui font des enfants en payent les conséquences. Corollaire: tous ceux qui voudront se faire stériliser pourront le faire gratuitement.”
Il y eut bien quelques réclamations de la part des religieux puisque les textes sacrés disaient qu’il fallait procréer et couvrir la terre, mais il leur fut répondu que ça y était, la terre était couverte et surpeuplée, donc mission accomplie et on n’en parle plus…
“Et les bénéficiaires des prestations sociales ?”
“Il n’y a plus de prestations sociales, ceux qui n’ont pas de travail peuvent rejoindre les communautés rurales où, contre leur travail, ils pourront bénéficier du gîte et du couvert. Nous n’avons plus les moyens d’entretenir des parasites.”
“Les syndicats vont hurler…”
“Il n’y a plus de syndicats, les anciens syndicats sont devenus les organes d’application des directives gouvernementales…”
Là, c’était ce qui se passait dans les hautes sphères des petits appartements de Fontainebleau. Au niveau UE, le moins qu’on pouvait dire c’était que la consternation était saisissante… D’autant plus que les autres pays s’attendaient eux aussi à l’élection d’allochtones aux plus hautes fonctions… Tout de même il y eut des remarques du genre “Mais, monsieur le président, vous êtes en train d’établir une dictature”… Ce à quoi Arif répondait tranquillement: “Mais pas du tout, il s’agit d’une petite discipline tout à fait librement consentie de la part des électeurs qui m’ont tout aussi librement élu justement pour que je réalise ce que je suis en train de rétablir c’est à dire l’ordre et par conséquent la prospérité. Il faut ce qu’il faut et tout a un prix…”
AU NIVEAU DU PEUPLE
Au niveau du citoyen et de monsieur et madame tout le monde les changements étaient plus spectaculaires…
Etant donné le taux de chômage suicidaire on décida que toutes les femmes resteraient au foyer, non pas pour les priver de leurs droits et de leur émancipation si chèrement acquis, mais par simple effort patriotique. Tandis que les hommes allaient travailler au dehors, les femmes feraient leur part au dedans, par exemple en cultivant un potager et en cuisinant frais, sain et bio au lieu d’acheter des plats préparés on ne sait pas où, importés on ne sait comment, bourrés de sel et d’additifs alimentaires qui étaient des neurotoxines qui rendaient les gosses irascibles, hyperactifs, insomniaques et cancres à l’école.
Elles furent aussi invitées à participer à des groupes d’auto-entr’aide puisqu’en temps d’austérité il fallait faire des économies à tous les niveaux. Elles allaient se réunir entre copines, tu coupes mes cheveux, je couds l’ourlet de ta fille; tu m’apprends à faire la tarte aux pommes, je t’apprends à faire les loukoums… Je t’aide à refaire le carrelage de ta salle de bains, tu m’aides à retapisser mon salon…
Il y eut l’affaire de la burqa : burqa ou pas burqa ? On laissa le choix entre rien du tout et toutes les longueurs de l’arc en ciel depuis le bandana jusqu’à la burqa intégrale style yéménite… Mais là aussi le mieux fut l’ennemi du bien car ce fut l’occasion de déferlements libidineux quand on s’aperçut que la plupart des femmes, nues sous leurs burqas, fantasmaient les luxures des esclaves des Maures comme celles nues sous leurs bijoux de Baudelaire.
Pire : les extrapolations nées des consonances entre « niqab » et « niquer » avaient poussé des petits malins à inonder le marché underground avec « the niquer’s niqab, the niqab du niqueur qui nique sous qab »… Ce qui n’était vraiment pas le genre de la maison. Donc la police des mœurs ne fut pas enthousiaste avec de trop longs voiles…
Toutefois, l’éducation des filles ne fut pas négligée, bien au contraire, il fallait prévoir une réserve de professionnels bien qualifiés toujours prêts à intervenir en cas de nécessité et en vue de l’amélioration de la situation générale et surtout pour ne pas devoir faire appel à du personnel étranger qui déstabilise immanquablement l’équilibre de la nation.
D’ailleurs, les accords de Schengen reçurent une petite apostille : la libre circulation fut précisée : la liberté à sens unique c.-à-d. permis de sortir mais pas d’entrer car on ne voulait plus laisser entrer d’éléments potentiellement déstabilisateurs.
