FRANCO : QUELQUES MOTS SUR LE « CAUDILLO »
(Eric de Verdelhan)

Mythes et Légendes du Maquis

Si vous appréciez le style et le contenu des articles de notre ami historien Eric de Verdelhan, je me permets de vous signaler que Les Editions Muller (GT Editions, 3 rue de l’Arrivée, 75015 Paris) viennent de publier son dernier ouvrage “Mythes et Légendes du Maquis”.
Pour information, les Editions Muller appartiennent à Guillaume de Thieulloy (Le Salon Beige, Les 4 Vérités, Muller etc…), l’éditeur courageux qui a accepté de publier les Mémoires de Jean Marie Le Pen.

“Mythes et Légendes des Maquis” est vendu 22 €. A commander directement aux éditions Muller

A l’approche de Noël “Mythes et Légendes des Maquis” est une bonne idée de cadeau…

MLS


Le 1er novembre, avant la date anniversaire de la mort du Général Franco (20 novembre) j’écrivais un article sur la « terreur rouge » espagnole et les massacres de Paracuellos.
Et, comme je m’y attendais, j’ai reçu quelques critiques, ce qui est inévitable dès que l’on sort de la pensée unique et de l’histoire revisitée par la « bienpensance ».

Les plus virulentes  émanaient d’un imbécile qui, visiblement, n’a rien compris à mes propos.
« Petit-fils d’un républicain chassé par Franco », il me reproche de « défendre un dictateur » d’être « du côté des fascistes » et me rappelle que « des républicains espagnols ont combattu pour libérer la France ». On pense à ce proverbe chinois, qu’on attribue à Confucius, et qui dit : « Quand le sage montre la lune avec son doigt,  l’imbécile regarde le doigt ».

Car, ai-je fait l’apologie de franquisme ? NON !
Ai-je nié que des républicains espagnols soient morts pour la France ? NON !

Dans mon livre « Mythes et Légendes du Maquis »(1), j’écrivais, au sujet de la Libération de Paris : « les hommes du capitaine Raymond Dronne entrent dans Paris, le 24 août 1944 : c’est la 9ème  compagnie, surnommée « la Nueve »…Pourquoi? Parce que la compagnie Dronne est constituée de républicains espagnols. Les premiers « Français libres » à entrer dans Paris étaient…des « rouges » espagnols. Le soldat républicain espagnol Amado Granell est le premier « libérateur » à être reçu dans l’Hôtel de Ville par Georges Bidault, président du CNR… ».

Mais, comme je suis un historien honnête, j’ai également rappelé le comportement barbare de certains « rouges » espagnols formés durant la guerre d’Espagne, en citant, entre autres, Michel Audiard : « … « Les fifis(FFI) sont en train d’avoiner Myrette » …édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, Myrette s’offrait aux mouches, abandonnée sur les sacs de sable d’une barricade…On a eu les détails par le « colonel » Palikar, un ancien de la guerre d’Espagne. Sans s’annoncer, ils avaient enfoncé la porte et surpris Myrette… On l’entendait hurler de la rue tandis qu’ils lui cassaient les dents. « A coup de bites » devait préciser par la suite le plaisant Palikar. A coups de crosse plus vraisemblablement. Elle était sûrement déjà très abîmée quand l’équipe lui est passée  sur le ventre, « colonel » Palikar en premier… Myrette fut certainement très martyrisée puisqu’elle avait les bras et les jambes brisés lorsqu’ils la tirèrent par les cheveux sur la petite place et l’attachèrent au tronc d’un acacia. C’est là qu’ils la tuèrent. Oh, sans méchanceté, à la rigolade, comme on dégringole les boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés…Quand ils l’ont détachée elle était morte depuis longtemps. Après l’avoir jetée sur un tas de sable, ils ont pissé dessus …puis s’en sont allés, comme on dit, arroser ça … »(2).
Et oui, cher lecteur, les salauds et les ordures n’étaient pas tous dans le même camp !

Sur le Général Franco, pendant longtemps, je ne me suis pas exprimé: les historiens  français écrivaient presque tous à charge, quant aux espagnols, ils étaient, pour la plupart, hagiographes, souvent dithyrambiques, jusqu’en 1975, date de la mort du « Caudillo », et très sévères ensuite.

Voilà, pourtant, ce que je sais (ou crois savoir) sur Franco.

Tant pis si cela va à contre-courant  du « politiquement correct » actuel : 

Franco aura était le chef de l’État espagnol de 1939 à 1975, tout le monde le sait !
« Generalísimo Francisco Franco, caudillo de España por la gracia de Dios » disait-on dans son pays.