Autre grande nouveauté : finalement la polygamie fut officialisée, ce qui simplifia de beaucoup les relations entre hommes et femmes puisque, au lieu de se perdre entre épouse, secrétaire, amie, collègue, amante, p’tite copine et autres belles passantes, tous les hommes pouvaient ouvertement se débrider avec leurs quatre femmes. Les femmes furent satisfaites car même les single y trouvèrent le soutien de la famille comme cela avait été le but dès les origines en l’an zéro de l’islam. L’enthousiasme masculin faiblit cependant quand on se rendit compte qu’une famille avec quatre épouses coûte quatre fois plus qu’avec une seule car si on achète un petit déshabillé froufroutant pour l’une il faut également l’acheter pour les trois autres… fatalement, ça chiffre… Ce dont les messieurs préférèrent ne pas trop parler c’était que la polygamie épuise car si on honore l’une des quatre épouses on est tenu aux même performances avec les trois autres… Mais bon à chacun son choix… Les gosses, éternels profiteurs, trouvèrent cela extra car il y avait 25 % de chances de trouver une mère poule qui allait les gâter et les gaver de leurs desserts favoris.
Autre changement remarquable: l’heure artificielle fut remplacée par l’heure solaire. L’application « mobile-muezzin » fut installé sur tous les téléphones tant fixes que portables et chaque matin ils sonnaient pour la prière d’avant l’aube, les trois autres prières et enfin celle d’après le coucher du soleil. Donc on prit l’habitude de se lever très tôt et de travailler très tard en été tandis qu’en hiver on se levait plus tard et on se couchait plus tôt ce qui était bien meilleur pour la santé et tout à fait en harmonie avec la nature. Evidemment les programmes télé commençaient avec la première prière et se terminaient avec la dernière. Il s’en suivit une forte baisse des dépressions nerveuses, burn-out et autres raptus de folie. En plus les pauses café au travail furent remplacées par des pauses prière / méditation qui elles aussi étaient nettement plus saines que les shoots de caféine. Donc, là aussi on remarqua une baisse de la consommation de calmants, somnifères et autres psychotropes. Bref, malgré les changements exotiques, en général, l’expérience fut convaincante et on commença à penser que vraiment tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Il y eut un peu de frottement avec les éleveurs de cochon et les viticulteurs puisque la consommation de porc et d’alcool resta interdite. Mais on trouva un compromis tout à fait satisfaisant en ce sens que la consommation était interdite mais pas la production qui allait doper l’exportation. La situation devint winwin puisque non seulement l’exportation augmentait mais surtout il y eut encore une amélioration spectaculaire de la santé publique due la diminution de consommation de protéines animales et il n’y eut plus aucun fait divers désagréable causé par l’excès d’alcoolémie comme accidents de la route, violences conjugales, etc.
Mais enfin, on n’était pas chez des sauvages et à un certain nombre d’établissements, en nombre très limité, certes, mais quand même, il fut autorisé d’écouler le stock d’alcools encore présent dans les caves jusqu’à épuisement et avec interdiction formelle de nouvelles productions. Il y eut donc, à côté des producteurs officiels qui travaillaient exclusivement pour l’exportation quelques licences exceptionnelles pour épuiser les caves de pastis, cognac, mirabelle ou calvados. Il s’y produisit le même miracle que dans le Val de Travers pour la production de l’absinthe où, bien qu’on ne produisit plus, les tonneaux ne se tarirent jamais…
En outre, la gastronomie se trouva devant de nouveaux défis : cuisiner sans porc mais avec de nouvelles recettes à base de protéines végétales. Par conséquent les éleveurs se tournèrent vers de nouvelles cultures ce qui à son tour eut un effet favorable sur la qualité de l’air puisque l’élevage et les pets des vaches étaient pour beaucoup dans les différentes pollutions.
Les bars, bistrots, restaurants et autres se lancèrent dans les cocktails les plus étonnants à base de thés, jus de fruits et de légumes, eux aussi, nettement meilleurs pour la santé. C’était le grand renouveau dont on avait besoin. Surtout au niveau de la santé car, au train où on allait, on aurait fini par avoir les médecins à l’hôpital non plus pour soigner les malades mais pour se soigner eux-mêmes et que faire le jour où la moitié de la population active aurait été clouée au lit par des cancers, allergies, dépressions et autres maladies dégénératives ? Franchement il était grand temps et finalement on avait des mesures concrètes.
On avait tant crié au loup avec cette effrayante islamisation de la France et voilà que ça marchait comme sur des roulettes.
EPILOGUE
Hélas c’était sans compter avec l’inévitable grain de sable…
Li Phi Pih pédicure chinois installé depuis des lustres à Saint Dié, s’était fait une spécialité de non seulement soigner les pieds des dames qui se les abimaient avec des chaussures trop étroites et des talons trop hauts, il avait aussi acquis une solide réputation de soins des mains. Or là; tout d’un coup, non seulement les dames se mettaient à se soigner elles-mêmes entre copines, pendant leurs après-midis interminables, mais encore et surtout il fut interdit aux hommes de soigner des femmes et qui plus est de regarder leurs pieds et chevilles qui constituent les parties féminines les plus érotiques.
Li pensa d’abord de passer de l’autre côté du Rhin et s’installer a Appenweier mais tout compte fait et tous renseignements pris auprès d’autres Chinois, la situation n’y était guère meilleure et l’islamisation y était également en cours…
“ Fang ni ma de gou chou pi ! ** ” pensa-t-il très fâché (très vilain juron qui signifie à peu près « lâche le pet puant du chien de ta mère » oui, oui, les chinois disent cela…) Il ferma sa boutique, confia sa famille à des amis et alla à Francfort prendre le vol Paris-Pékin.
Arrivé à Pékin il pensa qu’il devait tout de suite viser très haut mais ne savait pas à quelle porte aller frapper, alors il se dit qu’il valait mieux s’adresser au Grand Mandar plutôt qu’à ses Mandarins et le lendemain matin de bonne heure il se rendit au « Jardin du dragon bleu parfumé à la fraise après la pluie de printemps » où il savait que le Grand Mandar faisait son Tai Chi de l’aube rose naissante. Dès qu’il l’aperçut il alla se mettre en parallèle et accompagna le « tirer la queue du paon » en murmurant à intervalles “Wopei… Wopei …” c.-à-d. qu’il ronchonnait en désapprouvant…
Quand le Grand Mandar eut terminé toutes les séquences du Grand Enchaînement depuis « la grue blanche déploie ses ailes » jusqu’au « coq d’or se tient sur une patte » il referma l’enchaînement, médita encore quelques instants et puis murmura
“Wopei? Pourquoi protestez-vous en désapprobation?”
Li lui emboita le pas et commença à voix basse à raconter ce qui était en train de se passer en France à cause de l’islamisation.
Ils marchèrent lentement jusqu’au palais mandarinier, entrèrent, allèrent s’asseoir sous un litchier en fleur et devant une table basse qui portait une théière bouillante et des biscuits aux pistils de fleurs de colchique.
Le grand Mandar se fit expliquer toute l’affaire et puis il dit :
« Wo cao (holy fuck) quels emmerdeurs ces geiteneukers ( expression qu’il avait apprise lors d’une escale à Schiphol – niqueurs de chèvres : langage troupier que dès les années 1900 les Hollandais employèrent pour désigner des asiatiques ) nous aussi, ici, chez nous, nous avons un tas d’ennuis avec nos Ouigours… »
“Oui mais –rétorqua Li – le comble c’est que les Français marchent dans la combine, ils sont tout contents…Même les curés sont euphoriques car leurs églises qui s’étaient vidées de leurs ouailles catholiques sont maintenant bondées de mahométans et de flopées de convertis. Par conséquence l’Arabie Saoudite a lancé un vaste programme de restauration des édifices et de modernisation des équipements avec chauffage central, assainissement des taches d’humidité et détartrage des vitraux. Ils ont coupé la poire en deux : au lieu de supprimer les cloches, ils ont reprogrammé les carillons dans les clochers qui maintenant ne sonnent plus « Avemaria » mais « Achadoualla. » et tout le monde est satisfait. Il y en a d’autres qui sont encore plus satisfaits, ceux qui vendent leurs terrains, les architectes, les entreprises et corps de métiers qui construisent des mosquées… sans compter les hôteliers qui grâce aux demandeurs d’asile remplissent leurs hôtels qui sinon seraient en faillite… C’est la foire aux synergies !