Il naît à El Ferrol, en Galice où sa famille vit depuis sept générations.
Son père, Nicolás Franco, est intendant général de la Marine. Sa mère, Pilar, est une femme très pieuse. Francisco est baptisé dans la paroisse San Francisco le 17 décembre 1892.
Surnommé « Paquito » à cause de sa petite taille, il entre à l’École de Préparation Navale mais la fermeture de l’École Navale, en 1907, le contraint à chercher une autre voie. Le 29 août 1907, il entre à l’Académie d’Infanterie de Tolède. En 1910, il en sort 251ème sur 312.
Classement médiocre, disent ses détracteurs qui oublient de préciser qu’il est desservi par sa taille et… son âge : il n’a que 18 ans alors que ses camarades sont âgés de 20 ou 21 ans.
Le 13 juillet, il est promu segundo teniente, c’est-à-dire sous-lieutenant.
En février 1912, il est volontaire  pour le Maroc, dans le 8ème  Régiment d’Afrique. Dès le 19 mars 1912, il connaît son baptême du feu. En 1913, il demande à être affecté dans un régiment de réguliers indigènes, réputé pour sa bravoure mais aussi pour sa loyauté incertaine.

Il est de tous les combats, et le 12 octobre, il reçoit la Croix du Mérite Militaire.
En 1915, il est promu capitaine, le plus jeune de l’armée espagnole. Sa légende prend forme : les Maures le respectent, le craignent et le croient invulnérable.
Mais, en mars 1915, il est grièvement blessé, au cours de l’attaque du fort d’El-Biutz. Et il est promu commandant, le plus jeune de l’armée espagnole.
Il prend le commandement d’un bataillon d’infanterie cantonné à Oviedo, aux Asturies.
Franco y découvre le prolétariat, les mineurs, dont les conditions de vie sont misérables.
Cette expérience marquera ses convictions sociales. Au cours de l’été 1917, le général Burguete, gouverneur militaire de la province, décrète l’état de guerre en réponse à de violentes grèves dans les mines. Franco, officier loyaliste, participe à la répression.

En 1919, Franco rencontre le lieutenant-colonel José Millán-Astray, dont l’ambition est de créer une unité militaire d’élite selon le modèle français de la Légion Etrangère. En 1920, son projet est accepté. Millán-Astray offre à Franco le commandement de la 1ère Bandera (bataillon), laquelle part cantonner à Ceuta en octobre. Franco impose à ses légionnaires un entraînement très dur.

Après le désastre d’Anoual en 1921, il est appelé à Melilla pour reconquérir le terrain face aux troupes d’Abd-el-Krim. En janvier 1922 il est de nouveau affecté à Oviedo.
En 1924, il est nommé colonel (encore le plus jeune de l’armée espagnole !).

Au Maroc, Abd el-Krim s’attaque à des ressortissants  français. La France s’allie à l’Espagne. Le gouvernement approuve un plan de débarquement à Alhucemas. C’est un succès : Franco est élevé au rang de général de brigade en février 1926, ce qui fait de lui le plus jeune général d’Europe : il n’a alors que… 34 ans. Adulé comme un héros – ce qu’il est indéniablement –  les honneurs se succèdent : en 1927, il est chargé d’accompagner le Roi dans son voyage officiel en Afrique.

Le 4 janvier 1928, Primo de Rivera recrée l’Académie de Saragosse et en fait un passage obligé pour tous les futurs officiers. Il nomme Franco à sa tête. On a raconté qu’à Saragosse, il était un chef « cassant et méprisé ». Mais  95 % des 720 officiers formés par l’Académie rejoindront le camp franquiste pendant la guerre civile, ce qui vient contredire les rumeurs sur son manque de charisme comme directeur de l’Académie de Saragosse.

En juillet 1931, la République espagnole supprime l’Académie. Comme l’ensemble du corps enseignant, Franco est placé en disponibilité forcée et surveillée. Mais, loyaliste, il ne participera pas à la « Sanjurjada », tentative de coup d’État du général Sanjurjo en août 1932.

Il est affecté ensuite à La Corogne, à la tête  d’une brigade d’infanterie, en février 1932.

En octobre 1934, le ministre Diego Hidalgo demande à Franco de mater l’insurrection socialiste des Asturies (« la République Socialiste Asturienne »). En quelques jours, les décisions du futur « Caudillo » suffisent à disperser les révolutionnaires.
Franco apparaît alors comme le défenseur de la légalité et le sauveur de la République.

Mais, dans le climat révolutionnaire et insurrectionnel  qui règne alors en Espagne, Franco paraît être l’un des plus capables de prendre la tête d’un soulèvement armé.
Pour cette raison, on le nomme gouverneur militaire de Ténériffe,  aux Canaries, loin de la péninsule. Pourtant, lui-même n’est  pas tenté par un coup d’État. Il est de sensibilité monarchiste, mais il est aussi légaliste et se satisfait d’une république conservatrice.

Au lendemain du premier tour des élections de février 1936, les désordres et la violence s’instaurent en Espagne. C’est l’assassinat du monarchiste Calvo Sotelo par les Jeunesses Socialistes qui fera basculer Franco. Le soulèvement se produit dans la nuit du 17 juillet.
Il se voit confier l’armée du Maroc, forte de 30 000 hommes aguerris, véritable fer de lance  du complot.
La mort du général Sanjurjo, chef historique des monarchistes, et les échecs des généraux Goded à Barcelone et Fanjul à Madrid propulsent Franco sur le devant de la scène.

Le pronunciamiento échoue par manque d’adhésion des généraux : sur 21 généraux de division, seuls 4 se rallient au putsch. L’histoire de la guerre d’Espagne aurait pu s’arrêter là !
Mais les milices  d’extrême-gauche, qui voient l’opportunité de prendre le pouvoir, entrent en scène de façon sanglante. Le conflit se transforme alors en une guerre civile. Franco (re)devient un redoutable chef de guerre : cette guerre, il va la gagner !

Je n’entends pas raconter, ici, la guerre d’Espagne, ce serait beaucoup trop long !
La guerre se termine le 1er avril 1939, après la bataille de l’Èbre (de juillet à octobre 1938), qui sonne le glas des républicains, et la conquête de la Catalogne (février 1939). Franco se retrouve seul maître de l’Espagne et il en devient officiellement  le chef de l’État.

Ensuite, l’Europe s’enflamme et Franco évite une nouvelle saignée à son peuple.
Dans mon livre « Un homme libre… » (3) j’écrivais :

« ….Franco aurait bien envie d’entrer dans la guerre, mais il est conscient que son peuple n’en peut plus. Il rencontre  Adolf Hitler à  Hendaye  le 23 octobre 1940. La légende raconte qu’il fit exprès d’arriver en retard pour impressionner  le  Führer. Étrange confrontation entre un Hitler au regard « quasi diabolique », (d’après Serrano Suner ) et Franco, qui n’est plus l’officier svelte, au visage recuit par le soleil d’Afrique. C’est un petit homme rondouillard, mais qui sait, parfaitement ce qu’il veut. Il pose des conditions inacceptables: outre l’ensemble du Maroc et Gibraltar, il revendique l’Oranie et les territoires d’Afrique Occidentale… Et il ajoute à sa demande un engagement écrit et des livraisons conséquentes de blé, d’armement, de pétrole …Franco a de l’affection et de l’admiration pour le vainqueur de Verdun, qui fut ambassadeur de France en Espagne en 1939…En fait, il ne joue pas un double mais un triple jeu, puisque, durant toute la guerre, il va négocier avec les Américains la libération des évadés de France internés au camp de Miranda-de-Ebro en échange de sacs de blé…

Il amènera Salazar  à ses vues et le Portugal, comme l’Espagne, restera un pays neutre… »

Que se serait-il passé si les troupes franquistes étaient entrées en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie ? La deuxième guerre mondiale a fait 49 millions de morts. Rendons justice à Franco et Salazar de ne pas avoir contribué à alourdir la facture ! Et ce, d’autant que les troupes de Franco avaient une autre valeur guerrière que celles de Mussolini…

Enfin, il est un autre épisode de la vie du Général Franco qui mérite d’être connu. Il concerne des Français (d’Algérie). Rien que pour cette intervention courageuse, nous, Français, devrions nous  interdire  de critiquer trop sévèrement le « Caudillo » : Oran, deuxième ville d’Algérie, était alors habitée par une importante colonie de « Pieds noirs » d’origine espagnole.

Au lendemain des Accords d’Evian, le 19 mars 1962, Oran a connu une vague de violences (et d’enlèvements) qui n’était, hélas, qu’un avant-goût des massacres du 5 juillet suivant ; massacres dont je parle dans un de mes livres (4).

Les 29 et 30 juin 1962, devant les menaces de tueries, le Général Franco vint au secours des Oranais en affrétant deux bateaux, le «Victoria » et le « Virgen de Africa ».
Pour pouvoir accoster à Oran, il fallut parlementer avec les autorités françaises réticentes. Franco choisit  de donner à la France un ultimatum, frisant l’incident diplomatique.