Il n’y a plus que des banques islamiques puisque les autres étaient pleines de scandales et de fraudeurs. Il y a de moins en moins de travail non seulement parce qu’il y a de plus en plus de machines mais parce que, par-dessus le marché, on ferme les industries toxiques qui sont nuisibles et donc anti-islamiques comme l’industrie chimique… On ne produit plus de bœuf aux antibiotiques, ni de poulet aux hormones et donc la santé s’améliore ce qui signifie la faillite de l’industrie pharmaceutique… ça ne s’arrête plus… et les Français sont cool, contents, satisfaits…tout va très bien madame la marquise…»
“Gongfei ! (bandit communiste) – s’exclama le Grand Mandar en fronçant ses sourcils – Ce type a instauré la décroissance sans qu’on ne s’en rende compte ! Mais nous, nous n’allons pas être satisfaits du tout car si nous avons investi des milliards en France c’est pour avoir le rendement de la France et pas celui de Zanzibar ou de Ouagadougou… Vous comprenez, nous avons acheté l’aéroport de Toulouse, le Club Med, Cochonou, GDF, Peugeot, Citroën, les vignobles, les fromageries, après le port du Pirée maintenant celui de Toulon et plus tard Le Havre et même Pirelli… business is business… Bon, on va réfléchir à la question, mais je puis vous assurer que “quand la Chine se réveillera, la France aura la gueule de bois”…
Li Phi Pih rentra chez lui à Saint Dié et prit patience.
Un soir vers 22h les portables des 800 000 Chinois qui, en suivant les injonctions du président Mao, vivaient en France dans le peuple comme les carpes Koï vivent dans l’étang, sonnèrent et délivrèrent le message suivant :
« pom pom pom pom, pom pom pom pom … ici Pékin, les Chinois parlent aux Chinois… le poisson vert a la rougeole…je répète : le poisson vert a la rougeole… »
Ensuite les choses allèrent assez rapidement : la Chine demanda la réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU et en moins de trois semaines des bataillons de casques bleus Inuits, Malgaches, Gilbertins et Tuvaluanes investirent les points névralgiques et tout commença à rentrer dans l’ordre en attendant que la Chine installe son protectorat sur la France qui, en effet, commença à avoir la gueule de bois.
Anne Lauwaert
* voir l’histoire du Siège de Vienne par le même auteur
** Le chinois sans peine : http://en.wikipedia.org/wiki/Mandarin_Chinese_profanity
Anne M.G. Lauwaert (1946) est flamande mais de culture française et depuis 35 ans vit dans le Tessin italophone.
Dans les années 70, elle a pratiqué l’escalade et a écrit la biographie de l’alpiniste Claude Barbier sous le titre “La Via del Drago” et ensuite “Le Grimpeur maudit”.
Au début des années 90 : elle accompagne l’expédition Free K2 au Pakistan et le raconte dans “I Giorni della vita lenta”. Elle retrace son expérience comme membre du secours alpin dans « Allarme in valle Onsernone » dont a été tiré un épisode de la série télé allemande Notruf.
En tant que physiothérapeute, elle va travailler dans un slum en Inde et dénonce les absurdités du tiers-mondisme dans “Les oiseaux noirs de Calcutta”. En hébergeant un jeune Pakistanais pour lui permettre de suivre une formation de moniteur de randonnée auprès du Club Alpin Suisse, elle comprend la difficulté des migrants à s’adapter à notre mode de vie et nous au leur et le raconte dans “Des raisins trop verts ou les déconvenues des migrants”. Sa connaissance de l’islam est basée sur l’étude et la lecture mais surtout sur l’expérience vécue.
Ses articles sont publiés dans la presse tessinoise mais aussi dans les sites Enquête et Débat, Les Observateurs, Riposte Laïque et L’ami des Auteurs. Elle écrit, peint, jardine, étudie la musique et dessine la philosophie de ses chiens Lillo et Sofie.