Le 30 juin, à 10 h du matin, malgré l’opposition de de Gaulle, le Général Franco donna l’ordre à ses capitaines d’embarquer les pauvres gens qui attendaient depuis des jours, sous un soleil de plomb  et sans la moindre assistance, un embarquement salvateur.
Franco avertit de Gaulle qu’il était prêt, si besoin, à un affrontement militaire pour sauver ces pauvres « Pieds noirs » livrés, sans défense, à la barbarie du FLN. Puis il ordonna à son aviation et sa marine de guerre de faire route vers Oran. De Gaulle céda et le samedi 30 juin, à 13 h, les deux navires espagnols accostaient et embarquaient 2200 passagers dépourvus de tout.  

Lors de l’embarquement, les capitaines espagnols s’opposèrent à l’intrusion d’une compagnie de CRS sur leur bateau (pourtant propriété de l’Espagne) dans le but de lister tous les passagers et d’arrêter si possible des membres de l’OAS.
Finalement à 15h30, les quais d’Oran se vidèrent et les bateaux espagnols, en surcharge, prirent la mer à destination d’Alicante. A l’approche de la côte espagnole, une liesse générale s’empara des rapatriés qui crièrent « Viva Espana ! » et « Viva Franco ! ». A la suite de cet épisode, de nombreux « Pieds noirs » choisiront de rester en Espagne : on peut les comprendre ! 

Pour finir, je voudrais  dire mon mépris pour ces Français souvent aisés – ancêtres de nos « bobos » de la gauche-caviar – qui, du temps de Franco, rentraient bronzés de leurs vacances en Espagne et, à peine  arrivés en France, décrivaient avec moult détails l’«enfer franquiste ». En 1975, année de la mort du « Caudillo », les mêmes salopards applaudissaient la « libération » du Vietnam et du Cambodge. Puis, quelques années plus tard, pleurnichaient sur les « Boat people ».

Mais, la nature fait bien les choses : ceux qui n’avaient rien à reprocher à Staline, Mao, Pol-Pot ou Castro, allaient avoir une nouvelle tête de turc : le 11 septembre 1973, au Chili, le Général Augusto Pinochet renversait le socialiste Salvador Allende. Ouf ! On pouvait reparler de la « peste brune »  pour faire oublier le « choléra rouge ».

Macron n’est jamais que le digne héritier de ces gens-là : il voit un grave danger dans le réveil du Nationalisme en Europe mais n’a pas d’inquiétudes sur la montée de l’Islam. Et il ne s’alarme pas de l’arrivée des nouveaux « Boat people »  qui débarquent massivement chez nous…

Eric de Verdelhan
29 novembre 2018   

1)- « Mythes et Légendes du Maquis » : Editions Muller ; 2018.

2)- « La nuit, le jour et toutes les autres nuits » de Michel Audiard; Denoël; 1978.

3)- « Un homme libre… » : Le Réac ; 2013.

4)- « Oran le 5 juillet 1962 (et quelques autres massacres oubliés) » : Edilivre ; 2017.



3 Commentaires

  1. Le nom de Franco, quand j’étais jeune, était partout synonyme de dictateur. Et il l’est encore. On le met dans le même sac qu’Hitler, Staline ou Mussolini. C’est ce que dit en France la pensée dominante. Comme beaucoup d’autres, j’ai subi dans ma jeunesse l’intox et le lavage de cerveau des « pédagos » de gauche de notre lEducation Nationale qui polluent les jeunes cerveaux. Il m’a fallu des années pour me débarrasser de leur emprise .
    Aujourd’hui, je suis arrivé à la conclusion que Franco, au contraire, a été un grand homme d’état. Maldré l’insistance d’Hitler, a qui tout semblait sourire à l’époque, et qui était venu dans son train blindé,lui demander en personne à Hendaye, d’entrer en guerre à ses cotés, Il a refusé. Grace à lui, les horreurs de la Deuxiême Guerre Mondiale ont été évitées au peuple espagnol.
    Sa décision courageuse a certainement évité a l’Espagne des millions de morts.
    Et sa décision d’envoyer deux navires à Oran en Juillet 1962 pour évacuer les Pieds Noirs d’origine espanole leur a sauvé la vie; Une fois de plus sa décision a été juste et courageuse. A l’inverse, de Gaulle a laissé les autres Pieds Noirs aux mains des égorgeurs du FLN, un crime que beaucoup n’ont pas oublié.

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